La gamme EVH s'étoffe de mois en mois, que ce soit en guitares ou en amplis traditionnellement équipés en 6L6. Fender et Eddie Van Halen nous proposent désormais cette version EL34 des célèbres 5150 en 50 watts, après une tête de 100 watts acclamée. Petite envie de retour aux sources ?
Qu’ils soient blancs ou noirs, les amplis d’Eddie font maintenant partie du paysage des amoureux des lampes. Fidèles à la période moderne du maître, il faut avouer qu’il manquait un ampli plus proche de l’époque David Lee Roth durant laquelle il faisait hurler de douleur ses Marshall torturés de Variax au son infiniment britannique saupoudrés de délicieuses lampes EL34.
Des canaux canons
Qu’elle est belle cette tête 50 watts dont la parure dorée ne trompera personne. C’est bien en terre anglaise qu’elle nous entraîne avec ses deux belles EL34 en section de puissance. Attendez, 7 lampes 12AX7 en préamp ? Pourquoi autant ? Procédons par ordre plutôt que de nous laisser emporter par l’envie d’enclencher la disto sans délai.
Nous sommes face à une tête assez facilement transportable, accompagnée de son baffle muni de 2 Celestion G12H30 Anniversary Edition. Les habitués des répètes ne seront pas effrayés par le transport facilité par des roulettes incluses ainsi que par la possibilité d’incliner la bête pour une meilleure diffusion sonore.
Le tout inspire confiance et qualité malgré une fabrication mexicaine qui pourrait en rebuter plus d’un. Quelle erreur ! Les finitions sont exemplaires et rien ne choque.
Les 3 canaux sont répartis de la façon suivante : les 2 premiers partagent la même égalisation 3 bandes (graves, médiums et aigus) mais se voient dotés de potentiomètres concentriques pour le gain et le volume. C’est très pratique mais il faut juste faire attention à ne pas modifier l’un ou l’autre des potards lors du réglage. Le 3e canal dispose par contre d’une section entière avec les mêmes fonctions. Comme d’usage chez EVH, ces canaux sont labellisés par couleur : vert pour le clean, bleu pour le crunch et rouge pour la saturation de l’enfer. Une présence générale ferme la marche pour le panneau avant.
La connectique arrière est assez complète sans toutefois en faire trop sauf pour la prise casque, absolument ridicule et inutile sur un ampli de cette puissance. La boucle d’effets est présente ainsi qu’une prise footswitch pour contrôler la bestiole avec le pédalier inclus mais aussi compatible avec tous les switchers du marché qui proposent une fonction Trigger. Le panneau présente de plus une prise MIDI pour effectuer les mêmes contrôles, une connexion Preamp Out pour attaquer une carte son et de belles simulations de HP et un potard de résonance.
For whom the belle tôle
Le test est réalisé avec une Charvel DK24 mexicaine entièrement d’origine, le baffle assorti et un seul SM57 directement en face d’une des deux gamelles. Aucun effet n’a été ajouté sauf une réverbe dans le mix final.
En clean sur le canal vert, il est surprenant de constater un côté assez Tweed du son. Généreux, rond, tout sauf droit, il fera le bonheur des funkmen amoureux de compression délicate pour faire sonner des cocottes et des notes mortes. Attention toutefois, car le crunch naturel arrive dès la moitié du potard de gain dépassée. Bienvenue au blues le plus roots qui soit. Le crunch est joli, réactif et très exploitable. À l’aveugle il est impossible de deviner qu’il s’agit d’un ampli EVH tant c’est bluesy. AC/DC n’est pas loin non plus selon la puissance que vous injectez dans l’attaque.
Le canal crunch bleu est déjà très saturé. Il nous promène du soft rock au heavy metal des années 80. Un grain chaud et très british, il s’agit là DU canal, celui qui nous promet enfin le Brown Sound du premier album. Avec une égalisation qui convient, nous voilà en train de jouer You Really Got Me ou I’m the One avec délectation. Juste une grosse réverbe et nous y sommes, béni soit EVH ! Terminée la frustration des 6L6 pour ceux qui souhaitent un son typique de la période Lee Roth. Dans la gamme EVH il était dommage d’avoir tous les plus beaux sons du monde sauf celui pour lequel Eddie est devenu célèbre, c’est maintenant chose faite.
- crunchcanalbleu01:40
- brownsound02:21
Le canal rouge nous fournit l’explication de la présence des 7 lampes 12AX7 : le taux de saturation est absolument dantesque. Il s’agit de l’ampli le plus saturé que votre obligé ait testé. Ce canal représente un peu l’enfer sur terre, l’apocalypse de la disto. Il vous sera absolument inutile de pousser le gain au delà des 50%, car passé ce cap, le grain gonfle sans pour autant ajouter de gain. Tous les métalleux, coreux, djenteux du monde seront aux anges avec un tel canal. Les palm mute sortent comme des étincelles pendant un ponçage, la saturation est riche et constitue un pousse au crime métallique.
- distocanalrouge50%01:43
- distocanalrouge100%01:43
L’égalisation est très efficace, quels que soient le canal ou la bande de fréquences concernés. Testons le potard arrière de résonance de façon indépendante. Grâce à lui, votre 2×12 pourra faire de l’ombre au 4×12 du gratteux de votre groupe.
Une tuerie
Comment qualifier un ampli de tuerie ? Quand on a envie de le garder, de tester toutes ses guitares dessus, de lui mettre toutes les pédales qu’on a sous la main. C’est le cas avec cette 5150 EL34 avec ses 50 watts plus raisonnables que sa grande sœur de 100 watts et qui fonctionne incroyablement bien à un volume de chambre. On ne se prive de rien avec cette tête, cleans, crunchs, saturations de l’espace, tout est possible. C’est un outil, un instrument de musique. Le tarif qui la place au-dessus des 1 000 Euros est largement justifié. One head to rule them all.