L'API 2500, compresseur VCA de référence, est développé en plugin par Pulsar, qui prolonge sa belle collection de périphériques de studio légendaires... et va même un peu plus loin que le modèle, avec cet IPA 25.
La référence des compresseurs VCA
IPA 25 ; il ne s’agit pas ici de houblon ni d’indice d’amertume, même si quelques breuvages ont peut-être inspiré ce joli nom, mais de l’anagramme de la marque API, Automated Processes Incorporated. En effet, le plugin qu’on découvre aujourd’hui est un compresseur, développé par Pulsar, qui ressemble fort au célèbre API 2500. API est une iconique marque américaine, à laquelle on doit des consoles mythiques, parmi les plus cotées après celles de Neve, mais aussi le fameux format 500, et le VCA. Le Voltage Control Amplifier, créé en 1974 par Saul Walker (cofondateur de la compagnie), ouvre une nouvelle voie dans l’électronique dédiée à l’audio, et notamment dans son utilisation au sein des compresseurs. La compression est à l’époque confiée à des circuits Optiques ou FET, et le VCA permet une application plus rapide et transparente que ceux-ci, mais aussi plus de contrôle sur le ratio, l’attaque et autres paramètres. Les compresseurs VCA vont gagner du terrain à partir de là, et on les retrouve dans les consoles SSL, également chez DBX, mais aussi et surtout dans l’API 2500, fleuron du genre. Il s’agit d’un compresseur stéréo en format 19 pouces, une Rolls du genre, présent dans la plupart des studios d’enregistrements ou mixage analogique. Le 2500 est une machine assez sophistiquée dans ce registre, qui permet un nombre impressionnant de réglages, offre diverses options.
Pulsar IPA 25 : une émulation du 2500 avec des ajouts bien pensés
Il existe déjà quelques plugins qui émulent l’API 2500, on citera entre autres l’incontournable UAD, mais aussi la version de Waves, ou encore le Lindell Audio SBC. Cette nouvelle version nous intéresse particulièrement parce qu’elle est l’œuvre de Pulsar, marque française que l’on connaît bien, mais aussi parce qu’elle comporte quelques ingrédients supplémentaires qui piquent notre curiosité. Pulsar est donc un développeur de plugins basé à Grenoble, qui s’est fait connaître avec son délai Echorec, puis avait attiré notre attention à la sortie du Massive, émulation du célèbre égaliseur Manley. Au rayon compresseur, la marque avait déjà trois produits avant cette nouvelle sortie : le 1178, basé sur le modèle FET UREI, un Mu en référence au Vari-Mu Manley, compresseur à lampe, et enfin le Smasher qui met l’accent sur le « british mode » d’un 1176. En somme il ne manquait plus qu’un LA2A et un VCA pour couvrir tout le spectre… pour ce dernier c’est donc chose faite. Au-delà des références, Pulsar ajoute régulièrement les mêmes fonctionnalités sur ses compresseurs stéréo : un potentiomètre Mix (dry/wet), la possibilité de choisir entre stéréo et M/S, des représentations graphiques de la réduction du signal, voire de l’égalisation side-chain, etc.
Interface et détection
Commençons par faire un tour des caractéristiques de l’API 2500 qui ont sans doute suscité l’envie de créer ce plugin, et qu’on retrouve ici. Au-delà des classiques réglages Threshold, Ratio, Attack et Release, c’est dans la détection du signal qu’on trouve certaines des spécificités du 2500. 


