East West propose la suite de Ministry of Rock avec MOR 2, censée offrir le gros son nécessaire à des productions rock musclées. Revue.
Sans remonter à la préhistoire (de la musique…), de nombreux joueurs de clavier ont plus ou moins essayé de sonner comme des guitaristes. Avec parfois beaucoup de réussite, comme le montre Jan Hammer, dont le phrasé a rejailli sur Jeff Beck (et vice-versa) ou encore Dave Stewart (pas celui d’Eurythmics, le vrai…), notamment dans son album avec Barbara Gaskin, Skin (l’album est très moyen, mais les parties de Stewart sont remarquables).
Intérêt, pas d’intérêt, le débat est vaste, à l’heure où les émulations et l’échantillonnage pléthorique permettent aux praticiens des touches noires et blanches de simuler la plupart des instruments, aidés en cela par le progrès des interfaces de commande (classiques, à boutons et faders, ou plus musicales, comme les contrôleurs à vent, les rubans). Et oublions les ridicules claviers-guitare, qui ne faisaient que flatter l’ego des musiciens pouvant enfin se poser sur le devant de la scène à côté du guitariste…
Quasi tous les éditeurs se sont penchés sur le problème des sons de guitare, via l’échantillonnage, la synthèse, la modélisation ou un mélange des différentes parties. En 2008, après quelques banques consacrées à l’instrument (56 Stratocaster, par exemple), EastWest et Quantum Leap ont sorti la première version de Play, leur moteur audio, et pour l’accompagner, Ministry Of Rock (on trouvera le test des autres banques sorties à l’époque ICI).
La banque proposait non seulement des sons de guitare, mais aussi de basses et de batterie avec une esthétique rock et métal, le tout contenu dans à peu près 20 Go d’échantillons enregistrés dans le fameux Studio 2 d’EastWest. Des échantillons Legato, Staccato, Round Robin, des batteries Ayotte, Ludwig, Gretch, des guitares et basses Fender, Specter, Kubiki, Musicman, Gibson, et PRS le tout passant dans des amplis Ampeg, Marshall, Fender, Bogner, Vox et Budda, il y avait de quoi faire…
Et voilà que débarque la suite, Ministry Of Rock 2.
Introducing Ministry Of Rock 2
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Deuxième instrument donc deux fois plus de contenu, semble en avoir décidé l’éditeur. Plus de 57 Go, 60 000 échantillons (24 bits/44,1 kHz), huit DVD, soit deux heures d’installation, nécessitant de rester à côté de son ordinateur ; mieux vaut prévoir un bon bouquin…
Compatibilité Mac/PC, 32 et 64 bits pour les deux OS (entre le début de ce test et sa remise, Play 3 est sorti), AU, VST, RTAS et standalone, c’est complet. Autorisation via iLok, vérification des mises à jour, et on est prêt à écouter la bête.
Question instruments, on bénéficie donc de trois familles, guitares, basses et batterie, ces dernières enregistrées dans le studio 1 (tiens, et pourquoi pas dans le studio 2 afin de proposer une acoustique cohérente avec celle du prédécesseur ?). Rayon guitares, les instruments proposés dans le premier volume étaient déjà très variés, il a donc fallu à l’éditeur offrir autre chose, quitte à faire appel à des instruments moins usités. Ainsi on dispose d’une Les Paul sept cordes, d’une Schecter Hellraiser sept cordes, d’une Danelectro baryton, d’une Carvin, d’une Telecaster Thinline et d’une Jaguar. Du côté des basses, une Music Man Stingray cinq cordes et, ce qui devrait être une bonne nouvelle, la quasi-totalité des basses sorties à l’époque sous le nom de Hardcore Bass et Hardcore Bass XP. C’est-à-dire, une Lakland, une Stingray, une Jazz Bass fretless de 61, une Höfner, une Gibson EB2 de 65, une Silvertone de 66 et une Rickenbacker de 72. Wooh… Pour finir, les batteries offrent des kits et éléments séparés DW, Gretsch et Ludwig plus six caisses claires.
