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L'Art

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Sujet de la discussion L'Art
Si tu lis bien ce dont je parle auparavant en evoquant Bataille, tu verras que l'infantilite dont je parle n'a rien a voir avec l'immaturite dont tu parles. Lorsque j'emploie le terme de procrastination, ce n'est pas pour designer un comportement global, ou decrire l'artiste qui se leve au tard; tout au contraire, j'entends le terme dans une acceptation beaucoup plus positive, lorsque l'artiste refuse de se faire divertir par le monde "reel". Faire appel a un mecene, c'est faire preuve de procrastination pour moi. Peut etre que mon emploi du terme n'est pas adaptee; en anglais, il n'a pas seulement ce sens quasi clinique pourant tres courant. Il faut peut plus parler de refus du divertissement.

Qu'on s'entende bien, il ne s'agit pas de reduire l'activite artisitique au genie (du moins si l'on entend par la le trait de genie, qui serait quasi instantanne, et qui est une ineptie selon moi). Dans mon esprit, la rupture n'implique pas du tout la coupure.
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Citation : Lorsque j'emploie le terme de procrastination, ce n'est pas pour designer un comportement global, ou decrire l'artiste qui se leve au tard; tout au contraire, j'entends le terme dans une acceptation beaucoup plus positive, lorsque l'artiste refuse de se faire divertir par le monde "reel". Faire appel a un mecene, c'est faire preuve de procrastination pour moi. Peut etre que mon emploi du terme n'est pas adaptee



Pour le terme "procrastination", voici un lien
https://fr.wikipedia.org/wiki/Procrastination
Ce terme, du moins en français, est assez péjoratif, tu l'admettras, pour l'artiste (et pour tout individu de façon global).
Cela étant, je comprends ce que tu veux dire par "ne pas se faire divertir par le monde réel". Précisémment, ne pas se faire divertir implique une stratégie plus ou moins lucide pour y arriver. Le recours au mécénat est une pratique courante dans le milieu artistique mais cette pratique ne relève pas de la procrastination, du moins dans son acception française. Elle est du même ordre que le rapport du fidèle au religieux. Dans les sociétés traditionnelles, les religieux sont protégés par les fidèles, dans tous les sens du terme. Le sens de cette protection est celui d'un échange entre celui qui sait le chemin et celui qui paye pour le connaître. D'une certaine façon, le rapport du mécène à l'artiste est le m^me. Il se trouve que les artistes qui "réussissent" en ce sens qu'ils arrivent à se faire reconnaître dans la société, sont généralement à l'abri du besoin, au sens courant de l'expression. C'est toute la société, alors, qui joue le rôle du mécène. Tout le problème est bien de se faire reconnaître en tant qu'artiste, mais c'est un autre débat.
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Je me mefie de wiki pour une definition; c'est en general extremement biaise (en francais encore plus qu'en anglais). J'utilisais le terme procrastination surement parce que ce mot etait le theme d'un article lu sur le net recemment, sur un sujet different ( Paul graham:
http://www.paulgraham.com/procrastination.html ).

Citation :
Elle est du même ordre que le rapport du fidèle au religieux. Dans les sociétés traditionnelles, les religieux sont protégés par les fidèles, dans tous les sens du terme. Le sens de cette protection est celui d'un échange entre celui qui sait le chemin et celui qui paye pour le connaître



Oui, exactement, c'est ce que je voulais dire par la position de l'artiste dans nos societes, et c'est dans ce sens que j'evoquais le bouquin de Barou, ou il expliquait que chez les Navajos et les aborigenes, l'artiste avait une place a part dans la societe, y etant fortement implique, et prenant part a la vie de l a communaute en tant qu'artiste avant tout.
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Hors sujet : pourtant, wikipedia me semble plus fiable que paul graham : un seul mec a écrit l'article, sans essayer d'etre encyclopédique, et ce mec en question a déjà ecrit pas mal de bêtises. (http://www.paulgraham.com/gh.html par exemple :mdr:)

