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Test de la DrumBrute d'Arturia - Analo en BAR

8/10

Après le MiniBrute, le MicroBrute et le MatrixBrute, Arturia présente la DrumBrute, une BAR 100 % analogique à prix très agressif. Voyons ce qu’elle a dans les circuits…

Au pays des BAR analo­giques, les ours, les loups, les chats et les souris dansent. Jusqu’alors, le marché n’in­té­res­sait plus que des marques assez confi­den­tielles telles que MFB et Jomox, ainsi que des nombreux et talen­tueux DIYers. Mais ces derniers temps, les freins semblent lâchés, les Rhythm Wolf et Tom Cat d’Akai répondent en rythme aux Tanzbär et Tanz­maus de MFB (si ce n’est le contraire). Les BAR d’Akai sont toute­fois les seules à propo­ser une surface de contrôle digne de ce nom, très bien construite avec une majo­rité de métal, des pads dyna­miques et des commandes large­ment dimen­sion­nées. Autre fait marquant, un prix plan­cher, de l’ordre de 150 €. Lors de notre test, la qualité sonore globale et la plage des réglages des para­mètres de synthèse nous avaient un peu lais­sées sur notre faim… Aujour­d’hui, c’est au tour d’Ar­tu­ria de propo­ser sa propre vision de la BAR analo­gique. Incon­tes­ta­ble­ment plus puis­sante mais aussi plus chère que ses deux concur­rentes directes, la Drum­Brute semble embarquer les spéci­fi­ca­tions tech­niques pour faire la loi dans la basse­cour. Si en plus elle sonne…

Boîte à idées

Arturia DrumBrute : DrumBrute 003.JPG

La Drum­Brute est logée dans une boîte en plas­tique solide de 42 × 28 × 4 cm et 5,6 kg, avec dessous métal­lique et flancs en bois d’arbre. Sa bonne qualité de construc­tion et ses dimen­sions géné­reuses la destinent à la scène et aux perfor­mances live, dotée de commandes nombreuses et bien dimen­sion­nées. Analy­sons la façade en commençant par le haut, avec à gauche un simple affi­cheur à 3 LED blanches à 7 segments et point, permet­tant de visua­li­ser le tempo et certains réglages. Tout proches, on trouve les trois commandes de trans­port du séquen­ceur et le sélec­teur de synchro­ni­sa­tion (interne, USB, MIDI, Clock). En dessous, le poten­tio­mètre de tempo et sa touche Tap, les touches de modes de jeu et de program­ma­tion. À droite, des touches pour mani­pu­ler les motifs (copie, effa­ce­ment, sauve­garde) et pour navi­guer dans les sections de motifs (4 sections de 16 pas, program­ma­tion du dernier pas). La partie supé­rieure droite de la machine est dédiée aux réglages du filtre global, du volume, du Swing, du géné­ra­teur aléa­toire et du ruban répé­ti­teur de boucles (nous revien­drons en détail sur chaque fonc­tion). On trouve ensuite une rangée de 16 boutons multi­co­lores, permet­tant entre autres la sélec­tion des motifs et la program­ma­tion pas à pas.

Les deux tiers infé­rieurs de la façade sont réser­vés aux percus­sions, sépa­rées en 12 sections pour 17 instru­ments : d’abord, l’en­semble des para­mètres de synthèse acces­sibles, à savoir 36 poten­tio­mètres et 5 sélec­teurs d’ins­tru­ment (nous y revien­drons plus tard) ; enfin, 12 pads pour le jeu et la program­ma­tion en temps réel des percus­sions. Ces pads sont dyna­miques et trans­mettent 2 niveaux de vélo­cité en interne (normal/accent) et 128 valeurs via MIDI. N’ou­blions pas le métro­nome, avec poten­tio­mètre de volume et bouton d’ac­ti­va­tion, ainsi que les commandes Mute et Solo pour les pistes/instru­ments.

Arturia DrumBrute : DrumBrute 014.JPG

Le manuel de 74 pages (dispo­nible en français et en anglais) témoigne du nombre de fonc­tion­na­li­tés. La Drum­Brute n’en demeure pas moins un instru­ment intui­tif facile à prendre en main, privi­lé­giant un work­flow inin­ter­rompu à toutes les étapes, ce qui en fait un gros point fort.