Tout ce beau petit monde a été enregistré dans les règles de l’art avec le meilleur matériel possible (Neve, Neumann, Telefunken, AKG, Manley, Fairchild, Royer, Chandler et Meitner), via les meilleurs amplis possibles (Fender, Divided By Thirteen, Marshall, Mesa Boogie, Bogner et Vox) par une solide équipe de musiciens, Shane Gibson, Greg Suran, Doug Rappaport, Ashif Hakik, Tal Bergman et Pierre Martin (je vous laisse le soin de vous amuser avec gougueule pour savoir qui a fait quoi, même si certains noms parlent tout de suite…). Un a priori plutôt positif, à la lecture. Voyons voir (et écouter).
Scream !
Commençons par les six, euh, sept cordes et assimilées. Elles sont séparées en deux familles, Heavy Guitars et Rock Pop Guitars. Chaque guitare est ensuite divisée en Lead et Rhythm, à l’exception des Jaguar et Telecaster qui offrent elles une catégorie Strummer en lieu et place des Rhythm. Ultime division selon les modèles, Elements, qui propose toutes les articulations accessibles individuellement, KS and MOD, qui regroupe les programmes multiples, permettant de passer d’une articulation à une autre, soit par keyswitches (les plus complets) soit par la molette de modulation (qui, sur les autres programmes, est par défaut assignée au filtre et apparemment à l’attaque) et Tempo Sync Performance, généralement des programmes trémolo qui sont, comme leur nom l’indique, synchronisés à un tempo, celui de l’hôte ou du standalone, que l’on spécifiera via la page Advanced Properties.
Commençons dans l’ordre, avec la Baryton. En mode Lead, on dispose de 10 articulations différentes, sept se retrouvant dans le programme KS (la différence s’explique par le regroupement des Up et Down, des Hammer et Pull Off, etc.). On retrouve ce principe sur la quasi-totalité des instruments.Une chose importante à spécifier : le principe permis (et retenu) par la gestion des canaux audio de Play (voir aussi le test). Ainsi, l’éditeur propose systématiquement deux prises de son d’un même instrument, la plupart du temps un canal via ampli et un canal via une boîte de direct, à l’exception des Carvin, Telecaster, Schecter et de la basse Music Man (on y reviendra). La mise à disposition d’un canal direct permet ainsi d’utiliser son propre ampli (via re-amping) ou simulateur. Pour tous les instruments, ne seront utilisés pour ce test que les programmes KS, ceux que l’on est à même d’utiliser le plus souvent, puisque toutes les articulations sont ainsi immédiatement sous les doigts. Les effets (sauf spécification contraire) ont été maintenus, afin d’entendre les instruments tels que les a conçus l’éditeur : la plupart des programmes comprennent en effet d’origine écho et/ou réverbe.
L’amplification est telle que la plupart des Harmonics sonnent plutôt comme si les notes étaient jouées normalement, ce qui n’est pas le cas avec le canal direct.
La qualité sonore est là, avec la précision et le côté in your face typique de East West. Les programmes legato fonctionnent très bien, permettant de réaliser des traits assez convaincants. Le trémolo reste invariant en cas de modification du tempo, à la différence des programmes Tempo Sync. Les notes durent suffisamment longtemps pour être exploitables dans quasi toutes les situations, et certaines fins laissent entendre de jolis vibratos, ou des bruits qui accentuent le réalisme.
Du côté Rhythm, c’est du Power Chord et des Chugs à foison, avec diverses variations en terme de longueur, des effets (sur la plupart des programmes, une octave et demie propose des bruits de frettes et de cordes), sur 20 KS (de C0 à F#1). De quoi faire de grosses rythmiques, et l’on peut apprécier la longueur des sustains. À noter que suivant les modèles, on trouvera aussi quelques phrasés répartis chromatiquement.
