La série X-Gear développée par IK Multimedia est composée de quatre pédales. Nous avons déjà eu le loisir de tester la X-Vibe, avec un ressenti plutôt mitigé. Dans ce test nous verrons si la marque italienne est capable de nous proposer une pédale de delay plus attrayante.
Déballage !
La X-Time ressemble à toutes les pédales de la série X-Gear avec un châssis en aluminium aux dimensions plutôt généreuses de 17,5 cm x 14,5 cm x 5,8 cm. Le choix de la couleur verte n’est probablement pas anecdotique quand on sait que dans le monde des multieffets c’est celle qui est généralement utilisée par les marques pour les effets de delay. La pédale est lourde avec un peu moins d’un kilo sur la balance. Ainsi, un pedalboard avec la collection complète de la série X-Gear, en plus du jeu de jambes, vous fera travailler les bras !
La pédale propose trois footswitchs A, B et TAP. Les deux premiers servent à naviguer entre deux presets et le TAP, comme son nom l’indique, vous permettra de taper le tempo souhaité. En combinant les footswitchs par binômes, on pourra naviguer entre les 150 banques de presets disponibles et personnalisables.
Les réglages sur la pédale se font à l’aide de huit potards en plastique qui semblent plutôt fiables. Trois d’entre eux sont dédiés à la navigation entre les presets et les paramètres internes de la pédale (MODEL, PRESET et PARAMETER) et les cinq autres permettent de contrôler les fonctions communes d’un delay (TIME, FEEDBACK, FILTER, MOD et MIX).
La X-Time est équipée d’un écran qui propose un affichage « à l’ancienne » qui a pour vertu d’être bien visible sur scène. Il sera en revanche plus pénible à utiliser pour naviguer dans les options de la pédale.
Enfin, la connectique est irréprochable avec la possibilité de rentrer et sortir en mono ou en stéréo, de travailler en MIDI, de connecter une pédale d’expression pour agir sur certains paramètres en temps réel ou encore de connecter la X-Time en USB pour gérer ses différents presets avec l’application « The Librarian ». On pourra également s’en servir comme d’une carte son externe, ce qui pourra être pratique dans certaines configurations nomades.
En plus du logiciel de gestion des presets, la marque offre aux acquéreurs des pédales de la série une licence d’Amplitube 5 SE. C’est un point intéressant, car il sera possible de transférer vos presets réalisés sur Amplitube vers la pédale. L’alimentation est en 9 volts centre négatif et IK Multimedia fournit un bloc d’environ 1 ampère. Le tour du propriétaire est donc concluant et la construction inspire confiance.
La boite en fer, la boite à tout faire !
La X-Time, tout comme pour le châssis, reprend des caractéristiques techniques identiques aux autres pédales de la série. On retrouve ainsi des convertisseurs 24 bits/192 kHz à très faible bruit et une réponse en fréquences allant de 5 Hz jusqu’à 24 kHz. La pédale propose également de choisir entre un true bypass ou un « soft » bypass, autrement dit, un buffer. Chacun y verra son intérêt selon, par exemple, la configuration du pedalboard.
La pédale propose 16 algorithmes, s’inspirant de machines réelles. Cependant, IK Multimedia ne donne aucune information précise sur les fameuses machines simulées. Ces détails restent finalement toujours un peu anecdotiques.
Ainsi les 16 delays à notre disposition sont les suivants : VTG TAPE, MOD TAPE, ANALOG, DIGITAL, PING PONG, PATTERN, DUAL, REVERSE, REV PONG, SWELL, DUCK, PITCH, HARM, DIRTY, SLAPBACK et ARCTIC.
Le moins que l’on puisse dire c’est que les équipes italiennes n’ont pas été radines et jouent la carte de la polyvalence avec une boite à outils plus que complète. La navigation entre ces différents effets s’effectue de manière très simple à l’aide du potard MODEL.
Pour certains effets, on aura en plus des réglages communs directement accessibles, quelques options supplémentaires disponibles en activant le potard PARAMETER. Par exemple, sur le delay ANALOG, on pourra définir un coupe bas et un coupe haut, là où sur le mode REV PONG, on pourra doser la réverbe, activer ou non l’effet de « reverse » et définir la fréquence du LFO. Vous l’aurez compris, les possibilités sont immenses, on retrouve à l’usage un côté « multi-effets » offrant une multitude de possibilités. Cependant, malgré les nombreux réglages, j’ai trouvé la prise en main de la pédale plutôt rapide et ne nécessitant pas d’avoir le manuel sous les yeux pour comprendre les fonctions essentielles.
Ça sonne ?
