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Test de la série de guitares folk Gibson Generation - Les guitares d’une génération

8/10

Dévoilées en fanfare au mois de septembre, les quatre guitares qui constituent la série Generation intègrent le renouveau de Gibson en matière de lutherie acoustique. Ces instruments proposent une construction moins onéreuse que celle des instruments traditionnels de la marque avec des essences moins nobles. Cependant, Gibson a fait fort en reprenant un concept introduit dans les années 60 et en le remettant au goût du jour, le Player Port.

Test de la série de guitares folk Gibson Generation : Les guitares d’une génération

En avant les G !

La série Gene­ra­tion est donc consti­tuée de quatre guitares qui reprennent les formes des quatre modèles folk emblé­ma­tiques de la marque : la L-00, la J-45, la Song­wri­ter et la J-200. Elles sont ici rebap­ti­sées G-00, G-45, G-Writer et G-200. Sur les quatre modèles qui me sont présen­tés lors de mon arri­vée au Showroom Gibson de Paris, deux sont équi­pés d’un pan coupé et d’un système de pré-ampli­fi­ca­tion, les G-Writer et G-200 qui portent donc en plus le suffixe « EC » (elec­tro-cuta­way).Generations-54 À part le format, les guitares Gene­ra­tion possèdent toutes les mêmes carac­té­ris­tiques tech­niques. Les dos et éclisses de ces nouvelles guitares folk sont en noyer massif, essence que Gibson a commencé à employer il y a quelques temps sur les modèles J-45 Studio (dont vous pouvez retrou­ver le test ici) et plus récem­ment sur la G-45 Studio. D’ailleurs, les nouveaux modèles Gene­ra­tion s’ins­crivent direc­te­ment dans la lignée de cette G-45 Studio. Les quatre guitares disposent d’une table massive en épicéa de Sitka, essence très réson­nante et assez souple pour encais­ser et resti­tuer les vibra­tions des cordes. Le manche est en Sipo, une essence appar­te­nant à la famille des acajous et dont le motif est assez joli. Gibson a trouvé un profil de manche assez confor­table et ergo­no­mique et l’a donc installé sur toutes les guitares. Il est baptisé Advan­ced Response. Même chose pour la touche en ébène tigré que l’on retrouve sur les quatre guitares. Elle possède un rayon de 16 pouces et elle est sertie de 20 frettes. Les modèles G-00 et G-45 disposent d’un diapa­son de 24.75 pouces alors que les G-Writer et G-200 ont un diapa­son de 25.5 pouces, légè­re­ment plus long donc. L’ac­cas­tillage est égale­ment le même sur les quatre instru­ments avec des méca­niques Grover Mini Roto­ma­tic chro­mées, des sillets en TUSQ et un cheva­let en ébène tigré.Generations-6 Sur les G-00 et G-45, il est de forme rectan­gu­laire alors que sur les deux autres guitares, il est sculpté selon un gaba­rit « Belly Down ». Gibson a opté pour un barrage tradi­tion­nel en « X » pour chacune des quatre guitares. Enfin, ces nouveaux modèles sont fabriqués à Boze­man dans le Montana, sont four­nis en housse Deluxe et sont recou­verts d’une fini­tion nitro­cel­lu­lo­sique sati­née.

Un trou en plus ?

Une des grandes nouveau­tés (qui n’en n’est pas vrai­ment une) de ces guitares est le fameux Player Port. Il s’agit en fait d’une ouver­ture effec­tuée dans l’éclisse supé­rieure qui permet au guita­riste de mieux entendre son instru­ment. Cette inven­tion date en réalité chez Gibson du début des années 60. La marque ne l’avait encore jamais exploi­tée et a donc profité de cette nouvelle série pour le redes­si­ner entiè­re­ment. Le rendu visuel est assez élégant bien qu’un peu étrange au premier abord. On n’a pas vrai­ment l’ha­bi­tude d’aper­ce­voir des guitares folk avec ce genre d’ou­ver­ture.Generations-2 Cepen­dant, Gibson a effec­tué un vrai travail de design qui permet à ce Player Port de trou­ver sa place sur chacun des quatre modèles. Le rendu sonore est assez surpre­nant, j’y revien­drai. Pour rester du côté visuel des choses, on constate que la marque a eu l’in­tel­li­gence d’en­tou­rer ce Player Port d’un filet noir qui faci­lite selon moi son inté­gra­tion. Il ne s’agit pas d’un simple perçage fait un peu au hasard, mais bien d’une amélio­ra­tion tech­nique qui s’in­tègre parfai­te­ment aux diffé­rents desi­gns.
Si vous optez pour la G-Writer ou la G-200, vous aurez la chance de pouvoir profi­ter du système LR Baggs Element Bronze qui se consti­tue d’un capteur installé sous le sillet et d’un pré-ampli avec un unique contrôle de volume dissi­mulé dans la rosace. Ce système LR Baggs est assez simple mais fonc­tionne bien malgré sa sono­rité un peu stan­dard. Pour ce test de la série complète, j’ai joué les guitares par ordre crois­sant de prix. La première à s’ins­tal­ler sur mes genoux était donc le G-00. Le format de la guitare est celui de la L-00, petite guitare Parlor très célèbre notam­ment grâce à l’uti­li­sa­tion qu’en a fait un certain Robert John­son juste après avoir vendu son âme au Diable. La guitare a un gaba­rit super compact qui la rend facile à jouer, surtout aux doigts. Le son qu’elle déve­loppe est plutôt centré autour des médiums et hauts-médiums. En strum­ming au média­tor, il n’y a pas de quoi grim­per aux rideaux, la guitare n’a pas beau­coup de dyna­mique et le son ne jouit pas d’une ampleur extra­or­di­naire. Je me suis amusé à boucher momen­ta­né­ment le Player Port afin d’avoir une idée plus précise de son effi­ca­cité.