Il ne faut pas en attendre de subtilités, là non plus il n’y a pas d’échantillons joués doucement. Des programmes legato, Hammer et Pull-Off sont fournis, avec quelques problèmes sur les slides du KS F0, qui ne fonctionnent plus au-dessus de B2 : Play n’affiche plus de touches blanches à partir de cette note, bien que des échantillons soient assignés jusqu’à B3. On ne sait donc pas si c’est un bug de programmation ou d’affichage…
Le programme Tempo Sync offre des Power Chords palm muted à 260 BPM, non bouclés (deux mesures en croches), et pouvant donc s’adapter au tempo. La qualité du stretch est correcte, sans être exceptionnelle, ce qui ne permettra pas de grandes variations de tempo. De plus, on a du mal à les mettre en place, comme on peut l’entendre dans l’exemple, malgré une quantification après coup.
À noter que les versions Dry sont aussi présentes, ce qui permet d’utiliser son logiciel favori.
Un regret, aussi bien pour la version amplifiée que directe : l’attaque du médiator est très présente, et l’on ne dispose pas d’échantillons à faible vélocité, obligeant à jouer de la molette pour obtenir un “touché” plus léger, ce qui d’abord n’est pas simple, mais surtout qui modifie parfois trop le son (on pilote le filtre). Ce qui s’apparente plus à une pédale de volume qu’à des notes jouées doucement…
Les autres guitares étant conçues selon le même modèle, on ne s’attardera que sur les différences et éventuels problèmes rencontrés.
Les programmes de la Carvin Bridge présentent la particularité d’être constitués de deux séries d’échantillons saturés, joués séparément (les deux étant identifiables via leur appellation S1 et S2), afin de donner une impression de doublage réel. Les versions Dry sont disponibles par le biais des réglages de Pan, Stereo Double et Channel Source. Elle offre 18 programmes, plus que la Baritone, les possibilités expressives sont donc (un peu) plus nombreuses. Quelques sons :
Comme on peut l’entendre, quelques légers problèmes de mapping et/ou de justesse ici où là, comme avec les KS G0 et G#0, qui font entendre deux articulations différentes.
On peut bien entendu n’utiliser qu’un seul des canaux de la Carvin.
De son côté, la partie Rhythm regroupe moins d’articulations, puisque les KS ne s’étendent “que” de C0 à G0. Mais le son est là, le doublage des guitares prenant ici tout son sens pour la production de grosses rythmiques.
Passons à une rareté, une Les Paul 7-cordes ; là encore, on cherche le power chord qui déplace les murs… Si je ne me buse, il doit s’agir d’une Epiphone Les Paul (de 2001–2002), car il me ne semble pas que Gibson ait un jour réalisé un tel modèle (les connaisseurs me corrigeront dans le forum au cas où…).
Même répartition, 22 articulations en lead, on est gâté. Les KS sans vibrato descendent jusqu’au La grave, les autres à Si b.
Du beau son encore, avec un bémol quand on use du pitch bend pour l’effet de répétition de notes et/ou jeu sur deux cordes (la première note est jouée normalement, la deuxième attaquée un ton en dessous) : l’effet sonne artificiel, (une des limites du moteur Play). En revanche, moins de problèmes dans l’autre sens (pitch descendant, pour les vibratos à la whammy-bar, par exemple). C’est malheureusement valable pour la totalité des guitares fournies.
Côté rythmique, 20 articulations, du nanan… Ça sonne, profond, mais toujours avec ce médiator très prononcé, et pas d’échantillons différents suivant la vélocité, ce qui empêche de passer d’une Mute pianissimo à une attaque triple forte.
On en finit avec les grosses guitares par la Schecter, 7 cordes elle aussi. 12 articulations en lead, rien de particulier à signaler, les coups de médiator et problèmes de pitch bend sont les mêmes que sur les autres guitares. À noter, pas de version dry, mais deux amplifications (Marshall et Bogner).
On trouve 13 articulations dédiées aux rythmiques, dont un très réussi mode PM Hammer On+ Pull Off : la première note jouée est tenue, la deuxième (et suivantes si jouées legato) est étouffée. Petit problème : le Round Robin appelle parfois la note un demi-ton en dessous (ici un Mi b à la place du Mi joué).
Dommage qu’on ne retrouve pas ce script sur les autres guitares.
Voilà donc quatre guitares fort différentes, dont les sonorités typées sont respectées, les différentes amplifications faisant leur travail. Quelques regrets sur les échantillons (manquants) à faible vélocité, les attaques de médiator parfois trop fortes, et le pitch, pas très heureux. On y reviendra.
