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Test de Process Audio Sugar - Sugar Baby Love

8/10
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Votre piste de basse manque de sub ? Votre piano de brillance ? Votre voix manque d’air ? Pour tout ces petits soucis de production qui réclamaient souvent l’usage conjoint de plusieurs plug-ins, Process Audio nous présente Sugar, un traitement pensé pour ajouter ce qu’il faut là où il en manque…

Si quan­tité d’édi­teurs de plug-ins se foca­lisent sur l’ému­la­tion pure et dure des bons vieux outils de studio, d’autres entre­prennent d’ima­gi­ner des solu­tions rompant avec la tradi­tion, que cela passe par des algo­rithmes inno­vants, des concepts origi­naux ou encore une ergo­no­mie qui s’af­fran­chit du mimé­tisme avec le monde maté­riel. C’est clai­re­ment à cette deuxième caté­go­rie qu’am­bi­tionne d’ap­par­te­nir Process Audio dont Sugar, le premier plug-in, nous promet de rajou­ter tout ce qui manque à nos pistes pour avoir LE son. Dit comme ça, on aurait toutes les raisons de se méfier, à plus forte raison quand on consi­dère le mini­ma­lisme dont fait preuve l’in­ter­face du logi­ciel. Aurait-on affaire à une boîte magique de plus donnant l’im­pres­sion qu’une piste sonne mieux juste parce qu’elle sonne plus fort en sortie et que les basses et les aigus ont été boos­tés ? La chose reste à voir.

Un détail pour­tant nous fera passer de la méfiance à la curio­sité : Process Audio a été fondée par les créa­teurs de la plate­forme péda­go­gique Pure­mix, une vraie réfé­rence de sérieux dans le domaine du mix, et c’est Fab Dupont lui-même qui, après en avoir discuté avec de nombreux ingés son de renom (ceux-là mêmes qu’on retrouve dans les tutos Pure­mix), est à l’ori­gine du concept de Sugar. Dési­reux de réali­ser des outils permet­tant de gagner du temps en studio, l’ami Fab a inter­rogé tous ses homo­logues pour savoir quelles chaînes de trai­te­ments ils utili­saient systé­ma­tique­ment pour amélio­rer le rendu de tel ou tel instru­ment. De là ont été déduites 8 chaînes d’ef­fets asser­vies à 4 bandes, le tout étant complété de filtres coupe-bas et coupe-haut et d’une satu­ra­tion. « Et voilà ! », comme dirait Fab : Sugar est né. Reste à juger de ce qu’il apporte dans la tambouille de studio et si le cara­mel n’ac­croche pas au fond de la casse­role.

Vous pouvez décou­vrir cela avec nous en vidéo, ou avec le texte qui suit :

Cara­mels, bonbons et choco­lat

ilokDispo sur Mac et PC aux formats AAX, VST, VST3 et AU, Sugar est protégé soit par une clé iLok, soit par le système iLok Cloud qui néces­site une connexion Inter­net pour fonc­tion­ner. Dans la mesure où il faut garder une session iLok Cloud ouverte et que l’uti­li­taire iLok est assez mal foutu, ce n’est certes pas aussi confor­table que la protec­tion utili­sant le disque dur de la machine mais c’est moins pira­table selon l’édi­teur et ça reste une alter­na­tive que beau­coup préfè­re­ront au dongle USB.

Mêlant quelques touches de couleurs vives à un gris anthra­cite aussi classe que repo­sant, l’in­ter­face du logi­ciel se veut simple et rela­ti­ve­ment économe en termes de contrôles, si l’on consi­dère que bien des modules de trai­te­ment doivent se cacher derrière tout cela.

