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Test d'Izotope Neoverb - Conjugaison de Verbs

8/10
Award Innovation
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On se doutait bien qu’avec le rachat récent d’Exponential Audio, Izotope allait nous sortir une réverbe. Pas de surprise donc en voyant débarquer Neoverb, ce qui n’empêche pas le plug-in d’être surprenant à plus d’un titre.

Des trai­te­ments dyna­miques, des EQ, des distos, des simu­la­teurs de bande et 1001 algos de restau­ra­tion audio : c’est peu dire que l’ar­se­nal de trai­te­ments et d’ef­fets dont dispose Izotope force le respect. Et pour­tant, l’édi­teur ne s’était jamais fendu d’une vraie réverbe (comme d’un vrai delay d’ailleurs). Il faut dire que déve­lop­per ce genre d’ef­fet est une spécia­lité en soi, ce qui a dû pous­ser l’édi­teur à rache­ter Expo­nen­tial Audio, société montée par un ancien ingé­nieur de Lexi­con, extrê­me­ment doué pour simu­ler des espaces mais beau­coup moins pour faire de jolies inter­faces. Heureu­se­ment pour nous, Izotope a repris les choses en main, comme on s’en aperçoit dès qu’on lance le plug-in.

Neo look

interfaceForce est de consta­ter en effet, rien qu’à voir l’in­ter­face, que si ce sont les excel­lents algos d’Ex­po­nen­tial Audio qui sont au coeur de Neoverb, les ergo­nomes et graphistes d’Izo­tope sont passés par là pour nous propo­ser un outil autre­ment plus pratique et agréable visuel­le­ment qu’une Phoe­nix Verb. On quitte non seule­ment la grisaille geek des plugs Expo­nen­tial au profit d’un look classe et épuré réso­lu­ment Izoto­pien, mais on sent en outre que les déve­lop­peurs ont fait un effort pour ne pas nous noyer sous les contrôles et propo­ser une inter­face inspi­rante et intui­tive. Sur fond sombre, un vaste pad XY coloré en bleu, fuch­sia et rouge occupe l’es­sen­tiel de la fenêtre tandis qu’on trouve quelques réglages essen­tiels à gauche et à droite de ce dernier, et un simple EQ au bas de l’in­ter­face : un dénue­ment qui fait plai­sir à voir.

L’exa­men du pad XY suffit à comprendre la première origi­na­lité de Neoverb : il ne s’agit pas de choi­sir un unique type de réverbe pour s’en servir puisque trois algo­rithmes sont simul­ta­né­ment solli­ci­tés et que le pad sert à morpher entre ces derniers. En haut du triangle, on a ainsi l’algo respon­sable des réflexions précoces, tandis qu’en bas à gauche, on pourra au choix char­ger une plate, une room ou une Medium cham­ber, et qu’en bas à droite, on pourra char­ger un programme Hall ou Large Cham­ber. Pas de Spring, de Shim­mer ou encore de Reverse Reverb : on sent que le propos n’est pas de faire un outil pour le Sound Design mais pour le mixage, ce qui explique aussi l’im­por­tance donnée au double EQ qui occupe tout le bas de l’in­ter­face.

Mais nous revien­drons sur ce dernier pour nous inté­res­ser à la fonc­tion propre à tous les logi­ciels Izotope ou presque : Neoverb propose un Assis­tant.

Lais­sez-vous faire…

assistantÀ la manière d’Ozone, Nectar ou Neutron, un bouton Reverb Assis­tant jouxte le gestion­naire de presets : on ne vas pas se priver pour voir de quoi il retourne. Dès qu’on clique sur ce dernier, une fenêtre appa­raît pour deman­der ce que l’on cherche à obte­nir : une réverbe plutôt réaliste ou arti­fi­cielle (appe­lée ici Drama­tic), une simu­la­tion d’es­pace plus ou moins grand, et une tona­lité à choi­sir parmi quatre : Clean, Dark, Bright ou Airy. Sitôt ces choix faits, Neoverb mouline en écou­tant le son que vous lui soumet­tez et se charge de trou­ver un preset s’adap­tant à votre signal ainsi qu’une égali­sa­tion qui évite à la réverbe de rajou­ter encore du brou­haha sur les fréquences trop encom­brées.

