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Test de Bandstand de Native Instruments - Big Band ?

6/10

128 instruments et 9 kits de batterie pour 2 Go de sons : telles sont les mensurations de Bandstand, le premier expandeur General MIDI conçu par Native Instruments. Reste à savoir comment le papa de Kontakt et de Reaktor s'est sorti de cet exercice de style…

 

Native Instruments Bandstand

Véri­ta­ble­ment incre­vable, la norme GM demeure la plus utili­sée pour commu­niquer entre instru­ments élec­tro­niques. Roland et Yamaha ont beau avoir tenté de la rempla­cer par les stan­dards GS et XG (leurs normes respec­tives, plus sophis­tiquées mais aussi plus complexes), rien n’a réussi à détrô­ner ce bon vieux Gene­ral MIDI qui offi­cie dans nos séquen­ceurs depuis des lustres.

Et c’est vrai qu’avec sa banque de 128 instru­ments et ses kits de batte­rie, la norme GM a été plutôt bien pensée : pour peu qu’elle s’ap­puie sur une banque de sons bien program­mée, elle offre suffi­sam­ment de diver­sité pour abor­der tous les genres musi­caux, sans être trop compliquée à gérer : un vrai petit kit de survie instru­men­tal, en somme, bien plus intui­tif pour compo­ser que la plupart des expan­deurs dédiés qui, s’ils sont plus réalistes, sont aussi plus exigeant en terme de program­ma­tion.

Bref, un kit GM, c’est génial quand c’est bien fait, et on ne s’éton­nera guère que Native Instru­ments, papa du génia­lis­sime Kontakt 2, se sente de taille à rele­ver le défi. Le résul­tat s’ap­pelle Band­stand et nous promet l’Amé­rique pour un peu moins de 200 €. Voyons ce qu’il est est.

 

Tour du proprié­taire

Livré dans une jolie boîte avec son manuel en français, le logi­ciel s’ins­talle sans problème. On s’en­re­gistre en ligne, on double clique sur l’icône et, après avoir déclaré sa carte son, le driver et les entrées MIDI à utili­ser, l’in­ter­face du logi­ciel appa­raît enfin.

Cette dernière ne dépay­sera pas les habi­tués des logi­ciels Native Instru­ments : carrée, marro­nâtre, elle n’a ni l’ori­gi­na­lité des funky skins d’Ohm Force, ni l’es­thé­tique léchée des instru­ments MOTU. Elle a toute­fois le mérité d’être claire et fonc­tion­nelle, au point que l’on peut commen­cer à utili­ser le logi­ciel sans passer néces­sai­re­ment par la case manuel.

Native Instruments Bandstand

Si l’on exclut la tradi­tion­nelle repré­sen­ta­tion du clavier et des molettes de modu­la­tion / pitch bend trônant au bas de la fenêtre, l’in­ter­face se divise en 3 parties. Commençons par le bloc Master situé à droite qui permet d’ac­cé­der au para­mé­trage des effets/trai­te­ments embarqués (Chorus, Réverb, EQ, Limi­teur) et de défi­nir le volume global du logi­ciel.

Les effets, puisqu’on en parle, peuvent être choi­sis simple­ment en utili­sant un preset, ou être réglés en détail en cliquant sur l’icône Edit : on peut ainsi défi­nir la fréquence, la profon­deur et le dosage du chorus, le type (algo­rith­mique ou à convo­lu­tion), la durée et le dosage de la réverb, la fréquence médiane, le facteur Q et le boost des 3 bandes de l’EQ para­mé­trique, et enfin l’at­taque, le relâ­che­ment et le volume de sortie du limi­teur.

 

Native Instruments Bandstand

Juste au dessous du panneau Master, un petit lecteur offre la possi­bi­lité de char­ger un fichier MIDI et d’en effec­tuer un rendu audio à partir des instru­ments de Band­stand : une bonne idée qui permet de ne pas avoir à s’en­com­brer d’un séquen­ceur pour une manip aussi basique. Mais une idée un tant soit peu gâchée par le fait qu’au­cune commande de trans­port ne soit dispo­nible sur le lecteur : il est donc impos­sible d’avan­cer ou de recu­ler dans la lecture, de même qu’il est impos­sible de boucler une partie de séquence. C’est bien dommage.