On continue avec des modèles plus “légers”.
Softly
Catégorie Pop Rock, donc, avec pour commencer une Jaguar, emblématique à la fois du courant surf des années 60 et du grunge des années 80, grand écart stylistique. 18 articulations, une très belle sonorité, permettant des nuances du son doux au son crunch à forte vélocité (enfin…). Indéniablement inspirant, l’instrument offre de plus une version dry permettant toutes les amplifications possibles, de Sonic Youth à The Surfaris.
À la place de Rhythm, on trouve une section Strummer, qui offre trois types d’échantillons visiblement conçus pour être joués en accord, avec ce qui semble être des échantillons alternant entre attaque du médiator up et down. Le résultat est concluant, même si plus approprié à un jeu égrenant les cordes qu’à des accords joués rapidement. Puisqu’il faudrait, à fin de réalisme, jouer les accords en alternant jeu du grave vers les aigus puis l’inverse…
Il n’en reste pas moins que l’instrument est très “réel” sous les doigts, donnant envie d’utiliser sa sonorité particulière un peu partout…
Place à une autre belle guitare, la Tele Thinline, pas celle de 1969, celle de 1972 (donc avec des humbuckers) et ses 15 articulations. Moins “twangy” et acide que la Jaguar (humbuckers obligent), elle dispose de deux amplifications, un canal Divided by Thirty et l’autre Vox. Elle permet des traits plus doux, avec parfois un côté Jeff Beck plutôt intéressant. Il faudra la faire passer par une disto pour les sons à la Primus ou Placebo.
Là aussi, on dispose d’une section Strummer, offrant les mêmes principes que celle de la Jaguar (quatre sons contre trois pour cette dernière).
Retour de la Carvin pour finir, cette fois avec le micro manche, en son saturé, toujours avec deux versions jouées (une par canal), mais moins clairement métal que sa précédente incarnation. 16 articulations, rien de particulier, à l’exception d’un petit problème de script sur le Slide Fast Up Down.
Et retour aussi d’une section Rhythm, avec les Mute, Chugs et Power Chords attendus.
Cet ensemble de guitares est tout aussi réussi que celui des guitares Metal, notamment en ce qui concerne les Fender.
Big bottom
Pour seconder ces guitares, il faut des basses de choix. East West propose donc une Music Man Stingray 5-cordes, jouée aux doigts et au médiator, offrant une double amplification, Ampeg à droite, SWR à gauche. Chaque version de jeu dispose de ses propres programmes. La version Finger offre 9 articulations, du Sustain de différentes longueurs aux Hammer, Fall, Bend, etc., plus les bruits divers. La version Pick en propose 11, gagnant des notes répétées (éléments séparés ou courtes phrases). Bizarrement, les sustains courts paraissent peu naturels, comme affublés d’un fade. Et cette version Pick manque singulièrement d’attaque, de mordant quand on la compare à la Music Man Pick HiFi de Hardcore Bass (voir ci-dessous).
Notons à ce propos que l’on regrette que l’éditeur n’ait pas prévu un script ou un programme séparé pour les échantillons de relâchement qui figurent sur certains sons (basses et guitares), obligeant, pour en bénéficier, à attendre la fin de la note jouée, alors que sa durée ne peut pas correspondre à tous les coups à celle désirée.
Bref. Dès les premières notes jouées, c’est le gros son. Tony Levin est dans le studio, en route pour un Pete Gab ou un King Crimson, c’est ce type de son qu’a choisi l’éditeur, avec du grain, des bruits de frettes à vélocité maximale, bref des “défauts” qui en font un instrument “vivant”. On en vient du coup a souhaiter plus d’échantillons de round robin, comme le proposent maintenant plusieurs éditeurs (Spectra, les ex-Tonehammer, etc.). Les deux (up et down, ou index/majeur, etc.) fournis pour une vélocité donnée peuvent paraître répétitifs au bout d’un moment. On s’habitue au luxe, quoi…
Autres basses présentes, celles que l’on trouvait à l’époque dans Hardcore Bass (HB) et sa suite, Hardcore Bass Expansion (HBE), remastérisées (elles sont un peu plus brillantes). Les instruments présentés reprennent l’intégralité des articulations de la première version, heureusement. On retrouve ça et là des erreurs de mapping, comme ce beau Si grave à la place du Si aigu du OpenUpDn de la Lakland, par exemple.
