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Test des moniteurs KRK Classic 8ss Scott Storch - Moniteurs plaqués or

8/10
Award Qualité/Prix 2023
2023
Qualité/Prix
Award

KRK sort sa première série signature, en édition limitée, qui brille de mille feux ! Des moniteurs étonnants et pas dans l'air du temps. Alors, le son Scott Storch, derrière cette allure bling bling, qu'est-ce que ça donne ?

Test des moniteurs KRK Classic 8ss Scott Storch : Moniteurs plaqués or

Moni­teurs à contre-courant

On ouvre les cartons, on déballe les enceintes et l’im­pres­sion visuelle est saisis­sante : le panneau avant est doré et brille de mille feux ! Pour le reste, on retrouve le design typique KRK, avec une membrane jaune et noir, et le logo juste au-dessus à gauche. face2Très fran­che­ment, on n’est pas vrai­ment séduits par le look de ces moni­teurs, un peu trop « m’as-tu-vu » à notre goût… mais juste­ment, c’est une affaire de goût ! La dimen­sion est assez saisis­sante aussi, 396 de haut pour 275 de large et 315 en profon­deur, ce qui plutôt impo­sant pour une enceinte deux voies, même avec un haut-parleur 8 pouces. Alors que la plupart des construc­teurs veulent faire entrer le plus de voies possible, et notam­ment de voies graves dans de petits volumes, KRK est un peu à contre-courant sur cette affaire, et sur d’autres aspects aussi, comme on le verra par la suite. On découvre main­te­nant le panneau arrière et on est saisis cette fois par sa simpli­cité : outre la connec­tique d’en­trée en RCA, XLR ou TRS, et l’in­ter­rup­teur, quelques contrôles pour ajus­ter les fréquences aigües (de –2 dB à +1 dB) et graves (de –2 dB à +2 dB) et le volume (de –30 dB à +6 dB). arriereCes trois rota­tifs sont cran­tés, numé­ro­tés au moins en partie, ce qui est très bien pour s’as­su­rer d’une stéréo cohé­rente. Enfin, sur la gauche du panneau arrière, l’icône de Scott Storch, dont on avait déjà remarqué la signa­ture sur le panneau avant. Mais qui est Scott Storch ? Parmi ses faits d’armes, il a été un musi­cien du groupe The Roots, ce qui force le respect, puis un produc­teur pour des artistes au succès massif comme Dr. Dre, Beyoncé ou 50 Cent. On est donc dans un monde Hip-hop, R’n’B, et sans aller jusqu’à dire que les moni­teurs sont réser­vés à ces genres musi­caux, c’est proba­ble­ment dans ce type de son qu’elles s’ex­pri­me­ront le mieux. Scott, sur les photos qui accom­pagnent la sortie de ces KRK signa­ture, porte des lunettes de soleil en studio, de grosses chaînes et montres qui brillent, donc on comprend un peu mieux le doré des moni­teurs. Il faut préci­ser que ces KRK Clas­sic 8ss ne proposent aucune connexion numé­rique, logi­ciel de contrôle à distance ou système de cali­bra­tion, toutes ces nouvelles possi­bi­li­tés à la mode chez les marques de moni­teurs de studio. De simples et grosses enceintes qui sonnent comme elles sonnent, sont ce qu’elles sont et à part trois petits réglages, on ne pourra rien y faire, c’est presque devenu une propo­si­tion origi­nale.

  • scott
  • reglages

 

Cheap bling bling

KRK, ça évoque pour beau­coup d’entre nous les premières enceintes qu’on a eues. Des Rokit, par exemple, pour lesquelles on a gardé une petite tendresse, même si on les a rempla­cées quand on a eu les moyens de s’of­frir des moni­teurs plus précis. Car la marque est asso­ciée, à juste titre, à l’idée d’un maté­riel très abor­dable, aux perfor­mances vrai­ment honnêtes pour le prix… un symbole de la démo­cra­ti­sa­tion du home studio, en quelque sorte. On a véri­fié dans le cata­logue de maté­riel audio le plus connu du conti­nent, l’en­ceinte KRK la plus chère est en dessous de 600 €, et la plupart se situent (à l’unité) entre 100 et 300 €. C’est dans cet esprit que s’ins­crivent les 8ss de Scott Storch, qui sont vendues 299 € l’unité. En revanche, pour reve­nir au cata­logue le plus connu du conti­nent, elles n’y sont pas : en effet, ces moni­teurs sont produits en quan­tité limi­tée, 500 paires dans le monde, et par consé­quent ne sont pas dispo­nibles chez tous les distri­bu­teurs ou reven­deurs. paire biais serré 2

Pour entrer dans la descrip­tion tech­nique, ces enceintes sont des deux voies, avec un haut-parleur 8 pouces, un twee­ter 1 pouce en dôme textile et un large et profond bass reflex en bas. La fréquence de coupure est à 2 kHz, ce qui est préci­sé­ment celle du filtre aigu. 

