Editorial du 3 février 2024 : commentaires
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Los Teignos
Pendant qu’en France, les enseignants emboitent le pas gréviste des agriculteurs parce qu’il est indubitablement aussi dur de planter la graine du savoir que de moissonner la champ qui nourrit, on s’inquiète en Asie où une autre grève a lieu. Celle de la neige sur l’Himalaya, ce qui risque d’assécher dix fleuves abreuvant et nourrissant deux milliards de personnes, et celle de la pluie en Inde qui fait que le pays a suspendu ses exportations de riz, l’aliment de base de la moitié de l’humanité. Or, ce mouvement météorologico-social est triplement problématique…
Le premier problème, c’est qu’en dépit de tous les efforts diplomatiques déployés par nos gouvernements, neige comme pluie ne veulent rien savoir et semblent bien décidées à n’en faire qu’à leur tête au petit jeu du « tombera, tombera pas, tombera trop », au risque de griller ou d’inonder les récoltes. Le second problème du coup, c’est que le prix du riz s’envole et que tout comme l’arrêt de l’export des céréales russes avait déclenché les Printemps arabes en 2010, on redoute d’être face à une crise alimentaire mondiale, avec toutes les conséquences désastreuses que cela implique. Car sans parler de l’inquiétude légitime des patrons de sushi-bars et de restos à paella - et c’est là le troisième problème, on n’oubliera pas qu’en France, 85% des produits manufacturés que nous consommons sont fabriqués à l’étranger, et le plus souvent par des gens dont le riz est l’alimentation de base… C’est vrai pour nos vêtements, nos équipements high-tech ou encore nos outils, mais ça l’est aussi pour nos médicaments ou quantité de nos instruments ou équipements audio…
Du coup, il serait bien sage que vous profitiez des tests de la semaine : celui du sympathique enregistreur multipiste Zoom R4 et celui des non moins sympathiques enceintes Presonus Eris 3.5, tous fabriqués en Chine, celui de la pédale Boss GM-800 fabriquée en Malaisie, et enfin celui du légendaire SM57 de Shure, fabriqué quant à lui aux USA… Ceci étant fait, rassurez-vous : il ne fait aucun doute qu’en assouplissant un tant soit peu des normes et en débloquant des subventions, on puisse négocier avec les intempéries mondiales pour que tout rentre dans l’ordre très vite, cependant que des pourparlers ont déjà commencé avec le tiers d’eau potable française pollué pour qu’il arrête ça tout de suite…
Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.
Los Teignos
From Ze AudioTeam
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
Calagan
Citation :Tout à fait d'accord avec toi. Cela dit, même en optant pour la sobriété, nous sommes trop nombreux sur cette terre et il y a trop d'espaces anthropisés.
Tu as des sources ou c'est au doigt mouillé ?
Parce que j'écoutais hier encore un podcast de "la conversation scientifique" où l'invité qui est lui un spécialiste de la question estimait qu'on pouvait nourrir tout le monde, à condition qu'on cesse de bouffer des quantités énormes de viandes cancérigènes et qu'on remplace ça par exemple par des légumineuses.
Évidemment qu’on peut nourrir tout le monde. Mais il y a une grosse différence entre survivre et vivre.
Et la question n’est pas celle des terres cultivables (on peut très bien raser encore d’autres forêts et planter du blé) mais celle de la présence d’autres espèces animales et végétales à nos cotés : l’agriculture est tout simplement incompatible avec la survie de nombreux animaux ou espèces végétales. Pas besoin d’études ou de spécialiste pour argumenter, c’est l’évidence même : un territoire anthropisé ne peut accueillir la même biodiversité qu’une forêt ou un écosystème naturel.
L’effondrement de la biodiversité est évidemment lié à la nature (toxique) de nos activités, mais aussi à l’espace de plus en plus étendu que nous anthropisons et rendons impropre à la survie du tigre, de l’éléphant, du loup, de telle grenouille ou de tel insecte.
Donc oui on peut survivre à 10 milliards, mais tous seuls, entre humains…
Par ailleurs, il n’y a pas de solution simple pour gérer l’empreinte énergétique et écologique de ces milliards de nouveaux consommateurs chinois et indiens (dont l’économie se développe rapidement et concerne près de 3 milliards de terriens) ou africains (essentiellement concernés par une démographie importante).
De notre côté, ça stagne à la fois en démographie et en niveau de vie, et les problèmes sont différents : il faudra absolument trouver une sobriété heureuse (et ca n’a pas l’air gagné vu l’ambiance politique qui règne).