Occu­pant toute la partie supé­rieure, un visua­li­seur de spectre permet de voir les courbes de réponses en fréquences du signal initial et du signal traité, mais présente surtout 4 sliders parta­geant symbo­lique­ment le signal en 4 bandes de fréquences. Je dis symbo­lique­ment car il est indu­bi­table que le décou­page réel des bandes n’a rien d’aussi symé­trique en réalité, d’au­tant qu’on dispose de deux modes d’ac­tion pour chaque bande. La chose inté­res­sante, c’est qu’il n’est pas ques­tion ici de parler de Herz ou de Déci­bels, mais d’uti­li­ser des mots qui n’ont rien de tech­nique. On dispose ainsi des modes ‘thi­ck’ et ‘pun­ch’ pour la bande des graves, des modes ‘warm’ et ‘broad’ pour celle des médiums, des modes ‘shi­ne’ et ‘exci­te’ pour les aigus et enfin des modes ‘yin’ et ‘yang’ pour l’ex­trême aigu nommé Air. Comme vous l’au­rez compris, les sliders permettent de défi­nir la force du trai­te­ment choisi pour chacune des quatre bandes, sachant qu’elles disposent toutes d’un bypass et qu’un gros bouton central permet de régler le dosage entre signal traité/non traité : nous sommes donc bien face à du trai­te­ment paral­lèle.

interfaceDe chaque côté de ce bouton, on dispose de deux sliders/vu-mètres permet­tant de gérer le signal entrant et le signal sortant mais aussi de fonc­tions inté­res­santes : ‘FX only’ permet d’écou­ter le trai­te­ment seul, sans le signal d’ori­gine, ‘LVL MGMT’ oblige le niveau de sortie à compen­ser l’aug­men­ta­tion de volume due au trai­te­ment, pour que vous ne vous fassiez pas abuser par l’ef­fet psychoa­cous­tique du ‘ce qui sonne plus fort sonne mieux et que vous puis­siez ensuite utili­ser d’autres trai­te­ments sans vous retrou­ver avec un niveau de cheval à gérer. On dispose surtout du choix entre un fonc­tion­ne­ment stéréo clas­sique ou M/S. Lorsque ce dernier est activé, les 4 sliders de la partie supé­rieure sont multi­pliés par deux. Chaque bande dispose ainsi d’un slider Mid à gauche (pour régler le trai­te­ment sur ce qui se trouve au milieu) et d’un slider Side à droite (pour régler le trai­te­ment sur ce qui se trouve sur les côtés). Sur le plan ergo­no­mique, on aurait sans doute préféré quelque chose de plus intui­tif pour ce mode comme un triangle Mid que l’on pour­rait étirer à l’in­té­rieur du slider Side par exemple, quitte à jouer avec un code couleur… En revanche, Process.audio a pensé à gérer la possi­bi­lité maligne de répliquer les réglages d’un mode vers l’autre, comme de commu­ter entre les deux modes pour compa­rer. C’est très judi­cieux quand il s’agit de lais­ser les oreilles seules juges sans a priori sur la tech­nique employée.

optionsAu bas de l’in­ter­face nous attend enfin le dernier étage de trai­te­ment du plug-in, qui se compose d’un duo débrayable de filtre coupe-haut / coupe-bas avec une pente pouvant être commu­tée à 12 dB/octave ou à 48 dB/octave (en mode ‘steep’), et d’une satu­ra­tion aux réglages mini­ma­listes : on choi­sit entre trois modes (Drive, Distort ou Crush, du plus gentil au plus méchant) et l’on règle l’ef­fet avec un potard.

Finis­sons avec le haut de l’in­ter­face où nous attendent l’ac­cès aux réglages avan­cés (taille de l’in­ter­face à choi­sir parmi quatre, compor­te­ment et réso­lu­tion de l’ana­ly­seur de spectre, acti­va­tion/désac­ti­va­tion du mode à phase linéaire ou des info­bulles, etc.) et le gestion­naire de presets. Ces derniers sont orga­ni­sés par instru­ments, tandis qu’une section Mix contient quelques presets plus globaux que vous pour­rez utili­ser sur un bus voire le master…

Main­te­nant qu’on sait à quoi ça ressemble, il nous reste à voir comment ça sonne.

