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Interview / Podcast
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Cesar ne raconte pas de salade - Interview de Cesar Gueikian au Showroom Gibson Paris

Lorsque j’arrive au sommet de l’escalier menant à la mezzanine du Showroom Gibson, quelques notes de guitare se font entendre. Cesar est là, une Les Paul Original 50 posée sur les genoux, un large sourire aux lèvres.

Interview de Cesar Gueikian au Showroom Gibson Paris : Cesar ne raconte pas de salade

JB – Vous avez vous-même conçu la nouvelle série Gibson 2019, pouvez-vous nous décrire la façon dont la marque mélange moder­nité et tradi­tion ?

C.G – La nouvelle série a été conçue en tenant compte des attentes du public et des artistes. La volonté prin­ci­pale a été de créer des instru­ments célé­brant le savoir-faire de nos luthiers tout en conser­vant un tarif plus abor­dable qu’au­pa­ra­vant. Nous avons mélangé tradi­tion et moder­nité mais pas dans le même sens qu’au fil des dix dernières années. Les inno­va­tions et aspects modernes de la guitare concernent sa fabri­ca­tion. Mais ce sont les mêmes ouvriers, artistes et luthiers dont les années d’ex­pé­rience et de savoir-faire inscrivent cette série dans la pure tradi­tion Gibson, tout en hono­rant l’hé­ri­tage d’Or­ville Gibson. Nous avons en fait créé un complexe de fabri­ca­tion moderne qui nous permet de propo­ser des modèles comme les nouvelles Les Paul Double Cut Junior Tribute et Special Tribute construites au même endroit par les mêmes personnes et avec les mêmes exigences de qualité, mais à un tarif moindre. Mais la série Modern dispose de carac­té­ris­tiques qui inscrivent l’ins­tru­ment dans l’air du temps. Le profil asymé­trique du manche par exemple ou encore la touche en ébène et quelques options élec­tro­niques comme le coil-tap ou l’in­ver­sion de phase dont votre collègue de Premier Guitar John Bollin­ger est d’ailleurs fan ! [rires]

JB – Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le Gibson Lab ?

C.G – Le Lab est juste là pour tester. C’est la cuisine, en quelque sorte. C’est ici que se retrouvent tous les savants fous de Gibson. C’est égale­ment au Lab que nos luthiers reçoivent les retours des artistes à qui nous confions des modèles pour les tester sur scène. Il n’y a pas de meilleur test que les condi­tions réelles d’uti­li­sa­tion de l’ins­tru­ment. Les luthiers effec­tuent ensuite les modi­fi­ca­tions suggé­rées par les artistes au Lab. La plupart du temps, une guitare est testée pendant 12 à 18 mois avant de trou­ver la combi­nai­son parfaite qui en fait un instru­ment excep­tion­nel. Bien sûr, les modi­fi­ca­tions deman­dées par les artistes sont systé­ma­tique­ment très appré­ciées par les fans égale­ment.

JB – Vous parliez tout à l’heure de l’hé­ri­tage d’Or­ville Gibson et de l’ob­ses­sion de Gibson pour la qualité. Comment se retrouve concrè­te­ment cet héri­tage dans la produc­tion d’une guitare de nos jours ?

C.G – Les guitares sont fabriquées à la main par nos luthiers et artistes, dans notre complexe de fabri­ca­tion à Nash­ville. De nombreux aspects de produc­tion de la guitare restent les mêmes depuis le premier jour. L’ap­pli­ca­tion du binding sur une Les Paul par exemple. C’est une opéra­tion très labo­rieuse et déli­cate ! Les ouvriers qui en sont respon­sables reçoivent une forma­tion de trois mois complets avant de réali­ser leur premier binding. Il faut que chaque guitare soit fice­lée de la même façon en utili­sant le même réseau de cordes à chaque fois pour appliquer des points de pres­sion à des endroits bien précis de l’ins­tru­ment. Le vernis que nous utili­sons fait égale­ment partie de notre patri­moine et de l’hé­ri­tage laissé par Orville. Il s’agit d’un vernis très fin qui laisse respi­rer le bois au maxi­mum contrai­re­ment à un vernis poly­uré­thane qui va avoir tendance à encap­su­ler le bois. Le vernis nitro­cel­lu­lose joue égale­ment un rôle impor­tant dans la manière dont l’ins­tru­ment va réson­ner et sur la longueur de son sustain. On le constate faci­le­ment en obser­vant la façon dont a évolué le marché des Gibson vintage ; une Les Paul des années 50 vous coûtera cher parce qu’elle aura vieilli d’une certaine façon grâce au vernis nitro. Et grâce à ce vieillis­se­ment parti­cu­lier, la guitare sonne mieux que jamais. Aujour­d’hui, nous utili­sons les machines pour aller plus vite mais les méthodes de fabri­ca­tion des guitares restent les mêmes. Les machines nous four­nissent les pièces plus rapi­de­ment que ne le feraient des mains d’homme mais ces pièces sont quand même revues et corri­gées lors de leur passage entre les mains de nos luthiers. 

