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Test du plugin Opal de UVI - Un opticien chirurgical chez les compresseurs

9/10

Un plugin de plus qui émule le LA-2A ? Évidemment, c'est ce qu'on s'est dit en voyant arriver la proposition de UVI, il y a tout de même déjà de quoi faire. Mais en regardant Opal de plus près, on s'aperçoit rapidement que c'est davantage qu'une énième réplique du mythique compresseur optique.

Test du plugin Opal de UVI : Un opticien chirurgical chez les compresseurs

Le LA-2A, c’est une réfé­rence abso­lue dans l’his­toire de la produc­tion musi­cale et sonore, depuis les années soixante, en matière de trai­te­ment dyna­mique. Un compres­seur optique avec une ampli­fi­ca­tion (Leve­ling Ampli­fier) à lampe, dont la gestion des dyna­miques et le rendu sonore sont très carac­té­ris­tiques, fran­che­ment pas linéaires ni trans­pa­rents. La cellule T4 est respon­sable de la compres­sion optique, avec notam­ment un release assez spéci­fique en deux étapes, plutôt long sur la fin. Le tube d’am­pli­fi­ca­tion ajoute évidem­ment une certaine satu­ra­tion et des harmo­niques qui sentent bon le vintage (si tant est que ce dernier ait une odeur). Ce compres­seur, beau­coup utilisé en broad­cast à l’ori­gine, a marqué de très nombreuses produc­tions musi­cales au fil des décen­nies passées et demeure un clas­sique pour beau­coup de mixeurs, parti­cu­liè­re­ment pour trai­ter les voix.

Un LA-2A qui ne dit pas son nom

Depuis vingt ans et le déve­lop­pe­ment du numé­rique dans la produc­tion musi­cale, les déve­lop­peurs de plugins ont émulé nombre de machines mythiques de l’ana­lo­gique, dont le LA-2A. Univer­sal Audio, qui fabrique encore aujour­d’hui la version hard­ware, a natu­rel­le­ment été le premier sur le coup, suivi par de nombreuses marques comme Avid, Waves et son très répandu CLA-2A, Slate Audio, Cake­walk, Native Instru­ments, IK Multi­me­dia… Bref, les réfé­rences ne manquent pas dans ce domaine. La marque française UVI rentre dans le jeu avec Opal, son premier plugin de compres­sion. Le déve­lop­peur s’est jusque-là surtout spécia­lisé dans les instru­ments virtuels, et notam­ment les synthé­ti­seurs. On avait déjà vu passer leur Falcon, entre autres, mais leur cata­logue comporte aussi des orchestres, pianos, batte­ries, etc. En plus des instru­ments, UVI propose aussi quelques effets, prin­ci­pa­le­ment des modu­la­tions, delays ou reverbs, mais jusqu’ici aucun trai­te­ment de dyna­miques. Opal ouvre donc une nouvelle porte pour la marque pari­sienne. 

Opal large

Simple et funky

Le LA-2A de base est une machine très simple en termes de contrôles (ce qui ne veut pas dire qu’elle est simple d’uti­li­sa­tion) : un rota­tif « peak reduc­tion » pour doser la compres­sion (la réduc­tion de gain sur les signaux les plus forts), un rota­tif de « gain » pour augmen­ter le niveau en sortie (c’est là que se trouve le tube qui ajoute du carac­tère), et un sélec­teur pour choi­sir entre compres­seur et limi­teur (qui aura un ratio de compres­sion plus élevé). Mais Opal ne se contente pas de ces quelques réglages, loin de là : de nombreux autres contrôles nous sont propo­sés. On va commen­cer par le plus ludique, le Drive !Drive Notons déjà qu’un sélec­teur peut nous permettre d’uti­li­ser la simu­la­tion de lampe ou non ; ensuite, si on l’uti­lise, un rota­tif nous permet de choi­sir le niveau de satu­ra­tion indé­pen­dam­ment du niveau de sortie. On aime beau­coup ! Sur une basse, une légère distor­sion harmo­nique bien dosée appor­tera beau­coup de carac­tère. Il semble que sur l’al­bum des White Stripes « Icky Thump », un LA-2A ait été utilisé pour satu­rer la voix de Jack : voilà un outil qui pourra être très inté­res­sant pour une produc­tion rock un peu « sale ». Les autres plugins auxquels on a comparé Opal ne proposent pas ce dosage du drive, et il est plus diffi­cile d’al­ler le cher­cher sans risquer la satu­ra­tion numé­rique ni devoir compen­ser les diffé­rences de niveaux ailleurs dans la chaîne. Ici, on obtient une colo­ra­tion assez nette très faci­le­ment, et on peut aller cher­cher encore plus de distor­sion avec un autre poten­tio­mètre : le simple­ment nommé Input Gain. Sa course entre –20 dB et +20dB nous permet d’en­trer plus ou moins fort dans la compres­sion, et donc égale­ment dans l’am­pli­fi­ca­tion à lampe et son Drive. On se jette à l’eau (pâle) et on utilise le plugin sur le mix d’une chan­son produite dans nos studios, « Walking on a ceiling » : la basse va nous servir de premier cobaye, notam­ment en utili­sant un léger Drive. Cette basse manque de constance, on va donc la compres­ser pour gagner un peu de sustain, et lui appor­ter du carac­tère avec la satu­ra­tion à lampe. 

