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Interview / Podcast
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Interview de Scott Holiday, guitariste du groupe Rival Sons - Scott Holiday: Fuzzy Bird

Depuis leurs débuts en 2009, les Californiens de Rival Sons ont connu une ascension fulgurante marquée par une grande productivité avec pas moins de cinq albums et un EP. Ce succès les a d’ailleurs rapidement placés tout en haut du vivier des formations ayant remis au goût du jour le classic-rock et les riffs dévastateurs. Audiofanzine a rencontré Scott Holiday, guitariste du groupe et collectionneur un brin monomaniaque de Firebird et de pédales de fuzz.

Interview de Scott Holiday, guitariste du groupe Rival Sons : Scott Holiday: Fuzzy Bird

Rival Sons, c’est avant tout la combi­nai­son d’un chan­teur à la voix pure et puis­sante, Jay Bucha­nan, et d’un guita­riste « larger than life » et bourré de style, Scott Holi­day. Avec ces deux-là, il est diffi­cile de faire fausse route, surtout que le tandem possède un véri­table sens de la compo­si­tion et une manière d’en­re­gis­trer on ne peut plus orga­nique sous la houlette du produc­teur Dave Cobb. En plus de la recon­nais­sance du public, Rival Sons a égale­ment été adoubé par ses pairs, le groupe alter­nant tour­nées en tête d’af­fiche et premières parties pres­ti­gieuses avec Aeros­mith, Black Sabbath, Deep Purple et bien d’autres encore. Sans même jouer la moindre note, Scott Holi­day, de par sa collec­tion de guitares et sa garde-robe, est déjà une œuvre d’art à part entière. Fort heureu­se­ment, son jeu est aussi inspiré que son appa­rence et il ne lésine pas sur les moyens de parve­nir à ses fins en prenant avec lui en tour­née pas moins de neuf guitares et trois pedal­boards ! Nous avons coincé ce drôle de vola­tile en février dernier à l’Ély­sée Mont­martre pour passer en revue son équi­pe­ment, un exer­cice auquel il s’est prêté avec beau­coup de plai­sir !   

 

Bonjour à tous. Nous sommes aujour­d’hui avec Scott Holi­day, le « Seigneur des Fire­bird »!

J’aime à penser que je suis le « Seigneur des fuzz », mais j’ap­pré­cie d’être égale­ment devenu le « Seigneur des Fire­bird » (rires) ! 

Scott Holiday Green FB

Comment vas-tu?

Je vais bien ! Nous venons de termi­ner la tour­née en première partie de Black Sabbath (ndlr : l’in­ter­view se déroule le 2 février 2017, soit deux jours après l’ul­time concert de Black Sabbath donné à Birmin­gham dont Rival Sons assu­rait la première partie) qui a durée treize mois. Nous enchai­nons avec notre propre tour­née pour la promo­tion de notre dernier album Hollow Bones (2016). Nous avons appelé cette tour­née le Teatro Fiasco. C’est la seconde date ce soir et nous ne pouvions pas rêver d’un meilleur endroit que la France pour débu­ter cette tour­née. Nous sommes ravis d’être de retour à Paris. 

Tu ne crânes pas, mais tu viens de jouer sur le tout dernier concert de Black Sabbath!

C’était super ! Nous restons humbles là-dessus, il n’est pas ques­tion de se vanter. C’est un peu comme dans cette scène de Wayne’s World lorsqu’ils disent : « on mérite pas, on mérite pas ». Nous sommes restés tranquille­ment sur le côté de la scène pour assis­ter à ce dernier moment, c’était complè­te­ment surréa­liste et émou­vant. 

