Le cerveau est vraiment un outil formidable ! En effet, même en fermant les yeux, nous sommes capables de localiser les choses qui nous entourent à partir du moment où elles émettent un son. Et c'est vraiment une aubaine pour nous car aussi puissante soit-elle, la capacité d'analyse sonore de notre petite cervelle peut facilement être trompée afin de reconstituer une sensation d'espace virtuel au sein de nos mixages stéréo. Voici donc quelques pistes qui vous permettront d'appréhender au mieux ce fameux "son 3D" dont tout le monde parle.
La nature est votre amie
Un son sera différent « aux yeux de nos oreilles » s’il nous parvient de la gauche ou de la droite, de façon proche ou éloignée. Pour restituer cela via un système stéréo, il convient d’abord d’étudier ce qui se passe dans le monde réel. Entendons-nous seulement avec notre oreille droite lorsque le son est à droite ? La proximité dépend-elle uniquement du niveau sonore ? Et que se passe-t-il d’un point de vue fréquentiel ? En cherchant la réponse à ces questions, vous vous rendrez vite compte que tout est lié et que le placement dans l’espace est un savant dosage de panoramique, de niveau, de délai et/ou de réverbération.
Panoramique
Pour positionner latéralement un instrument lors d’un mixage, quoi de plus naturel que de tourner le potard de panoramique ? Cette manipulation, aussi simple soit-elle, ne fait en définitive qu’envoyer le son plus fort d’un côté que de l’autre.
Or, dans la nature, c’est un peu plus complexe que ça… En effet, à cause de la vitesse de propagation du son dans l’air, il y a également un phénomène de délai. Ainsi, un son provenant de la gauche arrivera non seulement plus fort à notre oreille gauche, mais également moins fort et avec un léger retard à notre oreille droite. D’autre part, notre tête est un obstacle naturel qui absorbera les fréquences les plus aiguës. Par conséquent, un petit filtre pour atténuer le haut du spectre sur le signal retardé accentuera encore plus le sentiment de largeur stéréo.
Un petite mise en garde avant de passer à la suite : le délai est à manipuler avec précaution car il peut engendrer de sérieux problèmes de compatibilité mono en raison de la phase. Vérifiez donc toujours votre mix en mono.
Profondeur de champ
En ce qui concerne la notion de distance avec une source sonore, plusieurs points sont à prendre en considération.
Tout d’abord, plus un son est proche, plus il est fort. Ça peut paraître bête comme chou, mais il est utile de le rappeler. Un autre aspect à prendre en considération est le… panoramique ! En effet, une personne qui vous susurre à l’oreille est plus près de vous que quelqu’un qui vous parle en face.
D’autre part, l’impression d’éloignement vient bien entendu en grande partie de la réverbération, et notamment de la différence de niveau entre la source et le son réverbéré. Plus on s’éloigne et plus cette différence est faible. De plus, la différence temporelle entre le son direct et la réverbération réduit également lorsque la source recule. Enfin, plus la distance parcourue par le son est grande, plus l’air atténue naturellement les aigus.
En résumé, pour éloigner un instrument, il faut baisser son niveau, le recentrer, augmenter le volume de sa réverbération (pour réduire l’écart son direct / son réverbéré), réduire le temps de pré-délai de la réverbe, et filtrer les aigus. Pour le rapprocher, il faut au contraire augmenter le niveau, éventuellement le « panner » à l’extrême, réduire le volume de la réverbe, augmenter le pré-délai et accentuer le haut du spectre.
Pour finir, ajoutons qu’un instrument vous paraîtra d’autant plus proche qu’un autre est éloigné. C’est un peu comme la notion de contraste dans le domaine de l’image : un blanc paraît plus éclatant lorsqu’il est accompagné d’un noir profond. Ainsi, essayer de mettre tous les instruments devant sera contreproductif, alors qu’en positionner certains derrière mettra d’autant plus en valeur ceux qui sont à l’avant-plan.
Pour bien vous rendre compte de cet effet de son « 3D », nous vous encourageons à d’abord expérimenter la chose avec seulement deux sources sonores agrémentées d’un delay, d’une réverbe et d’un égaliseur. En jouant avec tous les paramètres, vous apprendrez petit à petit à exploiter l’espace au mieux ce qui vous permettra de donner du relief à vos productions.