Le panneau arrière est fort bien garni : connec­teur pour alimen­ta­tion 12V/1A DC externe, prise USB type B, entrée/sortie MIDI, entrée/sortie Clock (jack 3,5 mm mono), sorties sépa­rées x12 (dont une pour le métro­nome, toutes au format jack 3,5 mm), sortie mix mono (hélas !) au format jack 6,35 mm et une connec­tique s’ac­com­mo­dant à tout type de casque (jacks 3,5 et 6,35 mm, poten­tio­mètre rétrac­table de niveau). Lorsqu’on utilise une des prises casque, le métro­nome est enlevé du mix mais conservé dans la prise casque tant qu’on n’uti­lise pas la sortie indi­vi­duelle, astu­cieux ! Nous saluons la présence de sorties indi­vi­duelles et en profi­tons pour préci­ser que certaines sont communes aux instru­ments parta­gés (nous y revien­drons aussi). Lorsqu’une prise est connec­tée à une sortie indi­vi­duelle, la percus­sion corres­pon­dante est évidem­ment enle­vée du mix. Pour info, la synchro Clock fonc­tionne à 1, 2, 24 et 48 impul­sions, pour tous les goûts ! Il n’y a pas de sortie trig­ger pour synthé analo­gique, on pourra tenter de s’en fabriquer une en piquant une sortie audio telle que le Rim Shot (ce qui condam­nera les Claves, au passage).

Boîte à sons

Arturia DrumBrute : DrumBrute 007.JPG

La Drum­Brute génère 17 percus­sions analo­giques, dont 16 simul­ta­nées, le tout sur 12 canaux de mixage ; certaines percus­sions partagent le même canal et certains réglages par paire, mais sont audibles en même temps. Sur chaque canal, les sons ont des commandes de synthèse spéci­fiques, en fonc­tion de leur type. Les 12 canaux ont tous un poten­tio­mètre de volume, nous n’y revien­drons donc pas. Les cycles des géné­ra­teurs sonores (oscil­la­teurs, bruits) sont redé­clen­chés à chaque note. Première remarque, il n’y a pas de souffle ! Commençons la visite audio par les deux kicks, le premier évoquant la TR-909 et le second la TR-808, sans cher­cher à les imiter complè­te­ment ; le premier kick est le plus fourni : pitch (pouvant descendre très bas !), déclin (envi­ron 1,5 s), impact (ajout d’un clic en début de son) et Sweep (« piou » bref) ; le second kick ne possède pas les 2 derniers para­mètres. La qualité des kicks est très bonne, avec de la variété, de la rondeur et des grosses basses, bien plus pêchus que les kicks mori­bonds des BAR Akai évoquées plus tôt.

On conti­nue avec l’unique caisse claire, dont on peut ajus­ter le niveau de Snap (timbre généré par un bruit), le déclin de Snap (envi­ron 1 s), la tona­lité du Snap (filtrage passe-haut) et la tona­lité de la partie réso­nante (hauteur) ; autant on appré­cie la diver­sité sonore de cette caisse claire, autant on lui trouve un manque de coffre et de basses : à égali­ser et compres­ser en sortie indi­vi­duelle ! Vient ensuite le clap, dont on peut modi­fier la tona­lité (baisse de fréquences graves dans le sens des aiguilles d’une montre) et le déclin ; il claque parfai­te­ment et devient impo­sant à basse fréquence. C’est au tour de deux percus­sions qui se partagent le même canal : Rim et Claves ; on peut ajus­ter la tona­lité du Rim (couleur). Répé­tons qu’on peut entendre simul­ta­né­ment les percus­sions qui se partagent, par paire, le même canal, mais qu’ils ont en commun certains para­mètres et la sortie indi­vi­duelle.

Arturia DrumBrute : DrumBrute 008.JPG

Le cas des hi-hats est un peu diffé­rent : on dispose de deux canaux et deux ensembles de réglages sépa­rés : pitch (bruit blanc crado vers la gauche et timbre métal­lique vers la droite) et déclin ; les mêmes réglages produisent d’ailleurs le même son pour les deux hi-hats ; mais à la diffé­rence des autres percus­sions, les hi-hats sont exclu­sifs (l’un coupe l’autre), ce qui permet l’uti­li­sa­tion clas­sique ouvert/fermé ; nous appré­cions leur qualité sonore bien métal­lique et leur tran­chant, dans la plus pure tradi­tion analo­gique.