Comme je le faisais comprendre en intro­duc­tion, tu possèdes beau­coup de Fire­bird. Ce n’est pas néces­sai­re­ment le choix de guitare le plus courant. Quand les gens choi­sissent une Gibson, ils vont souvent s’orien­ter vers la Les Paul ou la SG. Je ne serais égale­ment pas étonné si on me disait que les ventes des Explo­rer et des Flying V sont meilleures que celles des Fire­bird. Qu’est-ce qui t’a attiré en parti­cu­lier sur ce modèle, joues-tu dessus depuis le début

Non je n’avais jamais joué sur une Fire­bird avant Rival Sons. Je jouais sur des Stra­to­cas­ter, des Tele­cas­ter, des Esquire, des Les Paul, des SG et même des guitares à double manche. Toutes sortes de guitares et aucune d’entre elles ne pouvait rassem­bler l’en­semble des sono­ri­tés utili­sées sur notre premier album Before The Fire (2009). Je me suis alors dit que j’avais peut-être besoin d’une guitare diffé­rente et j’étais égale­ment attiré par le fait qu’as­sez peu de gens jouent sur des Fire­bird. J’adore cette forme aussi magni­fique qu’ori­gi­nale. Elle a été co-dessi­née par Ray Dietrich, un concep­teur de voitures, et cette guitare possède assu­ré­ment ce look de vieille bagnole « moderne » du milieu du siècle dernier. C’est un objet très inté­res­sant et j’aime tout cela à propos de cette guitare : elle est puis­sante, inté­res­sante et peu de gens l’uti­lisent. J’ai commencé à faire des recherches sur les micros d’ori­gine des Fire­bird et cela m’a égale­ment inté­ressé. J’ai eu ma première Fire­bird, la bleue qui est une Gibson Custom Shop Histo­ric de 1999 et ça a marché ! Elle sonnait un peu comme une Tele­cas­ter et un peu comme une Strat, et un peu comme une Les Paul, et puis même comme une SG. Cette guitare semblait être un parfait compro­mis entre toutes les guitares que je jouais et brouillait les fron­tières sonores. Puis j’ai commencé à chan­ger les micros…

C’est une Fire­bird avec trois micros, c’est bien ça? S’agit-il de mini-humbu­ckers

Scott Holiday Blue FB

Oui, ce sont bien des mini-humbu­ckers sur cette guitare. À l’ori­gine c’étaient des micros Fire­bird. Ils ont leur spéci­fi­cité, ce sont des micros « sand­wich ». Ils ne sonnent pas vrai­ment comme des humbu­ckers, davan­tage comme des micros simples, mais ils sont très parti­cu­liers. J’ai utilisé ces micros, mais aujour­d’hui cette guitare est équi­pée de micros Tom Short avec un bobi­nage custom. Il s’agit de mini-humbu­ckers avec un capot de micros Fire­bird. Ils sonnent bien et sont surbo­bi­nés. Ils sonnent un peu comme un P.A.F vintage. Mes autres guitares ne sont pas réel­le­ment des Fire­bird à propre­ment parler, mais des Banshee. La Banshee a la forme d’une Fire­bird, mais est l’œuvre de Kauer, avec qui j’ai décidé d’ins­tal­ler le micro que je préfère : le TV Jones Power’­Tron ! Ce micro est un peu comme un vieux micro Gretsch. Comme un vieux Filter’­Tron avec qui il possède en commun la respi­ra­tion et la souplesse. Mais le Power’­Tron est plus puis­sant en dévoi­lant plus de muscle, d’at­taque et de mordant. Il fait penser de ce côté-là à un vieux P.A.F. Si tu regardes toutes mes guitares, il y aura quelques diffé­rences, mais ce micro est celui que j’uti­lise le plus en ce moment. 

Le Power’­Tron est installé sur quasi­ment toutes tes guitares donc

Dans la majo­rité d’entre elles. La guitare dorée, la première Kauer que j’ai eue, a des micros Curtis Novak avec un bobi­nage custom et qui sonnent un peu comme des mini-humbu­ckers. Ils ont vrai­ment un joli son, très vintage et ils laissent la luthe­rie de la guitare s’ex­pri­mer. J’ai donc égale­ment quelques micros Tom Short et j’ai mis les P-90 de Lollar dans maJ azzmas­ter. Mis à part ça, toutes mes autres guitares ont le TV Jones Power’­Tron !

Tu as neuf guitares pour le concert de ce soir…

Cela semble exces­sif, je sais !