A spoon­ful of sugar helps the medi­cine go down

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la simpli­cité du plug-in rendrait presque inutile le bel effort de docu­men­ta­tion fait par l’édi­teur pour nous aider à prendre nos marques avec Sugar (outre les info­bulles dans le logi­ciel et le manuel, Fab Dupoint a réalisé une série tutos vidéo et propose même des sessions de démo à télé­char­ger pour les prin­ci­pales STAN du marché). Sans que leur qualité soit à remettre en ques­tion, les presets eux-mêmes ne retien­dront pas l’at­ten­tion quand il suffit de quelques clics pour obte­nir ce qu’on est venu cher­cher. Préci­sons-le, c’est en amont du mixage propre­ment dit qu’on utili­sera au mieux le plug-in, histoire d’avoir les meilleures sources possible avant de se jeter sur ses EQ, ses compres­seurs, ses delays et ses réverbes. Il est d’au­tant plus impor­tant de comprendre que Sugar est un outil de produc­tion plus que de mixage qu’il ne permet pas, contrai­re­ment à un EQ, de reti­rer de la matière sonore : juste en ajou­ter. Même si son action influe évidem­ment sur l’équi­libre des timbres, ce n’est donc pas vers lui qu’on se tour­nera pour régler un problème de basse qui tourne ou pour dé-esser une voix. Ce n’est clai­re­ment pas son rôle.

Sugar est notam­ment diable­ment effi­cace pour rajou­ter des coucou­gnettes à une basse un peu anémique, qu’elle soit de nature synthé­tique ou élec­trique, comme à un kick évidem­ment :

SUGAR­bas­se­lec­dry
00:0000:11
  • SUGAR­bas­se­lec­dry00:11
  • SUGAR­bas­se­lec­wet00:11
  • DX7bass­Dry(2)00:03
  • DX7bass­Su­gar00:03
  • SUGAR­drum­sdry(2)00:11
  • SUGAR­drum­slow00:11

À l’op­posé du spectre, Sugar se débrouille très bien aussi pour redon­ner de la brillance et de l’air à une source, que ce soit en mode Shine ou Exci­ter. Voyez ce qu’il permet d’ob­te­nir sur ce piano bien terne :

SUGAR­pia­no­dry
00:0000:11
  • SUGAR­pia­no­dry00:11
  • SUGAR­pia­no­wet(2)00:11

Idem pour le tambou­rin comme pour bosser la batte­rie dans son ensemble. Obser­vez toute­fois comme l’usage de la bande médium et de la bande aigu a vite fait de faire ressor­tir le son de pièce de la prise, ce dont nous repar­le­rons :

SUGAR­drum­sdry(2)
00:0000:11
  • SUGAR­drum­sdry(2)00:11
  • SUGAR­drum­swet00:11
  • SUGAR­tam­bou­rin­dry00:11
  • SUGAR­tam­bou­rin­wet00:11

Voyez que le spectre d’ac­tion du logi­ciel est assez vaste et, outre la possi­bi­lité de doser cela subti­le­ment grâce à l’ar­chi­tec­ture paral­lèle du plug-in, la possi­bi­lité de travailler en M/S pour ne trai­ter par exemple que les côtés, ou au contraire que le centre, étend encore le poten­tiel du plug-in… jusqu’au maste­ring ? On se méfiera évidem­ment d’un tel outil aux bandes prédé­fi­nies pour un travail qui, a priori, réclame une grande préci­sion. Mais pour ajou­ter de la brillance ou du bas en bout de chaîne, ça fonc­tionne.

N’ou­blions pas le bonus distor­sion, sachant que les trois algos propo­sés sont tous bien diffé­rents mais sonnent très bien. Leur utilité ? Salir un peu le son évidem­ment pour obte­nir un peu plus de crous­tillant dans une caisse clair par exemple, mais aussi adou­cir des sons un peu ‘har­sh’…

Bref, Sugar sait se rendre utile dans quan­tité de contexte, et en marge de cette poly­va­lence qui lui permet­tra de rempla­cer plusieurs plug-ins dans votre arse­nal, on souli­gnera qu’il se comporte de manière exem­plaire sur le plan de la gestion de la phase, point toujours critique lorsqu’on splitte un signal, applique diffé­rents trai­te­ments à chaque bande (ce qui implique des déca­lages tempo­rels) pour les réunir ensuite. Ici, pas de problème à l’ho­ri­zon et c’est tant mieux même si nous allons voir que cette médaille a un revers.

Brown Sugar

Sugar est donc globa­le­ment très convain­cant, mais ça ne l’em­pêche pas d’avoir des limites : sur les sources complexes s’ex­pri­mant dans le médium, il n’est pas toujours à son affaire, faisant remon­ter une réverbe ou un timbre de caisse claire quand on cher­chait juste à travailler son impact comme on l’a vu précé­dem­ment. Le meilleur moyen pour amélio­rer cela, ce serait de permettre à l’uti­li­sa­teur de défi­nir le centrage et la largeur des bandes, mais le plug-in tour­ne­rait forcé­ment plus à l’usine à gaz alors que son rapport simpli­cité/effi­ca­cité est sa plus grande force.

