Prisés par les connaisseurs, les produits signés DMG Audio sont pourtant peu représentés sur votre site préféré. La récente sortie de la seconde mouture de TrackComp est donc l’occasion idéale pour remédier à cela. En octobre 2017, la première version proposait déjà cinq types de compresseurs différents. En sus d’algorithmes retravaillés, cette v2 ajoute pas moins de quatre nouvelles modélisations ! Autant vous dire que le programme du jour est chargé…
Jarod
Disponible pour Mac et PC aux formats VST, VST 3, AAX en 32 et 64 bits ainsi qu’en RTAS 32 bits, TrackComp 2 est un plug-in dédié au traitement de la dynamique du signal. L’installation s’effectue en un tournemain et l’autorisation n’est qu’une simple formalité grâce à un fichier reçu par courrier électronique. Merci !
Comme je vous le disais, TrackComp 2 regroupe neuf compresseurs au sein d’une interface graphique unifiée. Cette dernière est vectorielle, donc redimensionnable à l’envi. Dans l’ordre, l’utilisateur a le choix entre les modèles suivants :
- DMG : algorithme basé sur le compresseur maison Compassion. C’est le modèle « clean » du groupe avec tout de même le réglage « curve » qui permet de calquer sa réaction sur des comportements proches de modèles hardwares sans ajout de distorsion harmonique, ce qui le rend beaucoup plus intéressant que le compresseur digital de base.
- E-Channel : compresseur modélisé à partir des consoles SSL série E.
- G-Bus : émulation du compresseur de bus des consoles SSL.
- 76D : modélisation du grand classique 1176.
- 2A : basé sur un autre grand classique, le LA-2A.
- 76A : calqué sur une autre déclinaison du 1176.
- 160 : modélisation du fameux compresseur VCA signé dbx.
- Zener : émulation d’un compresseur vintage signé EMI pour Abbey Road.
- 2k5 : basé sur compresseur de bus API 2500.
Notez l’absence d’un modèle Vari-Mu. Un LA-3A ou un Distressor n’auraient également pas été de refus. Enfin, il y a déjà largement de quoi faire avec tout ça ! D’ailleurs, face à autant de possibilités, il m’est impossible de vous faire ici une description exhaustive de chacun de ces compresseurs. Je vais donc plutôt me concentrer sur les éléments qui me semblent être les plus importants et vous renvoyer vers le manuel si vous souhaitez de plus amples informations. Celui-ci est librement accessible depuis le site de l’éditeur et sa lecture me parait indispensable pour bien saisir certains aspects de la bête. En effet, TrackComp 2 est on ne peut plus dense avec malheureusement une ergonomie pas toujours très intuitive, comme nous allons le voir…
Commençons par des réglages communs à tous les modèles. Outre le classique navigateur de presets, la barre supérieure du plug-in permet de régler l’oversampling jusqu’à un coefficient multiplicateur de 16 en passant par 2, 4 et 8. Détail intéressant, il est possible de choisir un oversampling qui ne sera appliqué qu’au moment du rendu « offline ». C’est carrément bien vu, car en x16, la consommation processeur grimpe vite… De fait, si TrackComp offre une latence nulle et une consommation plafonnant à 0,7 % sans suréchantillonnage sur ma machine de guerre (Mac Pro fin 2013 Hexacoeur Xeon 3,5 GHz – 32 Go DDR3), avec l’oversampling à son maximum, ma bécane monte jusqu’à 11,2 % pour 127 samples de latence ! Merci donc, monsieur DMG Audio, pour cette option « offline ».
Juste à côté des options de suréchantillonnage se trouvent les fonctions relatives à la comparaison A/… H ! Vous avez bien lu, là où beaucoup trop d’éditeurs font l’impasse sur la comparaison A/B, DMG Audio propose 8 emplacements afin de pouvoir comparer rapidement plusieurs réglages différents. Cerise sur le gâteau, cet outil de comparaison est pilotable par MIDI et il est possible de l’automatiser ! Ça ne servira pas tous les jours, mais avouez que c’est une option fort sympathique. Imaginez un peu passer d’une gentille petite compression « utilitaire » sauce SSL sur un bus de batterie lors du couplet à une méchante compression parallèle façon 1176 sur les refrains en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Bref, chapeau bas.
