Les petits amplis à lampes sont vraiment à la mode. Ils ont pour vocation de donner un son typique pour un investissement modeste et un encombrement limité. Alors quand Eagletone décide de sortir une petite tête de 5 Watts à lampes pour 179€, nous sommes assez impatients de brancher nos guitares dedans…
Que ce soit chez Orange, Mesa Boogie ou encore Jet City, nous avons vu naître ces dernières années pas mal de petites têtes d’amplis tout lampes à puissance modérée. Et si les fabricants les proposent à leur catalogue, c’est qu’il y a une demande. En effet, elles ont l’avantage d’être aisément transportables, d’être entièrement à lampes et donc d’avoir potentiellement un son qui plait aux adeptes de la six cordes, et enfin d’être relativement abordables pour la plupart (sauf chez Mesa !). Le petit guitariste peut ainsi aller en répète avec sa guitare, sa tête et garder son empreinte sonore si personnelle. Ces petites têtes sont aussi sympas pour jouer chez soi : leur faible puissance permet de pousser le volume sans trop déranger le voisinage et tirer ainsi la quintessence des lampes. Car les guitaristes le savent bien, un ampli ne sonne jamais aussi bien qu’une fois poussé à fond (ou au moins en fin de course).
C’est donc avec un intérêt certain que nous déballons l’ampli signé Eagletone, marque du magasin Woodbrass commercialisant des produits guitare mais aussi des casques, des saxophones, des batteries (électroniques et acoustiques), des clarinettes, des archets pour violons, enfin bref, tout ce qui fait du bruit !
La première bonne nouvelle vient de la facture particulièrement légère : 179€ (parfois même moins en promo). Pour une tête tout lampe, c’est plutôt pas mal. Reste à voir ce que cette dernière a dans le ventre, alors déballons !
Un ampli qui n’a pas la grosse tête
Les dimensions de la Raging 5H sont plutôt imposantes, même si cela reste acceptable, vu la puissance proposée : 44 × 23 × 22 cm. Elle reste donc plus volumineuse que la BH5H de BlackHeart, pour une puissance identique. Son poids est de 8 kilos, ce qui est en revanche plus léger que la BlackHeart (9,5 kg sur la balance). La finition est plutôt pas mal, rien à redire même si elle reste moins léchée que celle du BlackHeart, notamment au niveau des potards un peu moins sexy, l’absence de tissu, ou encore la couche de vinyle trop lisse.
Nous retournons la boîte afin de la brancher et nous remarquons la présence de quelques connecteurs : une boucle d’effet (mono), ce qui est plutôt pas mal pour un ampli de ce prix, mais aussi une prise pour le footswitch (fourni). Ce dernier ne possède en revanche qu’un seul contacteur pour changer de canal. Car oui, cet ampli à 179€ possède deux canaux. Mais finissons la face arrière avec les sorties haut-parleur : vous pourrez brancher une ou deux enceintes 16 Ohms, ou une enceinte 8 Ohms. Sachez qu’Eagletone propose à la vente une enceinte de 10 pouces spécialement conçue pour cette tête.
À l’intérieur, nous retrouvons deux lampes : une 12AX7 de préamplification et une EL84 de puissance, plus simple tu meurs !
Passons maintenant aux réglages de la face avant.
Devant, c’est simple : nous retrouvons deux switchs de mise sous tension et de stand-by avec une jolie loupiotte rouge, une entrée guitare et enfin une série de potards. L’égaliseur trois bandes est commun aux deux canaux : bass, middle, treble et il sera possible de passer de l’un à l’autre via un (petit) switch sur la face avant ou le footswitch. Le canal clair possède un unique réglage de niveau tandis que le canal saturé présente un réglage de gain et de niveau. Il est à noter que deux LEDs indiqueront le canal actif.
Voilà, nous avons fait le tour des réglages de la bête. Simple, non ?
Reste donc à brancher nos instruments, et à enregistrer tout ça.
Rage against the transistor
Pour faire les exemples audio, nous avons utilisé plusieurs guitares : une Gibson Les Paul, une Fender Stratocaster et une ESP Kirk Hammet pour les sons saturés, suivies d’une Stratocaster, d’une Telecaster et d’une Gibson 335 pour les sons clairs. Nous avons aussi utilisé notre Torpedo de Two Notes pour l’enregistrement des différents exemples audio.
Mais commençons avec les sons clairs : nous remarquons que l’égaliseur n’est pas très réactif et ne permettra pas toujours de modeler le son à sa convenance. En effet, le potard Middle est presque inutile et le Bass n’a plus d’action passé un certain seuil. Nous sommes donc un peu tributaires du son de base de l’ampli et de l’instrument ! Heureusement le Raging respecte bien l’instrument (écoutez la 335 puis la Stratocaster !), il n’y a plus qu’à espérer que le son vous plaise. Il est donc fortement conseillé d’essayer/écouter avant d’acheter. De manière générale, le son clair manque un peu de corps avec nos guitares Fender, mais cela reste très exploitable. On passe du Jazz ou Funk sans problème, en passant par tous les intermédiaires suivant la guitare et la position de micro utilisée.
Concernant les sons saturés, nous avons été plutôt convaincus. Le réglage de gain est assez sensible et on passe rapidement d’un son crunch à un son ultra saturé, il faudra avoir de la patience et du doigté ! Avec notre Les Paul, le son type Blues Rock est bon pour un ampli de ce prix. En mode métal bruyant, sans verser dans l’extrême, le Raging s’en sort aussi très bien. Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’ampli réagit très différemment avec nos deux guitares : la Les Paul et l’ESP avec des micros actifs. Dans les deux cas, nous avons été satisfaits.
- Les Paul Chevalet Metal00:18
- Les Paul Chevalet Blues Rock00:22
- Strat Chevalet Blues Rock00:20
- ESP KH Chevalet Metal00:19
- Strat Manche Arpege00:24
- Strat Manche Jazz00:14
- Strat Pos2 Funk00:16
- Telecaster Manche Clair00:22
- 335 Manche Jazz00:13
Conclusion
Eagletone sort à son tour une petite tête d’ampli tout lampes qui a plus d’un tour dans son sac : un prix plancher, deux canaux, un footswitch inclus, une boucle d’effets et une bonne polyvalence. Les sons que nous avons obtenus nous ont semblé tout à fait exploitables, et si les réglages restent peu convaincants, ils ont au moins le mérite d’exister. En effet, chez la concurrence, les amplis présentés ne sont pas toujours aussi complets : un seul canal, pas d’EQ ou de boucles d’effets… À part l’absence de réverbe, nous n’avons pas grand-chose à redire. Une bonne affaire pour qui veut un petit ampli de travail à pas cher, mais qui sonne malgré tout.