Parfois oui… parfois pas trop. De manière générale, on retrouve un côté « plastique », évidemment imputable à la condition numérique de la pédale. Mais la concurrence a sorti dernièrement quelques produits de gamme similaire au rendu beaucoup plus profond et chaleureux, avec ce petit quelque chose qui nous transporte. À part quelques exceptions, je n’ai pas eu ce sentiment en jouant avec la X-Time. Je modère cependant mon propos, car les différents effets sont propres et, pour la grande majorité, tout à fait exploitables en conditions réelles (attention quand même à bien doser le MIX, car la pédale est parfois vite envahissante). Les solistes pourront par exemple apprécier le mode PING PONG qui propose en plus du traditionnel gauche/droite, un gauche/centre/droite, et ce n’est pas si commun !
Les cinq premiers modes permettent d’avoir un effet de delay plutôt traditionnel, entre un grain vintage ou au contraire quelque chose de plus transparent. Les modes suivants sont quant à eux plus « artistiques » ou expérimentaux, au choix. Par exemple, le mode REVERSE est agréable à utiliser et saura trouver sa place sur quelques suites d’accords en son clair.
Le mode PITCH est quant à lui un peu déstabilisant. Dans l’exemple audio de ce test, j’ai réglé le delay à 0 ms, ce qui transforme finalement la pédale en une sorte d’octaver.
Mon coup de cœur va pour les trois modes REV PONG, DIRTY et ARCTIC. Les trois permettent de travailler sur des textures sonores plus ou moins marquées. Dans les exemples audios à votre disposition, j’ai par exemple augmenté au maximum le potard de MIX du mode ARCTIC pour transformer ma guitare en une sorte de synthétiseur. Le mode DIRTY est intéressant à utiliser avec une pédale d’expression afin de faire varier la présence de l’effet en temps réel.
La X-Time offre vraiment la possibilité de s’amuser et de tenter quelques effets un peu poussés et originaux. C’est encore une fois la grande force de cette pédale, à savoir sa grande flexibilité et polyvalence.
- 1 – VTG TAPE00:23
- 2 – MOD TAPE00:32
- 3 – ANALOG00:26
- 4 – DIGITAL mode Double00:20
- 5 – PING PONG L-C-R00:28
- 6 – PATTERN00:42
- 7 – DUAL00:23
- 8 – REVERSE00:42
- 9 – REV PONG00:36
- 10 – SWELL00:40
- 11 – DUCK00:22
- 12 – PITCH –1200:18
- 13 – HARM mode 3ce00:29
- 14 – DIRTY00:53
- 15 – SLAPBACK00:17
- 16 – ARCTIC MIX 100%01:07
En fouillant dans les menus de la pédale, je tombe sur une option plutôt inattendue, à savoir la possibilité de simuler un baffle ! En effet, il est possible dans le cadre d’un pedalboard nomade destiné à être branché directement dans une console sans passer par un amplificateur, de choisir entre quatre simulations pour guitare et une simulation pour la basse. L’idée est surprenante, car on n’achète pas un delay pour cet usage, mais elle est bonne. Le rendu lui, l’est beaucoup moins. Les simulations sont très compressées, le son est beaucoup trop lissé et les simulations dénaturent énormément les qualités sonores du matériel branché en amont. Il est regrettable de ne pas pouvoir charger au moins une IR qui fonctionne bien avec son matériel. Cette option reste en définitive davantage une solution de secours plus qu’une option que l’on utilisera pour sculpter le son.
D’autres bonnes idées sont au rendez-vous, comme la possibilité de verrouiller la pédale pour éviter de dérégler un preset sur scène. Il suffit pour cela d’appuyer simultanément sur MODEL et PRESET.
On pourra aussi personnaliser le fonctionnement du TAP TEMPO avec au choix un réglage en millisecondes ou avec une découpe rythmique (toutes les subdivisions qu’elles soient binaires, ternaires ou pointées sont disponibles).
Enfin, il est possible d’activer un preset de manière temporaire, tant que le pied reste posé sur le footswitch correspondant.
Conclusion
La X-Time proposée par IK Multimedia n’est pas une mauvaise pédale, elle n’est simplement pas exceptionnelle. Il est vraiment dommage d’avoir des effets au rendu manquant de caractère et de chaleur qui nous rappellent que l’on joue sur un effet numérique. Car au prix public de 359 euros, la marque italienne propose une pédale bien construite, disposant de toute la connectique nécessaire (y compris le MIDI), une prise en main plutôt bien pensée, une belle polyvalence qui donne un côté « boite à outils » et enfin une partie logicielle parfaitement bien intégrée. L’achat de la X-Time pourra se justifier par l’envie de posséder un delay capable de tout faire, ce qui peut-être un argument de poids pour bon nombre de guitaristes. Bien entendu, comme souvent avec les effets stéréos, on pourra envisager d’utiliser la X-Time dans une configuration non guitaristique. Les nombreux réglages offrant moult possibilités sonores.