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Test des guitares Sébastien Gavet Tour Bus SG6V3, SG6V5 et SG6V6 - Born to be wild

Award Innovation 2013
2013
Innovation
Award

Sébastien Gavet, ingénieur reconverti par passion dans la lutherie, a eu la bonne idée de concevoir des modèles étonnants d’ingéniosité (c’est le cas de le dire !) de guitares « de voyage », transportables facilement, mais avec des qualités de son et de confort bien au-dessus de la plupart de ce qui existe en la matière.

Son credo est simple : conce­voir une guitare capable de répondre à une exigence de qualité pour une utili­sa­tion sur scène ou en studio. Le pari est ample­ment réussi grâce à un procédé de déploie­ment simple comme bonjour de deux pièces en bois qui permettent une sensa­tion de jeu très proche d’une guitare « normale » et qui permettent de réduire la taille du corps au mini­mum… Et consé­quem­ment de conser­ver un diapa­son normal pour le manche !

Easy riders

Sébastien Gavet Tour Bus SG6V3, SG6V5 et SG6V6

J’ai eu la chance d’avoir dans les mains trois modèles diffé­rents : deux guitares en confi­gu­ra­tion deux humbu­ckers, l’une inté­gra­le­ment faite d’acajou, l’autre équi­pée d’un vibrato Floyd Rose Schal­ler et construite en acajou pour le corps et en érable pour le manche et certaines pièces mobiles. Le troi­sième modèle, d’ins­pi­ra­tion Tele­cas­ter avec deux micros simples bobi­nages, est doté d’un corps en aulne et d’un manche en érable.

Très fran­che­ment, trans­por­ter seul dans le métro trois guitares, je n’avais jamais fait cela, eh bien grâce aux guitares Tour Bus c’est désor­mais non seule­ment possible, mais de surcroît fran­che­ment facile ! Affi­chant un poids d’en­vi­ron 2,5 Kg et une longueur de 78 cm sur une largeur de 16,6 cm, ces grattes sont les amies des voya­geurs (et des kiné­si­thé­ra­peutes et autres ostéo­pathes). L’en­com­bre­ment est vrai­ment minime et les petites housses conçues pour accueillir les guitares sont très pratiques.

Sébastien Gavet Tour Bus SG6V3, SG6V5 et SG6V6

Dès qu’on les sort desdites housses, l’as­pect « guitare de luthier » saute aux yeux, on est en présence d’un objet d’ar­ti­sa­nat de haute volée, sans aucun doute. Le look géné­ral est très réussi, ça n’a pas du tout l’air de jouets… Mais venons-en à la prin­ci­pale singu­la­rité de ces instru­ments : les pièces mobiles se déployant en un clin d’œil. Le prin­cipe est simple : on dévisse la molette de serrage de la pièce centrale au dos du corps, on appuie légè­re­ment pour débloquer, on tire jusqu’à la longueur dési­rée et on resserre la molette. Cette partie permet de caler l’ins­tru­ment sur la cuisse.

Sébastien Gavet Tour Bus SG6V3, SG6V5 et SG6V6

Deuxième étape, on déplie la pièce en demi-cercle jusqu’à ce que la pièce métal­lique coulis­sante se cale contre le bouton d’at­tache de la bandou­lière. La procé­dure prend moins de cinq secondes, c’est vrai­ment bluf­fant de simpli­cité, tout au plus un petit coup à prendre. Une fois l’ins­tru­ment « déplié » pris en main, le confort de jeu est éton­nant. Forcé­ment, les sensa­tions sont diffé­rentes par rapport un instru­ment « normal », la Tour Bus utili­sant (en toute logique) beau­coup moins de bois ; ceci dit le sustain de l’ins­tru­ment et les vibra­tions qu’il dégage sont tout bonne­ment bluf­fants, en parti­cu­lier grâce au manche traver­sant.

L’ac­cas­tillage est de très bonne tenue, chaque élément a été choisi avec soin ; l’agen­ce­ment des méca­niques Schal­ler est parti­cu­liè­re­ment malin en termes de gain de place, sans gêner l’ac­cor­dage outre mesure. Les micros des trois modèles sont bobi­nés à la main par Sébas­tien, c’est vous dire si le garçon sait tout faire ! On retrouve soit deux humbu­ckers « maison », soit une confi­gu­ra­tion de type Tele­cas­ter (deux simples bobi­nages), mais toutes les options sont possibles sur demande. Il est à noter que sur le modèle à deux doubles bobi­nages avec bridge de type Tune-o-Matic fixe, chacun des deux micros est split­table.