 

Tout le reste de l’in­ter­face est dévolu à l’af­fi­chage de 2 panneaux swit­chables : Play pour affec­ter les instru­ments aux 16 canaux MIDI dispo­nibles, et Mix… pour les mixer, forcé­ment.

Native Instruments Bandstand

On ne s’at­tar­dera pas trop sur la partie mix qui s’avère sans surprise : les instru­ments char­gés dans Play disposent chacun d’une tranche dotée d’un slider pour régler le volume, et de trois potars : l’un pour le pano­ra­mique, les deux autres pour doser chorus et réverb. Le tout est complé­ter par deux menus 'dérou­lants’, l’un pour choi­sir l’ins­tru­ment MIDI comme dans Play, l’autre pour sélec­tion­ner un preset de l’EQ.

Le tout est complété par les habi­tuels boutons Solo et Mute pour réduire la tranche au silence ou n’en­tendre qu’elle.

Native Instruments Bandstand

Le panneau Play est pour sa part plus inté­res­sant. En bas, la liste des instru­ments MIDI dispo­nibles. En haut, 16 cellules corres­pon­dant aux diffé­rents canaux MIDI. Entre les deux, 7 boutons pour accé­der à divers para­mé­trage dans les cellules même : Pitch et Tune pour jouer de façon plus ou moins fine sur l’ac­cor­dage de l’ins­tru­ment et sa trans­po­si­tion, Scale pour le contraindre à une gamme parti­cu­lière, Slide pour acti­ver et para­mé­trer le Porta­mento, Huma­nize pour ajou­ter un peu d’im­pré­ci­sion à une séquence MIDI trop méca­nique, Quan­tize pour la rendre plus carrée au contraire, et enfin MIDI Input pour défi­nir le canal MIDI physique attri­bué et gérer la poly­pho­nie.

L’as­si­gna­tion d’un instru­ment à un canal MIDI se fait par simple Drag & Drop sur une des 16 cellules. Diffi­cile de faire plus simple, d’au­tant que Native a pensé à inté­grer une petite séquence de démo pour chacun des programmes. L’oc­ca­sion de se rendre compte des quali­tés et défauts de la banque de sons dans son ensemble.

Les sons

Comme nous le disions précé­dem­ment, réali­ser un kit GM n’est pas une mince affaire et nombre d’édi­teurs n’ayant pas l’ex­pé­rience d’un Roland, d’un Korg ou d’un Yamaha s’y sont cassés les dents. Les sons doivent à la fois être suffi­sam­ment géné­riques pour être utili­sés dans tous les genres musi­caux, suffi­sam­ment variés pour offrir un maxi­mum de possi­bi­li­tés au musi­cien, mais surtout, ils doivent former un ensemble cohé­rent, homo­gène et garder leur iden­tité lorsqu’on utilise les contrô­leurs conti­nus pour réali­ser des effets.

Pour mener à bien ce diffi­cile exer­cice, Native Instru­ments a pioché dans les cata­logues de diffé­rents éditeurs plus ou moins répu­tés : Sonic Reality, Best Service, Big Fish, The Badroom, sound­war­rior, Sound Ideas, Modo Bier­kamp, Peter Sied­lac­zek… Et force est de consta­ter que la démarche porte ses fruits. Les sono­ri­tés sont en effet réus­sies pour la plupart, les enre­gis­tre­ments de bonne qualité et, malgré la taille « raison­nable » de la banque (2 Go) en ces temps où le moindre VSTi squatte plusieurs dizaines de Go sur le disque dur, l’en­semble s’en tire plutôt bien une fois mis en situa­tion.