La moindre des choses, en plus d’une planification rigoureuse de la transition écologique, serait de mettre en œuvre des politiques de gestion démographique un peu partout ou c’est nécessaire, d’autant que ça se limite le plus souvent à l’éducation des jeunes filles (ce qui est plutôt positif globalement).
Par ailleurs, concernant l’Afrique, la croissance démographique couplée à un faible dynamisme économique est le plus sûr moyen de créer de la pauvreté et d’aggraver la destruction des écosystèmes dont dépendent encore plus que dans les pays industrialisés des populations encore largement paysannes. La encore, l’équation est mécanique : les ressources disponibles doivent croître plus que la population pour que celle-ci s’enrichisse. Sinon, elle s’appauvrît…
Il y a donc une multitude d’arguments contre la multiplications incontrôlée des humains sur cette terre…
La nature se chargera de toutes façons de la régulation, mais si on pouvait éviter les guerres, les épidémies et les famines ca serait pas si mal…
[ Dernière édition du message le 17/04/2024 à 08:35:16 ]
Will Zégal
Pas besoin d’études ou de spécialiste pour argumenter, c’est l’évidence même
Ah ben s'il n'y a pas besoin d'études et qu'on peut décréter des évidences...
T'es quand même au courant que c'est le discours qu'on trouve par exemple chez les climatosceptiques ou les platistes ?
(Ok, de moins pour les premiers, les effets du réchauffement commençant à être réellement ressentis un peu partout, mais ça reste leur discours sur les causes anthropiques du réchauffement)
l’agriculture est tout simplement incompatible avec la survie de nombreux animaux ou espèces végétales
L'agriculture industrielle clairement pas. A voir pour l'agriculture de régénération.
Il y a donc une multitude d’arguments contre la multiplications incontrôlée des humains sur cette terre…
Personne n'a dit le contraire.
Seulement, c'est un problème très secondaire car la démographie baisse déjà partout.
La question démographique a 2 gros avantages :
- On se focalise sur un problème secondaire au détriment des autres
- On déplace la source du problème et la responsabilité vers les pays pauvres alors que les principaux destructeurs de la planète sont les pays industrialisés
Oui, il faut aider les pays à (encore) forte croissance démographique à réduire celle-ci. Comme il faut éradiquer la pauvreté partout, mettre partout de l'eau potable accessible, donner un logement décent à tout le monde...
Mais d'un point de vue écologique, la priorité absolue est le changement de mode de fonctionnement des puissances industrielles. Toute notre énergie devrait être consacrée à ça.
Calagan
Concernant la justification théorique, si tu veux absolument des caution théoriques, il y a une multitude d'études sur les effets de la présence humaine sur les écosystèmes, et les effets sont énormes bien avant l'avènement de l'agriculture industrielle (donc la culpabilité ça n'est pas uniquement l'industrie, qui ne fait de décupler les problèmes, mais bien avant tout la simple présence humaine).
On est parfaitement conscient chez les archéologues et les anthropologues qui s'intéressent à l'histoire de l'homo sapiens de la profonde modification des écosystèmes par l'homme depuis des dizaines de milliers d'années. Et on parle de populations très peu denses avec un niveau de technologie minimal. Le Mammouth a disparu il y a 4000 ans (d'une conjonction de conditions climatiques et de l'action humaine), le lion a disparu d'Europe il y a 2000 ans, l'Auroch européen a disparu au XVIIe siècle, quand les européens sont arrivés en Amérique ils ont profondément détruit les écosystèmes (tout en massacrant 90% de la population autochtone en un siècle, et on parle du XVIe siècle, pas de l'ère industrielle) et on trouve une multitude d'animaux qui ont été soit exterminés sciemment par l'homme, soit indirectement par sa simple présence dans leur écosystème (ou par la présence de populations nouvelles, comme l'européen dans les Amériques). Si tu veux des références directes je vais chercher des choses sérieuses, mais je vois mal où tu trouveras des études qui clament que les bouleversements que connaît l'écosystème mondial depuis 10 000 ans n'a rien à voir avec la présence humaine.
Si on essaye d'imaginer un monde paléolithique tel qu'il est décrit par les archéologues et anthropologues, et qu'on compare avec le monde actuel, on prend conscience du fait qu'on a simplement et profondément détruit notre environnement depuis des siècles.
L'Amazonie elle-même, selon des anthropologues comme Claude Lévi-Strauss ou Philippe Descola, a été profondément modifiée par la présence de quelques centaines de milliers d'êtres humains pourtant proches de la nature et chasseurs cueilleurs. Je ne dis pas qu'ils ont tout détruit (évidemment ça n'est pas le cas), mais l'écosystème amazonien a été profondément transformé par la présence humaine, même avec une charge énergétique par habitant ultra faible pendant des milliers d'années.