Pas néces­sai­re­ment, car tu utilises plusieurs accor­dages. Comment choi­sis-tu la guitare que tu vas utili­ser sur telle ou telle chan­son, l’ac­cor­dage va jouer, mais la façon dont chacune sonne égale­ment, n’est-ce pas

Oui. Déjà, j’ai quelques guitares accor­dées en stan­dard et d’autres en Mi bémol. J’en ai d’autres en Open de Sol et en Open de Ré, et évidem­ment tu veux un backup à toutes ces guitares ! Puis je suis tout simple­ment fou des guitares ! J’adore leur look. J’ai une néces­sité réelle d’avoir plusieurs guitares, mais, mis à part ça, je suis un énorme fan du « guitar porn » ! Quand tu vois des mecs comme Mike Camp­bell et Tom Petty (Tom Petty And The Heart­brea­kers), ces deux-là changent de guitare constam­ment pendant tout le concert. Et à chaque guitare tu restes ébahi et tu t’ex­clames : « Yeah ! C’est cool ! » Mike peut passer d’une vieille Esquire à une Les Paul des années 50 pendant que Tom jouera sur une Ricken­ba­cker. Et ils n’ar­rêtent pas de faire des allers et retours avec leurs guitares toute la soirée ! Ils doivent cumu­ler trente guitares à eux deux et je trouve cela très exci­tant. Cela rend l’ex­pé­rience visuelle vrai­ment amusante ! Outre les super chan­sons et la produc­tion scénique, il y a un show dans le show qui se passe au niveau des instru­ments et ça m’avait vrai­ment plu quand j’étais plus jeune. Je m’étais dit à l’époque : « Si un jour j’ai la possi­bi­lité de faire comme eux, c’est exac­te­ment ce que je ferai ! ». C’est trop cool ! Avec mes potes, nous adorons les guitares et quand tu vois des mecs comme eux qui enchainent des guitares toutes meilleures les unes que les autres, c’est impres­sion­nant. J’ai toujours eu envie de propo­ser quelque chose de simi­laire. Ça fait indé­nia­ble­ment partie du fun !

Scott Holiday Green Bigsby

Les Kauer ont une allure de Fire­bird, mais, lorsque je les ai vues tout à l’heure, certaines m’ont semblé plus volu­mi­neuses. La verte semble avoir un manche très épais par exemple.

Un petit peu oui, mais elles ont malgré tout un profil assez simi­laire à celui d’une Fire­bird. Le profil de manche que Doug Kauer a fait pour moi est très confor­table, c’est un profil en C je pense. Je n’en suis même pas sûr, car il me convient telle­ment bien que je n’ai jamais eu à me rensei­gner à son sujet (rires) ! Il est de noto­riété publique que les manches Fender ont énor­mé­ment changé au fil du temps. Il y avait les gros V dans les 50's, puis les C plus larges, puis les manches en U. J’avais l’évo­lu­tion des manches Fender en tête pour ces Banshee et Doug s’est très bien débrouillé. Lorsque j’ai pris ce manche en main, je me suis dit : « je ne sais pas de quel profil il s’agit exac­te­ment, mais je l’adore ! » Puis, lorsqu’il fait des variantes de ce profil, j’aime aussi. Ma guitare verte est une bary­ton, ou plutôt une Bass VI en fait qui est accor­dée en La, assez profond et grave donc. Elle a effec­ti­ve­ment un manche plus gros et large comme celui d’une basse. 

Kauer est un luthier basé chez toi en Cali­for­nie

Oui c’est un luthier indé­pen­dant. Il est du nord de la Cali­for­nie. Je pense qu’il pour­rait agran­dir sa struc­ture faci­le­ment, mais il préfère rester à un niveau plus person­nel. Si tu veux une guitare, tu l’au­ras direc­te­ment de lui. Il bosse de manière fantas­tique !

Construit-il selon les spéci­fi­ca­tions origi­nales de Gibson ou se laisse-t-il aller à l’in­no­va­tion

Il est très nova­teur. Avec la Banshee il a quelque peu changé la forme et il construit égale­ment d’autres sortes de modèles. Il utilise diffé­rentes sortes de bois. Il est malin dans ce qu’il fait. La luthe­rie de ses guitares dépasse de la tête aux pieds celles des Gibson. Ils auraient beau­coup de choses à apprendre de lui (rires) ! 