Par ailleurs, même si ce n’est à consi­gner dans les défauts, il s’agira de ne pas oublier que nous sommes face à un outil basé sur de la compres­sion multi­bande, avec tous les incon­vé­nients que la compres­sion peut parfois présen­ter : s’il y a de la repisse sur votre piste, Sugar la fera logique­ment remon­ter en fonc­tion de vos régla­ges…

Reste à évoquer le prin­ci­pal défaut du soft en regard de tant de choses enthou­sias­mantes : il est pour l’heure plutôt goinfre en termes de consom­ma­tion CPU. Sur un MacBook Pro de 2014, chaque occur­rence du plug consomme ainsi entre 10 et 20% du CPU selon le moni­teur de ressources de Studio One, de sorte qu’on apprend vite à free­zer la piste dès qu’on l’a réglé. Ce n’est pas forcé­ment très gênant pour un plug qui n’a pas voca­tion à être auto­ma­tisé ou modi­fié au fil du mix, et on gagne bien sûr sur ce terrain en coupant le mode à phase linéaire, pas toujours indis­pen­sable suivant la source ou le trai­te­ment, mais on espère tout de même que Process Audio trou­vera le moyen d’op­ti­mi­ser son code pour amélio­rer cela car il est forcé­ment moins commode de sucrer sa tambouille quand la sucrière pèse à elle seule 5 kg.

Enfin, on pour­rait toujours ergo­ter sur la possi­bi­lité de pouvoir para­mé­trer le centrage et la largeur des bandes, tout comme on pour­rait souhai­ter gérer la satu­ra­tion par bande elle aussi, mais force est d’ad­mettre une fois encore que ce qu’on gagne­rait en puis­sance, on le perdrait en simpli­cité.

Conclu­sion

Redou­ta­ble­ment effi­cace tant sur le plan du son que celui de l’er­go­no­mie, Sugar est de ces plug-ins qui font gagner un temps consi­dé­rable au quoti­dien parce qu’à lui tout seul, il se substi­tue à diffé­rents plug-ins ou des chaînes de trai­te­ments autre­ment plus longues à bâtir puis confi­gu­rer. Évidem­ment, la compres­sion multi­bande qui est à la base du logi­ciel n’est pas une chose nouvelle, et on trouve déjà sur le marché quan­tité d’en­han­cers ou d’ex­ci­ters pour ceci ou pour cela, mais il faut bien l’ad­mettre : aucun ne s’avère aussi poly­va­lent et facile à utili­ser que le premier-né de Process Audio. En quelques clics seule­ment, on parvient à redon­ner de la brillance à une prise un peu terne, de l’as­sise à un kick ou de l’air à une voix, et comme le plug-in a le bon goût de fonc­tion­ner en trai­te­ment paral­lèle comme en L/R ou M/S, le côté prédé­fini des bandes ne nuit en rien à la possi­bi­lité d’un usage subtile. De fait, en dehors d’une certaine gour­man­dise en termes de puis­sance proces­seur, il n’y a pas grande chose à repro­cher à Sugar. Et comme Process Audio semble avoir à coeur de produire des outils malins desti­nés à nous simpli­fier la vie, on est forcé­ment très impa­tient de voir la suite…

Notre avis : 8/10

Award Qualité / Prix
Qualité / Prix
Award
  • Le concept du couteau suisse pour rajouter ce qui manque
  • Interface claire et ergonomique
  • Parti pris du langage musicien
  • Simplicité de prise en main
  • Tout en traitement parallèle, en L/R ou M/S
  • La possibilité de switcher en L/R et M/S
  • Compensation de niveau
  • Mode à phase linéaire efficace
  • 3 saturations de qualité en sortie
  • Utilisable sur une piste, un bus voire sur le master
  • Très efficace pour ajouter de la matière en bas, de la brillance ou de l’air…
  • …mais moins tout terrain sur les médiums en l’absence d’une possibilité d’ajuster les bandes
  • Ça bouffe tout de même pas mal côté CPU
  • Pas sûr qu’on aurait pas préféré la saturation par bande elle aussi…

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