Donc ton agriculture de régénération, si il s'agit de nourrir 10 milliards d'êtres humains, à moins de cultiver des milliards de tonnes de champignons en sous-sol, je vois mal comment c'est compatible avec la présence d'espèces animales qui ont tout simplement des besoin d'espace vital gigantesques incompatible avec la transformation de forêts ou d'espaces naturels en champs cultivés. Faire du blé industriel ou en agriculture biologique, c'est nécessairement planter du blé dans des champs, qui sont simplement de la forêt devastée et de la terre retournée rendue inexploitable par quelque autre espèce végétale que ce soit... C'est le principe de base de l'agriculture. Et la raison pour laquelle toutes les populations de chasseurs cueilleurs sont nécessairement très peu denses démographiquement : sans agriculture, en préservant les animaux et les espèces végétales naturelles, il faut beaucoup d'espace pour survivre.
Il faut donc choisir : peu d'humains et beaucoup d'espaces naturels ou beaucoup d'humains et peu d'espaces naturels. C'est mathématique.
Concernant la démographie qui baisse partout, oui effectivement, mais la population continue à augmenter globalement (la croissance baisse, mais ça continue à croître). Au niveau mondial, on est sur un taux de croissance de 1% depuis 2020, soit un doublement de la population tous les 70 ans (avec évidemment l'idée que ça va continuer à baisser, avec tous les problèmes associés à un vieillissement de la population, puisqu'il y a aussi des problèmes dans l'autre sens).
En Afrique subsaharienne on est sur une croissance de 2,7% par an et presque 5 enfants par femme en moyenne. Soit un doublement de population tous les 26 ans !!!
https://www.ined.fr/fichier/rte/General/Publications/Population/2020/population-2020-3-167-tabutinetal-chronique-africaine.pdf
Si tu penses que c'est soutenable à l'infini, libre à toi. Je ne le pense pas.
Enfin, loin de moi l'idée de me focaliser sur la démographie : je suis bien d'accord avec toi (comme tous mes posts le montrent depuis 15 pages) pour dire que le plus gros problème c'est le climat, avec les défis que cela pose pour les transitions énergétique et industrielle et l'obligation de devenir plus sobre... Mais ça ne veut pas dire qu'on peut affirmer que la présence de 10 milliards d'êtres humains sur notre Terre ne posera aucun problème. En vérité, les problèmes sont déjà là depuis des années, et ne feront que s'aggraver jusqu'à un moment assez éloigné (de l'ordre d'un siècle, +/- 50 ans) ou ils vont se stabiliser... Evidemment, les problèmes les plus urgents ne sont pas là, mais on est pas obligé de régler un seul problème à la fois... Tout est lié...
[ Dernière édition du message le 17/04/2024 à 11:21:05 ]
Will Zégal
Si tu penses que c'est soutenable à l'infini, libre à toi.
Où ai-je dit ça ?
Où même ai-je dit que la démographie n'était pas un problème ?
Mon propos, c'est que la démographie n'est qu'un problème parmi d'autres et que lui, on sait le résoudre. Et pas besoin de souhaiter des holocaustes fussent-ils climatiques pour ça.
Mon propos, c'est que s'effaroucher de la démographie alors qu'on ne s'occupe pas de régler les problèmes autrement plus massifs et impactant générées par les société à faible natalité est juste regarder la paille dans l'oeil du voisin sans s'occuper de notre poutre.
Rappelons par exemple que 10% de la population mondiale (les 10% les plus riches) émettent 50% des GES.
Dans ces 50%, une part importante est liée à l'alimentation, notamment carnée.
Si on arrête de consacrer des millions d'hectares à produire du tourteau de soja pour nourrir nos bêtes ou de l'huile de palme pour faire du Nutella ou encore faire des agro-carburants, ça en fait des surfaces libérées pour nourrir des gens et l'Amazonie peut dormir tranquille.
Ya/nn
m'est avis que les français prefererons s'acheter le dernier joujou tech (chez Thomann, par exemple) plutot que de doubler leur budget bouffe pour les beaux yeux de la foret amazonienne
Will Zégal
Donc, on peut changer d'alimentation pour quelque chose :
- de beaucoup moins délétère pour la planète
- de meilleure qualité nutritionnelle et gustative
- de meilleur pour la santé (donc, outre le bien être et la durée de vie des gens, de colossales économies pour le système de santé)
- assurant de meilleurs revenus au producteurs et de l'emploi local
tout ça sans dépenser plus.
MAIS ça demande un travail d'adaptation. Certains considèrent que ma douce et moi sommes pas mal avancés sur le plan écologique, mais ça ne s'est pas fait tout seul ou par notre simple bonne volonté.