JB – Une autre amélio­ra­tion que j’ai pu consta­ter en testant les dernières Les Paul Origi­nal concerne les case candies. Une photo impri­mée au moment de la nais­sance de la guitare, quand l’ins­pec­tion finale est termi­née et un cache Truss-rod noir pour rempla­cer celui portant l’ins­crip­tion Stan­dard pour un look plus vintage parmi d’autres petits objets ; c’est une atten­tion agréable !

C.G – Oui nous avons voulu accen­tuer l’ex­pé­rience lors du premier contact avec l’ins­tru­ment. Ouvrir un étui Gibson a toujours été une expé­rience à part dont on se souvient. L’odeur du vernis s’échap­pant de l’étui, la peluche mettant en valeur l’ins­tru­ment. Avec ces quelques petits bonus, nous avons souhaité rendre l’ex­pé­rience encore plus agréable. Nous nous sommes rendu compte que nos nombreux fans de Les Paul d’époque et possé­dant une Les Paul Stan­dard se procu­raient un nouveau cache Truss-rod pour ce look vintage. Nous l’avons donc inclus d’of­fice avec les Les Paul Stan­dard. Mais vous savez, nous avons des retours de clients qui nous disent qu’ils laissent le cache Truss-rod Stan­dard telle­ment la guitare leur plaît et qu’ils en sont fiers ! [rires]

JB – Parlons un petit peu des modèles acous­tiques J-45 et G-45. J’ai eu la chance de décou­vrir la J-45 Studio et j’ai été impres­sionné par la sono­rité de l’ins­tru­ment. On recon­naît le carac­tère et l’iden­tité de la J-45 ; comment avez-vous conçu ces guitares ?

C.G – La J-45 a toujours été notre modèle le plus popu­laire dans la gamme acous­tique et beau­coup de nouveau­tés sont en cours de prépa­ra­tion autour de cette guitare en prévi­sion du NAMM, notam­ment un modèle Custom Shop. La G-45 incarne ce dont nous avons parlé tout à l’heure : un instru­ment conçu et fabriqué dans un complexe moderne tout en conser­vant ce patri­moine et ce niveau de qualité hérité d’Or­ville Gibson. Les deux modèles dont vous parlez, la G-45 et la J-45 Studio sont fabriqués par les mêmes personnes qui réalisent nos J-200 ou nos Vintage Humming­bird, au même endroit. Cela permet d’har­mo­ni­ser la gamme autour d’un excellent niveau de qualité. Les G-45 et J-45 Studio jouissent d’un réel succès depuis leur sortie et c’est très inté­res­sant pour nous de pouvoir four­nir à des jeunes guita­ristes des guitares acous­tiques Gibson. 

JB – Lors du salon annuel d’Ana­heim en Cali­for­nie, nous avons aperçu une véri­table défer­lante de modèles signa­ture chez Epiphone, la nouvelle Les Paul Vivian Camp­bell ou encore la Lucille dans une jolie fini­tion blanche brillante. Pouvons-nous attendre de nouvelles colla­bo­ra­tions avec de nouveaux artistes par la suite ?

C.G – Avec Epiphone nous avons sorti le modèle signa­ture Jared James Nichols qui a connu un succès si impor­tant qu’il n’en reste aucune nulle part ! [rires] Nous avions prévu de ne produire que 250 exem­plaires de ce modèle, nous en sommes à 800 unités produites à ce jour, toutes vendues. Les jeunes guita­ristes adorent cette guitare, sa simpli­cité mais égale­ment sa concep­tion et son look qui est terrible ! D’autres projets sont en cours avec Jared et nous travaillons avec Lizzy Hale, Joe Bona­massa, Alex Life­son sur des projets qui seront présen­tés au NAMM. Nous allons égale­ment décli­ner des modèles signa­ture habi­tuel­le­ment construits unique­ment par le Custom Shop dans une version Gibson USA et une version Epiphone. Ainsi les fans auront accès à un instru­ment quel que soit leur budget. Mais en parlant d’Epi­phone, vous savez, il s’agit d’une entre­prise plus ancienne que Gibson et nous allons commen­cer véri­ta­ble­ment à racon­ter l’his­toire Epiphone. Dans les années 50 et 60 les musi­ciens qui jouaient ces guitares étaient les Beatles, les Rolling Stones et d’autres musi­ciens iconiques. Nous sommes impa­tients de dévoi­ler l’his­toire d’Epi­phone et vous allez nous entendre faire beau­coup de bruit autour de cette marque dès le NAMM au mois de janvier.