Petites béca­nes… Mais grosses cylin­drées

Sébastien Gavet Tour Bus SG6V3, SG6V5 et SG6V6

Il est vrai­ment éton­nant de jouer sur ces instru­ments qui, si l’on ferme les yeux, procurent des sensa­tions de jeu très proches de celles que l’on a avec une guitare normale. Les seules diffé­rences notables sont d’une part la réso­nance géné­rale de l’ins­tru­ment qui, tout en étant excel­lente toutes propor­tions gardées, est forcé­ment moins impor­tante que celle d’une guitare de format stan­dard (rien ne se perd, rien ne se crée, peu de bois entraîne moins de son à vide !), d’autre part la stabi­lité lorsqu’on joue assis, ce qui est logique consi­dé­rant la légè­reté de ces guitares.

L’équi­libre géné­ral est par contre excellent, la peti­tesse de la tête permet d’em­pê­cher que la guitare penche trop de ce côté, ce qui est toujours éner­vant. Le manche (en C) est vrai­ment agréable et auto­rise toutes les prouesses sans problème ! Il est réglable grâce à une barre de truss­rod double action acces­sible depuis le micro manche. Certes, cela n’est pas hyper pratique, mais le format réduit impose forcé­ment quelques compro­mis… Ce qui n’em­pêche pas que le manche soit hyper agréable et rapide, d’une fini­tion impec­cable. Le radius moyen (12") convien­dra à toutes les morpho­lo­gies de mains ; par ailleurs en ce qui concerne les frettes, toutes les tailles sont dispo­nibles sur demande, les modèles testés étant montés en frettes jumbo très agréables à jouer.

Sébastien Gavet Tour Bus SG6V3, SG6V5 et SG6V6

D’autre part, le confort de jeu est éton­nam­ment bon pour la main droite, c’est la grande force de ces guitares Tour Bus car c’est souvent là qu’on peine un peu à jouer « norma­le­ment ». Le fait de pouvoir très natu­rel­le­ment repo­ser son avant-bras sur la partie supé­rieure est un élément déter­mi­nant dans la manière de jouer, ici on est tout de suite à l’aise.

Son

Sébastien Gavet Tour Bus SG6V3, SG6V5 et SG6V6

Commençons par voir ce que les deux modèles dotés de deux humbu­ckers ont dans le ventre en les bran­chant dans une bonne vieille JCM800 ! Je commence natu­rel­le­ment par explo­rer les possi­bi­li­tés de sons clairs qui ne réservent pas de surprise parti­cu­lière, si ce n’est que les humbu­ckers « faits maison » de Sébas­tien fonc­tionnent à merveille et procurent un son très équi­li­bré et chaleu­reux. Toutes les nuances de jeu sont là et on se régale dans tous les styles, la fini­tion des frettes est au top et l’ac­cès aux aigus plus qu’ho­no­rable malgré la forme origi­nale du corps. Voici un petit panel des sono­ri­tés pour chaque confi­gu­ra­tion de micros en son clair afin de vous donner une idée (la guitare est bran­chée dans une tête Marshall JCM 800 reliée à un baffle Orange 2×12) :

SG6V3 clean 3posi­tions
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  • SG6V3 clean 3posi­tions 00:28
  • SG6V3 clean bridge 00:13
  • SG6V3 clean center 00:12
  • SG6V3 clean neck 00:12

Les micros split­tés donnent une couleur plus « twangy » très inté­res­sante, enri­chis­sant un peu plus la palette sonore, sans surprise. Cette option auto­rise des incur­sions dans sur des terrains diffé­rents, comme l’in­die-rock, la funk…

SG6V6 clean bridge split
00:0000:17
  • SG6V6 clean bridge split 00:17
  • SG6V6 clean neck split 00:14
Sébastien Gavet Tour Bus SG6V3, SG6V5 et SG6V6

Le modèle d’ins­pi­ra­tion Tele­cas­ter nous propulse instan­ta­né­ment dans les sono­ri­tés typiques de l’illustre modèle, avec un peu moins d’agres­si­vité qu’une Tele stan­dard US (et ce n’est pas forcé­ment un mal, le surplus d’ai­gus faisant en l’oc­cur­rence parfois un peu trop saigner les gencives !). Les sons oscil­lent entre claquant et velouté (miam) selon la posi­tion du sélec­teur de micros, on n’est pas perdu pour un sou car cette guitare réagit vrai­ment comme son illustre modèle.