Par exemple, on a participé au "défi famille à alimentation positive". Je ne vais pas détailler (surtout que je crois que j'en ai déjà parlé), mais le principe était une sorte de concours accompagné entre équipes de ménages qui devaient, sur quelques mois, augmenter de 20% leur consommation de produits bio sans augmenter leur budget nourriture.
En fait, tout le monde a augmenté de bien plus de 20% leur part de bio et tout le monde a baissé son budget nourriture. Et c'était sans renoncer à la viande, la consommation de produits carnés n'entrant pas en ligne de compte.
Mais voilà : c'est une démarche accompagnée. On en a fait d'autres, comme les conversations carbonne, etc.
C'est pour ça que je suis très agacé par les injonctions par l'état au changement personnel, la "responsabilisation" individuelle et la culpabilisation des individus. D'abord il y a des aspects systémiques dont il est difficile de s'affranchir (pas forcément impossible, mais pas évident du tout), ensuite, c'est pas évident de changer seul•e dans son coin des habitudes d'une vie et répondant à des injonctions sociales qu'on a toujours connues.
Le travail fait par des gens comme Los Teignos sur la sensibilisation est important. Seulement, la sensibilisation, globalement, elle est faite. Il manque peut-être encore la vraie notion d'urgence, mais sinon, la plupart des gens sont conscient des problèmes écologiques et qu'il faut faire autrement. Et je crois que l'écrasante majorité est prête à le faire. Seulement, ils ne savent pas comment. Et leur demander de le faire par eux même dans un modèle capitaliste où tout pousse à la consommation et où n'est valorisé que ce qui participe à faire fructifier du capital, ne on est en pleines injonctions contradictoires.
Il y a énormément de gens qui sont engagés dans l'action au changement des populations. Seulement, elles travaillent dans des conditions déplorables : tout fonctionne par appels à projets demandant énormément de paperasse administrative et mettant les acteurs en concurrence. Ces AAP sont pour des durées courtes (1 à 3 ans en général) et une fois que le financement est épuisé, le projet qui s'est mis en place et est arrivé à un bon fonctionnement est arrêté faute de fonds.
Et pour donner une échelle, une partie des collègues de ma douce qui travaille dans une agence locale de l'énergie et qui sont des ingénieurs gagneraient 2 ou 3 fois plus s'il travaillaient dans une entreprise polluante au lieu de travailler à la sobriété énergétique.
Et les actions sont tout à fait insuffisantes. Par exemple, je vis dans un bloc d'immeuble avec une bonne centaine de logements. Dans le local à poubelles, il n'y a même pas un panneau rappelant les principes du tri sélectif, ce qui doit aller dans quelle poubelle et sensibilisant aux déchets, à leur traitement et au lourd problème d'enfouissement auquel on va devoir faire face prochainement (site proche de la saturation).
C'est pourtant pas un acte compliqué ni coûteux, mais les gardiens d'immeuble sont submergés et il n'y a qu'une seule personne chargée de la sensibilisation aux déchets à l'agglo de 200 000 habitants.
Ma douce travaille actuellement avec une collègue sur une action de réduction des déchets dans un quartier populaire. Une mission sur 20% de leur temps.
En peu de temps (3 mois), elles ont suscité la création d'un collectif de citoyens, installé un local pour stocker la récup et le collectif a déjà organisé des opérations de ramassage des déchets dans le quartier et une gratiferia qui a très bien marché.
Et le collectif râle et les harcèlent parce que ça avance pas assez vite Elles ont dû faire une mise au point récemment pour rappeler qu'elles n'ont que quelques heures de temps de travail sur le projet et qu'elles doivent sans arrêt mobiliser des partenaires (bailleurs sociaux, maison de quartier, mairie...) qui ont eux-même leur propre volume de travail et temps de réaction.
Budget de l'opération : 14 000 € pour deux ans et elles ont prochainement réunion avec la vice présidente de l'agglo pour justifier ce budget "parce que ça coûte cher".
La même agglo dépense 2 millions d'euros pour accueillir une étape de la Volvo Race (une course à la voile autour du monde) et - de mémoire - 1/2 million d'euros en subvention du club de foot.
[ Dernière édition du message le 18/04/2024 à 10:27:59 ]
chapolin
5h4r0
Donc pour les armes, pareil.
Will Zégal
Par exemple, on a besoin de verre et d'aluminium pour faire des baies pour les maisons passives. (Et pour les panneaux solaires)
Mais si on consacre les industries aux choses réellement nécessaires, l'impact est largement supportable.
Ce qui nous tue, c'est le superflu.
5h4r0
Mais des millions de job en moins, crise énergétique, crise économique, famine, exodes climatiques, guerres.
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