Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou

Sujet mineur : triste, majeur : joyeux. Inné ou acquis ?

  • 182 réponses
  • 30 participants
  • 29 216 vues
  • 34 followers
Sujet de la discussion mineur : triste, majeur : joyeux. Inné ou acquis ?
Bonjour à tous,

j'aimerais poser sur ce forum une question que je pose souvent autour de moi : pourquoi un accord mineur sonne triste et pourquoi un accord majeur est considéré comme joyeux.

Inné ou Acquis ?

Vous pouvez interroger n'importe qui dans la rue, dans 99% des cas si vous jouez un accord mineur (mettons re mineur) on vous repondra que cela donne une impression de tristesse (les 1% restants sont sourds).

Je n'ai pas beaucoup voyagé, mais j'ai rencontré pas mal de jeune chercheur étranger. Le constat est le même pour un chinois de chine central jamais mis en contact avec la musique occidental jusqu'à son arrivée en france. Même constat pour une indienne du sud de l'inde alors qu'elle avait beaucoup de mal à "comprendre" la gamme tempérée dont elle n'avait pas l'habitude.

Bref, je ne sais pas si on a affaire à quelque chose de culturel et quasi universel comme le refus de l'inceste ; ou alors cela serait quelque chose d'innée, résultat de l'évolution parce que d'une façon ou d'une autre ce petit décalage de fréquence entre une tierce majeur et une tierce mineur était signe d'un danger quelconque.

Le débat ne s'arrete pas là et peut continuer sur les accords de septieme. L'accord de septieme majeur (e.g. fa la do mi) et son coté assez planant ou alors le coté angoissant de l'accord septième majeure et parfait mineur (e.g. fa la_bémol do mi).
Déjà, selon mes petites enquetes, les avis sont plus tranchés dans les populations occidentales, notamment entre musicien et non musicien.

J'aimerais avoir vos avis sur cette question que je trouve fascinante.

En attendant une vidéo tout à fait dans le sujet (et aussi sur les prouesses dont est capable melodyne). NB : ce n'est pas de moi, il y en a plus ici

Afficher le sujet de la discussion
151
Citation de urbankoala :

Si la question de la reconnaissance est souvent abordée d'un point de vue neurologique (ce qui n'empêche absolument pas la question de l'acquis, comme le démontre le stade du miroir), celle de l'appréciation, de l’appréhension est elle éminemment subjective. Et cela pose bien évidemment largement la dimension culturelle, sociale, mais surtout subjective comme prépondérante dans ce processus. Cela n'empêche pas que l'on puisse à un moment trouver des émotions communes, partageables, mais chacun se l'approprie d'une manière bien à lui, intime


haha ! t'as vraiment un problème avec ça toi hein ?... même si demain on arrivait à prouver l'innéité de 90% de nos comportements, en quoi cela remettrai en cause notre singularité ?

on peut très bien imaginer un système bien plus complexe de mélange d'inné et d'acquis sans avoir "peur" de notre "biologie" et de son déterminisme, ni en sous-estimant la construction sociale de nos comportements au fil des siècles...

Citation de urbankoala :

Des sources? Et je pense qu'il serait bon de préciser ce concept de perception, qui ne souffre pas l'à peu près.
Mon but n'est pas de troller, mais je pense que dans ce débat, il y a une dimension importante sous-jacente: quelle place accorde-t-on à la singularité du sujet humain dans son appréhension du monde en général, et de la musique en particulier. Faire l'économie de cette dimension reviendrait à prendre l'humain pour une machine à perceptions, pur objet neuronal (ce qui est très à la mode), alors que comme même, il me semble que l'on n'est pas que cela, et en grande partie...
Certes, on a un corps, mais pour autant, se réduit-on à cela?


dans le cas qui nous occupe on peut très bien réduire la perception à du 100% inné, à de la pure physiologie, physique etc... ça évacuera pas mal de problèmes secondaires qui n'ont rien à voir avec la question de départ ... donc, sauf malformation des organes sensoriels, au sens large donc y compris le cerveau, la perception est un processus physique et physiologique connu et compris par lequel nous saisissons, prenons connaissance par les sens du monde qui nous entoure.

ce qui nous intéresse qlqpart se passe plus tard, après la perception, histoire d'éviter les confusions on peut parler d'interprétation... nous interprétons cet ensemble de son (décrit de manière objective comme accord mineur) comme "triste"

x
Hors sujet :
Citation de urbankoala :
Faire l'économie de cette dimension reviendrait à prendre l'humain pour une machine à perceptions, pur objet neuronal (ce qui est très à la mode)


décidément t'as vraiment un problème avec ça... un enfant du désenchantement du monde ? :ptdr: pourtant quand on voit la complexité de la vie et de son organisation, considérée de manière "platement" biologique, quand on voit la complexité du cerveau et la difficulté que nous avons à en comprendre le fonctionnement, quand on pense à ce qu'il pourrait y avoir au-delà du mur de planck, il y a largement de quoi s'enchanter...


