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On Refait le Patch #18 : Test de l’Akai Advance 49 - Un train d’Advance

8/10

Après le MPK et le Max, Akai nous présente l'Advance, son nouveau clavier de contrôle MIDI, rival évident du Komplete Kontrol S de Native Instruments. Le clavier de l'année ?

Le marché des claviers de contrôle ronron­nait depuis une petite dizaine d’an­nées jusqu’à ce que Native Instru­ments et Akai se mettent en tête de propo­ser quelque chose de neuf, en se souve­nant des bonnes idées qu’avait eu Nova­tion avec sa série SL et sa tech­no­lo­gie Auto­map. Capi­ta­li­sant sur l’ex­pé­rience acquise avec leurs surfaces de contrôles (Maschine pour NI, MPC Renais­sance et Push pour Akai), l’un et l’autre essayent aujour­d’hui de sophis­tiquer la symbiose maté­riel/logi­ciel en simpli­fiant la corvée du mapping (opéra­tion qui consiste à asso­cier chaque contrôle physique à un para­mètre du logi­ciel) et celle de la navi­ga­tion dans des presets qui s’en­tassent par dizaines de milliers sur nos disques durs.

Quelques mois après que Native a rendu sa copie avec le Komplete Kontrol S qui a déjà bien évolué, c’est donc au tour d’Akai d’avan­cer son pion avec l’Ad­vance que nous testons aujour­d’hui dans sa version 49 touches.

 

De touches et de pads

Akai Advance 49
Les gros sabots du marke­ting : Dans une typo (presque) fami­lière en blanc sur fond noir, le nom Komplete s’ex­hibe en énorme sur le packa­ging de l’Ad­vance. LOL? LOL!

Indu­bi­ta­ble­ment, en termes de design, l’Akai Advance a un lien de filia­tion avec le reste des contrô­leurs Akai et dans sa globa­lité, il produit une très bonne impres­sion avec ses plas­tiques de qualité et ses métaux parfai­te­ment ajus­tés. Tout cela respire le solide, tandis que le poids de l’ani­mal lui permet de ne pas glis­ser sur une table. Le look global est aussi plutôt réussi, la multi­tude de touches rétro-éclai­rées en jaune faisant leur petit effet sur le noir.

Le clavier qui équipe l’Ad­vance est tout à fait convain­cant en termes de toucher. Ce dernier s’avère rela­ti­ve­ment ferme (nette­ment plus ferme en tous cas que celui d’un Axiom Pro) et précis, que ce soit au niveau de la vélo­cité ou de la gestion de l’af­ter­touch. Au prix où cet Akai est vendu, on ne s’éton­nera pas qu’il ne gère pas le pitch bend poly­pho­nique comme le font Touch­Keys ou Roli. On ne mettra bien sûr pas ce détail dans la colonne des points néga­tifs, mais je le mentionne, car on attend toujours qu’un construc­teur démo­cra­tise cette tech­no­lo­gie qui est assu­ré­ment la plus exci­tante et utile inno­va­tion qu’ait connue le petit monde des claviers depuis dix ans.

En termes d’or­ga­ni­sa­tion, Akai a choisi de remi­ser tous les contrôles au-dessus du clavier comme il l’avait fait pour la série MPK ou Max. Ce n’est pas forcé­ment ce qu’il y a de plus pratique pour les molettes de pitch et de modu­la­tion (énormes pour le coup), mais il faut admettre qu’en dehors de ce détail, le construc­teur s’est bien débrouillé pour occu­per l’es­pace, plaçant dans la partie gauche l’écran et les boutons dédiés à la navi­ga­tion et dans la partie droite les enco­deurs, pads et switches dédiés au jeu.

