De conception française, les effets Ministry of Tones au format pédale arrivent entre nos mains impatientes. Parmi eux, l’Ultima Ratio qui affirme enfermer dans sa petite boite le meilleur d’une célèbre marque d’amplis anglais.
Fabriquées en Chine par les usines Caline, marque assez présente sur Amazon, les pédales Ministry of Tones arborent un look relativement uniforme. Boîtier en aluminium gris, potard métalliques dorés, il n’y a que la rondelle présente sous le footswitch qui soit en plastique. Une construction qui inspire confiance pour cette distorsion assez classique dans ses réglages. Gain, volume et égalisation à trois bandes constituent les contrôles de l’effet, ainsi qu’un switch Vetus / Novus assez intriguant…
Ultima, le RPG ? Non la pédale
Sans plus attendre, nous branchons cette pédale en direct dans un ampli EVH 5150 50 watts EL34 sur le canal clean, lui-même connecté à un baffle EVH assorti de deux haut-parleurs Celestion G12H30 captés par un Shure SM57 pour finalement attaquer une Scarlett Focusrite 18i8. La guitare est une Charvel So Cal mexicaine avec ses micros Seymour Duncan TB6 Distortion. Le clean de base est neutre, avec une égalisation positionnée au centre sur toutes les bandes.
Les modes Vetus et Novus peuvent être assimilés à des simulations analogiques de Marshall JTM45 et JCM800. Une première mise en marche rapide avec tous les potards de la pédale à midi nous indique déjà que le gain est plus important que les amplis censés être émulés, il va donc s’agir de versions boostées et hot roddées (ce qui n’est pas pour déplaire à votre serviteur). En position Vetus, le grain est rond et semblable au JTM. Pour obtenir l’original, il ne faudra par contre pas dépasser les 40 % de gain. On est déjà surpris par un surcroît de fréquences basses un peu exagéré, chose que l’on peut facilement corriger avec une égalisation efficace. Poussé au maximum, le gain présente une saturation typiquement anglaise, classique mais puissante. Le grain est très beau et la fidélité au signal entrant de la guitare est totale. Micro manche, jeu au potard, tout y passe. Le réglage de gain est réellement un atout majeur de cet effet tant il peut balayer tous les possibles : quasi clean, crunch et saturé de l’enfer sont présents.
- vetustestEQ00:55
- vetustestgain01:05
- vetusall50%01:18
- vetusgain100%01:12
La réactivité au potard de volume de la guitare est parfaite, le respect de la dynamique de jeu est total. Le volume général de la pédale permet une adaptation tout terrain, capable de rattraper un son clair faiblard.
En mode Novus, nous avons affaire à un gros, très gros JCM800 boosté de belle manière. Les bonnes impressions ressenties avec le canal Vetus se confirment, ainsi que les réserves. Les basses gagneraient vraiment à être baissées pour ne jamais dépasser la moitié, quel que soit le contexte d’utilisation de la pédale.
Ce second canal déchaîne la saturation à l’anglaise et on se prend pour Judas Priest l’espace d’un instant. Le sustain est excellent et la définition sonore très fidèle aux amplis ayant inspiré la démarche de Ministry of Tones.
- novustestEQ01:10
- novustestgain01:25
- novusall50%01:14
- novusgain100%01:05
La course physique des potentiomètres ne présente pas de frein, les boutons se tournent agréablement malgré une fabrication asiatique au coût mesuré. L’ouverture du boîtier nous révèle des circuits proprement soudés mis à part le support de la pile de neuf volts qui inspire assez peu confiance. Il faudra redoubler de vigilance pour ne pas arracher ce support lors du changement de la pile. Dans ce cas l’usage d’un adaptateur secteur est plus que recommandé, l’alimentation étant identique au standard Boss.
Malgré un taux de gain relativement important, le souffle est très raisonnable. En cas d’utilisation d’un noise gate, il ne faudra pas pousser le réglage de seuil trop loin, c’est votre dynamique de jeu qui pourra bénéficier de toutes les nuances au potard de volume de votre guitare. L’Ultima Ratio offre assez de gain pour se passer d’un boost placé en amont de votre chaîne d’effets, un générateur de bruit en moins ! Après plusieurs dizaines de minutes de jeu, on se régale vraiment à pratiquer la pédale, sans y ajouter quoi que ce soit.
Un son parfaitement satisfaisant a été trouvé avec le gain à 80 %, les basses à 40 %, les médiums à 40 % aussi et les aigus à 55 %. Les basses sont ainsi domptées, les médiums un peu creusés comme on les aime avec un peu de clarté dans les aigus.
En situation de mix, c’est un délice. Seule une réverbe a été ajoutée au son de base, l’EQ restant celle de la pédale. Le canal Novus chante, danse et met ses baskets. En terrain Van Halenien, c’est le bonheur.
Veni, vidi, vici
Il en faut du courage pour se lancer à l’heure actuelle dans le marché sursaturé de la pédale d’effets. Des milliers de références, des nouveautés tous les jours, des pédales de saturation par centaines, des « amp in a box » à la mode… En quoi l’Ultima Ratio peut-elle tirer son épingle du jeu dans une telle offre ? Par sa polyvalence extrême et son grain excellent. Certes, la fabrication chinoise fait un peu grincer des dents, mais la qualité de la construction ne fait aucun doute pour un tarif raisonnable en regard de la qualité de l’effet. Allez Ministry of Tones, plus qu’un petit effort sur les basses et vous aurez une superbe tête de gondole pour présenter votre gamme de pédales, courage ! En attendant, je m’en retourne m’amuser avec l’Ultima Ratio, excellente pédale d’émulation d’amplis anglais s’il en est.