Citation de Head :
Je trouve que l'être humain est "ému" grâce à des stimuli répondant à des critères mathématiques précis et que ça peut presque s'arrêter à ça.


bon on va commencer avec ça, bien que la réponse soit ci-dessus. stimulus (compris et décrit physiquement et mathématiquement) -> perception (comprise et décrite physiquement et physiologiquement) -> ??? -> émotion

ce qui nous intéresse ce sont les "???", pas de description exhaustive (faut pas déconner non plus) mais juste trouver des arguments qui feraient pencher ce processus inconnu, incompris du coté de l'inné, de l'acquis ou d'un subtil mélange des deux...

maintenant, si tu parts du principe qu'il est impossible de savoir ce qu'il se passe dans cette boite noire frappée de 3 points d'interrogation, libre à toi effectivement de, presque, t'arrêter là ! ;)

Citation de urbankoala :
Bon, hé ben je me barre, c'est sans appel.


je peux comprendre mais c'est dommage... c'est toujours pratique d'avoir sous la main un sceptique toujours prêt à infirmer les hypothèses dominantes ! :|

[ Dernière édition du message le 06/04/2013 à 11:00:45 ]

152
Merci pour le cour magistral. Gros bisous.
153
head minerve

il faut quand même dire que les 12 notes de nos gammes a tempérament égal ont été choisies parce que cette découpe mathématique est très proche du tempérament naturellement juste (a un comma près)
ces mathématiques la étaient au service de la musique:idee:

j'ai l'impression que dans la musique contemporaine on veut faire l'inverse de la musique par les mathématiques , il y a la une deshumanisation de la musique :(((, et c'est pour cela que très peu de personnes puissent apprécier

une musique peut être complexe et pas directement abordable et restée humaine c'est le cas de la musique hindou (22 srutis) ou l'on retrouve les mêmes fréquences(notes);) que dans notre gamme a tempérament égal
+ quelques notes qui ''nous arrachent un peu la tête quand on est pas habitué'':(
154
Citation de blaisepascal :
j'ai l'impression que dans la musique contemporaine on veut faire l'inverse de la musique par les mathématiques , il y a la une deshumanisation de la musique :(((, et c'est pour cela que très peu de personnes puissent apprécier


1942656.jpg

http://illusion.doptique.free.fr/wp-content/uploads/illusion-doptique_2.jpg

si on compare ces deux images on pourrait dire que l'une est mathématique et artistiquement déshumanisée, et que l'autre est très humaine
pourtant l'image avec l'illusion d'optique agit clairement sur nos sens

Je pense qu'en musique contemporaine beaucoup de choses comme ça sont recherchées, et l'illusion à lieu au niveau de l'écoute biensur.

Par exemple Schoenberg pour créer la musique atonale est partit du principe que c'était pas possible qu'il n'y ai pas de centre tonal, donc il n'a pu que créer l'illusion qu'il n'y avait pas de centre tonal en enchainant les centres tonals de façon réglée et mathématique.

Soit on s'y intéresse soit on s'y intéresse pas.
On peut être perplexe en écoutant un truc contemporain comme on peut être perplexe en regardant un tableau.
Le compositeur contemporain n'a pas à changer le cours de sa démarche créatrice sous prétexte que peu de monde prendra la réelle mesure de l'effet recherché.

[ Dernière édition du message le 06/04/2013 à 13:30:45 ]

155
@urbankoala : ne t'en vas pas, au contraire, je suis curieux de lire ton avis et celui d'un autre pour chercher le liant entre logique pure et cette autre "chose" qui n'est pas que neurologique ou mathématique, mais à ce jour je ne suis pas pour la mystification du cerveau humain et de son porteur.

J'aurais même tendance à penser que d'autres animaux sont sensibles à la musique car ils (les singes, les perroquets par ex) utilisent déjà la symétrie, la logique, et d'autres mécanismes psychologiques proches de ceux de l'être humain. Ne serait-ce que la coordination des mouvements propres à tous les animaux (ou presque) leur permet de s'habituer à certains rythmes. Si tu joues une musique qui "imite" le déplacement d'un animal, vas-tu pouvoir, en altérant le tempo de cette musique, influer sur l'animal pour qu'il change sa cadence ?