Akai Advance 49

Une fois n’est pas coutume, c’est par la partie droite que nous commen­ce­rons notre tour, où nous attendent 8 pads à rétro-éclai­rage multi­co­lore, surmon­tés de 8 boutons rétro-éclai­rés en jaune et 8 gros enco­deurs. Si ces derniers sont dans un plas­tique un peu léger, leur taille comme leur espa­ce­ment les rendent très agréables à mani­pu­ler. Ça nous change agréa­ble­ment des contrô­leurs étriqués qui garnissent souvent les produits concur­rents. Boutons et pads sont eux aussi d’ex­cel­lente qualité, même si l’on regret­tera que ces derniers ne soient pas dispo­sés en matrice comme sur le MPK, car ça rend la saisie plus simple, et ce d’au­tant plus que pour respec­ter la symé­trie avec les enco­deurs, impose beau­coup d’écart entre les pads. En revanche, 4 boutons vous permettent d’ac­cé­der aux 4 banques rela­tives à ces derniers. C’est donc bien de 32 assi­gna­tions dont on dispose, que ce soit pour program­mer une batte­rie ou lancer des boucles. Préci­sons pour finir que les 8 boutons situés entre les pads sont libre­ment assi­gnables, mais qu’ils peuvent aussi servir à défi­nir la signa­ture ryth­mique utili­sée par l’ar­pé­gia­teur. Car oui, l’Ad­vance propose un arpé­gia­teur, un vrai, acti­vable d’une simple pres­sion de la touche ARP située dans la partie gauche, près des molettes et des touches de défi­le­ment d’oc­taves. Nous y revien­drons.

Écran total

Akai Advance 49

Mine de rien, nous voici passés dans la partie gauche où les contrôles foisonnent un peu plus, et où l’Ad­vance 49 exhibe fière­ment un écran couleur de 4,3 pouces. Bien lumi­neux, ce dernier n’offre clai­re­ment pas la réso­lu­tion d’un écran de smart­phone, mais il s’en sort suffi­sam­ment bien pour la tâche qui est la sienne et a l’énorme avan­tage de consom­mer peu d’éner­gie : si l’Ad­vance 49 est livré sans transfo, c’est tout simple­ment parce qu’une alim via USB lui suffit. Sur mon MacBook Pro, je l’ai même utilisé sans aucun souci sur le port déporté de mon clavier infor­ma­tique, c’est dire !

De part et d’autre de l’écran sont dispo­sés les boutons de navi­ga­tion qui permettent d’ac­cé­der au diffé­rentes pages de l’in­ter­face (Main/Brow­ser/Control/Multi), tandis qu’à droit et au-dessous, on dispose d’une molette, d’un pavé direc­tion­nel et de deux touches dédiés à la sélec­tion des colonnes, l’édi­tion des valeurs ou la sélec­tion des items.

Accom­pa­gnant tout cela, on trou­vera encore une touche Latch (pratique pour l’ar­pé­gia­teur notam­ment), une autre Tap Tempo, une ´Note Repeat’ et les inévi­tables commandes Play/Record/Stop/Loop desti­nées à pilo­ter votre STAN, même si l’on sent bien que ce n’est pas la voca­tion première de l’Ad­vance (pas de faders pour gérer la table de mixage par exemple).

Akai Advance 49

Last but not least, une touche Shift permet d’ac­cé­der à une seconde fonc­tion sur plusieurs boutons. C’est de cette manière qu’on accé­dera à la confi­gu­ra­tion du clavier (courbes de vélo­cité, réac­ti­vité des pads, etc.) ou celles de l’ar­pé­gia­teur et du Note Repeat.

Avant de nous frot­ter à l’usage, je vous propose un bref coup d’œil sur la face arrière où nous attendent, outre la prise pour le transfo option­nel (et qui ne se justi­fie que si vous comp­tez utili­ser le clavier sans connec­teur USB), deux connec­teurs DIN pour le MIDI, deux embases Jack 6,35 pour pédales de sustain et d’ex­pres­sion, une prise USB et un bouton pous­soir de mise sous/hors tension. Rien que du très clas­sique en somme et ni CV/Gate, ni Breath Control­ler ne sont de la partie.

C’est dommage, mais on se verra mal repro­cher à Akai un manque de fonc­tion­na­li­tés dans la mesure où n’avons vu pour l’heure que la partie émer­gée de l’ice­berg et que nous allons nous pencher sur ses fonc­tions plus avan­cées, à commen­cer par l’ar­pé­gia­teur.

