La Fireface 800 fut dès 2004 le fer de lance de RME dans son catalogue d’interfaces audio externes avant de laisser sa place à l’UFX en 2010. Cette dernière apportait bon nombre d’améliorations par rapport à sa grande sœur, mais son prix avoisinant les 2000 € en a refroidi plus d’un. C’est pourquoi RME a décidé de présenter au dernier Musikmesse la Fireface 802, digne descendante de la fameuse 800, bénéficiant des dernières améliorations logicielles et matérielles du constructeur tout en maintenant son prix sous la barre des 1500 €. Le retour de la reine ?
À peine la 802 dévoilée, nous savions tout de suite à qui nous avions affaire : une Fireface 800 remise au goût du jour. Il était temps, car 10 ans, même dans le milieu relativement lent de la MAO, c’est long, et ça doit être d’ailleurs un record de longévité. En 2010, l’UFX avait apporté pas mal de nouvelles choses très intéressantes, comme sa compatibilité USB/FireWire, son Totalmix FX et ses traitements intégrés, sa fonction Direct-to-disk, ses nouveaux préamplis contrôlés numériquement, son écran couleur et ses 60 canaux. Mais toutes ces nouvelles choses avaient un prix et les clients pouvant mettre 1500 € dans une interface audio n’étaient pas forcément tous prêts à lâcher 2000 €… La Fireface 800 continua donc de se vendre allègrement, malgré son vieil âge. La disparition programmée du FireWire a finalement eu raison de cette bonne vieille Fireface 800 qui laisse donc sa place à la 802 que nous testons aujourd’hui.
Maxi 800 ou Mini UFX ?
Le FireWire est d’ailleurs toujours de la partie (en 400 et 800), mais il est désormais, à l’instar de l’UFX, suppléé par de l’USB 2 qui rappelons-le, est amplement suffisant pour une interface audio proposant 30 entrées et 30 sorties. Ce n’est d’ailleurs pas la première ressemblance avec l’UFX, et on pourrait même affirmer que la 802 est plus une UFX « light » qu’une 800 améliorée. En effet, la 802 emprunte, d’après le distributeur français SCV Hi-Tech, la même carte mère et le même DSP que l’UFX. De même, les convertisseurs en entrée et sortie sont identiques. Votre serviteur ayant testé l’UFX il y a quelques années déjà, nous allons nous attarder sur les différences avec cette dernière.
La première différence se situe au niveau des sorties analogiques, l’UFX possédant deux sorties XLR (les 1/2) pour le monitoring, avec la possibilité d’avoir un niveau de sortie jusqu’à + 24 dBu, la 802 se contente de Jack TRS avec un niveau de sortie maximum de + 19 dBu.
Les préamplis micros sont différents de ceux équipant l’UFX et cela se voit au premier coup d’œil : ils ne sont pas contrôlés numériquement. Nous sommes donc en présence de bons vieux potards, ce qui ne permet pas de rappeler rapidement et précisément un réglage de gain comme on peut le faire sur une UFX. Quoi qu’il en soit, ces potards sont très linéaires car à midi, nous obtenons, après mesure, bien 30 dB de gain, soit exactement la moitié du gain disponible. Les préamplis de la 802 sont équivalents à ceux de l’OctaMic II, tandis que l’UFX est équipée de préamplis dérivés du Micstasy. On est donc a priori un cran en dessous sur la 802, mais rien d’affolant.
Les 4 entrées préamplifiées sont disponibles en face avant, au format combo XLR/Jack TRS permettant d’y connecter aussi un instrument. On retrouve aussi deux sorties casques avec volumes et mix séparés, ce qui est très bien. Par contre, toujours pas de potard de volume pour les sorties 1/2, à l’instar de la FireFace 800 et contrairement à l’UFX, dommage. Il faudra penser à acheter un potard de volume de type TC Electronic Level Pilot ou Palmer Monicon, ou encore acheter la Advanced Remote Control de RME (150 €). Par rapport à l’UFX, il manque en face avant le port USB de type « Maître », permettant d’enregistrer directement sur un disque dur USB sans ordinateur, et la deuxième paire d’entrée/sortie MIDI au format DIN 5 broches. La FireFace 802 ne dispose pas non plus d’écran comme l’UFX et on se contentera de simples LEDs afin d’afficher l’activité sur les entrées analogiques, numériques et MIDI. La partie arrière est quasiment identique à l’UFX, mis à part le port FireWire 800 absent sur l’UFX et les deux sorties XLR dont nous parlions plus haut.