Bass Walking On2Sur les mesures 1 et 2 la basse sans trai­te­ment, puis 3 et 4 avec Opal, à nouveau 5 et 6 sans, puis 7 et 8 avec Opal. 

Basse Opal On Off
00:0000:20

Paral­lé­lisme

Une autre propo­si­tion qui nous inté­resse forte­ment, c’est le Mix : le poten­tio­mètre de 0 à 100 % nous permet de choi­sir le niveau du signal « wet » traité par rapport au signal « dry » non traité par Opal. Voilà une fonc­tion­na­lité qui va nous ouvrir la possi­bi­lité d’uti­li­ser Opal comme une compres­sion paral­lèle, et on pourra par exemple sur une batte­rie garder des tran­si­toires dans une certaine mesure, tout en colo­rant l’en­semble et en gagnant de la constance par la compres­sion. Le LA-2A clas­sique comporte un circuit paral­lèle, mais c’est pour le signal optique et donc le contrôle de la réduc­tion de gain qu’il est utilisé, et non pour un signal sonore qu’on retrou­ve­rait en sortie. Cette fonc­tion­na­lité est donc bien un bonus dont UVI a souhaité équi­per Opal. On reprend notre basse, et on décide de reve­nir à un mix 50 % pour retrou­ver un peu des attaques et de la dyna­mique qu’on a réduite avec le réglage choisi sur Opal, tout en conser­vant le carac­tère et l’ho­mo­gé­néité. 

Mix Basse final

Basse Opal Mix
00:0000:20

Puisqu’on est sur la compres­sion paral­lèle, on passe évidem­ment à la batte­rie. Une compres­sion assez légère sur le bus de celle-ci fait beau­coup de bien à la caisse claire, qui gagne en régu­la­rité et en sustain. On écoute d’abord avec un mix à 60 % pour bien se rendre compte de la diffé­rence, mais on pourra reve­nir en dessous de 50 pour retrou­ver davan­tage les attaques et la brillance.

Drum Walking OnSur les mesures 1 et 2 la batte­rie sans trai­te­ment, puis 3 et 4 avec Opal, à nouveau 5 et 6 sans, puis 7 et 8 avec Opal. 

Drum Opal On Off
00:0000:20

 

On découvre trois autres contrôles à cette occa­sion, le premier d’entre eux se nomme Respon­si­ve­ness. Il s’agit d’un poten­tio­mètre qui agit sur la vitesse de l’at­taque et du release simul­ta­né­ment : on peut aller d’une attaque très lente pour une compres­sion plutôt « glue », à un réglage beau­coup plus « respon­sif » qui agit très rapi­de­ment sur les tran­si­toires. Sur une batte­rie, on peut avoir des diffé­rences énormes en passant d’un côté à l’autre, ce contrôle ouvre à des utili­sa­tions assez diffé­rentes de ce qu’on ferait avec un LA-2A clas­sique. Les deux suivants sont un peu dans la même caté­go­rie, le Mid Presence et son voisin Treble. Le premier est un rota­tif qui est lié à la détec­tion du signal devant être compressé, c’est en gros un égali­seur side chain sur une bande de fréquence fixe dans les hauts médiums. Pas aussi évident d’uti­li­sa­tion que les précé­dents, ce réglage peut nous aider à perdre moins de grave dans la compres­sion, en augmen­tant la détec­tion des mediums dans le signal qui doit être compressé. C’est inté­res­sant, mais le fait de ne pas avoir une bande de fréquence préci­sé­ment dési­gnée, nous rend un peu méfiants. Dans le même esprit, le sélec­teur Treble permet de compen­ser les aigus perdus dans le circuit de compres­sion. Sur un bus master, ou un bus stéréo dont le spectre de fréquences est très large, ces deux contrôles agis­sants sur les fréquences s’avèrent vrai­ment utiles. 