L-00 Strum­ming NT1
00:0002:25
  • L-00 Strum­ming NT102:25
  • L-00 Fingers NT101:36

 Et là, grosse surprise. En bouchant le trou, on a l’étrange impres­sion qu’un fort pour­cen­tage du son a simple­ment disparu. On entend d’ailleurs clai­re­ment le son s’échap­per par la rosace mais on l’en­tend de manière un peu floue et pas très défi­nie. En lais­sant de nouveau l’air circu­ler libre­ment dans le Player Port, on récu­père un son agréable et ample, même si cette petite G-00 est loin d’être ma préfé­rée de la série. Le confort de jeu et l’er­go­no­mie sont au rendez-vous et j’ai été très enthou­siasmé par le profil du manche qui est effec­ti­ve­ment très agréable à prendre en main. Comme sa grande sœur la G-45, la G-00 ne possède pas de filet, ni sur la table ni sur le dos. La G-45 est d’ailleurs la guitare suivante à passer au banc d’es­sai. Ayant eu la chance d’es­sayer la J-45 Studio puis la G-45 Studio, je ne peux m’em­pê­cher d’ef­fec­tuer un rappro­che­ment entre ces trois modèles.Generations-11 L’an­cienne mouture de la G-45, la Studio, dispo­sait d’une luthe­rie simi­laire avec dos et éclisses en noyer massif et table massive en épicéa Sitka. Cepen­dant, elle béné­fi­ciait d’un triple filet faisant le tour de la table, d’un cheva­let un peu plus sophis­tiqué et surtout d’un étui rigide. Le Player Port en était bien sûr absent. Sur la G-45, pour un tarif iden­tique, l’étui a disparu au profil d’une housse Deluxe, le filet de table a lui aussi disparu et le cheva­let est un modèle rectan­gu­laire plus stan­dard. Malgré des spéci­fi­ci­tés qui semblent en-deçà, la G-45 nouvelle mouture four­nit un meilleur son que sa cousine. Encore une fois, le Player Port ajoute une dimen­sion supplé­men­taire au son, dimen­sion dont on prend bien conscience quand on l’obs­true. Du point du vue du guita­riste, la diffé­rence est flagrante. Cette petite G-45 a été celle que j’ai préfé­rée de la série.

G-45 Stru­ming NT1
00:0001:57
  • G-45 Stru­ming NT101:57
  • G-45 Fingers NT101:44

 


Le format Dread­nought avec épaules rondes est très confor­table, suffi­sam­ment impo­sant pour déve­lop­per des basses géné­reuses mais suffi­sam­ment compact pour ne pas gêner la prise en main, c’est top. Le son est plus équi­li­bré que sur la G-00, avec une présence indé­niable dans les basses et une meilleure dyna­mique. Que ce soit en strum­ming ou aux doigts, la G-45 s’est montrée habile dans tous les domaines et surtout très poly­va­lente. Le profil Advan­ced Response du manche est toujours aussi confor­table. 

Les grandes derrière !

