Après le MPK et le Max, Akai nous présente l'Advance, son nouveau clavier de contrôle MIDI, rival évident du Komplete Kontrol S de Native Instruments. Le clavier de l'année ?
Le marché des claviers de contrôle ronronnait depuis une petite dizaine d’années jusqu’à ce que Native Instruments et Akai se mettent en tête de proposer quelque chose de neuf, en se souvenant des bonnes idées qu’avait eu Novation avec sa série SL et sa technologie Automap. Capitalisant sur l’expérience acquise avec leurs surfaces de contrôles (Maschine pour NI, MPC Renaissance et Push pour Akai), l’un et l’autre essayent aujourd’hui de sophistiquer la symbiose matériel/logiciel en simplifiant la corvée du mapping (opération qui consiste à associer chaque contrôle physique à un paramètre du logiciel) et celle de la navigation dans des presets qui s’entassent par dizaines de milliers sur nos disques durs.
Quelques mois après que Native a rendu sa copie avec le Komplete Kontrol S qui a déjà bien évolué, c’est donc au tour d’Akai d’avancer son pion avec l’Advance que nous testons aujourd’hui dans sa version 49 touches.
De touches et de pads
Les gros sabots du marketing : Dans une typo (presque) familière en blanc sur fond noir, le nom Komplete s’exhibe en énorme sur le packaging de l’Advance. LOL? LOL!
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Indubitablement, en termes de design, l’Akai Advance a un lien de filiation avec le reste des contrôleurs Akai et dans sa globalité, il produit une très bonne impression avec ses plastiques de qualité et ses métaux parfaitement ajustés. Tout cela respire le solide, tandis que le poids de l’animal lui permet de ne pas glisser sur une table. Le look global est aussi plutôt réussi, la multitude de touches rétro-éclairées en jaune faisant leur petit effet sur le noir.
Le clavier qui équipe l’Advance est tout à fait convaincant en termes de toucher. Ce dernier s’avère relativement ferme (nettement plus ferme en tous cas que celui d’un Axiom Pro) et précis, que ce soit au niveau de la vélocité ou de la gestion de l’aftertouch. Au prix où cet Akai est vendu, on ne s’étonnera pas qu’il ne gère pas le pitch bend polyphonique comme le font TouchKeys ou Roli. On ne mettra bien sûr pas ce détail dans la colonne des points négatifs, mais je le mentionne, car on attend toujours qu’un constructeur démocratise cette technologie qui est assurément la plus excitante et utile innovation qu’ait connue le petit monde des claviers depuis dix ans.
En termes d’organisation, Akai a choisi de remiser tous les contrôles au-dessus du clavier comme il l’avait fait pour la série MPK ou Max. Ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus pratique pour les molettes de pitch et de modulation (énormes pour le coup), mais il faut admettre qu’en dehors de ce détail, le constructeur s’est bien débrouillé pour occuper l’espace, plaçant dans la partie gauche l’écran et les boutons dédiés à la navigation et dans la partie droite les encodeurs, pads et switches dédiés au jeu.
Une fois n’est pas coutume, c’est par la partie droite que nous commencerons notre tour, où nous attendent 8 pads à rétro-éclairage multicolore, surmontés de 8 boutons rétro-éclairés en jaune et 8 gros encodeurs. Si ces derniers sont dans un plastique un peu léger, leur taille comme leur espacement les rendent très agréables à manipuler. Ça nous change agréablement des contrôleurs étriqués qui garnissent souvent les produits concurrents. Boutons et pads sont eux aussi d’excellente qualité, même si l’on regrettera que ces derniers ne soient pas disposés en matrice comme sur le MPK, car ça rend la saisie plus simple, et ce d’autant plus que pour respecter la symétrie avec les encodeurs, impose beaucoup d’écart entre les pads. En revanche, 4 boutons vous permettent d’accéder aux 4 banques relatives à ces derniers. C’est donc bien de 32 assignations dont on dispose, que ce soit pour programmer une batterie ou lancer des boucles. Précisons pour finir que les 8 boutons situés entre les pads sont librement assignables, mais qu’ils peuvent aussi servir à définir la signature rythmique utilisée par l’arpégiateur. Car oui, l’Advance propose un arpégiateur, un vrai, activable d’une simple pression de la touche ARP située dans la partie gauche, près des molettes et des touches de défilement d’octaves. Nous y reviendrons.
