Depuis leurs débuts en 2009, les Californiens de Rival Sons ont connu une ascension fulgurante marquée par une grande productivité avec pas moins de cinq albums et un EP. Ce succès les a d’ailleurs rapidement placés tout en haut du vivier des formations ayant remis au goût du jour le classic-rock et les riffs dévastateurs. Audiofanzine a rencontré Scott Holiday, guitariste du groupe et collectionneur un brin monomaniaque de Firebird et de pédales de fuzz.
Rival Sons, c’est avant tout la combinaison d’un chanteur à la voix pure et puissante, Jay Buchanan, et d’un guitariste « larger than life » et bourré de style, Scott Holiday. Avec ces deux-là, il est difficile de faire fausse route, surtout que le tandem possède un véritable sens de la composition et une manière d’enregistrer on ne peut plus organique sous la houlette du producteur Dave Cobb. En plus de la reconnaissance du public, Rival Sons a également été adoubé par ses pairs, le groupe alternant tournées en tête d’affiche et premières parties prestigieuses avec Aerosmith, Black Sabbath, Deep Purple et bien d’autres encore. Sans même jouer la moindre note, Scott Holiday, de par sa collection de guitares et sa garde-robe, est déjà une œuvre d’art à part entière. Fort heureusement, son jeu est aussi inspiré que son apparence et il ne lésine pas sur les moyens de parvenir à ses fins en prenant avec lui en tournée pas moins de neuf guitares et trois pedalboards ! Nous avons coincé ce drôle de volatile en février dernier à l’Élysée Montmartre pour passer en revue son équipement, un exercice auquel il s’est prêté avec beaucoup de plaisir !
Bonjour à tous. Nous sommes aujourd’hui avec Scott Holiday, le « Seigneur des Firebird »!
J’aime à penser que je suis le « Seigneur des fuzz », mais j’apprécie d’être également devenu le « Seigneur des Firebird » (rires) !
Comment vas-tu ?
Je vais bien ! Nous venons de terminer la tournée en première partie de Black Sabbath (ndlr : l’interview se déroule le 2 février 2017, soit deux jours après l’ultime concert de Black Sabbath donné à Birmingham dont Rival Sons assurait la première partie) qui a durée treize mois. Nous enchainons avec notre propre tournée pour la promotion de notre dernier album Hollow Bones (2016). Nous avons appelé cette tournée le Teatro Fiasco. C’est la seconde date ce soir et nous ne pouvions pas rêver d’un meilleur endroit que la France pour débuter cette tournée. Nous sommes ravis d’être de retour à Paris.
Tu ne crânes pas, mais tu viens de jouer sur le tout dernier concert de Black Sabbath !
C’était super ! Nous restons humbles là-dessus, il n’est pas question de se vanter. C’est un peu comme dans cette scène de Wayne’s World lorsqu’ils disent : « on mérite pas, on mérite pas ». Nous sommes restés tranquillement sur le côté de la scène pour assister à ce dernier moment, c’était complètement surréaliste et émouvant.
Comme je le faisais comprendre en introduction, tu possèdes beaucoup de Firebird. Ce n’est pas nécessairement le choix de guitare le plus courant. Quand les gens choisissent une Gibson, ils vont souvent s’orienter vers la Les Paul ou la SG. Je ne serais également pas étonné si on me disait que les ventes des Explorer et des Flying V sont meilleures que celles des Firebird. Qu’est-ce qui t’a attiré en particulier sur ce modèle, joues-tu dessus depuis le début ?
