Native fait feu de tout bois avec la sortie de la Komplete 7. Nombre de nouveaux éléments y font en effet leur apparition. Parmi ceux-ci, Reflektor, une réverbe à convolution. Revue.
S’étonner de voir un effet apparaître dans la gamme de produits Native serait oublier que l’éditeur n’en est pas à son premier pas dans ce domaine. Bien sûr, la série des Guitar Rig vient à tout de suite à l’esprit, mais il ne faut pas oublier que Reaktor permet de produire aussi bien des effets que des synthés. Et quelques utilisateurs en sont toujours à regretter la disparition de Spektral Delay…
Bref, la sortie de Reflektor n’a pas, a priori, de raisons d’étonner plus que ça. En revanche, le fait que cet effet ne soit disponible qu’au sein de logiciels Powered By Guitar Rig, c’est-à-dire motorisés par le multi-effet/simulateur d’ampli guitare du développeur (soit Guitar Rig 4 Pro ou Essential et le gratuit Guitar Rig 4 Player) est plus original.
Reflektor initie en fait une série à venir d’effets de qualité studio selon la définition de Native, sans que l’on sache exactement s’ils seront, eux aussi, à intégrer dans Guitar Rig, ou disponibles sous forme de plug-ins ou de logiciels autonomes. Il faudra donc peut-être en prendre l’habitude.
Introducing Reflektor
Après achat (par téléchargement sur le site de l’éditeur, 99 €), Reflektor, compatible Mac et Windows, s’installe et s’autorise suivant la procédure habituelle chez Native (numéro de série, Service Center et compagnie). Pas de souci particulier, après installation on trouve un dossier Reflektor contenant la bibliothèque d’IR (un peu plus de 350 réponses impulsionnelles) et un manuel en anglais seulement, mais dont la maigreur ne nécessite pas non plus une attention particulière.
Ce qui est bien dommage, concernant ce dernier point. Car Native revendique l’utilisation d’une nouvelle technologie nommée Zero Latency Convolution, sur laquelle on aimerait un peu plus d’informations que celles fournies, quasi inexistantes. En bref, c’est révolutionnaire, ça fonctionne, et ça consomme moins de CPU qu’une réverbe à convolution habituelle. Bon, à vérifier, donc…
Quand on ouvre Guitar Rig, on retrouve le module rangé avec les autres Components, dans la catégorie Reverb (non ? si…) entre l’Octaverb et la Spring Reverb fournies d’origine avec le simulateur de guitare. Un glissé-déposé, et la réverbe est disponible. On fait un petit tour par les Preferences de Guitar Rig (dans Options), pour s’assurer que le chemin pointant vers le dossier des IR est le bon, et il ne reste plus qu’à faire le tour (rapide) du logiciel.
Size et compagnie
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Reflektor propose une interface en deux parties, la seconde apparaissant quand on clique sur le triangle dans le coin supérieur droit. Au menu, sous le nom du logiciel, un menu déroulant pour les presets, peu nombreux. Puis un sélecteur à quatre flèches rappelant celui de l’interface Kore 2 permet de choisir le type de familles d’IR (15 différentes, via les flèches L/R), et l’IR elle-même (via les flèches haut/bas, voir encadré). Ensuite viennent les habituels contrôles Wet, Dry, Decay (le RT60). Puis Size, permettant de réduire ou augmenter (donc de façon artificielle) la taille de la pièce/du matériel utilisés, Mute (coupe l’envoi du signal Dry), Revrs (qui, comme son nom l’indique…).
Avant-dernier contrôle de cette première partie, Start, qui permet de décaler le point de départ de la réponse impulsionnelle, donc de quasi pouvoir se priver des premières réflexions. Ce qui peut aussi être intéressant par exemple si l’on aime le “son” d’une réverbe, et que l’on veut placer l’audio d’origine dans ce “son”, sans nécessaire respect de la réalité. L’exemple suivant fait entendre un accord bref de Rhodes dans une réverbe de type Big Hall (durée 7 secondes), puis diverses positions du réglage Start, jusqu’à l’extrême, dans lequel le Rhodes n’est traité que par la queue de la réverbe.
Dernier réglage, R Pos, qui est plutôt inhabituel : il permet, une fois le choix d’utiliser une réverbe inversée (avec Revrs), de sélectionner quelle partie de l’IR sera inversée. C’est-à-dire que les premières réflexions d’une pièce peuvent très bien être laissées telles quelles, mais que la queue de réverbe, elle, sera inversée. Un outil très intéressant, notamment en sound design. On entend ici une Plate (4 secondes) inversée, puis cette même Plate, avec le réglage Rpos placé à 12h.
Dans la seconde partie, sous le sélecteur apparaît une image représentant le type de familles d’IR, puis une sélection de trois curseurs surmontant quatre rotatifs. Il s’agit d’un système d’égalisation, dont on ne sait réellement si les noms dont il est paré impliquent réellement une fonction différente (Lo-Env, Hi-Env, Native parle d’enveloppes pour modifier le contenu en fréquences) ou s’ils ne sont utilisés que pour faire plus “sérieux”… Car il semble que l’on ait ici affaire à de classiques filtres en plateau (Shelving).
On peut diminuer ou augmenter graves et aigus, avec une fréquence de coupure réglable (rotatif F), et utiliser un filtre Peak pour couper ou booster une fréquence plus précisément (rotatifs F, pour la fréquence et Q pour le facteur Q, la largeur de bande). On termine par une section intégrant quatre rotatifs (Predelay, Width, Depth et Pan) et un bouton. Ce dernier, Sync, permet pas mal de choses d’un point de vue créatif. Ainsi, son utilisation avec une réverbe inversée permet de caler automatiquement le point maximum de la réverbe sur un battement, grâce au rotatif Decay, qui affiche alors des divisions temporelles (de 1/1 à 1/32e de ronde). Dans l’exemple ci-dessous, mêmes réglages que le précédent, puis utilisation de Sync pour caler la réverbe sur la batterie (durée de la reverse réglée sur deux temps).