Écran total
Mine de rien, nous voici passés dans la partie gauche où les contrôles foisonnent un peu plus, et où l’Advance 49 exhibe fièrement un écran couleur de 4,3 pouces. Bien lumineux, ce dernier n’offre clairement pas la résolution d’un écran de smartphone, mais il s’en sort suffisamment bien pour la tâche qui est la sienne et a l’énorme avantage de consommer peu d’énergie : si l’Advance 49 est livré sans transfo, c’est tout simplement parce qu’une alim via USB lui suffit. Sur mon MacBook Pro, je l’ai même utilisé sans aucun souci sur le port déporté de mon clavier informatique, c’est dire !
De part et d’autre de l’écran sont disposés les boutons de navigation qui permettent d’accéder au différentes pages de l’interface (Main/Browser/Control/Multi), tandis qu’à droit et au-dessous, on dispose d’une molette, d’un pavé directionnel et de deux touches dédiés à la sélection des colonnes, l’édition des valeurs ou la sélection des items.
Accompagnant tout cela, on trouvera encore une touche Latch (pratique pour l’arpégiateur notamment), une autre Tap Tempo, une ´Note Repeat’ et les inévitables commandes Play/Record/Stop/Loop destinées à piloter votre STAN, même si l’on sent bien que ce n’est pas la vocation première de l’Advance (pas de faders pour gérer la table de mixage par exemple).
Last but not least, une touche Shift permet d’accéder à une seconde fonction sur plusieurs boutons. C’est de cette manière qu’on accédera à la configuration du clavier (courbes de vélocité, réactivité des pads, etc.) ou celles de l’arpégiateur et du Note Repeat.
Avant de nous frotter à l’usage, je vous propose un bref coup d’œil sur la face arrière où nous attendent, outre la prise pour le transfo optionnel (et qui ne se justifie que si vous comptez utiliser le clavier sans connecteur USB), deux connecteurs DIN pour le MIDI, deux embases Jack 6,35 pour pédales de sustain et d’expression, une prise USB et un bouton poussoir de mise sous/hors tension. Rien que du très classique en somme et ni CV/Gate, ni Breath Controller ne sont de la partie.
C’est dommage, mais on se verra mal reprocher à Akai un manque de fonctionnalités dans la mesure où n’avons vu pour l’heure que la partie émergée de l’iceberg et que nous allons nous pencher sur ses fonctions plus avancées, à commencer par l’arpégiateur.
Violently ARPy
Pas moins de 107 modes sont proposés dans ce dernier, allant des arpèges simples aux séquences plus complexes et accords, sachant que l’arpégiateur ne séquence pas que des notes, mais aussi des messages de pitch bend. Il y a donc de quoi faire, d’autant qu’un paramètre Swing permet de faire varier les séquences programmées et que 8 cadences sont proposées, définissables dans le menu accessible par Shift+ARP ou via les boutons situés entre les pads et les encodeurs. Mais le plus agréable demeure le fait qu’il s’agisse d’un véritable arpégiateur matériel, et non d’un module logiciel comme sur le clavier de Native Instruments. Sans même qu’aucun soft Akai ne soit lancé, on peut ainsi profiter de l’arpégiateur de l’Advance et enregistrer ses séquences dans une STAN : c’est vraiment très bien foutu.
Profitons aussi de l’occasion pour évoquer le ‘Note Repeat’, une fonction qui permet de répéter une note jouée par un pad à une cadence déterminée. La chose pourra être utile pour lancer des patterns rythmiques en live : une charley par exemple, qu’on pourra d’une simple et unique pression, faire jouer à la double croche. Là encore, il est possible de déterminer le swing via la configuration de l’outil. Et là encore, il s’agit d’une fonction hardware qui ne nécessite aucun soft pour fonctionner.