Master Walking OnOpal appliqué sur le bus master, avec une compres­sion volon­tai­re­ment exagé­rée. Mesure 3 le Mid Presence passe de 0 à 80, libé­rant ainsi les graves, mesure 5 le Treble s’ouvre et l’im­pact est assez radi­cal 

Mix Opal Presence Treble
00:0000:22

Ce boost aigu est parfois éton­nant, et réagit plus ou moins selon l’en­semble du réglage qui précède, par moments un peu trop. En parcou­rant les préré­glages propo­sés par UVI, on se rend compte qu’il est presque toujours activé par défaut. Puisqu’on travaille sur des bus stéréo (la batte­rie, le master), on peut aussi ajou­ter qu’on a un choix impor­tant de Link : on peut lier ou non les deux canaux, choi­sir comme source de détec­tion le gauche, le droit, ou le plus fort des deux. C’est assez rare d’avoir autant d’op­tions, et plutôt perti­nent.

Plus de 2 cordes à son Arc

Ce qui est le plus mis en avant par la marque, c’est l’ému­la­tion de 7 machines diffé­rentes. En effet, UVI ne présente pas direc­te­ment Opal comme un LA-2A, même si la mention de la cellule optique T4 et le fonc­tion­ne­ment du compres­seur nous permettent de lire entre les lignes que c’est bien de cela qu’il s’agit. Sept ModelesLe construc­teur s’est donc basé sur sept compres­seurs optiques, qui nous sont propo­sés dans un menu au-dessus du vumètre. En faisant défi­ler ces diffé­rents compres­seurs aux noms d’aé­ro­ports (LAX, SFO, PAR…) avec un réglage un peu subtil, on n’en­tend pas de diffé­rence spec­ta­cu­laire, il faut donc pous­ser un peu le Peak Reduc­tion et placer le Mix à 100 % pour goûter un peu à ces diffé­rentes émula­tions. Là, on peut entendre des diffé­rences assez flagrantes, un DTW — Vintage qui « pompe » nette­ment plus que d’autres, par exemple. On profite de cette explo­ra­tion pour écou­ter Opal sur la voix, qui est tout de même la grande spécia­lité du LA-2A ! Après un petit tour d’ho­ri­zon des modèles propo­sés, on opte pour PAR — Sharp, un léger Drive et un Mix à 50 %.

Voix Walking OnPremière phrase en contour­nant l’ef­fet, puis 2ᵉ phrase avec la compres­sion Opal 

Voix Opal On Off
00:0000:12

 

Comme on pouvait s’y attendre, ce plugin fonc­tionne très bien sur les voix ! Ce n’est pas une surprise pour un compres­seur de cette caté­go­rie, mais sans doute est-il encore un peu plus perti­nent grâce aux propo­si­tions auda­cieuses d’UVI. Autre addi­tion inté­res­sante, Opal offre la possi­bi­lité d’un side chain externe, qui devient un élément incon­tour­nable dans la produc­tion musi­cale moderne. Enfin, pour termi­ner le tour d’ho­ri­zon, le vumètre nous est proposé pour visua­li­ser (au choix) le niveau ou la réduc­tion de gain, qui peut nous être indiquée aussi par une exten­sion de la fenêtre en bas. 

Conclu­sion

Opal est un plugin vrai­ment inté­res­sant à explo­rer, et sans doute à utili­ser sur le long terme. Certes, beau­coup d’entre nous possèdent déjà un compres­seur de ce type dans leur arse­nal, mais celui-ci a des atouts supplé­men­taires très bien pensés qui se révé­le­ront perti­nents à l’usage. Avec le Mid Presence et l’ému­la­tion de sept modèles diffé­rents, il faudra passer un peu de temps à creu­ser et expé­ri­men­ter pour s’y retrou­ver et faire ses choix, mais le reste est facile à prendre en main et immé­dia­te­ment effi­cace. Pour termi­ner, Opal est vendu 99 €, ce qui est moins cher que l’ori­gi­nal (plugin, on ne parle pas du hard­ware évidem­ment !) mais plus onéreux que certaines autres émula­tions (qui sont moins élabo­rées et poly­va­lentes). 

Notre avis : 9/10

  • Le grand nombre de contrôles ajoutés à la référence
  • Drive, Mix et Input Gain pour doser la couleur
  • Un Sidechain externe
  • Facile à prendre en main, des pré-réglages pertinents
  • Très efficace sur la voix et la basse, mais aussi sur des bus stéréo
  • Un Responsiveness qui rend cette compression plus polyvalente
  • Un Treble boost un peu radical
  • Le Mid presence dont la bande de fréquence n'est pas explicite
Pays de fabrication : France

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