Non je n’avais jamais joué sur une Firebird avant Rival Sons. Je jouais sur des Stratocaster, des Telecaster, des Esquire, des Les Paul, des SG et même des guitares à double manche. Toutes sortes de guitares et aucune d’entre elles ne pouvait rassembler l’ensemble des sonorités utilisées sur notre premier album Before The Fire (2009). Je me suis alors dit que j’avais peut-être besoin d’une guitare différente et j’étais également attiré par le fait qu’assez peu de gens jouent sur des Firebird. J’adore cette forme aussi magnifique qu’originale. Elle a été co-dessinée par Ray Dietrich, un concepteur de voitures, et cette guitare possède assurément ce look de vieille bagnole « moderne » du milieu du siècle dernier. C’est un objet très intéressant et j’aime tout cela à propos de cette guitare : elle est puissante, intéressante et peu de gens l’utilisent. J’ai commencé à faire des recherches sur les micros d’origine des Firebird et cela m’a également intéressé. J’ai eu ma première Firebird, la bleue qui est une Gibson Custom Shop Historic de 1999 et ça a marché ! Elle sonnait un peu comme une Telecaster et un peu comme une Strat, et un peu comme une Les Paul, et puis même comme une SG. Cette guitare semblait être un parfait compromis entre toutes les guitares que je jouais et brouillait les frontières sonores. Puis j’ai commencé à changer les micros…
C’est une Firebird avec trois micros, c’est bien ça ? S’agit-il de mini-humbuckers ?
Oui, ce sont bien des mini-humbuckers sur cette guitare. À l’origine c’étaient des micros Firebird. Ils ont leur spécificité, ce sont des micros « sandwich ». Ils ne sonnent pas vraiment comme des humbuckers, davantage comme des micros simples, mais ils sont très particuliers. J’ai utilisé ces micros, mais aujourd’hui cette guitare est équipée de micros Tom Short avec un bobinage custom. Il s’agit de mini-humbuckers avec un capot de micros Firebird. Ils sonnent bien et sont surbobinés. Ils sonnent un peu comme un P.A.F vintage. Mes autres guitares ne sont pas réellement des Firebird à proprement parler, mais des Banshee. La Banshee a la forme d’une Firebird, mais est l’œuvre de Kauer, avec qui j’ai décidé d’installer le micro que je préfère : le TV Jones Power’Tron ! Ce micro est un peu comme un vieux micro Gretsch. Comme un vieux Filter’Tron avec qui il possède en commun la respiration et la souplesse. Mais le Power’Tron est plus puissant en dévoilant plus de muscle, d’attaque et de mordant. Il fait penser de ce côté-là à un vieux P.A.F. Si tu regardes toutes mes guitares, il y aura quelques différences, mais ce micro est celui que j’utilise le plus en ce moment.
Le Power’Tron est installé sur quasiment toutes tes guitares donc ?
Dans la majorité d’entre elles. La guitare dorée, la première Kauer que j’ai eue, a des micros Curtis Novak avec un bobinage custom et qui sonnent un peu comme des mini-humbuckers. Ils ont vraiment un joli son, très vintage et ils laissent la lutherie de la guitare s’exprimer. J’ai donc également quelques micros Tom Short et j’ai mis les P-90 de Lollar dans maJ azzmaster. Mis à part ça, toutes mes autres guitares ont le TV Jones Power’Tron !
Tu as neuf guitares pour le concert de ce soir…
Cela semble excessif, je sais !
Pas nécessairement, car tu utilises plusieurs accordages. Comment choisis-tu la guitare que tu vas utiliser sur telle ou telle chanson, l’accordage va jouer, mais la façon dont chacune sonne également, n’est-ce pas ?
Oui. Déjà, j’ai quelques guitares accordées en standard et d’autres en Mi bémol. J’en ai d’autres en Open de Sol et en Open de Ré, et évidemment tu veux un backup à toutes ces guitares ! Puis je suis tout simplement fou des guitares ! J’adore leur look. J’ai une nécessité réelle d’avoir plusieurs guitares, mais, mis à part ça, je suis un énorme fan du « guitar porn » ! Quand tu vois des mecs comme Mike Campbell et Tom Petty (Tom Petty And The Heartbreakers), ces deux-là changent de guitare constamment pendant tout le concert. Et à chaque guitare tu restes ébahi et tu t’exclames : « Yeah ! C’est cool ! » Mike peut passer d’une vieille Esquire à une Les Paul des années 50 pendant que Tom jouera sur une Rickenbacker. Et ils n’arrêtent pas de faire des allers et retours avec leurs guitares toute la soirée ! Ils doivent cumuler trente guitares à eux deux et je trouve cela très excitant. Cela rend l’expérience visuelle vraiment amusante ! Outre les super chansons et la production scénique, il y a un show dans le show qui se passe au niveau des instruments et ça m’avait vraiment plu quand j’étais plus jeune. Je m’étais dit à l’époque : « Si un jour j’ai la possibilité de faire comme eux, c’est exactement ce que je ferai ! ». C’est trop cool ! Avec mes potes, nous adorons les guitares et quand tu vois des mecs comme eux qui enchainent des guitares toutes meilleures les unes que les autres, c’est impressionnant. J’ai toujours eu envie de proposer quelque chose de similaire. Ça fait indéniablement partie du fun !