Soyons tout de même clair : si par ses meilleurs côtés, Band­stand offre une alter­na­tive inté­res­sante au Plug­Sound Volume 6 Global Collec­tion, à l’Hy­per­Can­vas HQ d’Edi­rol ou encore au Sonik Synth 2 d’IK Multi­me­dia, il n’ar­rive pas à la cheville d’une somme d’ins­tru­ments dédiés, ou même d’un Colos­sus : pour faire tenir un kit GM dans 2 Go, Native a dû en effet faire des conces­sions en terme de sustain, et surtout de multi­sam­pling. Ainsi, les instru­ments possèdent au mieux 2 niveaux de vélo­cité, ce qui nuit forcé­ment à leur expres­si­vi­té…

Native Instruments Bandstand

Ceci étant dit et pour peu que l’on accepte les limites du genre, il faut recon­naître quelques belles réus­sites ça et là, à commen­cer par les pianos acous­tiques issus d’Akous­tik Piano, ou encore leurs homo­logues élec­triques : un Rhodes-like bien baveux dans le bas comme on aime, et un Yamaha-like qui devrait faire merveille pour servir la soupe façon Whit­ney Hous­ton. Seul décep­tion de cette section : le piano Honky Tonk qui sonne comme un piano traf­fiqué à coup de filtres, bien arti­fi­ciel en somme.

Les percus­sions chro­ma­tiques et orgues sont quant eux plutôt réus­sis, avec de beaux spéci­mens d’Ham­mond B3, entre autres choses. De leur côté, les basses tiennent la route même si l’on regret­tera leur raideur et leur manque de sustain, notam­ment sur le programme 'Picked Bass’. Moins enthou­sias­mantes, les guitares alternent le meilleur (belles guitares nylon, jazz et clean), le passable (guitare folk beau­coup trop terne) et le fran­che­ment mauvais, comme d’ha­bi­tude, avec les programmes de guitare satu­rée.

De manière géné­rale, les instru­ments à cordes frot­tés, issus pour la plupart des banques de Peter Sied­lac­zek, remplissent parfai­te­ment leur rôle. Evidem­ment, on les pren­dra faci­le­ment en défaut sur un solo, mais confron­tés au sein d’une parti­tion pour orchestre, ils atteignent une certaine cohé­rence.

Compte tenu de la diffi­culté à rendre ce genre d’ins­tru­ment, les cuivres et autres instru­ments à vent s’en tirent rela­ti­ve­ment correc­te­ment (en dehors du sax soprano bien pourri) mais on regret­tera leur côté molas­son : pour la marche funèbre, ça passe, mais pour taper du Tower of Power ou du James Brown, ça risque de faire juste.

Exemples audio

Voici 3 rendus audio de fichiers MIDI qui vous permet­tront de vous faire une idée sur la qualité des sons de Band­stand.

Purga­to­ry­creek.mp3
(A compa­rer avec la base de données de www.purga­to­ry­creek.com)

warcraft2.mp3

take5.mp3

Sans surprise, les synthés sont propres sur eux et composent un ensemble rela­ti­ve­ment varié de leads, pads et basses (bien que certains aient été adap­tés un peu trop libre­ment pour ne pas jurer dans certains fichiers MIDI, tel le patch Ice Rain). Bonne surprise : les voix et chœurs sont parti­cu­liè­re­ment réus­sis, qu’il s’agisse des 'Aahhs’ à utili­ser en nappes ou des 'Oohhs’ plus jazzy…

Pas moins de 8 kits de batte­rie répondent aussi à l’ap­pel, dont un joué avec des balais et un ensemble de percus orches­trales. En dépit d’un nombre rela­ti­ve­ment faible de vélo­ci­tés gérées, ces derniers sont convain­cants en situa­tion de jeu ou lors du rendu d’un fichier MIDI. Pas de souci, donc.

Finis­sons en préci­sant que le reste des instru­ments, des instru­ments ethniques aux percus­sions en passant par les divers brui­tages sont sans histoires : rien d’ex­tra­or­di­naire mais rien qui soit inex­ploi­table non plus…

Bref, vous l’au­rez compris : la banque de Band­stand tient plutôt ses promesses dans l’en­semble. Reste que les sons ne font pas tout, comme nous allons le voir.


Peut mieux faire

En effet, le char­ge­ment de quelques fichiers MIDI stan­dard montre que la banque n’est pas toujours à son aise : on a parfois des problèmes de niveaux cepen­dant que la réverb est systé­ma­tique­ment réglée sur un programme trop « spatia­li­sant ». Du coup, bien que de manière géné­rale, les sono­ri­tés soient plus convain­cantes que celles d’un Hyper­Can­vas, elles semblent aussi moins homo­gènes, moins équi­li­brées, et il faut jouer avec les faders et potars du mixeur pour obte­nir un rendu correct.