Bref, l’Advance 49 dispose déjà de solides arguments pour s’inviter dans votre configuration bien que nous n’ayons pas encore évoqué le principal. Pour ce faire, il convient à présent de passer au carré VIP.
VIP ?
C’est le nom qu’Akai a donné au logiciel qui accompagne ce clavier et qui n’est ni plus ni moins qu’un logiciel hôte pour instruments virtuels aux formats VSTi, lui-même pouvant être utilisé comme appli autonome ou comme plug-in aux formats VSTi/AU/AAX sous Mac et PC.
Mais VIP est encore bien plus qu’un classique hôte à plug-ins, car c’est aussi un formidable gestionnaire de patches. Dès son lancement, le logiciel va en effet scanner tous vos instruments VSTi et constituer une base de données contenant tous leurs presets. Là où ça devient intéressant, c’est que chaque preset se voit automatiquement affecter un ou plusieurs tags descriptifs et qu’à l’issue du catalogage qui ne dure que quelques secondes, vous pourrez naviguer dans toutes vos banques via une recherche multicritère assez poussée.
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En effet, l’un des plus gros intérêts du système vient du fait qu’Akai a pris la peine de taguer et mapper des dizaines de milliers de presets d’instruments virtuels parmi les plus populaires, en plus de ceux fournis en bundle. Dans le lot, on trouve ainsi des softs signés AAS, Arturia, Camel Audio, D16, GForce, IK Multimedia, Image Line, iZotope, LinPlug, Korg, Modartt, Native Instruments, Ohmforce, Reveal Sound, ReFX, Rob Papen, Sonic Charge, Spectrasonic, Sugar Bytes, Synthmaster, Tone2, U-He, XLN Audio, Waldorf, Xhils… et même certains logiciels provenant du monde du freeware comme Synth1 ou encore les différents synthés de Togu Audio Line. Inutile de dire que la somme de travail est impressionnante même si, évidemment, elle est loin d’être exhaustive. Rien pour le Serum de Xfer, tout comme pour Superior Drummer, EZkeys, Addictive Drums 2, HALion, UVI/MachFive, Stylus RMX ou la Vienna par exemple. Sachez en outre qu’aucun instrument ni aucune banque de tierce partie pour Kontakt ou Reaktor n’est proposé. Mais vu que ce banc d’essai a lieu alors que le clavier n’est même pas encore commercialisé, tablons sur le fait que ce sera là l’occasion de mises à jour. Et rien qu’avec ce qui est proposé, il y a déjà largement de quoi faire. Voyons comment ça se passe.
Yes you scan !
Lors de son premier lancement, le logiciel parcourt les répertoires que vous lui indiquez à la recherche d’instruments virtuels et construit sa base de presets automatiquement. Dans certains cas, il faut toutefois l’aider un peu : pour Kontakt ou Reaktor, le logiciel n’étant pas capable de savoir de quelles banques vous disposez sur votre machine, il faudra charger les fichiers à la main. Mais une fois la chose faite, il n’y aura plus à y revenir et on se retrouve vite face à notre navigateur de presets avec ses myriades de tags qui n’attendent plus que nous.
L’organisation du navigateur est un brin déconcertante au départ, dans la mesure où elle ne respecte pas le sens de lecture : les filtres par tags et par plug-ins ou banques sont en effet placés sur la droite tandis que les résultats de recherche se situent à l’extrême gauche. On finit toutefois par s’y habituer et goûter avec gourmandise à la puissance de la recherche multicritère.
