Audio Technica n'a peut-être pas la renommée de Beyer, AKG ou Sennheiser dans le domaine du casque de studio, mais il n'en propose pas moins avec ce M50 l'un des tous meilleurs produits du marché. Explications.
Bien que cousins, nos deux casques ne ciblent pas le même public ou tout du moins les mêmes usages. Audiofanzine oblige, nous attaquerons donc ce test avec le modèle dédié au studio.
ATH-M50 : casque de studio
À la prise de contact, la première chose qui frappe est la qualité de fabrication qui se dégage. Le casque pèse un certain poids et respire la qualité au toucher. Chaque pièce est très propre avec des assemblages parfaits. Les quelques puits de vis, placés à l’intérieur de l’arceau, sont plus que discrets. Bref, une belle pièce.
Côté mousses et coussinets, ceux des écouteurs sont plutôt moelleux tandis que celui de l’arceau est nettement plus ferme. Ils sont recouverts d’un tissu synthétique agréable au toucher. Ajoutons que les écouteurs pivotent latéralement et verticalement à 180 ° ce qui promet non seulement un bon appui sur toute forme de tête, mais également une utilisation type DJ en plaquant le casque sur une seule oreille.
Les côtés gauche et droit sont clairement identifiés par un L et un R très visibles, sérigraphiés en noir sur des pièces plastiques à l’aspect chromé (lui aussi très réussi). Pratique pour ceux qui n’ont pas l’habitude de la convention voulant que le câble du casque soit toujours à l’oreille gauche.
Câble et confort
À propos du câble, justement, on peut regretter que celui-ci ne soit pas détachable. On sait que le câble, souvent soumis à des tractions inopportunes, est la plupart du temps le point faible d’un casque et la première pièce qui lâche, la principale cause de panne. La sortie du câble de l’écouteur semble cependant particulièrement solide, propre à supporter sans broncher les mauvais traitements.
Le câble est droit sur une longueur de 80 cm et ensuite enroulé de type téléphone sur 35 cm. Cette section semble pouvoir s’étirer jusqu’à au moins 1,80 m sans générer de traction sur les prises. Certains n’aiment pas les câbles téléphone, entre autres à cause du poids, mais aussi parce qu’avec l’âge, ils ont une fâcheuse tendance à dégénérer en sac de nœuds. Pour d’autres, c’est la solution idéale puisqu’elle permet de disposer d’un câble à longueur variable et protège en plus les prises des tractions impromptues par son effet ressort. Sans compter qu’on risque moins de s’emmêler dedans que dans un câble droit plus long. Question de goût, donc. Ici, il faut préciser que le poids du câble reste raisonnable d’autant plus qu’il porte essentiellement côté jack et non sur le casque. Par ailleurs, la torsade a une élasticité parfaite et la qualité du câble semble à même d’éviter le risque de transformation en sac de nœuds avant bien des années. Ce qui ne pourra évidemment se vérifier que dans le temps. Terminons ce tour avec la prise jack. Quoi ? Pas de minijack ? Si. Comme toujours, c’est en dévissant la partie jack 6,35 qu’on accède à celui-ci. Mais là, on a une belle pièce dont la forme laisse penser à une simple prise gros jack. Très esthétique. Les connecteurs sont plaqués or et la sortie de câble est entourée d’un ressort, le tout respirant la solidité.
À l’enfilage, le casque s’avère facile à régler. Le coussinet supérieur est un peu ferme et on sent le poids du casque peser légèrement, mais peser tout de même sur le haut du crâne (enfin, sur le mien en tout cas), laissant craindre pour le confort en utilisation longue durée. Côté coussins d’oreilles, la première impression n’est pas non plus exceptionnelle. Pourtant, après deux heures d’affilée d’écoute de musique, aucune gêne n’apparaît. Comme toujours avec les casques fermés, il faut de temps en temps l’écarter un instant des oreilles pour permettre à celles-ci de respirer, mais ce casque, s’il ne risque pas de s’oublier, s’avère très confortable en utilisation prolongée. De plus, avec le temps, les mousses se tasseront légèrement et s’adapteront encore mieux à la morphologie de l’utilisateur. Par ailleurs, la tenue sur la tête est excellente, le rendant opportun pour un musicien ayant tendance à pas mal bouger en jouant.