Les Kauer ont une allure de Firebird, mais, lorsque je les ai vues tout à l’heure, certaines m’ont semblé plus volumineuses. La verte semble avoir un manche très épais par exemple.
Un petit peu oui, mais elles ont malgré tout un profil assez similaire à celui d’une Firebird. Le profil de manche que Doug Kauer a fait pour moi est très confortable, c’est un profil en C je pense. Je n’en suis même pas sûr, car il me convient tellement bien que je n’ai jamais eu à me renseigner à son sujet (rires) ! Il est de notoriété publique que les manches Fender ont énormément changé au fil du temps. Il y avait les gros V dans les 50's, puis les C plus larges, puis les manches en U. J’avais l’évolution des manches Fender en tête pour ces Banshee et Doug s’est très bien débrouillé. Lorsque j’ai pris ce manche en main, je me suis dit : « je ne sais pas de quel profil il s’agit exactement, mais je l’adore ! » Puis, lorsqu’il fait des variantes de ce profil, j’aime aussi. Ma guitare verte est une baryton, ou plutôt une Bass VI en fait qui est accordée en La, assez profond et grave donc. Elle a effectivement un manche plus gros et large comme celui d’une basse.
Kauer est un luthier basé chez toi en Californie ?
Oui c’est un luthier indépendant. Il est du nord de la Californie. Je pense qu’il pourrait agrandir sa structure facilement, mais il préfère rester à un niveau plus personnel. Si tu veux une guitare, tu l’auras directement de lui. Il bosse de manière fantastique !
Construit-il selon les spécifications originales de Gibson ou se laisse-t-il aller à l’innovation ?
Il est très novateur. Avec la Banshee il a quelque peu changé la forme et il construit également d’autres sortes de modèles. Il utilise différentes sortes de bois. Il est malin dans ce qu’il fait. La lutherie de ses guitares dépasse de la tête aux pieds celles des Gibson. Ils auraient beaucoup de choses à apprendre de lui (rires) !
La construction de la Banshee n’est donc pas nécessairement la même que celle d’une Firebird avec un manche traversant en acajou et noyer par exemple ?
Il y a des similitudes. Le corps est en une partie et il renforce le tenon. Les gens vont regarder ça de loin et vont se dire qu’ils ont affaire à une pub pour les guitares de Doug : « achetez ces guitares, elles sont fantastiques » (rires) ! Mais il utilise vraiment des bois différents. Gibson n’a jamais utilisé de cèdre espagnol par exemple contrairement à lui. Il utilise du wenge pour la touche. Il dispose vraiment de beaucoup d’options originales pour ces guitares et je mettrais ma main à couper que les gens de Gibson ont remarqué son travail et sont déjà à l’œuvre pour lui voler certaines idées (rires).
Tu utilises beaucoup d’accordages différents, tu vas du Mi standard jusqu’au La standard. Utilises-tu toutes sortes de tirants de cordes ?
Non, j’utilise généralement le même tirant de corde pour la plupart de mes guitares. Cela va dépendre d’où j’en suis dans la tournée, mais je suis la plupart du temps sur du 11–50 ou du 11–52. Pour la baryton, je ne m’en souviens plus. Je n’ai qu’une guitare de ce type et elle a un jeu de cordes spécial. Je peux juste te dire que ces cordes sont gigantesques !
Il est clair qu’un 11–50 serait beaucoup trop souple en La.
Non, ça ne pourrait pas marcher et j’aime que mes cordes soient bien tendues. Puis on parle d’une Bass VI avec un Bigsby, il y a plutôt intérêt à ce que cela soit bien tendu ! Aujourd’hui si tu me mets une guitare accordée de manière standard avec du 9, j’aurais l’impression de jouer avec des spaghettis ! Mais j’aime rester sur un seul tirant, à l’exception de la baryton donc. Sinon sur ma guitare en DADDAD, sur cet open de Ré, j’utilise les mêmes cordes pour les deux Ré du milieu et les autres sont montées normalement.