Pour ce faire, vous disposez d’une boîte de recherche classique, mais aussi de 6 types de filtres : plug-ins, expansions (soit les banques additionnelles propres à un plug-in, ce qui a son intérêt pour les plateformes du type Reaktor/Kontakt), Instruments (Bass, Bells, Brass, Choir, etc.), Timbres (Additive, Airy, Bend, Brassy, etc.), Styles (Acoustic, Ambient, Analog, Arpegios, etc.) et Articulations (Bowed, Brush, Finger, Flutter, etc.). Tout cela s’avère très complet même si, comme pour le clavier de Native, on sent bien que les tags ont été pensés par des musiciens électroniques et non par des généralistes : alors qu’on dispose de quantités de vocables pour décrire des sons synthétiques (Hollow, Ring Mod, Glitch, LFO, etc.), on manque de choses toutes bêtes comme ‘Electric’. De fait, lorsqu’on cherche un Rhodes ou un Wurlitzer, on clique sur Piano… et puis c’est tout : il faut alors se taper une longue liste (1144 patches dans mon cas) qui contient des acoustiques, mais aussi des patches de synthés pianoïdes (qui n’ont souvent rien à voir avec la choucroute) pour trouver son bonheur. J’aurais bien réduit cette liste en utilisant des filtres d’exclusion (« enlève-moi là-dedans tout ce qui a l’attribut ‘Synth’ » par exemple), mais hélas, ce n’est pas géré par le soft. Inutile de dire que le problème est le même pour les guitares ou les basses.
Fort heureusement, on dispose de toute latitude pour ajouter ses propres tags et corriger ces manques, même si la montagne de travail que peut représenter une base bien taguée en découragera plus d’un… Espérons donc qu’Akai ou ses éditeurs partenaires feront progresser tout cela au fil de prochaines mises à jour, car, pour l’heure, à deux semaines de la commercialisation de l’Advance 49, certaines recherches s’avèrent relativement déceptives, soit parce qu’on manque de tags, soit tout simplement parce que les patches ont été mal tagués. Lorsqu’on sélectionne ‘Bass’ dans Instruments et ‘Pick’ ou ‘Finger’ dans Articulations, rien ne remonte dans Kontakt : bizarre…
Précisons aussi que du côté du mapping aux contrôleurs du clavier, les choix faits par les équipes d’Akai sont souvent très perfectibles : d’abord parce que la plupart du temps, les assignations n’ont pas été faites au niveau du preset mais de l’instrument (on retrouve donc toujours les mêmes paramètres quel que soit le patch dans Xpand! par exemple), que les noms des paramètres ne sont pas toujours reportés sur le mapping (tous les paramètres de Transfuser s’appellent ainsi Smart Knob, au lieu de reprendre les désignations qu’on trouve dans le logiciel) et qu’il arrive même qu’on nous gratifie de mapping un peu à côté de la plaque : sur Addictive Drums, les 8 potards sont d’emblée assignés au panoramique des différents éléments du kit, ce qui n’a vraiment pas grand intérêt par rapport aux volumes qui sont accessibles en pages 2 et 3…
Bref, il y a du potentiel, certes. Mais il y a encore pas mal de travail à faire, notamment parce que le MIDI Learn ne fonctionne pas sur nombre de paramètres dans certains instruments virtuels (Addictive Keys, EZdrummer 2 par exemple). Ne doutons pas toutefois que tous ces petits défauts de jeunesse disparaîtront dans les prochains mois si ce n’est à la commercialisation effective du clavier. Précisons en outre que les mappings proposés par Akai font sens la plupart du temps et permettent d’uniformiser un l’ergonomie de nos plug-ins : en général, on retrouve ainsi les mêmes commandes aux mêmes endroits sur quantité d’instruments, ce qui est bien pratique.
