Lors du test du premier Mastering Bundle de FabFilter, nous regrettions de ne pas y trouver un compresseur multibande. La lacune a été comblée avec Pro-MB sur lequel nous revenons.
À quoi sert un compresseur multibande ? À modifier la dynamique d’un signal de différentes façons tout au long de son spectre. Avec un tel outil, on pourra ainsi choisir de ne compresser qu’une fine bande dans les aigus pour linéariser le volume d’un charley ou encore d’atténuer les sibilances d’une voix (beaucoup de dé-esseurs reposent d’ailleurs sur la compression d’une bande précise), mais aussi à renforcer les basses sur un bus de batterie ou à tasser les médiums en side chain pour renforcer l’intelligibilité d’une voix lorsqu’elle apparaît. Bref, c’est un outil extrêmement puissant, à mi-chemin entre l’égaliseur et le compresseur et dont on dit à raison qu’il faut se méfier, car il peut changer drastiquement l’équilibre d’une piste ou d’un mix et faire apparaître des problèmes de phase.
En effet, les compresseurs multibandes reposent sur un jeu de filtres coupe-haut et coupe-bas qui vont découper le signal en bandes qui seront ensuite compressées. Le problème, c’est qu’à la jointure des bandes, les différentes compressions appliquées tendent à générer des problèmes de phase.
Précisons-le : ce test bref intervient dans le cadre de notre test en vidéo du Mastering Bundle de FabFilter, réalisé à l’occasion de la sortie de Pro-Q 3.
Remuer la phase
Pour son compresseur, FabFilter a donc planché dur sur ce problème, ce qui se traduit par trois algorithmes : l’un à phase linéaire, qui corrige les problèmes de phase avant la sommation des différentes bandes mais induit une latence, l’autre travaillant en temps réel mais produisant des problèmes de phase, et enfin le dernier, appelé Dynamic Phase qui réussit la prouesse de supprimer les problèmes de phase sans pour autant produire de latence (tant que vous ne manipulez pas le gain, précise le développeur). À la faveur de ce dernier, Pro-MB devient un précieux allié qui, allié à Pro-C 2 et Pro-Q 3, permet de se tirer de pas mal de situations problématiques avec facilité.
Chaque bande pouvant être pilotée via l’entrée Side Chain du plug-in, on pourra ainsi ducker une musique de fond pour faire de la place à une voix lorsqu’elle apparait, ou encore l’utiliser pour de plus classiques tâches de dé-essing (encore que dans ce domaine, on aura tout intérêt à se servir de l’excellent Pro-DS).
C+Q=MB
Pro-MB est d’autant plus efficace qu’on y retrouve l’excellente ergonomie des produits de FabFilter. Si vous êtes un habitué des produits de l’éditeur, et surtout de Pro-Q, vous ne serez pas dépaysé, car on y retrouve les mêmes commandes pour définir graphiquement jusqu’à six bandes qui seront toutes soumises à leur propre compresseur/expandeur. À ce niveau, c’est à Pro-C que l’on pensera, sachant que si on ne dispose pas du choix dans l’algorithme de compression, Pro-MB dispose de suffisamment de paramètres pour effectuer un traitement transparent ou au contraire bien bourrin, sachant qu’une fonction prédictive et un suréchantillonnage x4 sont là pour assurer le meilleur comportement possible.
Évidemment, à voir les progrès dont ont bénéficié Pro-Q 3 et Pro-C 2, on attend quantité de choses qui pourraient rendre ce Pro-MB plus abouti encore : un meilleur oversampling, la gestion du surround, un paramètre Hold ou plusieurs algorithmes de compression comme dans Pro-C. Gageons que cela arrivera sans doute dans un Pro-MB 2 qui ne devrait pas trop tarder.
Conclusion
En regard des récents Pro-C 2 et Pro-Q 3, il y aurait bien sûr pas mal de petites choses à rajouter à ce Pro-MB pour en faire une V2, mais avouons que l’outil demeure très convaincant et utile en l’état, que ce soit sur le plan du son comme sur celui de l’ergonomie. Grâce à ses excellents algos, il parvient à limiter les problèmes de phase inhérents au concept de la compression multibande, de sorte qu’on se surprend à l’utiliser pour régler bien des problèmes.