L’avantage est maintenant de disposer d’un script legato performant (la précédente version utilisait le Kontakt d’avant les scripts…). Sur les modèles de HB, on dispose des échantillons de chaque micro (Lakland Finger et Pick, Music Man Vintage Pick), tandis que les basses de HBE offrent une bi-amplification.
Encore du gros son, de très bonne qualité ; la banque m’avait déjà fait forte impression à l’époque de sa sortie et est toujours pertinente, même si certaines basses souffrent d’une absence totale ou partielle (quelques articulations seulement) d’échantillons Round Robin. Si l’on est à la recherche de bonnes grosses basses rock ou fusion expérimentale, il y a de quoi faire. Dans l’exemple suivant, c’est la Lakland Pick KS (en mode Mono Sum) qui est mise à contribution, en utilisant les keyswitches.
Big Boom
Des guitares, des basses, manquent plus que les batteries, que voici. DW, Gretsch et Ludwig, de l’incontournable (du moins vu du côté américain). L’arborescence de la bibliothèque propose des kits par marque, ces mêmes kits en version plus légère (Kits Less Load) et des Grouped Elements, programmes comprenant tous les sons d’un même élément de kit (cymbale, charley, grosse caisse, caisse claire et tom).
Chaque kit est décliné en famille Metal ou Rock, ces mêmes variations étant constituées d’éléments de la marque, ensuite proposées avec différentes configurations de caisse claire : Black Beauty, DW, GMS, Brady (la marque qui fait des fûts taillés dans la masse d’une seule pièce de bois), Ludwig, NC1 (ou 2, Noble & Cooley), Sonor et Tempus (carbone et fibre de verre). À noter que suivant les familles, les kits sont parfois proposés en version XXX, version spécialement accordée.
Le mapping est effectué suivant la norme General Midi, et l’on dispose de jusqu’à quatre échantillons Round Robin sur certains éléments. Quand on ouvre un programme complet, Play appelle les cinq Grouped Elements, et ne charge que les échantillons nécessaires en les assignant tous à un seul canal Midi. L’avantage de ce principe est que l’on peut assigner les éléments aux différentes sorties stéréo afin de leur faire profiter si besoin d’un traitement individuel, ou encore “enlever” les samples d’un des éléments pour les remplacer par d’autres (mettre telle ou telle caisse claire à la place de celle choisie dans le programme d’usine, par exemple). Mais cette gestion n’est pas aussi simple que si l’on allait chercher l’élément de batterie directement.
De plus, l’architecture du plug fait que l’on ne peut visualiser dans une seule fenêtre la répartition des sons sur le clavier, il faudra naviguer dans les éléments pour afficher le code note blanche indiquant un son chargé. Pas le plus pratique, surtout quand on a l’habitude de jouer sur des configurations maison, répondant aux nécessités du jeu en direct sur le clavier (le GM n’est pas l’idéal pour ça…). Par exemple, si l’on veut utiliser plusieurs caisses claires au sein d’un même kit, il faudra charger le Grouped Element, et lui assigner un canal Midi différent.
Compatibilité au détriment de la jouabilité personnalisée, c’est néanmoins un choix compréhensible. Mais il revient comme le souvenir d’une version annoncée de Play, permettant de charger les sons et de les mapper individuellement, de définir ses propres keyswitches, etc. Un rêve, peut-être…
Le Drum Mixer entre enfin en action, proposant donc plusieurs acoustiques : une prise de son en proximité additionnée de la prise Overhead, une prise plus éloignée (Room) et une Room compressée. Ce dernier élément est un choix qui se discute (on peut aussi vouloir faire sa propre compression via des sorties séparées, bus, etc.), notamment parce qu’une séparation de la prise Close et des Overhead aurait été justifiée, mais il est vrai que les périphériques utilisés par East West pour cette compression ne sont pas forcément présents dans tous les studios des utilisateurs potentiels de MOR 2… Notons, même si cela semble évident, que l’on ne peut utiliser simultanément Room et Comp. Room (Play marque un temps de chargement à chaque fois que l’on bascule de l’une à l’autre). Avantage, ce choix est indépendant par élément (kick, snare, etc.) ce qui permet de peaufiner le son.