Violently ARPy

Akai Advance 49

Pas moins de 107 modes sont propo­sés dans ce dernier, allant des arpèges simples aux séquences plus complexes et accords, sachant que l’ar­pé­gia­teur ne séquence pas que des notes, mais aussi des messages de pitch bend. Il y a donc de quoi faire, d’au­tant qu’un para­mètre Swing permet de faire varier les séquences program­mées et que 8 cadences sont propo­sées, défi­nis­sables dans le menu acces­sible par Shift+ARP ou via les boutons situés entre les pads et les enco­deurs. Mais le plus agréable demeure le fait qu’il s’agisse d’un véri­table arpé­gia­teur maté­riel, et non d’un module logi­ciel comme sur le clavier de Native Instru­ments. Sans même qu’au­cun soft Akai ne soit lancé, on peut ainsi profi­ter de l’ar­pé­gia­teur de l’Ad­vance et enre­gis­trer ses séquences dans une STAN : c’est vrai­ment très bien foutu.

Profi­tons aussi de l’oc­ca­sion pour évoquer le ‘Note Repeat’, une fonc­tion qui permet de répé­ter une note jouée par un pad à une cadence déter­mi­née. La chose pourra être utile pour lancer des patterns ryth­miques en live : une char­ley par exemple, qu’on pourra d’une simple et unique pres­sion, faire jouer à la double croche. Là encore, il est possible de déter­mi­ner le swing via la confi­gu­ra­tion de l’ou­til. Et là encore, il s’agit d’une fonc­tion hard­ware qui ne néces­site aucun soft pour fonc­tion­ner.

Bref, l’Ad­vance 49 dispose déjà de solides argu­ments pour s’in­vi­ter dans votre confi­gu­ra­tion bien que nous n’ayons pas encore évoqué le prin­ci­pal. Pour ce faire, il convient à présent de passer au carré VIP.

VIP ?

Akai Advance 49

C’est le nom qu’Akai a donné au logi­ciel qui accom­pagne ce clavier et qui n’est ni plus ni moins qu’un logi­ciel hôte pour instru­ments virtuels aux formats VSTi, lui-même pouvant être utilisé comme appli auto­nome ou comme plug-in aux formats VSTi/AU/AAX sous Mac et PC.

Mais VIP est encore bien plus qu’un clas­sique hôte à plug-ins, car c’est aussi un formi­dable gestion­naire de patches. Dès son lance­ment, le logi­ciel va en effet scan­ner tous vos instru­ments VSTi et consti­tuer une base de données conte­nant tous leurs presets. Là où ça devient inté­res­sant, c’est que chaque preset se voit auto­ma­tique­ment affec­ter un ou plusieurs tags descrip­tifs et qu’à l’is­sue du cata­lo­gage qui ne dure que quelques secondes, vous pour­rez navi­guer dans toutes vos banques via une recherche multi­cri­tère assez pous­sée.

Welcome to the bundle!

Un des gros points forts de l’Ad­vance réside assu­ré­ment dans son bundle. Outre le gestion­naire/hôte VIP, le clavier est en effet livré avec quelques excel­lents instru­ments signés Air Music Tech­no­logy (Loom, Hybrid, Xpand!2, Trans­fu­ser, Vacuum Pro, Velvet) et le piano acous­tique Eigh­tyEight de Soni­vox. Un bundle très orienté ‘syn­thés’ donc, même si le ROMpler Xpand!2 propose une sympa­thique collec­tion de sons géné­ra­liste, avec du bon et du moins bon comme dans tout instru­ment du genre. Ne manque réel­le­ment qu’une batte­rie/boîte à rythmes virtuelle pour exploi­ter les pads du clavier. Préci­sons, pour finir, que les instru­ments sont proté­gés par iLok physique ou logi­ciel, avec une limite à deux ordi­na­teurs dans ce dernier cas.

En effet, l’un des plus gros inté­rêts du système vient du fait qu’Akai a pris la peine de taguer et mapper des dizaines de milliers de presets d’ins­tru­ments virtuels parmi les plus popu­laires, en plus de ceux four­nis en bundle. Dans le lot, on trouve ainsi des softs signés AAS, Artu­ria, Camel Audio, D16, GForce, IK Multi­me­dia, Image Line, iZotope, LinPlug, Korg, Modartt, Native Instru­ments, Ohmforce, Reveal Sound, ReFX, Rob Papen, Sonic Charge, Spec­tra­so­nic, Sugar Bytes, Synth­mas­ter, Tone2, U-He, XLN Audio, Waldorf, Xhils… et même certains logi­ciels prove­nant du monde du free­ware comme Synth1 ou encore les diffé­rents synthés de Togu Audio Line. Inutile de dire que la somme de travail est impres­sion­nante même si, évidem­ment, elle est loin d’être exhaus­tive. Rien pour le Serum de Xfer, tout comme pour Super­ior Drum­mer, EZkeys, Addic­tive Drums 2, HALion, UVI/Mach­Five, Stylus RMX ou la Vienna par exemple. Sachez en outre qu’au­cun instru­ment ni aucune banque de tierce partie pour Kontakt ou Reak­tor n’est proposé. Mais vu que ce banc d’es­sai a lieu alors que le clavier n’est même pas encore commer­cia­lisé, tablons sur le fait que ce sera là l’oc­ca­sion de mises à jour. Et rien qu’avec ce qui est proposé, il y a déjà large­ment de quoi faire. Voyons comment ça se passe.