JB – J’ai aperçu il y a peu de temps un nouveau modèle hommage à Chris Cornell ; pouvez-vous nous en dire plus sur ce modèle ?

C.G – Bien sûr ; il s’agit de la guitare que Chris a conçue lui-même avec la couleur origi­nale qu’il souhai­tait, ce vert olive très réussi et les boutons de poten­tio­mètres trans­pa­rents. Les micros Lollar­tron et le vibrato Bigsby sont égale­ment des éléments auxquels Chris tenait beau­coup. Chris était un guita­riste telle­ment influent et un musi­cien-compo­si­teur hors pair. Sa dispa­ri­tion nous a beau­coup touchés et cette guitare était un excellent moyen de lui rendre hommage et de travailler avec sa compagne Vicky. C’est une édition limi­tée à 250 exem­plaires et tout notre stock est déjà vendu. 

JB – La produc­tion des modèles ES a été dépla­cée de Memphis à Nash­ville, où elle était au départ. Pourquoi ce chan­ge­ment de loca­li­sa­tion ?

C.G – Alors c’est très simple : tout d’abord, notre bail pour l’usine de Memphis arri­vait à expi­ra­tion. J.C et moi-même avons dû prendre une déci­sion concer­nant cette usine : devions-nous recons­truire une usine à Memphis ou profi­ter du nouveau complexe de Nash­ville pour y inté­grer la produc­tion des modèles ES ? Nous avons investi beau­coup de capi­tal dans l’usine de Nash­ville et la déci­sion d’y rapa­trier la produc­tion des modèles semi-hollow s’est impo­sée comme une évidence, d’au­tant que c’est ici qu’ils étaient produits au départ. C’est beau­coup plus logique que toute la produc­tion et le contrôle qualité aient lieu au même endroit, sous le même toit. Notre obses­sion pour la qualité est plus facile à contrô­ler si tous les instru­ments élec­triques sont produits au même endroit. Les modèles comme l’ES-355 sont encore fabriqués au Custom Shop, mais les ES-335 et ES-339 sont fabriquées dans notre complexe prin­ci­pal.

JB – Qu’en est-il de l’ave­nir de Gibson ? Est-ce que cette nouvelle série va rester au cata­logue ?

C.G – La gamme Gibson 2019 est une sorte de fonda­tion, elle ne bougera plus. La majo­rité de nos ventes sont des instru­ments issus de cette série 2019 Stan­dard. Dans le futur, nous produi­rons des petites séries où nous nous foca­li­se­rons sur un modèle en parti­cu­lier, par exemple une ES-335 en édition limi­tée, ou tel modèle conçu avec tel artiste, en gardant toujours cette série 2019 comme socle. Nous travaillons en étroite colla­bo­ra­tion avec nos plus gros reven­deurs égale­ment afin de leur propo­ser des modèles exclu­sifs avec des fini­tions uniques, ce genre de choses. L’éner­gie qui nous pousse vers l’avant est de conce­voir des instru­ments avec et pour des artistes. Nous allons conti­nuer à conce­voir des modèles avec Slash, Alex Life­son, Joe Bona­massa ; c’est très éner­gi­sant et moti­vant pour nous de travailler avec des artistes influents et inspi­rants. Mais la série Origi­nal est la série Origi­nal ; elle ne va pas chan­ger. Même chose avec la série Histo­ric du Custom Shop. Si des chan­ge­ments surviennent, ils arri­ve­ront sous la forme d’ajouts. En ce moment par exemple nous sommes en train d’ame­ner progres­si­ve­ment la Les Paul Special TV Yellow dans la série Origi­nal. La Les Paul Stan­dard Origi­nal est une Les Paul comme elle devrait l’être, pas vrai ?

JB – Oui, c’est effec­ti­ve­ment une base solide ! [Rires]

C.G – Des ajouts pour­ront être effec­tués mais le coeur de la série restera le même. Au sein du Custom Shop ou des marques Epiphone ou Kramer, nous pouvons propo­ser des nouveau­tés régu­liè­re­ment. Mais les séries Origi­nal, Modern et Histo­ric ne bouge­ront plus. Nous ne fabriquons pas des voitures ! [rires]. Nous avons établi les fonda­tions et le coeur du cata­logue de la marque, cela ne bougera plus. De plus, c’est beau­coup plus facile pour tous nos reven­deurs partout dans le monde.

JB – En parlant de la marque Kramer, j’ai remarqué que la gamme n’avait pas vrai­ment été chan­gée depuis quelques années ; quel est le programme pour cette marque ?