Par ailleurs, si Native parle d’un pseudo-support des stan­dards GS et XG, force est de consta­ter que cette compa­ti­bi­lité est toute rela­tive, certains effets et patchs liés à ces tech­no­lo­gies manquant ici à l’ap­pel (à titre d’exemple, la norme XG repose sur une banque de 676 instru­ments…). Bref, si cette parti­cu­la­rité vous inté­resse dans le produit, vous risquez d’être déçu.

Mais le plus gros reproche qu’on pour­rait adres­ser à Band­stand tient à son poten­tiel inex­ploité. Offrir un instru­ment capable de trans­for­mer des fichiers MIDI en audio est une bonne chose pour les chan­teurs de karaoké, mais on aurait préféré que Native pense un peu plus aux musi­ciens. Basé sur le moteur audio de Kontakt 2, le logi­ciel semble ne tirer de cette filia­tion qu’un béné­fice marke­ting et, en dépit d’une gestion correcte des ressources (lecture en strea­ming et opti­mi­sa­tion de la RAM), il se contente d’as­su­rer un mini­mum syndi­cal quand il aurait pu four­nir telle­ment plus.

Premier regret : on ne dispose que d’une sortie stéréo. Si vous comp­tez retra­vailler à coup de plug-ins les pistes passant par Band­stand depuis la table de mixage de votre séquen­ceur, vous devrez donc ouvrir autant d’oc­cur­rence du logi­ciel que vous avez d’ins­tru­ments.

Deuxième regret : en feuille­tant le manuel (qui, drame du copier/coller, contient d’ailleurs l’in­dex du manuel d’Akous­tik Piano en lieu et place de son propre index), on découvre que l’on peut pilo­ter des filtres et des enve­loppes mais unique­ment en passant par les Contrô­leurs Conti­nus. Plutôt que de nous propo­ser les gammes de Messiaen dans une option Scale qui n’in­té­res­sera que quelques utili­sa­teurs, il eût été plus judi­cieux de dédier une petite inter­face graphique à ces para­mètres telle­ment plus utiles. Bref, je ne sais pas qui a fait les specs du soft, mais il est passé, sur ce point, complè­te­ment à côté de son sujet.

Ultime reproche : à défaut de dispo­ser de multiples sorties audio, on aurait bien aimé avoir droit à une section d’ef­fets un peu plus étof­fée, cette dernière étant plutôt chiche en vis-à-vis de certains concur­rents…

Conclu­sion

Vendu un peu moins de 200 €, Band­stand aurait pu être un très bon plan pour les musi­ciens à la recherche d’un kit GM offrant un bon rapport qualité/poids, dans une inter­face simple et convi­viale.

A quelques excep­tions près, la banque est en effet de bonne qualité en regard de sa taille et le logi­ciel, sur ce point, donne le change à certains concur­rents vieillis­sant tels que l’Hy­per­Can­vas ou le Plug­Sound PS-06. Hélas, Native l’a joué un peu 'petits bras’ en bridant certaines fonc­tion­na­li­tés de son moteur audio, ou en les enfouis­sant sous une inter­face lacu­naire.

Du coup, on se dit que c’est au grand public mélo­MI­DI­man plus qu’aux musi­ciens que semble s’adres­ser ce logi­ciel. Or, même réduit à ce contexte, le soft n’est pas exempt de défauts (problèmes de niveaux, de réverb, player MIDI lacu­naire). Bref, à moins de lorgner du côté du Purity de Luxo­nix, plus complexe mais aussi plus versa­tile, il semble bien qu’on doive encore long­temps attendre un expan­deur GM logi­ciel digne de ce nom.

 

Native Instruments Bandstand

Notre avis : 6/10

  • Bonne qualité des sons dans l'ensemble.
  • Interface claire et accessible.
  • Possibilité de rendu audio d'un fichier MIDI.
  • Gestion du streaming et optimisation de la mémoire.
  • Sortie stéréo uniquement.
  • Pas d'interface pour des paramètres essentiels.
  • Support XG/GS très partiel.
  • Section d'effet chiche.
  • Quelques problèmes de niveau sur les fichiers GM standard.
  • Certains sons ratés.
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