EQEt c’est sur ce premier point qu’Izo­tope fait fort car Neoverb se charge en effet de para­mé­trer les deux EQ qu’il intègre : le premier se char­geant d’adap­ter le signal à la tona­lité que vous dési­rez en amont du trai­te­ment, tandis que le deuxième Post-Reverb a pour tâche d’évi­ter les problèmes de masquage avec vos pistes, pour s’as­su­rer que la réverbe n’en­glue pas le mix. Pour ce faire toute­fois, il faut préa­la­ble­ment insé­rer le plug-in Relay sur chaque piste à prendre en compte, ce qui permet­tra à l’As­sis­tant de voir s’il y des recou­vre­ments trop marqués sur certaines fréquences et d’ap­pliquer une égali­sa­tion en fonc­tion.

Après avoir inséré les fameux Relay sur chaque piste du projet, on relance donc l’As­sis­tant et on se retrouve avec des EQ précon­fi­gu­rés et la possi­bi­lité de pronon­cer ou pas leur action via un slider. C’est très bien vu et plutôt effi­cace, de sorte que les pièces simu­lées n’en­va­hissent jamais le son, même quand on pousse le programme Hall. L’idée du pad XY est en outre un excellent moyen de trou­ver un compro­mis qui sied au morceau comme de faire évoluer la réverbe via une auto­ma­tion.

Tempé­rons cette enthou­siasme toute­fois : comme les assis­tants d’Ozone, Nectar ou Neutron, l’as­si­tant de Neoverb n’a rien de fonciè­re­ment « intel­li­gent » au sens IA du terme, car s’il adapte des courbes des EQ aux signaux renvoyés par les plug-ins Relay, il ne s’adapte en rien à l’ins­tru­ment qu’il traite, contrai­re­ment à la smart:reverb de Sonible ou Adap­ti­verb de Zynap­tiq. Compre­nons donc la portée de cet assis­tant qui demeure un moyen ingé­nieux d’ac­cé­der à un réglage de base à twea­ker ensuite. Rien de moins, mais rien de plus.

advancedsettingsEt puisqu’on en parle, souli­gnons que la simpli­cité de Neoverb n’im­plique pas que le logi­ciel soit basique : non seule­ment parce qu’on dispose dans la partie droite de la fenêtre du para­mé­trage des modu­la­tions et de l’in­dis­pen­sable Pre-delay, lesquels sont communs aux trois algos, mais aussi parce qu’un clic sur une flèche à gauche de l’in­ter­face permet de déployer le panneau des réglages propres à chaque programme.

On se retrouve alors en terrain plus tradi­tion­nel avec des potards permet­tant de régler les réflexions précoces comme les queues et répon­dant aux noms de Time, Size, Diffu­sion, Attack, Damping, etc. De quoi aller plus loin donc, même si bien des utili­sa­teurs se conten­te­ront des excel­lents résul­tats obte­nus en morphant sur le pad et en jouant sur le pre-delay réglable en milli­se­condes ou en valeur de note.

Voyez quelques exemples de ce qu’il est possible d’ob­te­nir :

Vocal­DRY
00:0000:14
  • Vocal­DRY00:14
  • Vocal­Call­Back00:14
  • VocalS­lap00:14
  • Vocal­Fat­PLATE00:14
  • Vocal­BACK00:14
  • Drum­DRY00:13
  • Drum­Mu­ted­Plate00:13
  • Drum­Hall00:13
  • WURLY­dry00:14
  • WURLY­pla­te­hall00:14
  • WURLY­dark­short00:14
  • WURLY­hall00:14
  • WURLY­plate00:14
  • WURLY­short00:14

Sachant que même si le sound design n’est pas le premier objec­tif de Neoverb, le prede­lay permet d’abor­der des registres plus expé­ri­men­taux :

Drum­Stut­ter
00:0000:13
  • Drum­Stut­ter00:13
  • Drum­Pla­te16th00:13

Qu’est-ce qui manque ?

Algos de grande qualité, inter­face bien foutue, fonc­tions « intel­li­gentes » : tien­drait-on la réverbe de mix parfaite ? La ques­tion se pose ! Pour trou­ver des défauts au plug-in, on se tour­nera donc vers ce qu’il ne fait pas, à commen­cer par son côté bien sage qui déce­vra les sound desi­gners : outre l’ab­sence de spring, de shim­mer ou reverse reverb comme nous l’avons dit, on pourra regret­ter le côté un peu basique de sa section de modu­la­tion comme l’ab­sence de gate ou de proces­seur de satu­ra­tion. Le reproche est un brin malhon­nête vu que les expé­ri­men­ta­tions sonores ne sont pas le but premier de Neoverb, mais il convient de souli­gner qu’à cause de ces manques, le plug-in d’Izo­tope ne sera sans doute pas la seule réverbe dont vous ayez besoin au quoti­dien.