C.G – Kramer va reve­nir sur le devant de la scène de manière forte. Nous prépa­rons ce retour avec du contenu, un nouveau site inter­net et une expé­rience numé­rique unique. La nouvelle collec­tion d’ins­tru­ments Kramer va être très exci­tante. Il s’agit au départ d’un instru­ment qui a été conçu pour le rock, pour le shred, pour les années 80. C’est l’iden­tité première de Kramer et c’est ce que nous allons faire reve­nir au sein de la marque. 


JB – Vous êtes évidem­ment collec­tion­neur de guitares et passionné de cet instru­ment. Pouvez-vous nous parler de votre collec­tion et peut-être détailler les quelques modèles les plus rares en votre posses­sion ?

C.G – Oui effec­ti­ve­ment je possède plus d’une centaine de guitares dont au moins 80 sont des Gibson. J’ai passé les 20 dernières années à rassem­bler cette collec­tion. Une des plus belles pièces que je possède est une ES-150 de 1936 qui sonne aujour­d’hui mieux que jamais. Je possède aussi une ES-335 de 1964 dont le numéro de série est à 2 chiffres de la mythique Cross­roads d’Eric Clap­ton et qui partage ses carac­té­ris­tiques. C’est un instru­ment unique. Une J-45 Banner de 1942, une Advan­ced Jumbo de 1936, une Humming­bird de 1968 et des élec­triques des années 56, 57, 58, 59 et 60 sont évidem­ment des pièces à avoir quand on collec­tionne. J’ai aussi une SG de 1964 et une Les Paul/SG de 1961. Je possède beau­coup d’ins­tru­ments que j’ai conçus avec le Custom Shop au fil des années, avant même d’in­té­grer la famille Gibson. Je suis fan des modèles Collec­tor’s Choice et en possède plusieurs notam­ment une Gree­nie, le numéro 99 sur 100 exem­plaires produits. Plusieurs guitares espa­gnoles à cordes nylon sont égale­ment au centre de ma collec­tion. Ayant commencé la guitare en jouant de la musique espa­gnole quand j’étais gamin, les guitares espa­gnoles gardent toujours une certaine place dans mon coeur.

JB – C’est très inté­res­sant ; est-ce que votre collec­tion person­nelle vous a aidé à conce­voir les modèles de la série Origi­nal ?

C.G – Oui, effec­ti­ve­ment, j’ai amené quelques pièces de ma collec­tion au Custom Shop, comme l’ont fait d’autres collec­tion­neurs et artistes. Les luthiers du Custom Shop ont scanné tous les instru­ments afin d’en prendre les mesures exactes et de comprendre leur fonc­tion­ne­ment, leur sono­rité, la densité des bois. C’était très utile d’avoir ces instru­ments d’époque comme base de travail, cela nous a vrai­ment donné une direc­tion pour cette série Origi­nal. 

JB – Oui on s’en rend bien compte quand on joue ces instru­ments. Le profil des manches par exemple a été très fidè­le­ment repro­duit.

C.G – Exac­te­ment, nous avons tenu à repro­duire les profils 59 et 60 des manches de Les Paul de manière très précise. Tous les petits détails qui diffé­ren­cient les modèles 50 et 60 sont égale­ment très travaillés. Des micros aux boutons de poten­tio­mètres en passant par les méca­niques, tout est préci­sé­ment étudié pour que l’ins­tru­ment soit le plus fidèle à la période à laquelle il corres­pond. Avant de commen­cer à conce­voir l’ave­nir de Gibson, quand nous avons commencé à poser les bases avec J.C Curleigh, nous nous deman­dions ce que nous allions faire avec Gibson. Puis au fil du temps, nous avons pu rencon­trer et discu­ter avec tous les luthiers et artistes qui fabriquent les instru­ments. Toutes ces personnes ont du talent et des années d’ex­pé­rience au sein de Gibson, mais surtout des tas d’idées ! Tout le travail a en fait consisté à mettre en commun et débloquer toutes ces idées et ces compé­tences. J’ai person­nel­le­ment passé de nombreuses heures à travailler sur les instru­ments avec nos luthiers. Premiè­re­ment pour des raisons de temps, le NAMM de janvier appro­chait à grands pas, et il fallait qu’on avance ! [rires]. Tous ces luthiers et artistes qui fabriquent des instru­ments sont, comme moi, de véri­tables fondus de guitares et c’est très agréable de conce­voir toute une nouvelle ligne d’ins­tru­ments avec eux. Il s’agit réel­le­ment d’un travail d’équipe, comme dans toute entre­prise. J.C et moi nous le disons tout le temps, nous ne sommes pas des héros, ce n’est pas notre place. Il faut juste hono­rer le travail d’équipe de tous nos ouvriers qui ont colla­boré et tout donné pour que cette nouvelle série voie le jour pour le NAMM. 

JB – Cesar, merci beau­coup d’avoir répondu à nos ques­tions !

C.G – Merci à vous de m’avoir consa­cré cette inter­view, j’ai passé un bon moment.


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