Yes you scan !

Akai Advance 49

Lors de son premier lance­ment, le logi­ciel parcourt les réper­toires que vous lui indiquez à la recherche d’ins­tru­ments virtuels et construit sa base de presets auto­ma­tique­ment. Dans certains cas, il faut toute­fois l’ai­der un peu : pour Kontakt ou Reak­tor, le logi­ciel n’étant pas capable de savoir de quelles banques vous dispo­sez sur votre machine, il faudra char­ger les fichiers à la main. Mais une fois la chose faite, il n’y aura plus à y reve­nir et on se retrouve vite face à notre navi­ga­teur de presets avec ses myriades de tags qui n’at­tendent plus que nous.

L’or­ga­ni­sa­tion du navi­ga­teur est un brin décon­cer­tante au départ, dans la mesure où elle ne respecte pas le sens de lecture : les filtres par tags et par plug-ins ou banques sont en effet placés sur la droite tandis que les résul­tats de recherche se situent à l’ex­trême gauche. On finit toute­fois par s’y habi­tuer et goûter avec gour­man­dise à la puis­sance de la recherche multi­cri­tère.

Akai Advance 49

Pour ce faire, vous dispo­sez d’une boîte de recherche clas­sique, mais aussi de 6 types de filtres : plug-ins, expan­sions (soit les banques addi­tion­nelles propres à un plug-in, ce qui a son inté­rêt pour les plate­formes du type Reak­tor/Kontakt), Instru­ments (Bass, Bells, Brass, Choir, etc.), Timbres (Addi­tive, Airy, Bend, Brassy, etc.), Styles (Acous­tic, Ambient, Analog, Arpe­gios, etc.) et Arti­cu­la­tions (Bowed, Brush, Finger, Flut­ter, etc.). Tout cela s’avère très complet même si, comme pour le clavier de Native, on sent bien que les tags ont été pensés par des musi­ciens élec­tro­niques et non par des géné­ra­listes : alors qu’on dispose de quan­ti­tés de vocables pour décrire des sons synthé­tiques (Hollow, Ring Mod, Glitch, LFO, etc.), on manque de choses toutes bêtes comme ‘Elec­tric’. De fait, lorsqu’on cherche un Rhodes ou un Wurlit­zer, on clique sur Piano… et puis c’est tout : il faut alors se taper une longue liste (1144 patches dans mon cas) qui contient des acous­tiques, mais aussi des patches de synthés pianoïdes (qui n’ont souvent rien à voir avec la chou­croute) pour trou­ver son bonheur. J’au­rais bien réduit cette liste en utili­sant des filtres d’ex­clu­sion (« enlève-moi là-dedans tout ce qui a l’at­tri­but ‘Syn­th’ » par exemple), mais hélas, ce n’est pas géré par le soft. Inutile de dire que le problème est le même pour les guitares ou les basses.

Fort heureu­se­ment, on dispose de toute lati­tude pour ajou­ter ses propres tags et corri­ger ces manques, même si la montagne de travail que peut repré­sen­ter une base bien taguée en décou­ra­gera plus d’un… Espé­rons donc qu’Akai ou ses éditeurs parte­naires feront progres­ser tout cela au fil de prochaines mises à jour, car, pour l’heure, à deux semaines de la commer­cia­li­sa­tion de l’Ad­vance 49, certaines recherches s’avèrent rela­ti­ve­ment décep­tives, soit parce qu’on manque de tags, soit tout simple­ment parce que les patches ont été mal tagués. Lorsqu’on sélec­tionne ‘Bass’ dans Instru­ments et ‘Pick’ ou ‘Fin­ger’ dans Arti­cu­la­tions, rien ne remonte dans Kontakt : bizar­re…