Face à l’API 2500 : batteries, guitares et bus master à l’épreuve
La première phase de ce test va consister à comparer la version IPA 25 de Pulsar à l’API 2500, que nous possédons au studio. Nous mettrons donc de côté toutes les innovations, et les paramètres qui n’existaient pas à l’origine, afin d’être le plus fidèle possible et de comparer ce qui peut l’être. Nous contournerons par conséquent la section Clip Limiter, resterons en VCA sans rajouter de distorsion, et en stéréo. Nos habitudes de travail avec ce compresseur nous invitent à faire un premier essai sur un groupe batterie, et on commence donc par copier le plus précisément possible les réglages de la machine physique sur le plugin. Certains paramètres comme le seuil (Threshold) ne se présentent pas de la même manière, car l’unité de mesure de l’IPA 2500 est en dBU alors que celle du plugin Pulsar est en DBFS, mais en alignant les positions des potentiomètres à midi, par exemple, on retrouve à peu près la même quantité de signal compressé (nous travaillons avec des convertisseurs SSL qui sont réglés à + 22 dBu en sortie). On part sur un extrait très énergique et très rock, afin de rentrer fort dans la machine et de solliciter tant la capacité de compression que la réponse temporelle. Avec cette comparaison, la proximité des résultats nous paraît évidente et nous allons rentrer dans le détail pour exagérer la compression et la particulariser, et ainsi révéler des potentielles différences. Après avoir rallongé l’attaque et affiné les réglages de Punch et de Knee, on obtient maintenant des différences significatives. Le plugin laisse passer moins de bas et semble relâcher le signal compressé un peu plus rapidement, tandis que la version analogique préserve davantage les fréquences basses et atténue un peu moins les transitoires dans les fréquences médiums. On ressent donc un peu plus l’effet de pompe avec le plugin, ce qui peut avoir un intérêt évident sur une utilisation en parallèle, mais qui est un peu dommage pour une utilisation classique. Pour cet exemple, nous vous proposons également la version compression parallèle avec les deux alternatives. Dans cette utilisation, c’est le Pulsar qui retient nos faveurs parce qu’il nous libère de la sommation des signaux et d’une surcharge de grave, tout en faisant jaillir les résonances avec beaucoup de musicalité.





Ensuite, nous nous attardons sur un groupe guitares rythmiques plutôt saccadé, qui cumule différents timbres de guitare, et qui, en plus d’être peu édité, superpose différents placements. Pour cette utilisation, on va rallonger la durée de relâchement du compresseur tout en raccourcissant son attaque afin que le signal soit compressé en permanence. Cela nous permet d’homogénéiser le tout, et de ne pas laisser passer certaines attaques qui feraient ressortir les coups de médiator. Le résultat est vraiment très semblable à celui de l’API, et même en exagérant un peu les réglages, nous préservons le caractère naturel et musical de ce type de compresseur VCA. La seule différence notable nous paraît fréquentielle et elle va dans le même sens que ce qui a été préalablement constaté sur les batteries. Le plugin a l’air de plus compresser les fréquences bas-médium, pour laisser plus de place aux médium, et donc à la présence des guitares.







Modes V-Mu/N-Diode, Drive et section Clip/Limiter : les plus de l’IPA 25
On se penche maintenant sur les améliorations et ajouts que les développeurs ont décidé d’apporter à la machine d’origine, à commencer par le réglage Mid/Side que la marque aime particulièrement ajouter à tous ses produits. Nous réglons donc celui-ci afin de compresser très fortement le centre sur un bus de synthétiseurs, et de le libérer de ses composantes tonales pour que la basse ressorte mieux. On obtient ce qu’on attendait sans trop d’efforts.


Nous nous attardons désormais sur les différents modes de VCA et retournons pour cela sur notre bus master. Les différences entre modes sont plutôt importantes sur le plan fréquentiel, et, comme on nous l’annonce l’aide du plugin ainsi que le manuel, le mode N-Diode est plus riche en harmoniques alors que le mode V-Mu est un peu plus mou et lent, notamment dans les fréquences graves. Les couleurs de distorsions harmoniques respectives des différents modes sont également très intéressantes, particulièrement si on utilise le mix et qu’on gère le taux d’application de la compression et de la distorsion à notre guise. 
Pour finir la découverte, restons sur le bus master et arrivons à la section Clip Limiter, qui nous intéresse tout particulièrement, surtout pour un travail de mastering ou de mixage de bus. Nous repassons préalablement en mode VCA, et enclenchons le mode Limiter dans un premier temps avec un mix à fond. Le constructeur nous précise que la fonction n’est pas linéaire et ne fonctionne pas comme un limiteur, mais plus comme un Hard Clipper. La couleur est très intéressante, les harmoniques générées par le réglage enrichissent le spectre de manière significative, mais toujours harmonieuse. La distorsion apportée est belle et n’agresse pas, et les dynamiques sont préservées, malgré une balance tonale modifiée de manière conséquente, dès que l’on rentre fort dedans. L’utilisation du mix nous aide encore une fois à jauger la quantité de traitement appliqué, et à préserver la musicalité de notre morceau.