Côté fabrication et ergonomie, ce casque fait donc un sans-faute et justifie largement son prix.
Côté son
Le test a porté en premier lieu sur une utilisation studio, lors de prises de son, de contrôles de pistes brutes et un peu de mixage (en complément et contrôle évidemment des enceintes de monitoring). Puis différents disques ont été écoutés pour affiner les impressions.
Dans les casques d’une certaine hauteur de gamme, les qualités sonores sont plus ou moins équivalentes et l’ATH-M50 rentre dans cette catégorie comme le laissait présager sa qualité de fabrication. L’ensemble du spectre est bien détaillé et on ne rencontre d’agressivité dans aucune plage de fréquences. Après, on entre dans des considérations de goût par rapport à un style de son. Certains aimeront avoir des basses très présentes, d’autres plus en retrait. Certains apprécieront des aigus très cristallins là où d’autres les préfèrent plus moelleux.
L’ATH-M50 ne se situe dans aucune de ces catégories. Il présente un son plutôt plat (neutre). Les basses sont un peu flatteuses, sans excès (loin d’un K240 Studio par exemple) et les aigus biens définis. Les voix sortent clairement et précisément, de même que les réverbes. Sur une écoute du Sacre du Printemps par le Philharmonique de Berlin, la merveilleuse acoustique et la réverbe naturelle et discrète de la Berliner Philharmonie sont parfaitement audibles. Côté médiums, l’ATH-M50 présente un paradoxe : certains sont parfaitement définis tandis que d’autres sont étrangement brouillons. Ainsi, toujours sur l’enregistrement du Philharmonique du Berlin, les timbres des cuivres et bois sont vraiment très beaux et respectés (comme pour tous les autres instruments de l’orchestre) tandis que les violons sont plus brouillons. La plupart des productions récentes ressortent extrêmement bien sur ce casque alors que l’écoute de rock 60's assez chargé en médiums se montre plus médiocre et assez fouillis. Enfin, l’ATH-M50 se montre particulièrement efficace côté dynamique : les transitoires sont bien rendues, l’amplitude dynamique est importante et il est très agréable et détaillé sur toutes les percussions.
D’une façon générale, le casque offre un très bon niveau de détail et de fidélité pour son prix. Ajoutons qu’il dispose d’une assez bonne puissance de sortie.
Isolation et conclusion
De ce côté, l’ATH-M50 semble plutôt dans la moyenne, peut-être légèrement en dessous, en tout cas sans musique. Ceci s’avère plutôt agréable au final, car on n’a pas cette impression de « coupé du monde » dès qu’on le chausse. En revanche, dès qu’on appuie sur play, on est bien immergé dans le son, comme on peut l’attendre d’un casque fermé. Or, si le son entre, il sort également. Lorsqu’on positionne le casque sur la tête d’un artiste pour un enregistrement, pour peu que le volume d’écoute demandé soit un peu élevé, on a un risque de repisse du playback dans le ou les micros utilisés pour l’enregistrement
À son prix public (130 € HT soit 155,48 € TTC), le ATH-M50 est un très bon deal. Sa belle qualité de fabrication, l’intelligence de sa conception, sa qualité sonore et sa neutralité en font un bon casque qu’on préférera toutefois dédier à la control room qu’à la cabine d’enregistrement à cause de son isolation légèrement en retrait. Kravatorf, de passage à la maison, l’a préféré au HD280 Pro de Sennheiser, mais lui préfère son Sony MDR7509 (au tarif nettement plus élevé). Ce casque testé neuf devrait de plus s’améliorer après un certain rodage. Un choix à recommander, donc.