Comme tu le disais, tu es également appelé le seigneur des Fuzz ! Tu as beaucoup de pédales, nous avons vu que tu utilisais pas moins de trois pedalboards sur scène…
Encore une fois, je sais que cela peut paraitre excessif, mais c’est nécessaire ! La seule raison pour laquelle j’emmène avec moi tous ces gadgets est que nous avons désormais six disques sous le coude et que nous donnons des concerts en tête d’affiche. Nous essayons toujours d’ajouter de nouvelles chansons dans le set au fur et à mesure de la tournée, et lorsque nous le faisons, je souhaite avoir sous le pied la même configuration qu’en studio pour une chanson donnée. Dieu bénisse AC/DC, je les adore, mais c’est l’opposé de ce que j’essaie de faire. Je ne suis pas du tout dans une démarche du type : cette guitare branchée dans cet ampli tous les soirs, pour toutes les chansons et sur tous les albums ! Sur nos albums, il y a un large mélange de différentes couleurs. Pour moi, étant du genre capricorne perfectionniste, je veux pouvoir recréer à l’identique une chanson en live. Je veux que tout ce que j’avais en studio soit là. Je suis du genre à me dire : « ce n’était pas cette fuzz sur cette chanson, bien sûr je peux m’en tirer avec, mais ça sonnera différemment. Il ne me faut pas cette germanium douce et chaude, c’était cette fuzz abrasive et nerveuse. ». Quand ce genre de situation se présente, je veux la bonne pédale. Il en va de même pour les différents delays que j’utilise. Il me faut la bonne réverbe, la bonne Leslie, le bon Uni-vibe, le bon ring modulator, toutes ces pédales que je peux utiliser pour différentes chansons. Il y a beaucoup de saveurs et de textures différentes avec toutes ces pédales, mais c’est l’accumulation de six albums qui donne ce besoin d’avoir trois pedalboards et neuf guitares !
Tu as des machines assez étranges, comme cette pédale mystérieuse avec écrit dessus « Zap! »…
C’est moi qui l’ai baptisée ainsi, car j’ai refait le boitier de la pédale, même si ce n’était pas forcément nécessaire. J’ai fini par dévoiler le secret, il s’agit en réalité d’une veille Roger Mayer Octavia dans ce boitier. Je veux le dire aux gens : toutes les fuzz sonnent de manière différente. C’est particulièrement vrai pour les vieilles fuzz. Les transistors à l’intérieur sonnent toujours différemment. Ils vont donner un son plus ou moins « liquides », les composants vont être affectés par le froid et la chaleur. Parfois il suffit d’une résistance différente pour changer drastiquement le son. Cette fuzz est particulièrement agressive, menaçante et vraiment puissante ! Elle est en quelque sorte mon compagnon dont je suis le plus proche sur mon pedalboard.
C’est ta pédale favorite ?
Probablement ma favorite. Chacune d’entre elles a sa place et son importance. J’aime beaucoup les nouvelles pédales de Deep Trip. Je possède une Hell Bender et une BOG qui sont toutes les deux fantastiques ! Pour la plupart des gens, ces pédales de Deep Trip couvriront amplement la totalité des besoins qu’ils attendent en matière de fuzz, mais encore une fois, avec six albums, j’ai besoin de beaucoup plus de textures sonores.
Nous avons vu que tu aimes avoir à disposition beaucoup de pédales en live pour recréer les sons du studio. À l’inverse, en studio, joues-tu sur autant de guitares qu’en live ?