Enfin, c’est toujours au sein de la barre supérieure qu’il est possible de choisir entre sidechain interne ou externe.
Restons dans les paramètres communs à tous les modèles avec de part et d’autre de l’interface :
- Indicateurs des niveaux crêtes en entrée et sortie ;
- Indicateur de la réduction de gain ;
- Réglages de niveaux d’entrée et de sortie (-40 dB à +18 dB) – il s’agit de gain « propre », c’est-à-dire sans ajout de distorsion harmonique ;
- Réglage du niveau seuil ;
- Réglage du gain « MakeUp » en sortie avec ajout de distorsion harmonique différent selon la modélisation.
Quelques remarques à propos de ces derniers. La plage de niveau disponible en sortie m’a parfois paru un peu juste lors de compressions extrêmes. De plus, elle intervient avant le mélange « dry/wet » et ne permet donc pas de réellement régler le niveau global de sortie pour de la compression parallèle. Enfin, le curseur « MakeUp » est pour le moins contre-intuitif, car il faut le baisser pour augmenter le gain… Je pense que l’objectif était de corréler visuellement le gain « MakeUp » avec le niveau en sortie. À l’usage, c’est franchement perturbant, surtout si vous êtes comme moi un aficionado des surfaces de contrôle MIDI puisqu’il faut alors tourner à contresens votre potard pour relever le niveau…
Passons à présent au centre de l’interface graphique. Tout en haut se trouve un sélecteur permettant de choisir parmi les neuf modèles de compresseur, ce qui modifie la liste des réglages disponibles juste en dessous. C’est somme toute logique, puisqu’un 1176 ne propose pas les mêmes fonctions ou les mêmes plages de réglages qu’un 2500. Là où c’est assez déroutant, c’est que l’éditeur a fait le choix de proposer d’aller plus loin que les machines hardwares dont il s’est inspiré, mais pas de la même façon pour chacun des modèles… Ainsi, il est par exemple possible de modifier de façon continue les temps d’attaque et de relâchement du 2A, chose impossible sur un LA-2A original qui ne dispose d’aucun potard pour les constantes temporelles, alors que ça n’est pas proposé sur le 160. Difficile de résumer le pourquoi du comment en quelques lignes, il faut pour cela se plonger dans le manuel comme je vous l’ai déjà indiqué. Sachez qu’a minima, TrackComp offre l’ensemble des réglages de chacun des modèles dont il s’inspire et qu’il y a parfois des options de calibrage afin de reproduire le comportement de n’importe quelle révision ou édition hardware. De plus, de judicieuses petites barres rouges sont présentes sur certains curseurs afin d’indiquer les « limites » de la plage de réglage du modèle original. En maintenant la touche « Alt » enfoncé, vous n’aurez accès qu’à cette plage, mais il est bien entendu possible d’aller plus loin, et ce, de façon continue.
Finissons ce tour d’horizon avec les derniers paramètres qui sont présents pour tous les modèles :
- Stereo Link : dose de façon continue la corrélation entre la compression des canaux gauche et droit pour un traitement « full stereo » jusqu’à « dual mono » ;
- Autogain : compensation automatique de la réduction de gain, soit via le gain « MakeUp », soit par le niveau de sortie, selon le choix de l’utilisateur ;
- Dry/Wet : mélange entre le signal source et le signal traité.
Dommage qu’il n’y ait pas de mode de traitement M/S, mais cela aurait certainement trop alourdi l’interface déjà bien fournie. Quant à la fonction d’Autogain, l’idée est belle, mais le rendu m’a semblé peu probant la plupart du temps.
