Annoncés lors du NAMM Show en janvier dernier, les amplis Gibson font leur grand retour. C’est une décision assez logique de la part de la firme établie à Nashville dans la mesure où elle a fait l’acquisition de la marque Mesa Boogie il y a quelques années.
Apparu au catalogue de Gibson dans les années 60, le Falcon 20 est un petit combo à lampes. C’est un des modèles que le fabricant a décidé de rééditer, confiant ce travail à Randall Smith, ingénieur électronicien ayant conçu les amplis Mesa Boogie.
Unboxing
Dès l’ouverture du carton portant le logo Gibson, des vapeurs de vernis nitrocellulosique s’en échappent. C’est assez curieux, à croire que Gibson parfume ses produits. L’ampli est fourni avec son foot switch à 2 boutons qui permet d’activer/désactiver la réverbe et le trémolo, j’y reviendrai, et avec sa housse de protection. Le Falcon 20 est un combo assez compact avec des dimensions de 22,54 cm de profondeur, 44,45 cm de haut et 50,8 cm de large. Il pèse 14,96 kg ce qui le rend assez transportable. L’enceinte est fabriquée en Bouleau de la Baltique de qualité marine. Elle est entièrement recouverte d’un vinyle couleur crème. La grille qui cache le haut-parleur Jensen Blackbird AlNiCo 40 est de couleur Oxblood, comme sur le Falcon 20 des années 60. Cette dernière est ornée d’un logo Gibson chromé sur fond Oxblood. Le panneau de contrôle est en inox poli et intègre les réglages de Volume, Tone, Reverb, Depth et Frequency. Les switches Power et standby sont aussi localisés sur le panneau de contrôle, aux côtés du switch d’atténuation à 3 positions : Full, Half et Low. Enfin, on trouve les 2 entrées de l’ampli (1 et 2) et l’embase Jack pour la connexion du foot switch. L’ampli est visuellement très réussi, de la poignée au diamant orange en passant par les boutons de potentiomètres. Ces derniers sont inspirés des boutons qu’on trouve sur les guitares Gibson. Ils sont d’ailleurs agréables à manipuler. Les switches Power et standby sont équipées d’une petite boule qui ajoute un détail esthétique.
À l’arrière, l’enceinte est ouverte et laisse apparaître le haut-parleur Jensen, le tank de réverbe qui abrite 3 ressorts de taille moyenne, les 2 lampes de puissance estampillées Mesa Boogie et les différentes connectiques. L’ampli dispose de 3 sorties : 2 sorties sous 4 ohms et une sortie sous 8 ohms, sur laquelle est branché le haut-parleur. On profite également d’une sortie Slave labellisée ici « Monitor ». Le Falcon 20 est un ampli mono canal tout lampes sans master volume. La section de puissance est équipée de 2 lampes 6V6 qui peuvent être remplacées par des 6L6. La section préampli intègre 4 lampes 12AX7 dont 2 sont utilisées pour la réverbe et le trémolo. La rectification est assurée par des diodes au Silicium. Il bénéficie de l’ampli de puissance Multi-Watt déjà présent sur quelques amplis Mesa Boogie. Il permet de profiter de 3 puissances différentes : 12 watts, 5 watts ou 1 watt avec les 6V6 d’origine. En passant sur des 6L6, on obtient des puissances de 15 watts, 6 watts et 2 watts. Malgré un unique canal, l’ampli dispose de 2 modes accessibles sur les 2 entrées différentes. L’entrée 2 est plus clean que l’entrée 1.
Hand-wired in Petaluma?
Sur l’arrière de l’ampli est imprimée l’inscription « Hand-Wired in Petaluma, California ». Je m’empresse donc de retirer les 8 vis du panneau arrière afin d’admirer ce circuit câblé à la main. À ma grande surprise, je découvre plusieurs PCB/circuits imprimés sur lesquels sont soudés les composants. Même les lampes sont directement fixées sur ce circuit imprimé. Seuls les 5 potentiomètres semblent avoir été câblés à la main. Un ampli dont le circuit est construit autour d’un PCB n’est pas nécessairement mauvais, mais compte tenu du tarif du Falcon 20, on attendait une réalisation plus haut de gamme. Premier mauvais point donc pour notre petit combo.