Bref, c'est un peu HS ici, mais c'est une expérience dont j'aimerais avoir des sources pour appuyer le fait que la logique de la musique nous influence déjà avant même qu'on n'interprète cette dernière comme des sentiments. A titre d'exemple, une musique rapide nous incite à danser rapidement dessus, à se mouvoir rapidement, faire la course. Ça peut nous rappeler la fuite, ou l'ambition, le courage, la compétition... et j'en passe. Il n'y a qu'un pas pour que ce stimulus de vitesse nous fasse transpirer, pleurer si ça nous rappelle un traumatisme, etc...
156
certain reprochaient au peintre Maurice Wlamink (fauviste et cubiste) de deshumaniser l art car ses peintures s'écartaient de la représentation figurative de la nature
il voulait, après avoir vu le sujet transmettre seulement une impression et tirant du sujet l'essentiel à ses yeux
les impressionnistes ont faits de même

en musique c'est pareil ,

la valeur intrinseque de chaque oeuvre est impossible a définir , c'est très subjectif
les deux exemples que mirak63 a choisis sont très bien
le premier tableau je l'offrirais à ma grand mère ou je l'accrocherais dans une salle de mon vieux chateau en Dordogne, et le deuxième je le mettrais dans ma salle de bain:mdr:
157
Je crois, pour recentrer mon propos -qui n'a rien à voir avec la mystification-, que, d'après le titre du thread, on parle d'émotions face à certains stimuli. Les stimuli, eux, sont bel et bien physiques, réels je dirai, c'est indéniable. Mais quel statut donner aux émotions, car c'est véritablement cela qui est en question (joie? tristesse?).
Les émotions sont certes un éprouvé du corps, mais à mon sens, et au su des théories auxquelles je me réfère (Lacan, Freud, Dolto pour ne citer qu'eux), l'important là-dedans est ce terme d'éprouvé. C'est précisément là que l'on sort du neurologique/corporel (même si les afférences nerveuses sont importantes, mais si on part sur les cérébrolésés, cela va tourner court...).
Cet éprouvé suppose à minima quelqu'un, quelqu'un qui au moins en témoignera. C'est là qu'advient le sujet, ou la subjectivité, quelqu'un qui est porteur du "je", qui parle en son nom.
Il est intéressant de savoir qu'il existe des personnes qui n'ont aucune émotion, au-delà d'un quelconque problème neurologique. Il est aussi intéressant de savoir que ces mêmes personnes présente alors bien des défauts au niveau de leur image du corps, de l'imaginaire pour ainsi dire (je simplifie ++++ parce que sinon, ça va se terminer en pavé toussa). C'est à mon sens, cet imaginaire là qui est en question dès qu'il s'agit d'émotions, et cet imaginaire, bien qu'il entretienne de minces relations avec le réel du corps, est une toute autre dimension, nécessaire pour l'éprouvé.
Alors, pour recentrer un peu sur le débat inné/acquis, si le corps dans son aspect réel est indéniablement inné, la formation de l'image du corps (Wallon, Lacan), qui nécessite la reconnaissance de l'Autre et la nomination (Lacan), elle, est loin d'être innée, les psychoses -notamment- en témoignant sans cesse. Ce champ est indéniablement celui du socius, du culturel, de l'altérité comme nécessité, de l'Autre, bref de l'acquis. C'est tout au moins ce que je tente de vous faire entendre, notamment quand je dis que l'on ne se réduit pas à un corps. Il y a le sujet, qui n'existe que parce qu'il est reconnu. C'est d'ailleurs, quelque chose à côté duquel Chomsky est passé (je dis cela pour quand même étayer ma position précédent, histoire que l'on ne me taxe plus de mysticisme).
158
pour ceux qui ont le temps, un vidéo d'une heure sur la musique tonale et atonale

Non je ne mettrai pas de pull

159
@UrbanKoala

oulà ! effectivement ! ça va être beaucoup plus compliqué que prévu... on est vraiment aux antipodes "épistémologiques" :-D

x
Hors sujet :
je n'ai pas parlé de mysticisme (en fait il s'agit plus de spiritualisme, j'ai l'impression ! ^^), histoire de régler le compte avec chomsky, il est "passé à coté" uniquement dans le sens où ça n'était pas son problème... son problème était de rendre compte à la fois des similarités et des universaux/fondamentaux des différentes langues, en ceci il n'est pas différent de Saussure et de tous ceux qui l'ont suivi jusqu'à lui...


donc pour en revenir à la boite noire entre stimuli et émotion, tu comptes interpréter à l'aune psychanalytique son contenu ?...

ça se passerait comment alors ?
160
Citation :
en fait il s'agit plus de spiritualisme

Absolument pas. Il s'agit d'approche clinique du psychisme.
Citation :
donc pour en revenir à la boite noire entre stimuli et émotion

S'il te plaît, ne parle pas de l'humain en ces termes...
Citation :
tu comptes interpréter à l'aune psychanalytique son contenu ?...

Je n'ai ni le temps, ni la motivation, ni la prétention de te faire un cours. Par contre, je peux te donner quelques références bibliographiques très intéressantes.
Mais demain, là je dois tracer en Dordogne.

[ Dernière édition du message le 06/04/2013 à 15:27:14 ]