Akai Advance 49

Préci­sons aussi que du côté du mapping aux contrô­leurs du clavier, les choix faits par les équipes d’Akai sont souvent très perfec­tibles : d’abord parce que la plupart du temps, les assi­gna­tions n’ont pas été faites au niveau du preset mais de l’ins­tru­ment (on retrouve donc toujours les mêmes para­mètres quel que soit le patch dans Xpand! par exemple), que les noms des para­mètres ne sont pas toujours repor­tés sur le mapping (tous les para­mètres de Trans­fu­ser s’ap­pellent ainsi Smart Knob, au lieu de reprendre les dési­gna­tions qu’on trouve dans le logi­ciel) et qu’il arrive même qu’on nous grati­fie de mapping un peu à côté de la plaque : sur Addic­tive Drums, les 8 potards sont d’em­blée assi­gnés au pano­ra­mique des diffé­rents éléments du kit, ce qui n’a vrai­ment pas grand inté­rêt par rapport aux volumes qui sont acces­sibles en pages 2 et 3… 

Bref, il y a du poten­tiel, certes. Mais il y a encore pas mal de travail à faire, notam­ment parce que le MIDI Learn ne fonc­tionne pas sur nombre de para­mètres dans certains instru­ments virtuels (Addic­tive Keys, EZdrum­mer 2 par exemple). Ne doutons pas toute­fois que tous ces petits défauts de jeunesse dispa­raî­tront dans les prochains mois si ce n’est à la commer­cia­li­sa­tion effec­tive du clavier. Préci­sons en outre que les mappings propo­sés par Akai font sens la plupart du temps et permettent d’uni­for­mi­ser un l’er­go­no­mie de nos plug-ins : en géné­ral, on retrouve ainsi les mêmes commandes aux mêmes endroits sur quan­tité d’ins­tru­ments, ce qui est bien pratique.

De la souris à la molette

Akai Advance 49

Ce qui sera moins facile à corri­ger, en revanche, c’est l’er­go­no­mie du navi­ga­teur de preset sur le clavier même, car c’est bien là la fonc­tion première de cet écran qui garnit le clavier : permettre de béné­fi­cier de la puis­sance du soft VIP sans avoir à toucher sa souris. Sur le papier, c’est une excel­lente chose, mais en pratique, entre la petite taille de l’écran et les commandes mises à notre dispo­si­tion pour navi­guer dans les diffé­rents panneaux, presets, et valeurs, on se sent vite limité et frus­tré. Tout se fait en effet via une molette qu’il faut tour­ner pour sélec­tion­ner un item, et cliquer pour vali­der son char­ge­ment. Sachant que parfois, on se retrouve avec des listes de plus de 1000 patches à parcou­rir, on se dit que la chose va néces­si­ter des centaines de tours de roue, d’au­tant qu’Akai n’a pas pensé à inté­grer de simples boutons précé­dent/suivant…

Par ailleurs, la peti­tesse de l’écran comme sa réso­lu­tion font qu’on affiche peu d’in­fos sur une même page et que les scrolls sont innom­brables, que ce soit pour navi­guer dans les presets, ou dans les tags. Ah ! Si seule­ment l’écran était plus grand, de meilleure réso­lu­tion et tacti­le… Le clavier serait certes plus cher, mais il frise­rait la perfec­tion.

Rassu­rez-vous toute­fois, cette lour­deur dans la navi­ga­tion ne devrait pas gêner un usage en Live, car VIP gère les setlists. Vous pouvez ainsi vous miton­ner une liste des presets que vous utili­se­rez pour réduire dras­tique­ment le besoin de scrol­ler à la molette.

Et il y a mieux encore, pour le Live comme pour le studio : les multis.

Akai Advance 49

Depuis le clavier comme depuis le logi­ciel, vous pouvez en effet combi­ner jusqu’à 8 instru­ments virtuels au sein d’un méga­patch appelé Multi. Que ce soit pour faire de l’em­pi­lage de sons (laye­ring) ou du split de clavier (défi­nir quel instru­ment joue pour quelle zone du clavier), la chose ouvre bien sûr de belles pers­pec­tives, sachant en outre qu’en pres­sant sur le bouton multi, les 8 enco­deurs vous permet­tront de modi­fier le volume de chaque instru­ment. À vous le Piano/saxo­phone/marimba ou le Moog/MS20/Contre­basse : tout est ouvert.