La construc­tion de la Banshee n’est donc pas néces­sai­re­ment la même que celle d’une Fire­bird avec un manche traver­sant en acajou et noyer par exemple?

Il y a des simi­li­tudes. Le corps est en une partie et il renforce le tenon. Les gens vont regar­der ça de loin et vont se dire qu’ils ont affaire à une pub pour les guitares de Doug : « ache­tez ces guitares, elles sont fantas­tiques » (rires) ! Mais il utilise vrai­ment des bois diffé­rents. Gibson n’a jamais utilisé de cèdre espa­gnol par exemple contrai­re­ment à lui. Il utilise du wenge pour la touche. Il dispose vrai­ment de beau­coup d’op­tions origi­nales pour ces guitares et je mettrais ma main à couper que les gens de Gibson ont remarqué son travail et sont déjà à l’œuvre pour lui voler certaines idées (rires).

Tu utilises beau­coup d’ac­cor­dages diffé­rents, tu vas du Mi stan­dard jusqu’au La stan­dard. Utilises-tu toutes sortes de tirants de cordes

Non, j’uti­lise géné­ra­le­ment le même tirant de corde pour la plupart de mes guitares. Cela va dépendre d’où j’en suis dans la tour­née, mais je suis la plupart du temps sur du 11–50 ou du 11–52. Pour la bary­ton, je ne m’en souviens plus. Je n’ai qu’une guitare de ce type et elle a un jeu de cordes spécial. Je peux juste te dire que ces cordes sont gigan­tesques ! 

Il est clair qu’un 11–50 serait beau­coup trop souple en La.

Non, ça ne pour­rait pas marcher et j’aime que mes cordes soient bien tendues. Puis on parle d’une Bass VI avec un Bigsby, il y a plutôt inté­rêt à ce que cela soit bien tendu ! Aujour­d’hui si tu me mets une guitare accor­dée de manière stan­dard avec du 9, j’au­rais l’im­pres­sion de jouer avec des spaghet­tis ! Mais j’aime rester sur un seul tirant, à l’ex­cep­tion de la bary­ton donc. Sinon sur ma guitare en DADDAD, sur cet open de Ré, j’uti­lise les mêmes cordes pour les deux Ré du milieu et les autres sont montées norma­le­ment.

Scott Holiday Pedalboard

Comme tu le disais, tu es égale­ment appelé le seigneur des Fuzz! Tu as beau­coup de pédales, nous avons vu que tu utili­sais pas moins de trois pedal­boards sur scène…

Encore une fois, je sais que cela peut paraitre exces­sif, mais c’est néces­saire ! La seule raison pour laquelle j’em­mène avec moi tous ces gadgets est que nous avons désor­mais six disques sous le coude et que nous donnons des concerts en tête d’af­fiche. Nous essayons toujours d’ajou­ter de nouvelles chan­sons dans le set au fur et à mesure de la tour­née, et lorsque nous le faisons, je souhaite avoir sous le pied la même confi­gu­ra­tion qu’en studio pour une chan­son donnée. Dieu bénisse AC/DC, je les adore, mais c’est l’op­posé de ce que j’es­saie de faire. Je ne suis pas du tout dans une démarche du type : cette guitare bran­chée dans cet ampli tous les soirs, pour toutes les chan­sons et sur tous les albums ! Sur nos albums, il y a un large mélange de diffé­rentes couleurs. Pour moi, étant du genre capri­corne perfec­tion­niste, je veux pouvoir recréer à l’iden­tique une chan­son en live. Je veux que tout ce que j’avais en studio soit là. Je suis du genre à me dire : « ce n’était pas cette fuzz sur cette chan­son, bien sûr je peux m’en tirer avec, mais ça sonnera diffé­rem­ment. Il ne me faut pas cette germa­nium douce et chaude, c’était cette fuzz abra­sive et nerveuse. ». Quand ce genre de situa­tion se présente, je veux la bonne pédale. Il en va de même pour les diffé­rents delays que j’uti­lise. Il me faut la bonne réverbe, la bonne Leslie, le bon Uni-vibe, le bon ring modu­la­tor, toutes ces pédales que je peux utili­ser pour diffé­rentes chan­sons. Il y a beau­coup de saveurs et de textures diffé­rentes avec toutes ces pédales, mais c’est l’ac­cu­mu­la­tion de six albums qui donne ce besoin d’avoir trois pedal­boards et neuf guitares ! 