Avant de voir ce que la bestiole a réellement dans le ventre au travers d’exemples sonores, permettez-moi un mot quant à l’utilisation de TrackComp au jour le jour. Hormis le curieux cas du curseur « MakeUp » dont je vous ai déjà parlé, l’ergonomie générale est plutôt bonne… À l’exception des modèles inspirés des 1176 et du LA-2A… En effet, l’interface unifiée ne reprend pas l’ergonomie classique de ces monstres sacrés dont la simplicité d’utilisation est tout aussi légendaire que leur pâte sonore. Il est ainsi difficile de retrouver ses petits lors des premières utilisations : quel réglage correspond au potentiomètre « Input » du 1176 ? Au « Peak Reduction » du LA-2A ? Etc. Encore une fois, la réponse est à chercher au sein du manuel. Ceci étant, même une fois tous les détails de fonctionnement assimilés, force est de constater que le côté « direct » des modèles hardwares n’est pas réellement au rendez-vous. Personnellement, j’ai véritablement commencé à apprécier les modélisations 76D, 76A et 2A à partir du moment où j’ai cessé de les considérer comme des substituts aux machines hardwares afin de mieux les apprécier pour ce qu’elles sont réellement. C’est assez curieux comme ressenti, c’est pourquoi je tenais à le souligner ; d’autant que cela n’a absolument pas été la même histoire avec les autres compresseurs proposés. Je suis par exemple un fan absolu de l’API 2500 et la modélisation offerte par TrackComp ne m’a absolument pas dérouté tant sur le plan ergonomique que sur le plan sonore.
Bref, enchainons maintenant avec une session d’écoute…
Mademoiselle Parker
Commençons par découvrir la pâte sonore de la modélisation Zener sur une ligne de basse :
- 01_Bass_dry00:16
- 02_Bass_Zener THD Soft00:16
- 03_Bass_Zener THD Hard00:16
- 04_Bass_Zener THD Harder00:16
Ici, aucune réduction de gain due à la compression à proprement parler puisque cette modélisation offre un mode baptisé « THD » permettant d’utiliser la bestiole comme une « simple boîte à distorsion ». Je n’ai pas la chance de connaître la véritable machine hardware, cela étant, cette version virtuelle possède un sacré caractère !
Essayons à présent de faire la même chose avec le 2k5, une autre modélisation pas si courante que ça dans le monde du plug-in :
- 05_Bass_2k5 THD Soft00:16
- 06_Bass_2k5 THD Hard00:16
- 07_Bass_2k5 THD Harder00:16
Le 2k5 ne dispose pas d’un mode THD, mais il est tout de même possible de l’utiliser comme une machine à distorsion en le violentant un peu. Là, je connais particulièrement bien le sujet et je peux vous assurer que DMG Audio a diablement bien travaillé.
Dans un registre d’utilisation plus conventionnel, voici ce que donne une instance de TrackComp avec le modèle maison DMG réglé de façon à mettre en avant l’attaque de cette ligne de basse :
Puis un dernier exemple avec le modèle G-Bus réglé au cordeau afin de maîtriser cette basse pour le moins sautillante :
Efficace, non ?
Passons au traitement d’un bus de batterie :
- 10_Drums_dry00:16
- 11_Drums_GBus Thick00:16
- 12_Drums_76D Density00:16
- 13_Drums_76D NY Crunch00:16
- 14_Drums_2A NY Crunch00:16
Le premier extrait se résume au signal source. Pour le deuxième, la modélisation G-Bus est mise à profit de façon à épaissir le rendu. Sur le troisième exemple, c’est le 76D qui malaxe la dynamique pour un résultat similaire, mais au caractère sonore un poil moins « poli ». Pour les deux derniers samples, les modélisations 76D et 2A sont utilisées afin de joliment salir le son de cette batterie un peu trop sage au travers d’une compression parallèle.
Si vous avez du mal à entendre les différences, je vous invite à télécharger ces extraits afin de les écouter tranquillement sur un système de monitoring digne de ce nom. En effet, j’ai comme toujours uniformisé la sensation de volume perçu afin que cela ne vienne pas fausser votre jugement. Du coup, les différences sautent forcément moins à l’oreille… Mais alors, quel est donc l’intérêt au final ? Outre le grain sonore, jetez donc un œil aux niveaux crêtes des différents samples. Elle n’est pas belle la vie ?