À l’heure où Studio One vient d’in­té­grer de fort belle manière une fonc­tion simi­laire, on souli­gnera toute­fois plusieurs limi­ta­tions de ces multis : il est d’une part impos­sible de faire du split par plages de vélo­ci­tés, et il n’est pas possible d’autre part de faire inter­ve­nir des effets. Évidem­ment, gérer ce genre de choses aurait proba­ble­ment compliqué l’er­go­no­mie du côté du clavier physique, mais du coup, VIP est encore loin, sur ce point, de se hisser au niveau de softs dont c’est la spécia­lité.

Et par rapport au Komplete Kontrol ?

Akai Advance 49

Pour toutes les raisons expo­sées ci-dessus, l’Ad­vance 49 est un excellent clavier, mais il n’est certai­ne­ment pas le Komplete Kontrol Killer que certains espé­raient. Déjà parce qu’il est vendu sensi­ble­ment au même prix (à 50 euros près) avec un bundle plus ou moins équi­valent (à vous de voir les instru­ments que vous privi­lé­giez). Ensuite parce que, tout en comblant certaines lacunes du Komplete Kontrol, il n’en présente pas pour autant tous les avan­tages.

Dans ses points forts, au-delà des pads dont certains regrettent l’ab­sence sur le clavier de NI, on citera notam­ment l’ar­gu­ment massue de l’ou­ver­ture à tous les VSTi du marché (le Komplete Kontrol n’est pour l’heure compa­tible qu’avec les instru­ments NI), l’ex­cellent arpé­gia­teur hard­ware (soft­ware chez NI, il faut donc lancer un logi­ciel pour s’en servir), les gros enco­deurs et l’écran couleur qui rend un peu plus indé­pen­dant de l’or­di­na­teur lors du jeu, sans pour autant alour­dir la consom­ma­tion élec­trique de l’en­gin qu’un cordon USB suffit à alimen­ter.

En vis-à-vis de cela, le clavier de Native garde certains argu­ments : certains préfé­re­ront sans doute les vraies molettes de pitch et de modu­la­tion de l’Ad­vance face aux rubans tactiles du Komplete Kontrol mais force est de consta­ter qu’outre leur posi­tion­ne­ment peu pratique au dessus du clavier, elles n’offrent pas autant de possi­bi­li­tés sur le plan fonc­tion­nel. Si l’Ad­vance jouit d’un sympa­thique écran couleur fort pratique pour les multis ou la confi­gu­ra­tion du clavier, cela se fait aussi au détri­ment des écrans dont on dispose sous chaque enco­deur sur le clavier de Native Instru­ment. Et c’est dommage car c’est bien sous le contrô­leur physique même que l’af­fi­chage d’un para­mètre a le plus de sens et non sur un écran déporté qui oblige à regar­der deux choses en même temps. Enfin, on ne dispose pas du Light­guide, si pratique lorsqu’on doit gérer des instru­ments dont le maping repose sur des keys­witches.

 

 

Il sera enfin diffi­cile de dépar­ta­ger les deux concur­rents qui présentent pour l’es­sen­tiel les mêmes quali­tés et les mêmes défauts : certes, dispo­ser de vrais potards et de vrais boutons pour jouer d’un instru­ment, c’est beau­coup plus agréable, à plus forte raison quand on peut s’épar­gner la corvée du mapping, mais l’Akai Advance comme le Komplete Kontrol ne proposent aucune solu­tion correcte pour gérer des pads XY cepen­dant que les dispo­si­tifs physiques qu’on nous présente comme ‘intui­tifs’ sur chacun des claviers pour sélec­tion­ner des presets ou éditer des valeurs rendent la navi­ga­tion bien plus fasti­dieuse qu’elle ne l’est sur ordi­na­teur : molette non moto­ri­sée à tour­ner sur des kilo­mètres, pages de menus à faire défi­ler, etc. On n’est donc pas près de se passer de l’in­ter­face clavier/souris à ce niveau, à moins qu’Akai comme Native ne se décident à inté­grer une surface tactile multi­point de 7 pouces au moins, auquel cas on verra enfin le bout du tunnel.