Et même sur le concept d’une réverbe « réaliste » pensée pour le mixage, on pourra regret­ter le fait qu’Izo­tope ne soit pas allé jusqu’au bout de son concept et des poten­tia­li­tés de ses outils. Quitte à devoir mettre des plug-in Relay sur toutes les pistes, on aurait aimé que chacune d’elle se maté­ria­lise par un point sur le pad XY pour pouvoir soumettre chaque instru­ment à une réverb plus ou moins longue. En l’ab­sence d’une telle poten­tia­lité, on se retrouve à devoir utili­ser plusieurs Neoverb pour mixer et on ne profite pas vrai­ment à plein du côté triple algo comme on l’au­rait voulu.

Enfin, on pourra regret­ter deux choses : si l’as­si­tant de Neoverb se charge d’écou­ter la source pour para­mé­trer les EQ, il ne semble pas du tout se soucier de savoir si c’est une batte­rie, un piano ou une voix qu’il doit trai­ter, et rien ne nous est d’ailleurs demandé sur ce sujet. Par ailleurs, sur les ques­tions posées sur l’as­sis­tant, il n’est pas forcé­ment évident d’avoir des réponses sans avoir pu essayer le résul­tat : qu’on nous demande si on veut une réverbe réaliste ou non, pourquoi pas, mais la taille de pièce comme la couleur de la réverbe sont souvent des choses que l’on déter­mi­nera après avoir essayé plusieurs possi­bi­li­tés. Et le problème alors, c’est qu’il faut à chaque fois relan­cer l’as­sis­tant pour accé­der à ce ques­tion­naire quand il aurait été plus simple de garder toutes les commandes de l’as­sis­tant dans l’in­ter­face prin­ci­pa­le…

Vous l’au­rez compris : il y a donc des pistes pour faire évoluer Neoverb, sachant que ce qui nous est proposé pour l’heure est déjà extrê­me­ment convain­cant. Suffi­sam­ment en tout cas pour que le dernier-né d’Izo­tope devienne la « go-to » réverbe de plus d’un utili­sa­teur pour peu qu’il se décide à dépen­ser les 250 euros récla­més. D’ailleurs, s’il n’y avait qu’un unique reproche à adres­ser à cette première version, ce serait celui de ne pas avoir encore de petite soeur dans la gamme Element…

Conclu­sion

Le concept de la réverb morphant entre trois algos de qualité est excellent, et il est complété par un excel­lente inter­face comme la possi­bi­lité de réduire auto­ma­tique­ment les problèmes de masquages. Da fait, Neoverb sonne bien et s’avère autre­ment plus facile à program­mer que nombre de produits concur­rents. Bien sûr, ce n’est pas la réverbe la plus exhaus­tive du marché en termes de réglages comme d’al­gos et les sound desi­gners préfé­re­ront se tour­ner vers les choses plus barrées qu’on trouve chez Even­tide ou 2c audio. Ce n’est pas non plus un concept aussi diffé­rent que ceux imagi­nés par Zynap­tiq ou Sonible au rayon des réverbes « intel­li­gentes » et Izotope aurait certai­ne­ment pu pous­ser plus loin ses idées en utili­sant plei­ne­ment les plug-ins Relay à l’in­té­rieur de Neoverb. Reste que pour les tâches de mixage, on tient là un plug-in qui a le mérite de faire avan­cer le schmil­blick en nous simpli­fiant la vie et dont il nous tarde de voir comment il évoluera au sein de l’éco­sys­tème Izoto­pien.

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Notre avis : 8/10

Award Innovation
Innovation
Award
  • Interface simple et bien conçue
  • L’assistant très intéressant
  • Qualité des algos
  • Possibilité de morpher entre trois algos
  • Le double EQ pour éviter que la réverbe n’englue le mix
  • De quoi tweaker avec les réglages avancés
  • Limité en sound design
  • Assistant demandant bien des choses en amont de toute expérimentation
  • Pas de possibilité de détecter ou déclarer la nature de la source (guitare, percussion, voix, etc.)
  • Pas de version Element
  • Le concept aurait pu être plus abouti avec un point dans le pad pour chaque piste...

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