Scott Holiday Pedalboard 2

Tu as des machines assez étranges, comme cette pédale mysté­rieuse avec écrit dessus « Zap! »…

C’est moi qui l’ai bapti­sée ainsi, car j’ai refait le boitier de la pédale, même si ce n’était pas forcé­ment néces­saire. J’ai fini par dévoi­ler le secret, il s’agit en réalité d’une veille Roger Mayer Octa­via dans ce boitier. Je veux le dire aux gens : toutes les fuzz sonnent de manière diffé­rente. C’est parti­cu­liè­re­ment vrai pour les vieilles fuzz. Les tran­sis­tors à l’in­té­rieur sonnent toujours diffé­rem­ment. Ils vont donner un son plus ou moins « liquides », les compo­sants vont être affec­tés par le froid et la chaleur. Parfois il suffit d’une résis­tance diffé­rente pour chan­ger dras­tique­ment le son. Cette fuzz est parti­cu­liè­re­ment agres­sive, menaçante et vrai­ment puis­sante ! Elle est en quelque sorte mon compa­gnon dont je suis le plus proche sur mon pedal­board.    

C’est ta pédale favo­rite?

Proba­ble­ment ma favo­rite. Chacune d’entre elles a sa place et son impor­tance. J’aime beau­coup les nouvelles pédales de Deep Trip. Je possède une Hell Bender et une BOG qui sont toutes les deux fantas­tiques ! Pour la plupart des gens, ces pédales de Deep Trip couvri­ront ample­ment la tota­lité des besoins qu’ils attendent en matière de fuzz, mais encore une fois, avec six albums, j’ai besoin de beau­coup plus de textures sonores. 

Nous avons vu que tu aimes avoir à dispo­si­tion beau­coup de pédales en live pour recréer les sons du studio. À l’in­verse, en studio, joues-tu sur autant de guitares qu’en live

Hum…Oui je joue sur beau­coup de guitares diffé­rentes en studio. Je prends avec moi toutes celles que tu as vues aujour­d’hui et j’uti­lise en plus des guitares appar­te­nant à notre produc­teur, Dave Cobb, qui a une sacrée collec­tion de guitares vrai­ment spéciales ! Il possède une Les Paul Conver­sion de 1954 et une Esquire qui date de 1961 je crois. Il a une collec­tion consi­dé­rable de magni­fiques Gretsch des années 50. Toutes ses guitares sont égale­ment présentes, opéra­tion­nelles et dispo­nibles. Je n’ai plus qu’à saisir celle qui m’ins­pire sur le moment. Elles ne vont pas forcé­ment toutes être présentes sur nos albums, mais je change beau­coup de guitare en studio. Ça serait fun d’ailleurs de m’as­treindre à toutes les jouer sur un disque. Pendant que l’on enre­gistre les over­dubs, je pour­rais dire à Dave : « Attrape celle-ci, nous ne l’avons pas encore touchée pour cet album ! ». En tout cas, tous ces chan­ge­ments contri­buent à rendre les choses variées et colo­rées. 

Vous faites donc les choses de manière spon­ta­née comme en atteste le fait de ne pas écrire avant d’en­trer en studio…

Nous finis­sons les choses en studio, et nous y faisons même la majeure partie de la compo­si­tion. J’écris tout seul dans mon coin, mais je n’achève aucune chan­son avant d’en­trer en studio. Je laisse mes idées complè­te­ment ouvertes et Jay (ndlr : Bucha­nan, chant) fait la même chose. Cela nous permet de coller les morceaux ensemble et de termi­ner le boulot en studio. 