Dernier détail qui a son importance pour certains : la 802 dispose d’un mode Class Compliant et donc est compatible iOS. Notons l’existence de TotalMix FX pour iPad, permettant de contrôler entièrement l’interface et d’avoir un retour visuel sur les entrées et sorties.
Benchmark Landers
Côté logiciel, on ne change pas une équipe qui gagne. La FireFace 802 étant équipée du même DSP que l’UFX, elle dispose du même TotalMix FX, rien à signaler à ce niveau-là. C’est toujours aussi flexible, pratique et l’interface a même reçu un petit coup de frais au niveau du design. Pour les fonctionnalités, allez faire un tour sur le test de l’UFX, votre serviteur avait fait à l’époque une petite vidéo afin de montrer les possibilités du TotalMix FX.
Il ne nous reste plus qu’à brancher la FireFace 802 sur la configuration Audiofanzine EVO réalisée en partenariat avec Materiel.net.
La latence minimale est toujours aussi bonne : avec la mémoire tampon réglée au minimum (48 échantillons), nous avons obtenu 1,70 ms en entrée et 2,63 ms en sortie, ce qui est un très bon résultat. La stabilité du driver est exemplaire, comme d’habitude chez RME. Quand on voit la réactivité des développeurs et la fréquence des mises à jour, la marque inspire confiance à ce niveau-là.
Afin de tester la Fireface 802, nous avons fait des benchmarks avec notre APX-515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec notre Metric Halo ULN-8, l’Apollo Twin d’Universal Audio et la Crimson de SPL.
Voici les résultats obtenus avec les niveaux lignes :
Concernant la réponse en fréquences, elle doit être le plus linéaire possible, et donc la déviation, qui est l’écart entre le niveau le plus bas et le plus haut, doit être la plus basse possible. La Fireface se situe, avec ±0,063 dB de déviation, au niveau de la Metric Halo (±0,06 dB), derrière l’Apollo Twin (±0,023 dB) et devant la Crimson de SPL (±0,073 dB). Un très bon score, donc. N’oublions pas que nous parlons ici de centièmes de décibel, ce qui reste très minime : un écart de 1 dB correspond au plus faible intervalle entre deux niveaux sonores que l’oreille humaine sache détecter.
Concernant la distorsion, la ratio THD de la Fireface est plus bas que les dernières interfaces que nous avons testées, la nouvelle RME tient donc toutes ses promesses au niveau de ses entrées et sorties lignes. Nous pouvons d’ailleurs aussi attribuer ces résultats à l’UFX qui possède, a priori, les mêmes convertisseurs. Le reste du rapport est disponible ici.
Passons maintenant aux entrées micro.
Avec un gain de 34 dB, le rapport signal sur bruit (102,851 dB) de la Fireface 802 est meilleur que celui de la Crimson (101,64 dB) et que la Metric Halo (99,83 dB). Les préamplis sont donc très silencieux, même si ça se joue à pas grand-chose, impossible d’entendre cette différence à l’oreille. La déviation (±0,069 dB) se situe entre la Crimson (±0,046 dB) et l’Apollo (±0,073 dB). Dans la bonne moyenne, donc. Le ratio THD est du niveau de l’ULN-8, c’est à dire aussi très bon.
Les préamplis sont donc aussi à la hauteur de nos espérances, avec une bonne réserve de gain (60 dB). Le reste du rapport est disponible ici.
Conclusion
La Fireface 800 est morte, vive la 802 ! En se basant sur la très bonne UFX, RME propose une interface aux alentours des 1500 €, soit 400 € de moins que l’UFX, qui vient enterrer définitivement la Fireface 800. Il était temps. La 802 profite des DSP, des convertisseurs, des drivers de qualité et du TotalMix FX de l’UFX, seuls les préamplis diffèrent, mais restent de très bonne qualité. On perd la possibilité d’enregistrer en direct-to-disk sans ordinateur et la deuxième paire d’entrée/sortie MIDI, mais quand sur la facture finale on économise plus de 400 €, on ne fait pas la fine bouche. La marque allemande propose enfin une interface à 1500 € au goût du jour, et c’est une très bonne nouvelle. Avec une télécommande incluse ou un potard de volume pour les sorties 1/2, elle aurait frisé la perfection.