Reste à parler du logi­ciel VIP lui-même qui, pour l’heure, est sensi­ble­ment plus étoffé fonc­tion­nel­le­ment que ne l’est le Komplete Kontrol de Native. Sans parler de la prise en charge des VSTi de tierce partie, on appré­ciera son apti­tude à travailler en mode hybride, les mappings pouvant tout aussi bien s’adres­ser aux plug-ins qu’à votre séquen­ceur ou à du hard­ware externe, grâce à la gestion des contrô­leurs conti­nus. Le fait de pouvoir éditer les tags soi-même est en outre un gros avan­tage, tout comme celui de faire des multis, même si, sur ce point précis, VIP est encore loin d’être à la hauteur des spécia­listes du genre (pas de split de vélo­cité, pas d’in­té­gra­tion d’ef­fets, pas de possi­bi­lité de faire jouer l’ar­pé­gia­teur sur un instru­ment et pas sur un autre dans un multi, etc.).

Akai Advance 49

Que choi­sir du coup ? À vous de voir en fonc­tion des avan­tages et incon­vé­nients de chacun, en sachant que Native devrait prochai­ne­ment inté­grer les instru­ments de tierce partie à son Komplete Kontrol (mais ce n’est toujours pas dispo à l’heure où sont écrites ces lignes), ce qui rendra la compa­rai­son plus diffi­cile encore. Reste le contact physique avec l’objet, l’ap­pré­cia­tion du toucher du clavier, que vous pouvez préfé­rer sur l’un ou l’autre. Et pour ce faire, le seul moyen que vous ayez, c’est encore d’es­sayer dans un maga­sin près de chez vous.

La seule chose sure, c’est qu’avec ces deux claviers de contrôle, toute la concur­rence a pris un méchant coup de vieux et qu’elle a vite inté­rêt à se mettre à la page si elle veut rester compé­ti­tive.

 

Conclu­sion

Akai signe avec l’Ad­vance un excellent clavier de contrôle ‘Next Gen’, simpli­fiant le contrôle de nombreux instru­ments tout comme la gestion de nos sono­thèques en perpé­tuelle expan­sion. Et c’est d’au­tant plus appré­ciable qu’il le fait avec quan­tité d’ins­tru­ments virtuels agençables en Multis là où Native se limite pour l’heure à ne gérer que sa Komplete et les banques tierces de Kontakt en mode ‘solo’.

Pour autant, le clavier d’Akai est loin d’être sans défaut, et si quan­tité d’entre eux pour­ront être corri­gés par des mises à jour (tags manquants, taguages et mappings approxi­ma­tifs, etc.), d’autres sont plus diffi­ci­le­ment rattra­pables : la navi­ga­tion dans les presets s’avère ainsi labo­rieuse depuis le clavier, tout comme la gestion des inter­faces type X/Y, au point qu’on est encore loin de pouvoir se passer du tandem clavier/souris.

Sans nier que l’Akai Advance est donc l’un des tout meilleurs claviers de contrôle du marché, on n’en attend donc pas moins sa V2 qui – croi­sons les doigts – comblera nos espé­rances.

 

  • Akai Advance 49
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Notre avis : 8/10

  • Le soft VIP, relativement bien foutu
  • De nombreux tags avec la possibilité de rajouter les siens
  • Des milliers de presets déjà mappés et tagués pour quantité d’instruments virtuels
  • La possibilité de faire des multis
  • Le bundle d’instruments virtuels
  • Qualité globale de fabrication
  • Qualité du clavier
  • Gros potards et contrôles bien espacés
  • Des gros pads, et en couleur !
  • L’arpégiateur hardware
  • Pas besoin de transfo, l’USB suffit
  • L’écran LCD…
  • …même s’il est trop petit et non tactile
  • Ergonomie laborieuse de la partie Navigation sur le clavier (pas de bouton ‘précédent/suivant’, molette, etc.)
  • Des lacunes au niveau du navigateur et des presets (pas de filtrage par exclusions, tags manquants bien qu’évidents)
  • Taguage et mapping faits à la va-vite sur certains instruments (à vérifier sur la version finale)
  • Pas d’entrée pour breath controller
  • Et pour les pads XY, on fait comment ?

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