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C'est intéressant cette question du rôle social de l'artiste ou du créateur. Je l'avais posé à mon directeur pédagogique quand je faisais mon cursus pro en jazz. Il avait beau être un musicien de génie, il ne s'était jamais posé la question. Moi je me la pose encore.
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Le rôle de l'artiste dans la société est certainement un peu déformé par le prisme de l'industrie musicale qui en fait une idole (sens propre et figuré).
Si dans les sociétés plus traditionnelles l'artiste est un média, dans nos société c'est plus les médias qui "font" l'artiste.

Aujourd'hui l'artiste à:

- soit un rôle économique
- soit un rôle distractif
- soit un rôle d'interpellation et de stimulation
- soit des combinaisons de ces trois bases

Ces trois catégories ne se veulent pas exhaustives bien sûr, mais ce sont celles qui me viennent à l'esprit.
En voyez-vous d'autres ?
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Là comme ça vite fait j'en vois un autre : le rôle éducatif (du moins il devrait le remplir de temps en temps) et le rôle de médiateur, c'est à dire que pour moi, l'artiste devrait instaurer des liens entre les différentes composantes de son public et de ses collaborateurs par exemple. Quand je bossais au frac, j'ai souvent regretté de ne par avoir eu plus souvent l'occasion de faire visiter les expos avec l'artiste ou même le directeur. Faire appréhender l'art comme une activité parmi d'autres.
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Perso, je place fondamentalement l'artiste au meme niveau que le scientifique, a savoir proposer une vision du monde. La methode est essentiellement differente, mais l'interet de le faire, du moins pour les 'meilleurs', reste semblable. Tu y penses tout le temps, tu hais te faire deranger lorsque tu y penses; les conditions de la pratique sont assez semblables, je crois. Et de la decoule beaucoup sur ce que peut etre la place du createur dans la societe.

Si tu es interesse par la question amanitsounds, peut etre que tu n'as pas lu le bouquin de Barou que j'ai cite, il parle pas mal de cette problematique, mais du point de vue des arts premiers (navajo et aborigenes essentiellement).
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Je pensais d'abord mettre ce dont je vais parler hors sujet, mais je crois que ça a sa place dans le débat.

Voyons le rôle de l'artiste dans l'affaire des caricatures de Mahomet.
Pour commencer il me semble essentiel de tenir compte qu'il s'agit bien d'art lié au domaine particulier du journalisme.

Mon avis, bien que loin d'adhérer à une religion ou à une autre, est que ce geste, aussi accompli soit-il au niveau graphique, est plutôt maladroit.
Je m'explique.

1/L'islam est, comme beaucoup de religions, assez complexe.
Le grand public en a dans le meilleur des cas, une vision assez floue.
Dans le pire des cas il en a une vision nette mais déformée.
Cette affaire n'amènera rien de bon ou permettant une bonne compréhension réelle ou claire de cette religion, au contraire, elle est en train de conforter les extrêmes dans leurs idées, les fachos et les islamistes radicaux.

2/La liberté de presse et/ou d'expression n'exclue pas le respect et l'éthique.
Que l'on s'attaque avec virulence à des questions de politiques intérieures me paraît tout à fait normal.
Quand on commence à traiter des questions de religions ou de sujets délicats avec de reéls impacts en relations internationales et des incidences politiques et ou diplomatiques on a tout intérêt à être prudent.

3/ Le fait que nous appartenons à des pays des droits de l'homme, que nous sommes à l'origine de nombreux "progrès" et méritant donc ainsi le statut de pays "moderne" ne nous autorise pas, selon moi, à essayer de justifier nos codes journalistiques et/ou humoristiques comme étant universellement valables.
Ce genre de "colonialisation intellectuelle" est malvenue et insultante pour les autres.
Les pays des droits de l'hommes se caricaturent et les islamistes radicaux aussi, creusant encore le fossé qui les sépare.
Les pays ds droits de l'homme doivent être les premiers à faire preuve de respect s'ils se considèrent comme étant aussi "droits" qu'ils le prétendent.