De la souris à la molette
Ce qui sera moins facile à corriger, en revanche, c’est l’ergonomie du navigateur de preset sur le clavier même, car c’est bien là la fonction première de cet écran qui garnit le clavier : permettre de bénéficier de la puissance du soft VIP sans avoir à toucher sa souris. Sur le papier, c’est une excellente chose, mais en pratique, entre la petite taille de l’écran et les commandes mises à notre disposition pour naviguer dans les différents panneaux, presets, et valeurs, on se sent vite limité et frustré. Tout se fait en effet via une molette qu’il faut tourner pour sélectionner un item, et cliquer pour valider son chargement. Sachant que parfois, on se retrouve avec des listes de plus de 1000 patches à parcourir, on se dit que la chose va nécessiter des centaines de tours de roue, d’autant qu’Akai n’a pas pensé à intégrer de simples boutons précédent/suivant…
Par ailleurs, la petitesse de l’écran comme sa résolution font qu’on affiche peu d’infos sur une même page et que les scrolls sont innombrables, que ce soit pour naviguer dans les presets, ou dans les tags. Ah ! Si seulement l’écran était plus grand, de meilleure résolution et tactile… Le clavier serait certes plus cher, mais il friserait la perfection.
Rassurez-vous toutefois, cette lourdeur dans la navigation ne devrait pas gêner un usage en Live, car VIP gère les setlists. Vous pouvez ainsi vous mitonner une liste des presets que vous utiliserez pour réduire drastiquement le besoin de scroller à la molette.
Et il y a mieux encore, pour le Live comme pour le studio : les multis.
Depuis le clavier comme depuis le logiciel, vous pouvez en effet combiner jusqu’à 8 instruments virtuels au sein d’un mégapatch appelé Multi. Que ce soit pour faire de l’empilage de sons (layering) ou du split de clavier (définir quel instrument joue pour quelle zone du clavier), la chose ouvre bien sûr de belles perspectives, sachant en outre qu’en pressant sur le bouton multi, les 8 encodeurs vous permettront de modifier le volume de chaque instrument. À vous le Piano/saxophone/marimba ou le Moog/MS20/Contrebasse : tout est ouvert.
À l’heure où Studio One vient d’intégrer de fort belle manière une fonction similaire, on soulignera toutefois plusieurs limitations de ces multis : il est d’une part impossible de faire du split par plages de vélocités, et il n’est pas possible d’autre part de faire intervenir des effets. Évidemment, gérer ce genre de choses aurait probablement compliqué l’ergonomie du côté du clavier physique, mais du coup, VIP est encore loin, sur ce point, de se hisser au niveau de softs dont c’est la spécialité.
Et par rapport au Komplete Kontrol ?
Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, l’Advance 49 est un excellent clavier, mais il n’est certainement pas le Komplete Kontrol Killer que certains espéraient. Déjà parce qu’il est vendu sensiblement au même prix (à 50 euros près) avec un bundle plus ou moins équivalent (à vous de voir les instruments que vous privilégiez). Ensuite parce que, tout en comblant certaines lacunes du Komplete Kontrol, il n’en présente pas pour autant tous les avantages.
Dans ses points forts, au-delà des pads dont certains regrettent l’absence sur le clavier de NI, on citera notamment l’argument massue de l’ouverture à tous les VSTi du marché (le Komplete Kontrol n’est pour l’heure compatible qu’avec les instruments NI), l’excellent arpégiateur hardware (software chez NI, il faut donc lancer un logiciel pour s’en servir), les gros encodeurs et l’écran couleur qui rend un peu plus indépendant de l’ordinateur lors du jeu, sans pour autant alourdir la consommation électrique de l’engin qu’un cordon USB suffit à alimenter.
En vis-à-vis de cela, le clavier de Native garde certains arguments : certains préféreront sans doute les vraies molettes de pitch et de modulation de l’Advance face aux rubans tactiles du Komplete Kontrol mais force est de constater qu’outre leur positionnement peu pratique au dessus du clavier, elles n’offrent pas autant de possibilités sur le plan fonctionnel. Si l’Advance jouit d’un sympathique écran couleur fort pratique pour les multis ou la configuration du clavier, cela se fait aussi au détriment des écrans dont on dispose sous chaque encodeur sur le clavier de Native Instrument. Et c’est dommage car c’est bien sous le contrôleur physique même que l’affichage d’un paramètre a le plus de sens et non sur un écran déporté qui oblige à regarder deux choses en même temps. Enfin, on ne dispose pas du Lightguide, si pratique lorsqu’on doit gérer des instruments dont le maping repose sur des keyswitches.