On pour­suit ce tour d’ho­ri­zon de la série Gene­ra­tion avec la G-Writer qui reprend, comme son nom l’in­dique, le format de la Song­wri­ter. Il s’agit d’une guitare folk Dread­nought à épaules carrées avec pan coupé et système de pré-ampli­fi­ca­tion LR Baggs Element Bronze. Sur les deux versions dispo­sant du suffixe « EC », Gibson a choisi d’ins­tal­ler un filet noir qui court le long de la table et un second qui fait le tour du dos des instru­ments.Generations-20 De plus, les repères de touche sont diffé­rents. Ce sont ici des traits en nacre qui se prolongent sur le côté de la touche et forment aussi les repères de côté. C’est malin, assez joli et bien réalisé. Le Player Port paraît encore mieux inté­gré entre ces deux filets. À mon grand éton­ne­ment, la G-Writer déve­loppe une quan­tité d’har­mo­niques large­ment supé­rieure à celle déve­lop­pée par ses petites sœurs. Sur les G-00 et G-45, on entend une harmo­nique fonda­men­tale bien présente qui donne au son un côté direct et précis. Cela m’a d’ailleurs rappelé les proprié­tés acous­tiques de l’acajou. La G-Writer béné­fi­cie d’un sustain accru qui permet d’en­tendre ces harmo­niques se déve­lop­per et réson­ner dans le corps de la guitare. C’est assez chouette et témoigne de l’ex­cel­lente qualité de fabri­ca­tion de l’ins­tru­ment et du savoir-faire des ouvriers de l’usine de Boze­man. J’ai une fois de plus fait l’ex­pé­rience de boucher le Player Port afin d’en tester l’ef­fi­ca­cité, et ai été une fois de plus agréa­ble­ment surpris. J’émets une seule réserve sur cette G-Writer, elle concerne le pré-ampli. Même si c’est bien pratique de pouvoir ampli­fier sa guitare sur scène, c’est dommage d’en sortir un son aussi synthé­tique alors que le son natu­rel de l’ins­tru­ment est très agréable.Generations-22 Les capteurs piezo ont la fâcheuse tendance à avoir tous le même son et ce n’est pas l’unique contrôle de volume du pré-ampli qui pourra rattra­per quoi que ce soit. Malgré un gaba­rit assez impo­sant, la G-Writer est plutôt confor­table et se joue assez faci­le­ment. Le diapa­son de 25.5 pouces deman­dera quelques heures pour qu’il semble fami­lier.

G-Writer EC – Strum­ming NT1, DI, Both
00:0002:42
  • G-Writer EC – Strum­ming NT1, DI, Both02:42
  • G-Writer EC – Fingers NT1, DI, Both02:00
  • G-200 EC – Strum­ming, NT1, DI, Both02:31
  • G-200 EC – Fingers NT1, DI, Both02:07

 


On termine donc ce test avec la G-200 qui possède le gaba­rit de la célèbre J-200, la guitare folk Jumbo de chez Gibson. Sans grande surprise, la guitare déve­loppe beau­coup de basses et un volume impres­sion­nant. Il est d’au­tant plus impres­sion­nant que la guitare est très dyna­mique et s’ex­prime aussi bien dans un registre feutré qu’un registre beau­coup plus costaud en terme de volume sonore. Elle répond très bien et renvoie parfai­te­ment ce qu’on lui donne. Il est préfé­rable d’es­sayer ce genre de guitare avant achat, le format Jumbo peut en déran­ger plus d’un. On ne retrouve pas vrai­ment la sono­rité de la J-200 mais on retrouve son ampleur et sa forte présence dans le bas du spectre. Cette présence s’éva­nouit un peu dès lors qu’on branche la guitare, le système LR Baggs retrans­cri­vant surtout les attaques et la vibra­tion des cordes. Comme celui de la G-Writer, le pan coupé de la G-200 a été légè­re­ment aminci afin de garan­tir un bon confort de jeu et un meilleur accès aux aigus qu’avec un pan coupé tradi­tion­nel.Generations-38 Je ne mentionne pas le Player Port qui encore une fois m’a beau­coup surpris. Les méca­niques Grover Mini Roto­ma­tic se sont montrées très effi­caces sur tous les modèles. 

Le mot de la fin

La série Gene­ra­tion de chez Gibson est une très chouette porte d’en­trée dans l’uni­vers de la marque. On a accès à tout le savoir-faire des ouvriers de Boze­man à un tarif moindre (selon les modèles) ce qui est assez sympa. Le concept de rhabiller quatre modèles iconiques du cata­logue Gibson avec des carac­té­ris­tique plus modernes n’est pas dénué de sens. J’ai parti­cu­liè­re­ment appré­cié la G-45 qui livre un son pur et déli­cat, très équi­li­bré en fréquences et avec une belle person­na­lité. Les autres modèles de la collec­tion sont égale­ment très bien construits, très bien finis, mais ont un peu moins de charme à mon goût. Les tarifs de ces instru­ments sont les suivants : G-00 : 999 €, G-45 : 1 199 €, G-Writer : 1 599 € et G-200 : 1 999 €. Si les G-00 et G-45 présentent un rapport qualité/prix proche de l’ex­cel­lence, les G-Writer et G-200 sont, selon moi, un peu onéreuses. Ces quatre nouvelles guitares sont four­nies en housse souple bien rembour­rée ce qui est bien­venu. En tout cas, Gibson a bien fait de fouiller dans ses archives et de retrou­ver le dessin origi­nal du Player Port. C’est un aspect très inté­res­sant de ces guitares et la raison prin­ci­pale pour laquelle vous devez les essayer. Bien joué Gibson !

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Notre avis : 8/10

  • Finitions au top
  • Look des guitares sympa
  • Player Port très efficace
  • Construction entièrement en bois massifs
  • Sonorité globalement satisfaisante
  • Mécaniques super fiables
  • Série cohérente qui permet d’accéder à la marque sans vendre un organe
  • Housse incluse
  • Système LR Baggs Element Bronze un peu léger
  • G-Writer et G-200 chères
  • On aurait aimé une ou deux finitions supplémentaires
  • Pas de binding sur les G-00 et G-45

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