Dans l'article précédent, je vous ai introduits aux notions de polytonalité et polymodalité. Aujourd'hui, nous entrons dans le vif du sujet et, mieux vaut tard que jamais, j'en profiterai pour vous présenter l'une des gammes les plus répandues dans les musiques actuelles : la gamme pentatonique ! Comme quoi la polytonalité mène à tout...
Introduction à la bitonalité
Avant de commencer, il convient de préciser qu’il existe plusieurs manières de procéder dans l’utilisation de la polytonalité. La forme la plus courante en est la bitonalité. Celle-ci consiste, comme son nom l’indique, à superposer deux tonalités différentes sur un même passage musical. Dans le domaine de la polytonalité, la bitonalité est bien entendu l’un des principes les plus simples à mettre en œuvre. Et au sein même de la bitonalité, plusieurs schémas se différencient à leur tour. L’une des principales caractéristiques de la bitonalité est de reposer sur l’écart qui existe entre deux tonalités données. Nous avons pu voir dans l’article 20 sur les modulations que, plus l’écart entre les toniques de deux tonalités est faible (par exemple Do et Do#), plus le passage de l’une à l’autre sera contrasté. Ce principe qui valait pour l’alternance entre deux tonalités vaut bien entendu également pour leur superposition.
Les gammes complémentaires
Une manière d’employer la bitonalité revient à se baser sur les gammes complémentaires. Qu’est-ce qu’une gamme complémentaire ? Il ne vous aura sans doute pas échappé que dans tous les modes et gammes que nous avons étudiés jusqu’ici, on n’employait pas les douze sons du système chromatique, mais à chaque fois seulement une sélection d’entre eux, laissant toujours un certain nombre de notes « inutilisées ».
Le modèle de gamme le plus employé est le modèle heptatonique, c’est-à-dire à sept sons. Dans ce cas de figure, il nous reste 5 sons inusités. Si nous prenons comme exemple la gamme majeure, les cinq sons inutilisés sont le I#, le II#, le IV#, le V# et le VI # comme nous pouvons le voir dans l’exemple suivant :
Or, ces notes correspondent très exactement à la gamme pentatonique majeure située un triton au-dessus de la tonique de la gamme majeure d’origine, comme nous pouvons le voir ici :
Introduction à la gamme pentatonique et son utilisation dans un cadre bitonal
La gamme pentatonique tire son nom du fait qu’elle n’est composée que de cinq sons. Elle existe en mode majeur comme nous venons de le voir dans l’exemple précédent, mais également en mode mineur comme ici :
Elle peut être agrémentée de plusieurs notes dites « bleues » dont la principale est la seconde augmentée pour la gamme pentatonique majeure et la quarte augmentée pour la pentatonique mineure.
Je reviendrai plus en détail sur cette gamme dans un futur article car son importance est capitale dans toute la musique actuelle issue du blues, style musical dont elle représente l’un des fondements. Mais ce n’est pas le sujet ici.
Pour en revenir à la polytonalité, la gamme pentatonique en tant que complémentaire à une gamme correspondante peut être employée dans différents contextes polytonaux, mais notamment pour créer temporairement une couleur modale qui accentuera encore la tension de la dominante avant une résolution doublement attendue, comme dans le II-V-I ci-dessous :