Les journalistes ont voulu décomplexer un sujet épineux, mal leur en a pris car ils n'avaient peut-être pas envisagé de telles répercussions.
Si oui, alors ils sont vraiment très cons.
Hier soir j'ai vu Philipe Val à la télé et son pauvre discours de mec à côté de la plaque à force de bienpensance.
L'extrême, en toute chose, n'est jamais bon.

Vos avis?
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Je pense que dans un autre contexte ces dessins (qui soit dit en passant sont franchement pas méchants) seraient passés inaperçus. La montée au pouvoir du hamas, le radicalisme iraniens font qu'en ce moment, les musulmans radicaux ne se sentent plus pisser.
Ces réactions démesurées me font poser la question suivante : pourquoi n'ont ils pas suffisement foi en leur dieu pour se dire qu'il est capable de se défendre tout seul ? Après tout, vu la puissance proclamée par le Coran d'Allah, il devrait être capable de foudroyer les hérétiques sacrilèges... J'attends... Tout cela donne l'impression qu'il leur fallait un bouc émissaire plus facilement attaquable que le diable américain.
Je ne vois aucun problème dans la caricature en général, c'est une histoire de suceptibilité. Le simple fait de prendre mal quelque chose révèle de la mauvaise foi. Soit on est pas d'accord, on est sur de soi, et l'on s'en branle, soit on accepte la vérité. Réagir aussi violemment montre bien que l'on touche quelque chose de vrai, donc particulièrement sensible.
Et puis on pourrait comparer ces dessins avec ceux qui sont publiés chaque semaines dans des journaux du monde arabe, et qui sont ouvertement antisémites.
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Déterrage !!!
Je ne sais pas si vous avez entendu Jean Clair entre 8h30 et 9h ce matin dans la matinale de France-Inter sur le thème de l'identité culturelle européenne c'était :aime:

Il a magistralement dézingué toutes les utopies "gauchistes" de l'accès à la culture comme émancipatrice de l'homme aujourd'hui.

Les journalistes étaient presque choqués par tant "d'insolence", Sandra Freeman s'est ridiculisée et Pierre Weil ne voulait pas admettre que Jean Clair pouvait avoir raison.

En gros M.Clair expliquait qu'en l'An Mil le monde occidental a été recouvert par le blanc manteau de l'église et que depuis l'an 2000 c'est le blanc manteau des musées qui recouvre l'occident.

On invite les gens à aller au musée mais ils n'en ressorte pas cultivés pour autant, car la culture n'est pas magique et elle nécessite une éducation préalable qui devrait normalement être prodiguée par l'état au sein de l'éducation nationale, ce qu'elle ne fait plus depuis un certain temps.
Il proposait le retour de l'étude de l'histoire de l'art dans les écoles.

Mais l'état ne semblant pas avoir de projet allant dans ce sens, il fait la promotion des musées, en offrant une culture pratiquement accessible mais néanmoins intellectuellement incompréhensible car superficielle. Il ne suffit pas toujours de voir une oeuvre pour la comprendre.

Il regrettait bien évidemment l'amalgame culture et consommation, soulignant au passage que le futur directeur du centre Pompidou de Metz (qui ressemble selon lui à un Buffalo Grill)est une ancien de chez McDonald.

A un moment le journaliste je crois, faisait part du fait qu'il y avait 1000 traducteurs au parlement européen et que c'était là une belle image du brassage culturel européen.
Jean Clair lui, trouvait cela triste, car il fut un temps où l'on apprenait la langue des autres et que dans les années 20 beaucoup d'intellectuels parlaient plusieurs langues et traduisaient les oeuvres de leurs collègues étrangers.

Bon j'ai résumé au mieux mais je vous invite à aller écouter Jean Clair lui-même.

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/septneuf_dim/index.php