Scott Holiday Pedalboard 3

Je reviens un peu sur les pédales. Nous avons aperçu une sorte de théré­mine qui se joue au pied…

C’est une de mes pédales préfé­rées sur le pedal­board… C’est une de mes pédales préfé­rées tout court d’ailleurs ! Cette Zvex Fuzz Probe est très inven­tive, vrai­ment géniale. D’ailleurs, la Zvex Fuzz Factory est sans doute une des meilleures Fuzz possible, un véri­table couteau suisse. J’aime tout ce que Zachary fait, je consi­dère Zvex comme une des meilleures marques de pédales de tous les temps, et de loin ! J’adore la Fuzz Probe en parti­cu­lier, et je l’uti­lise énor­mé­ment. Il y a une plaque de cuivre qui contrôle le pitch de la Fuzz. Sur le Fuzz Factory, tu peux régler le pitch sur la posi­tion souhai­tée et ce réglage reste fixe. Sur le Fuzz Probe, il y a ce bouton qu’il appelle le « Stab » qui est toujours enclen­ché et qui varie avec le mouve­ment du pied. Grâce à cela tu peux faire beau­coup de choses amusantes, surtout des sons spéciaux et je suis à fond là-dedans (rires) !     

Y a-t-il d’autres pédales sur ton pedal­board que tu aimes parti­cu­liè­re­ment?

Je les adore toutes et c’est pourquoi elles sont toutes là ! Elles ont toutes quelque chose de parti­cu­lier, même mes wah-wah ou mes pédales de volume. J’ai un super uni-vibe avec le Mojo Vibe qui est une pédale fantas­tique ! Il n’y a aucune pédale super­flue sur mon board. J’adore les nouvelles pédales de Caro­line et plus parti­cu­liè­re­ment le Météore qui est une superbe pédale de réverbe dotée d’un bouton pour avoir des sons flip­pants à l’an­cienne. On peut l’en­tendre plusieurs fois sur notre dernier album d’ailleurs. Toujours de Caro­line, j’aime le delay Kilo­byte qui sonne de manière vrai­ment analo­gique, bien qu’il s’agisse d’une pédale numé­rique. Il n’y a vrai­ment rien qui ne serait pas impor­tant ou dési­rable sur mon pedal­board. 

Scott Holiday Emilia Pare Denver 6

Je devrais lais­ser davan­tage de gens se mettre devant et jouer avec. Je pense que la seule personne au monde que j’ai laissé s’amu­ser avec la tota­lité de mon pedal­board est Steve Morse lorsque nous tour­nions avec Deep Purple. Je suis un énorme fan de Steve Morse, j’ai grandi au son de Dixie Dregs, il est un de mes plus grands héros. Nous sommes deve­nus bons amis pendant cette tour­née. Un soir, alors que nous buvions un coup ensemble et que nous nous racon­tions des histoires, j’ai dit à Steve : « j’ado­re­rais entendre comment tu sonnes à travers mon matos ! ». J’adore mon matos et celui de Steve aussi, mais j’ai évidem­ment un parti pris pour le mien, comme tout guita­riste. Mon équi­pe­ment est beau­coup plus agres­sif et sale que le sien et j’ai eu le courage de le lui dire sans l’of­fen­ser. Il m’a juste répondu : « dis-moi quand. » Je lui ai alors dit : « pendant la balance, demain ! » et il m’a fait : « OK, on se voit là-bas ! » Il s’est donc pointé le lende­main, à la fin de notre balance, et il s’est avancé vers mon matos et m’a fait : « je suis là, allons-y ! ». Je me suis dit : « Woah ! C’est incroyable ». Je crois qu’il a joué sur une de mes guitares en plus des siennes. C’était vrai­ment cool ! Il est telle­ment humble et terre-à-terre. C’est le guita­riste le moins « nerd » possible. Il peut jouer tous les styles comme un expert et sans dispo­ser de grands moyens. Il m’a demandé pourquoi je me servais de tout ça et quand j’ai commencé à lui répondre, il m’a fait : « s’il te plait, arrête ! » (Rires). C’est vrai­ment un génie de la guitare. Il ne compre­nait pas tout ce qui se passait sur mon board : « c’est quoi ça ? Ça sert à quoi ? », et j’ai passé en revue toutes mes pédales avec lui pendant qu’il jouait. On enclen­chait l’Uni-vibe pendant qu’il jouait du Hendrix. Je lui mettais des trucs super agres­sifs lorsqu’ils jouaient des riffs plus méchants. Fina­le­ment, ce que j’ima­gi­nais comme une petite session de dix bonnes minutes s’est trans­formé en une heure à trai­ner sur mon équi­pe­ment. Une fois que j’ai terminé de lui expliquer comment tout fonc­tion­nait, je me suis simple­ment assis pour l’écou­ter. C’était génial ! C’est la seule fois que j’ai eu le loisir d’en­tendre quelqu’un jouer avec tout mon équi­pe­ment. 