Équi­libre fréquen­tiel

On installe les moni­teurs dans la control room du studio, où on va les compa­rer avec notre paire de réfé­rence, des Gene­lec 1030A, et une paire de Adam A7X au prix plus compa­rable avec les KRK.

Alright – Kendrick Lamar

On décide de commen­cer avec un morceau de Hip-hop, pour se mettre dans un contexte cohé­rent au regard de la signa­ture Scott Storch, et du public a priori visé par la marque sur ce produit. D’em­blée, on est surpris : par la qualité et l’équi­libre du son que dégagent ces moni­teurs, et par leur profil. On s’at­ten­dait à de graves et bas médiums très présents, car c’est une tendance lourde dans la produc­tion de moni­teurs de studio ces derniers temps, et parce que l’orien­ta­tion Hip-hop, Pop grand public de la signa­ture Scott Storch avait orienté notre imagi­na­tion dans ce sens, sans comp­ter que nos vieilles Rokit 5 avaient un peu ce profil (bas médium, puisque évidem­ment du vrai grave, elles n’en avaient pas). Mais ce n’est pas du tout ce qu’on entend ici, et honnê­te­ment la réponse en fréquences de ces moni­teurs nous semble d’ins­tinct plus équi­li­brée que celle de modèles bien plus chers testés ces derniers mois. Les aigus sont bien présents, même s’ils sont moins saillants que sur nos Gene­lec, les tran­si­toires notam­ment sont au rendez-vous. On sent que dans l’ex­trême aigu, il manque un peu d’air, mais fran­che­ment, c’est nette­ment plus clair qu’avec les KRK qu’on a connues avant, et même qu’avec les A7X. À l’autre bout du spectre, on n’a pas le senti­ment que les 8ss descendent très bas, mais le niveau des fréquences graves nous semble cohé­rent. Un peu au-dessus, le bas médium est un peu massif, mais rien de vrai­ment pertur­bant.

A New Error – Mode­rat 

biais gaucheQuand on se penche sur le bas du spectre, c’est notre morceau de réfé­rence. Cette écoute confirme nos impres­sions, les 8ss ne descendent pas très grave, on est un peu déçus sur ce plan-là. Mais en revanche, elles ont la grande qualité de ne pas avoir de basses fréquences enva­his­santes, et la balance tonale est assez cohé­rente. On va s’in­té­res­ser aux quelques possi­bi­li­tés de réglage, voir ce qui se passe si on augmente les graves, car on anti­cipe déjà que certains vont penser qu’il en manque. Éton­nam­ment, on ne peut augmen­ter que de 2 dB : le +1 dB n’existe pas alors que dans le néga­tif, on a les deux options. Avec ce petit ajout de grave, on obtient un réglage plus perti­nent pour ce genre de musique élec­tro­nique où le contrôle des basses est un enjeu essen­tiel. Mais pour autant, on sent bien que l’ex­trême bas du spectre manque toujours un peu, et ce +2 dB a presque plus affecté le kick et son éner­gie que les basses. En réalité, ce filtre agit sur tout ce qui se situe en dessous de 200 Hz, ce qui est un peu trop haut à notre goût et vient augmen­ter un peu de bas médiums dont on ne manquait pas. 

Dreams – Fleet­wood Mac 

On conti­nue notre explo­ra­tion avec de la musique un peu plus vintage. Ici, on ne manquera pas de basses, et la bande de fréquences augmen­tée précé­dem­ment vient souli­gner le groove de la chan­son. Sur le plan de l’image stéréo, et sur la disso­cia­tion des éléments, on n’est pas sur l’image la plus précise et subtile qu’on a enten­due, mais il faut se rappe­ler qu’on écoute une paire à 600 €, et la compa­rer avec des moni­teurs trois fois plus chers serait injuste. On va s’in­té­res­ser au filtre aigu, et écou­ter ce que le petit ajus­te­ment à +1 dB peut appor­ter en clarté. Là, on est plutôt déçus, car la zone du spectre augmen­tée descend trop bas, vers 2 kHz, et on gagne plus en hauts médiums qu’en aigus. L’air qui nous manquait légè­re­ment n’est pas plus là qu’avant, et on se dit que ce filtre servira peut-être plus en néga­tif à ceux qui veulent moins de hauts médiums, au risque de sacri­fier les aigus… on n’est pas très convain­cus. On précise aussi que les filtres ne sont pas d’une effi­ca­cité énorme en termes de niveau, et les dB nous semblent petits. Les ajus­te­ments seront donc subtils.