On passe ensuite aux deux canaux de toms/congas, dont on peut régler le pitch ; cela permet d’avoir sous la main 4 percus­sions simul­ta­nées accor­dées deux à deux ; il manque tout de même un para­mètre de Decay, d’au­tant que nous trou­vons les toms trop courts. Pour la cymbale, on peut régler la tona­lité (réso­nance) et le déclin ; le son est analo­gique à souhait, bien crado là aussi, dans le bon sens du terme ; origi­na­lité bien appré­ciable, elle existe en mode reverse simul­tané (avec réglage du déclin), ce qui en fait la première cymbale reverse analo­gique dans une BAR !

Arturia DrumBrute : DrumBrute 009.JPG

Avant-dernières percus­sions, le tandem mara­cas/tambou­rin (on peut régler le déclin de ce dernier, cela crée un son tenu avec une petite modu­la­tion vibra­toire en fin de parcours des plus appré­ciables). Dernière percus­sion, le Zap est une percus­sion filtrée réso­nante dont on peut régler le pitch et le déclin ; elle permet de créer un tom disco (« piou piou » !) ; nous aurions préféré une cloche de vache accor­da­ble…

Tant qu’on râle, signa­lons tout de suite qu’on ne peut mémo­ri­ser aucun réglage, la géné­ra­tion sonore étant tota­le­ment analo­gique, y compris les réglages. Rendre les mémoires program­mables aurait néces­sité une élec­tro­nique beau­coup plus complexe et des commandes diffé­rentes pour les réglages en temps réel. Cela oriente clai­re­ment la Drum­Brute côté perfor­mance live. Dernier point, on trouve sur le mix final un filtre Stei­ner Parker (comme sur les synthés Brute) passe-haut ou passe-bas commu­table, dont on peut régler la fréquence de coupure et la réso­nance. De quoi bien polir le signal avant la sortie, mais pas le salir, car le Brute Factor est passé à la trap­pe…

Beat 1
00:0002:01
  • Beat 1 02:01
  • Beat 2 01:45
  • Beat 3 00:56
  • Beat 4 01:23
  • Beat 5 01:36
  • Beat 6 01:04
  • Beat 7 01:21

Boîte à malice

La Drum­Brute dispose de 64 motifs arran­gés en 4 banques de 16. Chacun peut avoir son propre tempo, mais on peut faci­le­ment acti­ver le mode tempo global pour toute la machine. Les motifs sont consti­tués de 16 pistes (autant que d’ins­tru­ments simul­ta­nés), avec une longueur comprise entre 1 et 64 pas (modi­fiable à la volée en lecture, puis en enre­gis­tre­ment). Avant même de program­mer quoi que le soit, la Drum­Brute offre diffé­rentes fonc­tions pour épicer la lecture des motifs. On peut d’abord couper/isoler des instru­ments à la volée, puis mettre un peu de Swing (entre 50 et 75 %). Pour épicer un peu le groove, rien de tel qu’un facteur aléa­toire : cela crée des chan­ge­ments plus ou moins subtils dans l’ordre des pas et des instru­ments program­més. Pour épicer un peu plus, rien de tel qu’un petit Looper bien pensé : à l’aide du ruban et des boutons de pas, on peut forcer le motif à boucler plus ou moins vite et plus ou moins tôt, en tout cas avant la fin présu­mée. Cela permet notam­ment de faire des roule­ments auto­ma­tiques, que l’on peut utili­ser en program­ma­tion temps réel.

Pour épicer davan­tage encore, Artu­ria nous propose la poly­mé­trie, permet­tant à chacune des 16 pistes d’un motif d’avoir sa propre longueur : en appuyant sur la touche idoine, on active le mode (appelé à tort) Poly­Rhythm ; on sélec­tionne alors la piste à éditer, on appuie sur le bouton Last Step puis sur l’une des 16 touches de pas ; on recom­mence pour chaque piste souhai­tée ; résul­tat, des motifs disloqués qui ne se répètent qu’au bout d’une certaine pério­di­cité ; petite khôlle : sachant qu’on dispose de 16 pistes de 64 pas, quelle est la pério­di­cité maxi­male ? Vous avez une heure… Toutes ces fonc­tion­na­li­tés de lecture sont mémo­ri­sées dans chaque motif, excellent !