A-t-il essayé de jouer des versions pleines de Fuzz de Maybe I’m A Leo ou High­way Star

Non, car il a joué tout ça telle­ment de fois qu’il a joué tout autre chose. Mais c’était vrai­ment cool et très inté­res­sant !

Nous arri­vons main­te­nant aux amplis. Nous avons pu voir que tu disposes de quatre têtes d’am­plis et de deux baffles 4×12"

Tout est bran­ché, en perma­nence et à fond ! À vrai dire, je me suis assuré que l’on puisse pous­ser ces amplis jusqu’à 12 ! On se retrouve au maga­sin de guitares Nigel ! (ndlr : réfé­rence à Nigel Tufnel, person­nage du film Spinal Tap qui se vante d’avoir un ampli allant jusqu’à 11). 

Scott Holiday Orange Stack

Il y a deux OR50 stan­dards en tolex orange et deux OR50 issus du Custom Shop en tolex blanc. Peux-tu nous en dire davan­tage sur ton utili­sa­tion?

Il y a deux têtes qui sont en perma­nence sous tension, mais qui ne sont pas jouées en même temps, et les deux têtes sont reliées au même baffle. Une tête me sert pour les sons clairs et l’autre pour les sons satu­rés. J’uti­lise un switch de Radial qui me permet de donner une résis­tance de charge aux deux têtes et de les envoyer vers un seul baffle. Je rencontre des problèmes avec ce switch en ce moment et David Beste (ndlr : basse) qui est assis derrière me disait à l’ins­tant (avec ironie) : « ce switch fonc­tionne vrai­ment bien ! » Pour être tout à fait clair, il marche comme de la merde ! Merci Radial (rires) ! Je n’ai pas d’autres moyens pour faire cela, donc peu importe combien je peux râler sur ce produit, je suis obligé de l’uti­li­ser vu que personne d’autre ne semble fabriquer cela (ndlr : en France, Plug & Play Ampli­fi­ca­tion propose le Two Amps One Cab). La troi­sième tête est un backup au cas où quelque chose ne va pas avec une de mes deux têtes. La quatrième tête ressemble à un ampli, mais n’en est pas un en réalité. Elle a été conver­tie et c’est à cet endroit-là qu’est caché le switch Radial ainsi que des boites de DI et mon alimen­ta­tion. 

Quels haut-parleurs se trouvent à l’in­té­rieur de ton baffle PPC412

Des petits gnomes qui préparent des cookies (rires) ! C’est le nouveau truc d’Orange, la série Keebler ! (ndlr : plus grosse société produi­sant des cookies aux États-Unis). C’est un baffle 4×12", équipé de gnomes qui font de déli­cieux cookies ! J’ai besoin de mes cookies lorsque je suis sur le pont mec (rires) ! Plus sérieu­se­ment, ce sont des baffles normaux avec des Celes­tion Vintage 30 à l’in­té­rieur, je suppose. Ils ne font pas de cookies malheu­reu­se­ment, mais ils font beau­coup de bruit !

 

Merci à Emilia Paré et Ross Halfin pour certaines des photos.

  • Scott Holiday Ross Halfin 1
  • Scott Holiday Emilia Pare Denver 6
  • Scott Holiday Green FB
  • PI 066
  • Scott Holiday Blue
  • Scott Holiday Hollow
  • Scott Holiday Green Bigsby
  • Scott Holiday Red
  • Scott Holiday Silver
  • Scott Holiday Blue FB
  • Scott Holiday White
  • Scott Holiday Metal
  • Scott Holiday Burst
  • Scott Holiday Orange Amps
  • Scott Holiday Orange Stack
  • Scott Holiday Pedalboard 2
  • Scott Holiday Pedalboard 3
  • Scott Holiday Pedalboard

 


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