Cela devait arriver : Adam Audio sort son premier casque. Mais pas n'importe quel casque : il s'agit d'un design fermé (surprise !) et accompagné de son propre logiciel de correction, conçu par la marque. Et le voici dans nos colonnes, presque en avant-première !
Présentation
Le H200 est un casque de type circumauriculaire, fermé, avec un transducteur dynamique. La taille du transducteur est de 40 mm.
Les spécifications annoncées par le constructeur sont les suivantes :
impédance : 32 ohms
réponse en fréquence : 2 Hz – 23,5 kHz
Le casque est fabriqué principalement en plastique, avec des étriers en métal. Il apparaît comme étant robuste et bien construit, bien que par ailleurs sa robustesse lui confère peu de souplesse. Et cela d’autant plus que le H200 ne se replie pas.
Le câble de 3 m de long se termine à une extrémité par un connecteur jack 3,5 mm TRS (avec adaptateur vissable vers 6,35 mm) et à l’autre par un jack 1,75 mm TRS pour la connexion à l’oreillette. Il peut se raccorder à l’oreille droite ou gauche selon les besoins d’ergonomie de l’utilisateur, un point que l’on apprécie. Cette connexion est sécurisée par un système de petit « plot » à ressort. Là aussi, il s’agit sûrement de notre système préféré de sécurisation : solide, mais moins ferme que la baïonnette, et qui protège le casque en cas d’arrachage de câble.
Deux autres câbles sont disponibles séparément chez Adam Audio, l’un spiralé de 1,5 m (extensible à 3 m) et un câble droit court (1,2 m).
Le câble est très souple, ce qui a pour conséquence qu’il s’emmêle un peu plus facilement qu’un câble d’un diamètre supérieur.
Nous avons également trouvé qu’il était parfois difficile de bien orienter le mini-jack lorsque l’on souhaite connecter le câble au casque : il entre selon un angle bien spécifique, et on se retrouve souvent à « buter » en essayant de l’insérer tant que l’on n’a pas trouvé l’angle exact. Il nous a paru encore plus dur de l’insérer lorsque le casque est déjà autour du cou, ou sur la tête : à chaque fois que nous avons tenté de changer le côté de connexion du câble, il nous a fallu ôter le casque.
Démontable ?
Oui, presque intégralement.
On retire d’abord le coussinet comme suit :
On découvre un support d’écouter recouvert sur sa partie externe avec une couche de feutre anthracite assez épaisse. De chaque côté du feutre, 4 vis :
Une fois celles-ci retirées, on peut facilement désolidariser le support du HP, en évitant de trop tirer sur les câbles :
On découvre que le HP est caché derrière un couvercle plastique qui est lui-même solidement collé. Rien à faire de ce côté-là sans utiliser un solvant. En revanche, on découvre que l’on a facilement accès aux câbles et à la connectique (soudée sur un petit circuit imprimé) :
On ajoutera que les coussinets d’oreilles et d’arceau sont prévus pour être remplaçables, et qu’ils peuvent être commandés chez Adam Audio :
Confort
Plutôt bon pour un casque qui bénéficie d’une très bonne isolation.
La matière de type « mémoire de forme » des coussinets compense adéquatement le serrage qui est cependant assez important. Le casque n’est pas très lourd (250 g) et l’arceau est très bien amorti. Une autre paire de coussinets, couverts de tissu, est également disponible chez Adam Audio, mais nous n’en avons pas reçu pour ce test.
Isolation
Le casque fermé fait vraiment son travail d’élimination des sons extérieurs, le pourtour de l’oreille est bien enserré. Rien à redire !
Transport
Facile, dans le sens que le casque est léger, mais attention : il ne se plie absolument pas, et prend donc de la place. On notera en revanche que le sac de protection fourni par Adam Audio est de belle facture, épais, avec une doublure veloutée à l’intérieur. C’est toujours agréable.
Benchmark
Voici donc notre protocole de mesures objectives, mené par nos soins afin de compléter l’écoute subjective. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes de réponse en fréquence et distorsion, réalisées dans notre atelier.
Réponse en fréquence :
On remarque :
- une montée progressive de 20 Hz à 200 Hz
- une accentuation importante à 300 Hz
- une seconde accentuation entre 2 et 4 kHz
- un creux marqué à 5–6 kHz
- à nouveau un creux à 12 kHz
- Pas de décrochage dans le haut du spectre
On remarque également que les transducteurs sont très bien appariés à 2 dB près (au pire), et à 0,5 dB près la plupart du temps.