Hum…Oui je joue sur beaucoup de guitares différentes en studio. Je prends avec moi toutes celles que tu as vues aujourd’hui et j’utilise en plus des guitares appartenant à notre producteur, Dave Cobb, qui a une sacrée collection de guitares vraiment spéciales ! Il possède une Les Paul Conversion de 1954 et une Esquire qui date de 1961 je crois. Il a une collection considérable de magnifiques Gretsch des années 50. Toutes ses guitares sont également présentes, opérationnelles et disponibles. Je n’ai plus qu’à saisir celle qui m’inspire sur le moment. Elles ne vont pas forcément toutes être présentes sur nos albums, mais je change beaucoup de guitare en studio. Ça serait fun d’ailleurs de m’astreindre à toutes les jouer sur un disque. Pendant que l’on enregistre les overdubs, je pourrais dire à Dave : « Attrape celle-ci, nous ne l’avons pas encore touchée pour cet album ! ». En tout cas, tous ces changements contribuent à rendre les choses variées et colorées.
Vous faites donc les choses de manière spontanée comme en atteste le fait de ne pas écrire avant d’entrer en studio…
Nous finissons les choses en studio, et nous y faisons même la majeure partie de la composition. J’écris tout seul dans mon coin, mais je n’achève aucune chanson avant d’entrer en studio. Je laisse mes idées complètement ouvertes et Jay (ndlr : Buchanan, chant) fait la même chose. Cela nous permet de coller les morceaux ensemble et de terminer le boulot en studio.
Je reviens un peu sur les pédales. Nous avons aperçu une sorte de thérémine qui se joue au pied…
C’est une de mes pédales préférées sur le pedalboard… C’est une de mes pédales préférées tout court d’ailleurs ! Cette Zvex Fuzz Probe est très inventive, vraiment géniale. D’ailleurs, la Zvex Fuzz Factory est sans doute une des meilleures Fuzz possible, un véritable couteau suisse. J’aime tout ce que Zachary fait, je considère Zvex comme une des meilleures marques de pédales de tous les temps, et de loin ! J’adore la Fuzz Probe en particulier, et je l’utilise énormément. Il y a une plaque de cuivre qui contrôle le pitch de la Fuzz. Sur le Fuzz Factory, tu peux régler le pitch sur la position souhaitée et ce réglage reste fixe. Sur le Fuzz Probe, il y a ce bouton qu’il appelle le « Stab » qui est toujours enclenché et qui varie avec le mouvement du pied. Grâce à cela tu peux faire beaucoup de choses amusantes, surtout des sons spéciaux et je suis à fond là-dedans (rires) !
Y a-t-il d’autres pédales sur ton pedalboard que tu aimes particulièrement ?
Je les adore toutes et c’est pourquoi elles sont toutes là ! Elles ont toutes quelque chose de particulier, même mes wah-wah ou mes pédales de volume. J’ai un super uni-vibe avec le Mojo Vibe qui est une pédale fantastique ! Il n’y a aucune pédale superflue sur mon board. J’adore les nouvelles pédales de Caroline et plus particulièrement le Météore qui est une superbe pédale de réverbe dotée d’un bouton pour avoir des sons flippants à l’ancienne. On peut l’entendre plusieurs fois sur notre dernier album d’ailleurs. Toujours de Caroline, j’aime le delay Kilobyte qui sonne de manière vraiment analogique, bien qu’il s’agisse d’une pédale numérique. Il n’y a vraiment rien qui ne serait pas important ou désirable sur mon pedalboard.