Forcément un peu moins détaillés que ceux proposés par les instruments spécialisés type BFD 2, Addictive Drums ou Superior, les kits ont néanmoins leurs propres atouts, notamment celui d’être parfaitement en accord d’un point de vue sonore avec le style choisi ou encore des frappes alternatives, en fla, ghost, etc. L’autre atout auquel on pense tout de suite est bien entendu la qualité sonore intrinsèque ; le son est impeccable, bien dans l’esprit des produits EW. Il faudra néanmoins passer un peu de temps à équilibrer les niveaux des éléments, les HiHats et cymbales étant par exemple assez faibles. Et faire attention lors de l’utilisation des Room, certaines attaques pouvant subir un effet de “fla”, de légers retards que l’on pourra entendre sur certains des exemples ci-dessous (laissés volontairement).
Voilà quelques petits exemples réalisés avec les kits fournis, et les effets embarqués. Certains grooves seront joués “secs” (prise Close+OH seule) puis avec Room ou Comp.room.
Bilan
Malgré son nom, Ministry Of Rock 2 n’est pas à considérer comme une version 2.0 de son aîné, mais bien comme un complément du premier. D’où le choix d’instruments moins habituels pour les guitares.
La présence de ces guitares (les Jaguar et Tele Thinline sont vraiment superbes) et de l’intégrale des basses de Hardcore Bass et Hardcore Bass Expansion est bien évidemment un élément qui peut-être décisif, puisque, malgré toutes leurs qualités, les kits de batterie ne sont pas aussi détaillés, et donc moins malléables que ceux des plugs spécialisés.
Le tout sonne cependant de façon cohérente, et permet de produire de façon convaincante (écoutez les démos sur le site de l’éditeur). Attention, je ne dirais pas non plus qu’il n’est plus nécessaire de faire appel à un guitariste ou un bassiste. MOR 2 permet certaines choses, notamment en termes de rapidité de production et de coût, sans parler de la diversité sonore qui représente un énorme budget si l’on veut l’approcher dans la réalité, mais jamais le plug ne remplacera le savoir-faire, l’inspiration et les “défauts” d’un véritable instrumentiste. C’est évident, mais il est bon de le rappeler (régulièrement).
L’ajout des versions Dry des guitares est une bonne idée, et d’un point de vue enregistrement/restitution, il n’y a quasi aucun reproche à faire. Quelques défauts de mapping et de scripts (donc normalement corrigibles via update des instruments), le manque d’échantillons à diverses vélocités pour les guitares metal, des problèmes d’ergonomie et le pitch bend assez mauvais sont cependant à prendre en compte. La plateforme Play a ses thuriféraires et ses détracteurs ; je n’ai pour ma part pas grand-chose à lui reprocher, sauf cette fameuse version arlésienne (où l’on pourrait mapper les choses, etc.), et quelques problèmes impossibles à reproduire par itérations pour être sûrs de leur origine, comme le fait que Play ne réponde plus aux commandes à la souris, alors que tout fonctionne par ailleurs.
À 297 euros (il faut guetter les régulières « bonnes affaires » de l’éditeur en matière de tarifs promo), MOR 2 est un choix à considérer si l’on veut un produit efficace, sans “déchets” ni remplissage, afin de produire rapidement du gros rock, du mix orchestral-rythmique épique, etc. Pour ce type d’usage, il est l’un des seuls (avec MOR 1) à proposer une solution tout-en-un de cette qualité. Et encore une fois, la collection de basses, si elle est dépassée technologiquement au niveau des articulations par les Scarbee, Orange Tree, Prominy, voire Spectrasonics, n’en reste pas moins unique par son concept sonore.