Il sera enfin difficile de départager les deux concurrents qui présentent pour l’essentiel les mêmes qualités et les mêmes défauts : certes, disposer de vrais potards et de vrais boutons pour jouer d’un instrument, c’est beaucoup plus agréable, à plus forte raison quand on peut s’épargner la corvée du mapping, mais l’Akai Advance comme le Komplete Kontrol ne proposent aucune solution correcte pour gérer des pads XY cependant que les dispositifs physiques qu’on nous présente comme ‘intuitifs’ sur chacun des claviers pour sélectionner des presets ou éditer des valeurs rendent la navigation bien plus fastidieuse qu’elle ne l’est sur ordinateur : molette non motorisée à tourner sur des kilomètres, pages de menus à faire défiler, etc. On n’est donc pas près de se passer de l’interface clavier/souris à ce niveau, à moins qu’Akai comme Native ne se décident à intégrer une surface tactile multipoint de 7 pouces au moins, auquel cas on verra enfin le bout du tunnel.
Reste à parler du logiciel VIP lui-même qui, pour l’heure, est sensiblement plus étoffé fonctionnellement que ne l’est le Komplete Kontrol de Native. Sans parler de la prise en charge des VSTi de tierce partie, on appréciera son aptitude à travailler en mode hybride, les mappings pouvant tout aussi bien s’adresser aux plug-ins qu’à votre séquenceur ou à du hardware externe, grâce à la gestion des contrôleurs continus. Le fait de pouvoir éditer les tags soi-même est en outre un gros avantage, tout comme celui de faire des multis, même si, sur ce point précis, VIP est encore loin d’être à la hauteur des spécialistes du genre (pas de split de vélocité, pas d’intégration d’effets, pas de possibilité de faire jouer l’arpégiateur sur un instrument et pas sur un autre dans un multi, etc.).
Que choisir du coup ? À vous de voir en fonction des avantages et inconvénients de chacun, en sachant que Native devrait prochainement intégrer les instruments de tierce partie à son Komplete Kontrol (mais ce n’est toujours pas dispo à l’heure où sont écrites ces lignes), ce qui rendra la comparaison plus difficile encore. Reste le contact physique avec l’objet, l’appréciation du toucher du clavier, que vous pouvez préférer sur l’un ou l’autre. Et pour ce faire, le seul moyen que vous ayez, c’est encore d’essayer dans un magasin près de chez vous.
La seule chose sure, c’est qu’avec ces deux claviers de contrôle, toute la concurrence a pris un méchant coup de vieux et qu’elle a vite intérêt à se mettre à la page si elle veut rester compétitive.
Conclusion
Akai signe avec l’Advance un excellent clavier de contrôle ‘Next Gen’, simplifiant le contrôle de nombreux instruments tout comme la gestion de nos sonothèques en perpétuelle expansion. Et c’est d’autant plus appréciable qu’il le fait avec quantité d’instruments virtuels agençables en Multis là où Native se limite pour l’heure à ne gérer que sa Komplete et les banques tierces de Kontakt en mode ‘solo’.
Pour autant, le clavier d’Akai est loin d’être sans défaut, et si quantité d’entre eux pourront être corrigés par des mises à jour (tags manquants, taguages et mappings approximatifs, etc.), d’autres sont plus difficilement rattrapables : la navigation dans les presets s’avère ainsi laborieuse depuis le clavier, tout comme la gestion des interfaces type X/Y, au point qu’on est encore loin de pouvoir se passer du tandem clavier/souris.
Sans nier que l’Akai Advance est donc l’un des tout meilleurs claviers de contrôle du marché, on n’en attend donc pas moins sa V2 qui – croisons les doigts – comblera nos espérances.