Je devrais laisser davantage de gens se mettre devant et jouer avec. Je pense que la seule personne au monde que j’ai laissé s’amuser avec la totalité de mon pedalboard est Steve Morse lorsque nous tournions avec Deep Purple. Je suis un énorme fan de Steve Morse, j’ai grandi au son de Dixie Dregs, il est un de mes plus grands héros. Nous sommes devenus bons amis pendant cette tournée. Un soir, alors que nous buvions un coup ensemble et que nous nous racontions des histoires, j’ai dit à Steve : « j’adorerais entendre comment tu sonnes à travers mon matos ! ». J’adore mon matos et celui de Steve aussi, mais j’ai évidemment un parti pris pour le mien, comme tout guitariste. Mon équipement est beaucoup plus agressif et sale que le sien et j’ai eu le courage de le lui dire sans l’offenser. Il m’a juste répondu : « dis-moi quand. » Je lui ai alors dit : « pendant la balance, demain ! » et il m’a fait : « OK, on se voit là-bas ! » Il s’est donc pointé le lendemain, à la fin de notre balance, et il s’est avancé vers mon matos et m’a fait : « je suis là, allons-y ! ». Je me suis dit : « Woah ! C’est incroyable ». Je crois qu’il a joué sur une de mes guitares en plus des siennes. C’était vraiment cool ! Il est tellement humble et terre-à-terre. C’est le guitariste le moins « nerd » possible. Il peut jouer tous les styles comme un expert et sans disposer de grands moyens. Il m’a demandé pourquoi je me servais de tout ça et quand j’ai commencé à lui répondre, il m’a fait : « s’il te plait, arrête ! » (Rires). C’est vraiment un génie de la guitare. Il ne comprenait pas tout ce qui se passait sur mon board : « c’est quoi ça ? Ça sert à quoi ? », et j’ai passé en revue toutes mes pédales avec lui pendant qu’il jouait. On enclenchait l’Uni-vibe pendant qu’il jouait du Hendrix. Je lui mettais des trucs super agressifs lorsqu’ils jouaient des riffs plus méchants. Finalement, ce que j’imaginais comme une petite session de dix bonnes minutes s’est transformé en une heure à trainer sur mon équipement. Une fois que j’ai terminé de lui expliquer comment tout fonctionnait, je me suis simplement assis pour l’écouter. C’était génial ! C’est la seule fois que j’ai eu le loisir d’entendre quelqu’un jouer avec tout mon équipement.
A-t-il essayé de jouer des versions pleines de Fuzz de Maybe I’m A Leo ou Highway Star ?
Non, car il a joué tout ça tellement de fois qu’il a joué tout autre chose. Mais c’était vraiment cool et très intéressant !
Nous arrivons maintenant aux amplis. Nous avons pu voir que tu disposes de quatre têtes d’amplis et de deux baffles 4×12"…
Tout est branché, en permanence et à fond ! À vrai dire, je me suis assuré que l’on puisse pousser ces amplis jusqu’à 12 ! On se retrouve au magasin de guitares Nigel ! (ndlr : référence à Nigel Tufnel, personnage du film Spinal Tap qui se vante d’avoir un ampli allant jusqu’à 11).
Il y a deux OR50 standards en tolex orange et deux OR50 issus du Custom Shop en tolex blanc. Peux-tu nous en dire davantage sur ton utilisation ?
Il y a deux têtes qui sont en permanence sous tension, mais qui ne sont pas jouées en même temps, et les deux têtes sont reliées au même baffle. Une tête me sert pour les sons clairs et l’autre pour les sons saturés. J’utilise un switch de Radial qui me permet de donner une résistance de charge aux deux têtes et de les envoyer vers un seul baffle. Je rencontre des problèmes avec ce switch en ce moment et David Beste (ndlr : basse) qui est assis derrière me disait à l’instant (avec ironie) : « ce switch fonctionne vraiment bien ! » Pour être tout à fait clair, il marche comme de la merde ! Merci Radial (rires) ! Je n’ai pas d’autres moyens pour faire cela, donc peu importe combien je peux râler sur ce produit, je suis obligé de l’utiliser vu que personne d’autre ne semble fabriquer cela (ndlr : en France, Plug & Play Amplification propose le Two Amps One Cab). La troisième tête est un backup au cas où quelque chose ne va pas avec une de mes deux têtes. La quatrième tête ressemble à un ampli, mais n’en est pas un en réalité. Elle a été convertie et c’est à cet endroit-là qu’est caché le switch Radial ainsi que des boites de DI et mon alimentation.
Quels haut-parleurs se trouvent à l’intérieur de ton baffle PPC412 ?
Des petits gnomes qui préparent des cookies (rires) ! C’est le nouveau truc d’Orange, la série Keebler ! (ndlr : plus grosse société produisant des cookies aux États-Unis). C’est un baffle 4×12", équipé de gnomes qui font de délicieux cookies ! J’ai besoin de mes cookies lorsque je suis sur le pont mec (rires) ! Plus sérieusement, ce sont des baffles normaux avec des Celestion Vintage 30 à l’intérieur, je suppose. Ils ne font pas de cookies malheureusement, mais ils font beaucoup de bruit !
Merci à Emilia Paré et Ross Halfin pour certaines des photos.