Le catalogue de Boss s'enrichit depuis quelques mois d'effets classiques de la marque estampillés « Waza Craft ». Sous cette appellation se cache une main d’œuvre japonaise plus respectueuse de la qualité des débuts et c'est au tour de la fameuse Metal Zone d'y passer.
C’est qu’elle aura été décriée notre petite MT-2… Star des pédales de distorsion des années 90, elle a connu son heure de gloire avant de tomber en désuétude, sacrifiée sur l’autel des effets boutiques et autres modes plus ou moins heureuses. Souvent présentée comme étant la première pédale de saturation du débutant, il n’en est pas moins qu’un réglage fin et efficace fournit des résultats parfois bluffants. Il suffisait d’entendre le son de Larry LaLonde de Primus à l’époque pour s’en apercevoir. Quoi qu’il en soit, c’en est fini de la manufacture taïwanaise ! Retour au Japon pour une nouvelle ère de zone métallique.
La pédale est livrée dans sa traditionnelle boite cartonnée, accompagnée de sa notice (quand Roland ne se trompe pas en incluant celle de la Dimension…). Le logo Waza Craft fait partie intégrante de la légendaire gomme noire devant affronter nos chaussures lors de la mise en route de l’effet. Les réglages sont identiques à la précédente version, à savoir un volume général, deux potards concentriques dont l’un gère les basses et les aigus alors que l’autre cible la plage de fréquences des médiums ainsi que son dosage. Le gain ferme la marche, vous savez, ce gain qui faisait souffler notre vieille MT-2 comme une asthmatique. Nous vérifierons si cette tuberculose auditive est toujours d’actualité.
Un switch attire notre regard sous les potentiomètres principaux. Permettant de passer du mode S classique revisité au mode C custom, il va se révéler absolument décisif par la suite.
La pile étant fournie, c’est sans adaptateur secteur que nous testerons cette pédale. Un KelT MostrO RedHead 50 watts équipé de lampes EL34 en section de puissance est désigné pour faire rugir l’effet, choix justifié par une neutralité absolue du canal clean. La guitare est une Charvel So-Cal japonaise au même titre que cette MT-2w, peut-être pour inconsciemment la rendre plus docile. Le son est capté avec un Shure SM57 placé juste devant un haut-parleur Celestion V30 incrusté dans un baffle Laboga 4×12.
Wazaaaaa
Comme vous pouvez l’entendre, le son clean de base est très neutre. L’égalisation de l’ampli a été totalement réglée à 50% pour laisser la place à celle de la pédale.
Voici maintenant quelques sons joués avec l’ancienne version taïwanaise pour établir un point de comparaison. Force est de constater que malgré la réputation putride de cette pédale, un résultat plus que satisfaisant peut être obtenu avec un minimum de soin et une prise de son de qualité.
Commençons par le mode S qui prétend réinterpréter celui de la MT-2 traditionnelle tout en lui apportant d’après Boss quelques modifications bienvenues telles qu’un bruit réduit et un tout nouveau circuit analogique. EQ réglée à 50%, nous constatons la véracité de ces prétentions. Le grain est plus naturel, plus organique que sa grande sœur tout en restant agressif avec beaucoup de réserve de gain. Par contre, le réglage de volume est toujours aussi timide, nous forçant à le pousser dans les tours pour atteindre le niveau du son clean. Il est dommage que ce point important soit passé au travers de la mise à jour très efficace du circuit. La précision est de mise, aidée en cela par les micros DiMarzio Tone Zone et Evolution de la Charvel. Le gain poussé à fond avec la même égalisation présente un silence de fonctionnement correct qui, sans figurer parmi les meilleurs jamais entendus, reste plus flatteur que par le passé. La texture sonore avec le gain au maximum est toutefois moins boueuse et plus exploitable, là où auparavant une mer de saturation venait noyer l’expressivité.
- modeSall50%00:51
- modeSgain100%01:09
Avec les graves augmentés et les médiums et aigus à peine en retrait, un réglage subjectivement idéal a été trouvé avec le gain à 75%. Bon compromis entre respect du jeu et bruit de fond raisonnable, cette configuration demeure la préférée de votre serviteur.
Une fois le switch basculé sur le mode Custom, on constate une bosse dans les médiums qu’il conviendra de dompter avec ladite section Medium. Aucune différence de volume n’est de la partie, toutefois le surcroît de fréquences mids donne l’illusion d’une augmentation. Attention donc à bien doser des réglages qui deviennent subitement beaucoup plus subtils et sensibles. Avec des réglages appliqués de façon identique au mode S lors de ce test, cette petite bosse persiste et change complètement le caractère de la distorsion sans pour autant la rendre moins bonne.
- modeCall50%00:51
- modeCgain100%01:26
- modeCEQenVgain75%01:30
Écoutons maintenant l’impact du double potard concentrique de la section Medium. En mode S, ces variations sont moins radicales qu’en mode C où des réglages extrêmes pourraient devenir criards. D’une façon générale et quelles que soient les préférences, l’attaque est belle et la réactivité meilleure qu’avec notre bonne vieille MT-2.
- modeSmidboost01:06
- modeCmidboost01:06
Dans un cadre de mix rapide avec une batterie et une basse seules, le résultat est très convaincant à nouveau grâce à un meilleur équilibre général et un grain bien plus musical. Les harmoniques sortent sans souci, qu’ils soient sifflés, naturels ou frappés.
En zone rouge ?
La MT-2w est-elle meilleure que son ancêtre ? Oui, sans conteste. Est-elle la meilleure pédale de saturation du monde ? Non, sans conteste. Il était difficile pour Boss de proposer une amélioration suffisante pour justifier un nouvel achat d’une telle référence, aussi décriée et raillée sans trahir ce qui faisait de la Metal Zone une Metal Zone. Le tour de force est ici réussi, avec une pédale qui pourra figurer dans moult pédaliers sans honte et à la fabrication japonaise sérieuse. Une Metal Zone 2.0, pour ainsi dire.