Voyons à présent ce qu’il est possible de faire sur un bus regroupant cette batterie avec la ligne de basse précédente, le tout agrémenté d’un petit « whoosh » cinématique :
- 15_Bus_dry00:16
- 16_Bus_2k500:16
- 17_Bus_2k5-Zener00:16
Comme d’habitude, le premier extrait se résume au signal source en guise de référence. Sur le deuxième exemple, une instance du plug-in calée sur la modélisation 2k5 sert à donner une plus grande cohérence ainsi qu’une belle sensation de mouvement à l’ensemble sans pour autant dénaturer l’impact du break. Enfin, une deuxième instance en mode Zener vient tenir la bride du signal tout en ajoutant une touche de « couleur » vintage. Notez qu’ici, aucun autre traitement n’a été utilisé et que cela mériterait certainement quelques retouches, notamment au niveau de l’égalisation de la cloche par exemple. Ceci étant, je trouve le résultat particulièrement attrayant.
Pour finir, essayons la bête dans le contexte d’un mix :
- 18_Nonetheless_dry00:27
- 19_Nonetheless_Drums00:27
- 20_Nonetheless_Bass00:27
- 21_Nonetheless_Gtr-FX00:27
- 22_Nonetheless_Vox00:27
- 23_Nonetheless_Mixbus00:27
J’ai commencé par retravailler la batterie qui me semblait un peu mollassonne. La grosse caisse et la caisse claire sont traitées avec des instances utilisant le modèle E-Channel pour regagner en « poids » ainsi qu’en impact. De plus, une troisième instance est insérée sur le bus batterie pour un traitement parallèle au travers du 2 A histoire de donner à l’ensemble un peu plus de caractère.
Pour la basse, trois instances de TrackComp sont utilisées en série :
- 2A pour niveler la ligne tout au long de l’extrait ;
- 160 afin de ragaillardir les transitoires ;
- Zener pour la coloration.
Sur le quatrième exemple, un 160 placé sur le bus des guitares électriques permet d’obtenir un son sensiblement plus « tranché » alors qu’un 2k5 avec le « Stereo Link » à 47 % sur le bus des effets (notes aigües) sert à accentuer la sensation de mouvement dans le champ stéréo.
Pour la voix, la fameuse utilisation en série d’un 1176 (ici 76A) suivi d’un LA-2A fait mouche.
Pour finir, une instance du G-Bus sur le master sert à lier le tout.
Bien entendu, l’ajout de ces compresseurs sur le prémix original vient modifier l’équilibre général, surtout en ce qui concerne l’espace 3D au travers de l’expression des réverbérations. Il conviendrait donc de retravailler un peu tout ça. Cependant, le rendu global est diablement sympathique avec justement un beau gain en profondeur de champ, vous ne trouvez pas ?
Bref, comme diraient mes deux collègues barbus, il est grand temps de passer au « conclusage » !
Sydney
Regrouper autant de compresseurs différents au sein d’un seul plug-in est un défi audacieux que DMG Audio relève avec brio selon moi. Certes, quelques couacs ergonomiques viennent parfois enquiquiner l’utilisateur, mais c’est largement compensé par d’autres fonctions forts bien senties (comparaison A/H, options de rendu « offline », etc.) et en fin de compte, la qualité sonore délivrée rafle tout sur son passage. Avec un tarif de 84,99 £ HT, soit environ 122 € TTC, le rapport qualité/prix est tout bonnement incroyable ! De fait, TrackComp deuxième du nom offre de quoi faire face à quasiment toutes les situations. Le seul véritable manque me semble être l’absence d’un modèle Vari-Mu, mais cela pourrait bien être comblé à la faveur d’une future mise à jour étant donné l’historique du joujou…
Comme d’habitude, je vous invite à ne pas prendre mes propos pour argent comptant. Téléchargez donc la version d’évaluation, vous m’en direz des nouvelles !