Avec le plug-in, on obtient bien des courbes distinctes (j’ai zoomé sur l’axe vertical pour mieux les distinguer) :
Précisément, on voit :
- en mode bypass (rouge)
- en mode « Pure », sans compensation de niveau (vert foncé)
- en mode « Pure » avec la compensation « Safe » (orange, la plus basse sur tout le spectre)
- En mode « UNR », sans compensation de niveau (vert clair, avec le bas médium en retrait et l’aigu en avant)
- En mode « Pure » et « Soft Cloth », sans compensation de niveau (juste pour essayer, même si nous n’avions pas les coussinets adaptés) — (bleue, où l’on voit une forte augmentation du grave et du médium, mais un retrait léger de l’aigu — on imagine qu’avec les coussinets adaptés cela devrait donner quelque chose de proche de la courbe 2)
Distorsion :
La distorsion mesurée est inférieure à 0,2 % de 200 Hz à 20 kHz. En dessous de 200 Hz, on a une montée progressive de la THD jusqu’à presque 5 dB à 20 Hz, avec une présence assez forte de l’harmonique impaire (3e harmonique), parfois plus forte que la seconde, en particulier dans le grave et entre 1 et 2 kHz. On verra ce que cela donnera, lors de l’écoute, mais, a priori, on constate ici des résultats qui sont « dans la moyenne » par rapport à la gamme de prix du casque, et donc tout à fait acceptables.
Écoute
On a réalisé les écoutes avec le plug-in, et mode « Leatherette » (faux cuir) et avec le voicing « Pure ». Parfois, dans nos notes, nous faisons une réflexion quant au résultat avec le voicing « UNR », ou avec l’externalisation, lorsque cela nous a paru pertinent.
Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur Truelove’s Gutter)
Une ballade acoustique, avec beaucoup de réverbe et une différence de dynamique importante entre la voix et la guitare. Ces dynamiques sont bien retransmises, et le casque affiche tout de suite une de ses grandes qualités : son caractère détaillé dans l’aigu et le médium. Le grave est un peu en retrait, ce qui tombe bien pour ce morceau, où la basse peut parfois devenir pâteuse lorsqu’elle est trop accentuée. Le réglage « UNR » la fait ressortir, en appuyant particulièrement ses attaques et sa résonance, mais nous a paru moins convaincant et réaliste que le réglage « Pure ». En revanche, on est peu convaincu du résultat de l’option « externalization » sur la première partie du morceau : juste une voix et une guitare avec du crossfeed, ça donne presque l’impression de glisser vers le mono. On reviendra sur cette option plus loin car, comme vous le verrez, le résultat nous a paru plus ou moins réussi selon le morceau.
Sun Kil Moon — Butch Lullabye (sur Common As Light And Love…)
Sur l’intro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmoniques médiums ajoutées par la distorsion, l’attaque légèrement piquée des notes, tout en séparant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. C’est très bien même si le casque peine un tout petit peu sur les notes les plus basses (le timbre du clavier se perd un peu sur ces notes-là, les détails aussi). À part ce détail, rien à redire : c’est détaillé, précis sans excès, donc sans trop de fatigue pour les oreilles, et on remarque que sur ce genre de mix, pas très large à l’origine, l’effet « externalization » fonctionne très bien, en soulignant juste assez le centre du mix, sans pour autant masquer les éléments mixés plus fortement à gauche ou droite.
Massive Attack — Teardrop (sur Mezzanine)
Un titre avec beaucoup d’extrême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Sur ce titre, on mesure toute l’importance du réglage d’externalisation. L’effet de mélange droite-gauche occasionne à la fois un résultat nettement moins « séparé » que l’écoute au casque, mais masque également une part de la largeur du mix (c’est criant sur le piano, dont la partition est minimale, mais qui prend beaucoup de place dans le panoramique). À part cette remarque, là aussi on trouve le résultat très convaincant : c’est détaillé sans fatiguer l’oreille, et sans surjouer l’effet « loupe » dans les aigus ou les hauts médiums. Les graves sont présents, mais pas envahissants.
Charlie Mingus — Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)
Voilà un morceau avec beaucoup de soufflants jouant dans des tessitures similaires : c’est très touffu et le but est d’essayer de discerner les timbres. Le H200 s’en sort bien, on entend même plutôt bien le trombone-basse, sans pour autant que les instruments médiums ne se fassent « bouffer » par un excès de grave. En revanche, ici encore, le rendu « UNR » n’est pas adapté, donnant trop de graves et surtout trop de médiums. On apprécie bien, cependant, l’effet de l’option de mélange gauche-droite, avec un mix qui gagne en cohérence à l’écoute, sans pour autant perdre de sa largeur.
Edgar Varèse — Ionisation (New York Philharmonic, dir. Pierre Boulez)
Ici, on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réverbération naturelle de la salle, qui joue sur l’impression d’espace. L’écoute se fait entre 0 h 30 et 1 h 15 min. Ici, l’option « externalization » est inutile, et plutôt néfaste, car l’on ne retrouve pas la largeur de l’orchestre, le placement des instruments dans la salle, et l’acoustique du lieu. Autant s’en passer et profiter, en mode « Pure » d’un très bon rendu des timbres et des dynamiques, en particulier dans le médium et l’aigu. Aigu présent, mais pas fatigant, même après une grosse heure d’écoute. En revanche, le H200 serre un peu fort et nous tient chaud aux oreilles, et l’on apprécie de s’aérer un peu le crâne à la fin de la séance d’écoute.