Le son
Après avoir sorti l’ampli de son carton, je le mets en place pour commencer le test. Dès la mise sous tension de l’appareil, son ventilateur se met en route. C’est assez surprenant la première fois, ce ventilateur étant tout de même assez bruyant. Je commence le test en branchant ma Fender Stratocaster dans l’entrée 1 de l’ampli. Avec le réglage de volume autour de 3, il produit déjà une pression acoustique assez forte. Le rendu sonore est agréable, le grain est bien vintage et l’ampli projette bien le son notamment grâce à son baffle légèrement incliné. La sonorité est intéressante, ne ressemblant ni à un Fender de la même époque ni à un Vox. Sur l’entrée 1, le Falcon 20 sature assez vite, autour de 4/5 sur le réglage de volume. La nature de la guitare et des micros utilisés ressort très bien, l’ampli étant très réactif. Le réglage de tonalité est bien conçu. On peut à loisir, éclaircir ou assombrir le son. À réglages équivalents, le son est plus clair en utilisant l’entrée 2. La réverbe est très vintage dans l’esprit. Elle est très présente, même sur ses réglages les plus bas. Elle génère une qualité « splashy » très intéressante qui sera idéale pour de la Surf’ Music. Elle fonctionne grâce au Tank intégrant 3 ressorts et à une lampe 12AX7. Le trémolo m’a beaucoup moins enthousiasmé. Même avec un réglage de profondeur (Depth) assez haut, il n’est pas très intense. Le potentiomètre de vitesse (Frequency) est bien étagé et permet un réglage rapide et facile. Malgré un manque d’intensité selon moi, ce trémolo produit quand même une oscillation vintage pas désagréable. Réverbe et trémolo peuvent être activés/désactivés à distance grâce au foot switch à 2 boutons fourni avec l’ampli. C’est un foot switch Mesa Boogie orné d’un logo Gibson.
- Clean Reverb – Strat00:42
- Clean Tremolo – Strat00:52
- Clean + TS808 – Strat00:43
- Edge of Breakup – Strat01:14
- Crunch Tone Tweak – Strat01:23
J’augmente le volume de l’ampli et passe sur mon Epiphone Flying V équipée de micros Gibson Burstbuckers. Avec le volume autour de 6, on obtient un son saturé très agréable, mais inexploitable en appartement. Même avec l’atténuateur sur sa position minimale (Low), le volume sonore est bien trop fort pour une utilisation en appartement, sauf si vos voisins sont extrêmement tolérants ou font partie de votre groupe. Malgré un fort volume, le son est très sympa et développe un côté vintage qui nous renvoie directement dans les années 60. Sur ce réglage, le Falcon 20 est très réactif et répond à merveille au potentiomètre de volume de la guitare. En montant encore le volume de l’ampli pour arriver à 8, le son gagne en saturation et le volume augmente encore. On obtient une sorte de distorsion vintage qui sera idéale pour du Blues, du Rythm’n’Blues, du Rock à la Beatles ou Rolling Stones. Je place le volume à fond pour écouter ce que l’ampli a dans le ventre. Le volume perçu est le même que quand le volume est sur 8, seul le taux de saturation augmente. Avec l’ampli à fond donc, le son est assez proche de celui d’une disto/fuzz très compressée. Quand on attaque fort, on entend et on ressent le SAG de l’ampli de puissance. Cela se traduit par un écrasement au niveau du volume qui donne l’impression que l’ampli est à 2 doigts d’exploser. Ce son est chouette et très riche en harmoniques. J’ai cependant préféré le son avec le réglage de volume autour de 5/6. Malgré un seul canal, le Falcon 20 est capable d’une belle variété sonore grâce à sa grande dynamique et à ses 2 effets intégrés qu’on peut activer/désactiver à volonté et à distance grâce au foot switch. Le haut-parleur Jensen Blackbird de 12 pouces, fabriqué en Italie s’il vous plaît, va dans ce sens également. Il permet à l’ampli d’être aussi à l’aise en sons clairs qu’en sons crunch. Je n’irai pas jusqu’à le qualifier de polyvalent, l’ampli n’étant pas très flexible en termes d’utilisation. Cependant, il sera aussi efficace en studio que sur scène ou qu’en répétition. Seule l’utilisation domestique est limitée à cause d’une trop grande pression acoustique. Il manque une position sur l’atténuateur pour que le Falcon 20 soit utilisable à la maison, c’est dommage.
- Blues Crunch – Flying V01:01
- Rock Crunch – Flying V01:49
- Max Volume – Flying V01:47
Après avoir exploré les possibilités sonores offertes par l’ampli, je commence à triturer mes pédales d’effets. Notre petit combo vintage du jour n’a pas bronché face à des effets comme le chorus, l’overdrive ou encore la Wah. L’ampli ne disposant pas de boucle d’effets, conception vintage oblige, j’ai placé tous mes effets en façade, même le delay. Mon chorus TC Electronic SCF s’est très bien entendu avec le son clair du Falcon 20. La légendaire Ibanez TS-808 s’est très bien entendue avec l’ampli.
En bref
Le Gibson Falcon 20 est un bon ampli. Il possède cependant un rapport qualité prix très moyen. Son tarif de 2 209 € est très élevé compte tenu de son circuit absolument pas câblé à la main en point par point. Au lieu de cela, les composants sont soudés sur un PCB qui rendra les réparations et changements de lampes très pénibles. Il profite de quelques ajouts modernes bien pensés comme l’ampli de puissance Multi-Watt. Ses sons clairs sont très corrects, tout comme ses sons saturés. Cependant, malgré un format compact et un poids très raisonnable, le Falcon 20 a plus sa place sur scène que dans un salon, le « sweep spot » de l’ampli se situant autour de 5 sur le réglage de volume. Bien que l’ampli soit fabriqué en Californie et sente bon le vernis nitrocellulosique, son tarif reste trop élevé. Malgré un son vintage très agréable et original, il faut que Gibson revoie sa copie ou baisse le prix de ce petit combo.