15 Step – Radio­head 

On termine par un de nos morceaux fétiches pour tester des moni­teurs, une produc­tion complexe, riche de Sir Nigel Godrich. On manque là encore un peu de profon­deur dans la ligne de basse, mais en revanche au-dessus, la guitare est belle et très consis­tante. Les tran­si­toires sont vrai­ment saillantes, la produc­tion ryth­mique subtile de cette chan­son est très bien resti­tuée. 

Bruit blanc, micro d’ar­gent… enceintes en or 

Pour corro­bo­rer nos propos, nos impres­sions après ces quelques écoutes, on effec­tue des mesures à l’aide d’un micro Sonar­works. Il faut préci­ser que nous sommes reve­nus complè­te­ment à plat pour mesu­rer les fréquences, sans ajout ni atté­nua­tion d’ai­gus ou de graves. On commence avec un bruit blanc mesuré pendant quelques secondes, dont on va visua­li­ser la resti­tu­tion par cette paire de moni­teurs. Mesure bruit blanc KRK 8ss

On a la confir­ma­tion que le bas du spectre est assez peu repré­senté, on plonge en deçà de 100 Hz, et plus encore sous 50 Hz. La docu­men­ta­tion four­nie par la marque nous précise en effet que la réponse en fréquences à plus ou moins 3 dB ne descend pas plus bas que 42,5 Hz. Entre 100 Hz et 350 Hz, comme on l’avait entendu, c’est parti­cu­liè­re­ment présent. Ce qu’on n’avait pas iden­ti­fié, en revanche, c’est un manque de niveau entre 450 Hz et 1 kHz. De même, on est plutôt surpris de voir la courbe remon­ter au-delà de 5 kHz, et ce, jusqu’à 15 kHz envi­ron. On n’au­rait pas parié sur des aigus aussi présents en effec­tuant la mesure, mais en y repen­sant, la zone un peu au-dessus de 5 kHz est effec­ti­ve­ment un peu forte. Les caisses claires et autres éléments un peu agres­sifs, les attaques et les consonnes étaient bien présentes dans les morceaux qu’on a écou­tés. On repense au filtre aigu, qui pour­rait donc être utilisé pour adou­cir cette zone. 

À l’aide du logi­ciel Soun­dID Refe­rence de Sonar­works, on mesure une deuxième fois la réponse en fréquences de ces enceintes dans notre pièce. La procé­dure propo­sée par cet outil est assez élabo­rée et vrai­ment digne de confiance, pour l’ex­pé­rience qu’on en a. Le résul­tat vient confir­mer la mesure précé­dente, on retrouve les mêmes carac­té­ris­tiques dans les grandes lignes. SoundID Reference KRK 8ss

Conclu­sion 

En toute fran­chise, nos yeux ne trouvent pas ces KRK Scott Storch très gracieuses, mais en revanche, elles trouvent plutôt grâce à nos oreilles ! En tout cas au vu du prix, puisqu’il faut bien se placer dans l’idée que malgré leur allure bling-bling, c’est une paire de moni­teurs très abor­dables. On regret­tera un peu qu’elles ne descendent pas plus bas, en dépit de leur taille et du bass reflex, mais leur équi­libre et la cohé­rence globale des fréquences nous ont vrai­ment plu. Les deux filtres propo­sés pour l’aigu et le grave concernent à notre avis une bande de fréquences un peu trop large, mais ils ne sont pas néces­saires. Une bonne paire pour les petits budgets qui aiment ce qui brille ! 

Notre avis : 8/10

Award Qualité/Prix 2023
2023
Qualité/Prix
Award
  • L'équilibre fréquentiel
  • Le prix
  • De beaux aigus
  • Des moniteurs simples mais efficaces
  • L'allure dorée
  • Un petit manque de fréquences grave
Pays de fabrication : Chine

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