Ou, en conjonction avec le réglage Predelay, de décaler sur une valeur rythmique le départ du signal traité. On entend ici la même Plate mais cette fois-ci non inversée, puis un décalage de son départ d’une croche. On peut créer ainsi très rapidement des effets de pompage ou de woosh.
Derniers réglages, Width change la gestion du signal entrant (du summing au traitement par canal), Depth permet de jouer sur la profondeur de la pièce, et Pan propose un placement psychoacoustique du signal traité dans l’image stéréo. Ici, une réverbe de cathédrale (en provenance d’un rack), puis on coupe le son Dry, avec Pan placé à gauche.
Autre exemple en reprenant la même boucle, cette fois-ci dans une Room plutôt conçue pour les batteries, et un mélange Dry/Wet.
On l’entend plus ou moins dans les deux exemples, ce placement ne correspond pas à un strict droite-gauche. J’avoue cependant que je ne suis pas spécialement attiré par ces derniers réglages, leur action sur la phase et la qualité globale du son pouvant causer des problèmes.
À l’usage
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D’abord, première bonne nouvelle, on peut importer ses propres IR. Ainsi, j’ai pu utiliser celles de la Space Designer de Logic sans problème (au format SDIR), celles fournies avec leurs bibliothèques par divers éditeurs (comme Tonehammer par exemple), ce qui est un véritable plus, puisque cela peut permettre de lier très facilement des sons d’origine disparates avec certains déjà traités avec une acoustique particulière ; pas de problème non plus pour importer des impulses maison aux formats Wav ou AIFF, de la simple prise de son d’ambiance à des choses plus expérimentales, comme dans l’exemple suivant :
C’est bien plus compliqué pour importer des IR protégées comme celles de l’Altiverb, par exemple. En même temps, juste retour des choses, il est quasi impossible d’extraire quelque chose d’un monolithe signé Native…
En utilisation, les modifications en temps réel nécessitant des temps de re-calcul vont dépendre de la puissance de l’ordinateur hôte, sachant que Reflektor n’est pas conçu au départ pour cela, ce qui est le travail des réverbes algorithmiques. Il n’empêche que le logiciel s’en sort très bien, et surtout ne génère aucun craquement, ni parasite lors de manipulations ou automations, ce qui est un véritable plaisir pour les oreilles. Et pour la durée de vie des monitors…
Reflektor se comporte bien avec la plupart des instruments et voix, et l’on pourra aisément travailler le son de la réverbe avec les possibilités internes, ou externes. Je conseille d’ailleurs de l’utiliser sur un Bus, ce qui permettra de doser précisément Send et volume, et de chaîner des plugs plus spécialisés en termes d’EQ, de traitement de la stéréo, voire de compression.
Concernant la consommation CPU, Reflektor s’en sort plutôt bien. Ainsi à réverbe “égale” (type, longueur, modifications), le logiciel de Native affichera un tout petit peu plus de ressources consommées que la dernière version de l’Altiverb (projet en 48 kHz, latence carte audio sur 128 samples). Mais ça se joue dans un mouchoir de poche…
Bilan
Compte tenu de son prix (sachant qu’on peut très bien n’utiliser que Guitar Rig Player), Reflektor se révèle être une solution très intéressante, que l’on ait déjà une réverbe à convolution ou non. Son fonctionnement en Zero Latency est bien évidemment un plus, et permet d’envisager son utilisation sur scène. De leur côté, les sound designers trouveront particulièrement utiles les fonctions qui semblent avoir été spécialement conçues à leur attention, comme les réglages Start et Rpos. Sachant que l’import d’une IR est aussi simple que la sélection d’un preset, le travail en post-prod, en sound design sera amplement facilité.
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Les autres réglages sont aussi riches de possibilités, mais on prendra toujours soin de vérifier avec attention la phase et la qualité finale du traitement. Il sera parfois plus judicieux d’utiliser des EQ externes pour traiter la réverbe placée sur un Bus, ou jouer des panoramiques via les fonctions dédiés de la DAW utilisée. Les IR Special sont très intéressantes, et prennent tout leur sens quand on les triture de tous les côtés. La surprise de devoir utiliser Guitar Rig s’estompe rapidement, et pousse plutôt à tenter de marier des simulations d’amplis à des IR, des effets à des espaces réels, etc. Une drôle de routine se révèle ainsi plutôt créative.
Côté regrets, certes, offrir plus de 350 IR, c’est très généreux, mais il est dommage qu’elles soient majoritairement d’origine synthétique ou en provenance de machines, là où l’on aurait apprécié avoir plus d’espaces réels. Heureusement, on peut aller piocher dans la concurrence. Et chez le toujours actif Noisevault. Dommage aussi d’être obligé de passer par le preset INIT pour remettre les réglages à leur position par défaut. Un raccourci aurait pu être implémenté, même si cela permet d’importer une IR au sein d’un preset sans modifier les réglages. On ne peut pas tout avoir… Et quel dommage que Reflektor ne soit pas compatible avec Kore 2, alors que le logiciel inclut pourtant le moteur de Guitar Rig.
Malgré ces quelques reproches, pour un premier essai dans le domaine de ce que Native appelle des effets studio, on peut dire que l’éditeur a réussi son coup, le bilan global fonctionnalités-son étant plutôt positif. Une démo est bien entendu disponible sur le site de Native, n’hésitez pas à vous faire votre propre avis. On attend avec curiosité et intérêt les prochains effets de cette catégorie.