SG6V5 clean bridge
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  • SG6V5 clean bridge 00:09
  • SG6V5 clean center 00:12
  • SG6V5 clean neck 00:15

Voyons à présent comment réagissent les Tour Bus avec un peu plus de graoûh (comme dirait Judge Fredd). En son Crunch, la SG6V5 (copie de Tele­cas­ter) permet autant des ryth­miques post-rock inci­sives que des solos bluesy dégou­li­nants, en passant par les sons coun­try-rock typiques de ce genre d’ins­tru­ment, l’illu­sion est parfaite. Les micros « maison » ont une couleur riche et équi­li­brée avec une belle dyna­mique, rien à redire, c’est du grand art.

SG6V5 crunch bridge
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  • SG6V5 crunch bridge 00:10
  • SG6V5 crunch center 00:14
  • SG6V5 crunch neck 00:18

De leur côté, les deux modèles en confi­gu­ra­tion deux doubles bobi­nages s’en sortent à merveille. C’est grume­leux, chaleu­reux et le grain met immé­dia­te­ment en valeur le jeu. On en oublie de plus en plus le format inha­bi­tuel de ces instru­ments qui peuvent réel­le­ment donner des résul­tats éton­nants.

SG6V3 crunch bridge
00:0000:10
  • SG6V3 crunch bridge 00:10
  • SG6V3 crunch center 00:11
Sébastien Gavet Tour Bus SG6V3, SG6V5 et SG6V6

Enfin, cerise sur le gâteau, force est de consta­ter que les contrées hostiles et dévas­tées des royaumes distor­dus n’ef­frayent pas outre mesure nos trois naines intré­pides. Point de faiblesse ou fréquence faiblarde dans la matière sonore, le manche traver­sant, la qualité des essences de bois et la patate des micros bobi­nés à la main y étant pour beau­coup, compen­sant la petite quan­tité de bois utili­sée dans la construc­tion.

SG6V3 OD bridge
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  • SG6V3 OD bridge 00:18
  • SG6V3 OD brid­ge2 00:09
  • SG6V3 OD center 00:14
  • SG6V3 OD neck 00:09

On the road again ?

Une chose est certaine, après quelques heures passées à jouer sur les guitares Tour Bus de Sébas­tien, le monsieur maîtrise parfai­te­ment son sujet et le résul­tat est plus que convain­cant. Le système de « pattes » rétrac­tables se fait vite oublier, c’est à se deman­der comment on n’y a pas pensé plus tôt. Là où le chal­lenge est parti­cu­liè­re­ment réussi, c’est que ces guitares de voyage sont plus de véri­tables instru­ments que des gadgets à emme­ner pour frimer à La Baule en été : très honnê­te­ment, les regards inter­loqués en studio s’ef­fa­ce­ront rapi­de­ment quand les Tour Bus auront montré ce qu’elles savent faire (ceci dépen­dant bien sûr des mains entre lesquelles elles auront été confiées, il va sans dire). C’est un vrai tour de force d’avoir conçu des instru­ments aussi « crédibles » en termes de confort et de son pour un encom­bre­ment et un poids aussi réduits. Bien entendu, le prix (entre 1100 et 1500€ suivant le modèle et les options) corres­pond au travail d’un arti­san indé­pen­dant, mais la qualité se paye, ainsi que l’ori­gi­na­lité, c’est aussi simple que cela. Le bon côté, c’est que Sébas­tien se fera un plai­sir de suivre vos désirs en termes de luthe­rie, d’élec­tro­nique et de hard­ware afin de vous livrer un modèle tota­le­ment person­nel ! Bravo, quand talent et inven­ti­vité vont de pair, ça fait des étin­cel­les…

Award Innovation 2013
2013
Innovation
Award
  • Encombrement et poids minimes pour un confort de jeu proche d’une guitare « normale »
  • Inventivité du concept de parties mobiles que l’on déploie
  • Son et lutherie haut de gamme
  • Look
  • Pas à la portée de toutes les bourses, mais prix tout à fait justifié
  • A part ça, néant !

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