Arturia DrumBrute : DrumBrute 010.JPG

Pendant ce temps, profi­tons-en pour program­mer un motif. Commençons par choi­sir la divi­sion tempo­relle (1/8, 1/8T, 1/16, 1/16T, 1/32). En mode temps réel, on peut utili­ser le métro­nome, puis entrer les notes à l’aide des pads infé­rieurs. Elles seront enre­gis­trées sur deux niveaux en fonc­tion de la vélo­cité de frappe appliquée (normal/accent) et quan­ti­fiées suivant la divi­sion tempo­relle prévue ; plus tard, on pourra les déca­ler de plus ou moins 50 %, sympa. Alors que l’en­re­gis­tre­ment conti­nue, on peut ajou­ter des roule­ments auto­ma­tiques, rempla­cer des notes (par écra­se­ment), suppri­mer des pas… en mode pas à pas, on peut entrer/suppri­mer/accen­tuer des pas à l’aide des 16 touches lumi­neuses de pas et 4 touches de sélec­tion de section de motifs. Lorsqu’une touche est allu­mée en bleu, c’est qu’il y a quelqu’un dans le pas ; quand elle est rouge, c’est que ce quelqu’un a un accent. L’ac­cen­tua­tion corres­pond à un renfor­ce­ment de volume, mais on a l’im­pres­sion que d’autres para­mètres sont parfois aussi modi­fiés, comme l’at­taque, le timbre ou le pitch. Comme nous l’avons dit, chaque pas peut être décalé dans le temps de plus ou moins 50 % de sa longueur, ce qui permet d’hu­ma­ni­ser le timing.

Les motifs peuvent ensuite être assem­blés en morceaux. La mémoire interne renferme 16 morceaux de 16 motifs. Chaque motif est chaîné à son propre tempo (sauf si le tempo global est activé) et avec ses para­mètres Swing et Random. On ne peut entrer qu’un motif par pas (pas de répé­ti­tion au sein d’un même pas), donc si on veut enchaî­ner plusieurs fois un même motif, on consomme plusieurs pas (à concur­rence de 16). À la fin de la lecture d’un morceau, celui-ci est mis en boucle tant qu’on n’in­ter­rompt pas la lecture. Un morceau est donc un super motif, pas de quoi couvrir un titre de A à Z sans rebou­cler (par exemple, un morceau de 16 motifs de 64 pas à 120 BPM dure 2’08’’), ou struc­tu­rer un concert complet en play­ba­ck… un peu juste ! Toutes ces mani­pu­la­tions se font sans inter­rup­tion du work­flow, un vrai point fort de la Drum­Brute. La machine possède toutes les fonc­tions de copie/collage/effa­ce­ment dans tous les modes.

Conclu­sion

La Drum­Brute embarque une belle pano­plie de percus­sions analo­giques faci­le­ment modi­fiables et un séquen­ceur pour le moins origi­nal, avec les fonc­tions Swing et Random, le répé­ti­teur de pas et la poly­mé­trie. Son ergo­no­mie bien pensée et ses commandes directes la destinent tout parti­cu­liè­re­ment au live, où elle peut se synchro­ni­ser avec pratique­ment tout ce qui bouge… Sa bonne qualité de construc­tion, ses sorties indi­vi­duelles et sa gestion externe des mémoires de séquences font égale­ment partie de ses atouts. On peut toute­fois lui repro­cher l’ab­sence de mémoires pour les sons, l’im­pos­si­bi­lité d’au­to­ma­ti­ser leurs réglages, les enchaî­ne­ments de motifs trop courts, la sortie mix mono­pho­nique et certaines percus­sions un peu fades, tout cela néces­si­tant une table de mixage et des trai­te­ments externes. Quoi qu’il en soit, avec un prix très bien posi­tionné, la Drum­Brute offre au plus grand nombre de musi­ciens et DJ l’ac­cès à une BAR analo­gique pleine de très bonnes surprises.

Télé­char­gez les extraits sonores (format FLAC)

  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 001.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 002.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 003.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 004.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 005.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 006.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 007.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 008.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 009.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 010.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 011.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 012.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 013.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 014.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 015.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 016.JPG
  • Arturia DrumBrute : DrumBrute 017.JPG

 

Notre avis : 8/10

  • Le rapport performances/prix
  • Pas de souffle
  • Certaines percussions bien trempées
  • La prise en main aisée
  • La richesse des commandes directes
  • Le nombre de percussions simultanées
  • Les différents modes de lecture
  • La polymétrie au sein des motifs
  • L’enregistrement en temps réel et pas à pas
  • Le filtre Steiner Parker en sortie
  • Les sorties séparées
  • La transmission des séquences par Sysex
  • Les synchros via Clock/MIDI/USB
  • La qualité de construction
  • Le mode Song sous-dimensionné
  • Quelques percussions un peu quelconques
  • Seulement deux niveaux de vélocité
  • La sortie mix monophonique
  • Les réglages sonores non mémorisables
  • Pas d’automation des paramètres de synthèse
  • Pas de sortie trigger directe

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