Dévoilées en fanfare au mois de septembre, les quatre guitares qui constituent la série Generation intègrent le renouveau de Gibson en matière de lutherie acoustique. Ces instruments proposent une construction moins onéreuse que celle des instruments traditionnels de la marque avec des essences moins nobles. Cependant, Gibson a fait fort en reprenant un concept introduit dans les années 60 et en le remettant au goût du jour, le Player Port.

En avant les G !
La série Generation est donc constituée de quatre guitares qui reprennent les formes des quatre modèles folk emblématiques de la marque : la L-00, la J-45, la Songwriter et la J-200. Elles sont ici rebaptisées G-00, G-45, G-Writer et G-200. Sur les quatre modèles qui me sont présentés lors de mon arrivée au Showroom Gibson de Paris, deux sont équipés d’un pan coupé et d’un système de pré-amplification, les G-Writer et G-200 qui portent donc en plus le suffixe « EC » (electro-cutaway).
Un trou en plus ?
Une des grandes nouveautés (qui n’en n’est pas vraiment une) de ces guitares est le fameux Player Port. Il s’agit en fait d’une ouverture effectuée dans l’éclisse supérieure qui permet au guitariste de mieux entendre son instrument. Cette invention date en réalité chez Gibson du début des années 60. La marque ne l’avait encore jamais exploitée et a donc profité de cette nouvelle série pour le redessiner entièrement. Le rendu visuel est assez élégant bien qu’un peu étrange au premier abord. On n’a pas vraiment l’habitude d’apercevoir des guitares folk avec ce genre d’ouverture.
Si vous optez pour la G-Writer ou la G-200, vous aurez la chance de pouvoir profiter du système LR Baggs Element Bronze qui se constitue d’un capteur installé sous le sillet et d’un pré-ampli avec un unique contrôle de volume dissimulé dans la rosace. Ce système LR Baggs est assez simple mais fonctionne bien malgré sa sonorité un peu standard. Pour ce test de la série complète, j’ai joué les guitares par ordre croissant de prix. La première à s’installer sur mes genoux était donc le G-00. Le format de la guitare est celui de la L-00, petite guitare Parlor très célèbre notamment grâce à l’utilisation qu’en a fait un certain Robert Johnson juste après avoir vendu son âme au Diable. La guitare a un gabarit super compact qui la rend facile à jouer, surtout aux doigts. Le son qu’elle développe est plutôt centré autour des médiums et hauts-médiums. En strumming au médiator, il n’y a pas de quoi grimper aux rideaux, la guitare n’a pas beaucoup de dynamique et le son ne jouit pas d’une ampleur extraordinaire. Je me suis amusé à boucher momentanément le Player Port afin d’avoir une idée plus précise de son efficacité.

- L-00 Strumming NT102:25
- L-00 Fingers NT101:36
Et là, grosse surprise. En bouchant le trou, on a l’étrange impression qu’un fort pourcentage du son a simplement disparu. On entend d’ailleurs clairement le son s’échapper par la rosace mais on l’entend de manière un peu floue et pas très définie. En laissant de nouveau l’air circuler librement dans le Player Port, on récupère un son agréable et ample, même si cette petite G-00 est loin d’être ma préférée de la série. Le confort de jeu et l’ergonomie sont au rendez-vous et j’ai été très enthousiasmé par le profil du manche qui est effectivement très agréable à prendre en main. Comme sa grande sœur la G-45, la G-00 ne possède pas de filet, ni sur la table ni sur le dos. La G-45 est d’ailleurs la guitare suivante à passer au banc d’essai. Ayant eu la chance d’essayer la J-45 Studio puis la G-45 Studio, je ne peux m’empêcher d’effectuer un rapprochement entre ces trois modèles.

- G-45 Struming NT101:57
- G-45 Fingers NT101:44
Le format Dreadnought avec épaules rondes est très confortable, suffisamment imposant pour développer des basses généreuses mais suffisamment compact pour ne pas gêner la prise en main, c’est top. Le son est plus équilibré que sur la G-00, avec une présence indéniable dans les basses et une meilleure dynamique. Que ce soit en strumming ou aux doigts, la G-45 s’est montrée habile dans tous les domaines et surtout très polyvalente. Le profil Advanced Response du manche est toujours aussi confortable.
Les grandes derrière !
On poursuit ce tour d’horizon de la série Generation avec la G-Writer qui reprend, comme son nom l’indique, le format de la Songwriter. Il s’agit d’une guitare folk Dreadnought à épaules carrées avec pan coupé et système de pré-amplification LR Baggs Element Bronze. Sur les deux versions disposant du suffixe « EC », Gibson a choisi d’installer un filet noir qui court le long de la table et un second qui fait le tour du dos des instruments.

- G-Writer EC – Strumming NT1, DI, Both02:42
- G-Writer EC – Fingers NT1, DI, Both02:00
- G-200 EC – Strumming, NT1, DI, Both02:31
- G-200 EC – Fingers NT1, DI, Both02:07
On termine donc ce test avec la G-200 qui possède le gabarit de la célèbre J-200, la guitare folk Jumbo de chez Gibson. Sans grande surprise, la guitare développe beaucoup de basses et un volume impressionnant. Il est d’autant plus impressionnant que la guitare est très dynamique et s’exprime aussi bien dans un registre feutré qu’un registre beaucoup plus costaud en terme de volume sonore. Elle répond très bien et renvoie parfaitement ce qu’on lui donne. Il est préférable d’essayer ce genre de guitare avant achat, le format Jumbo peut en déranger plus d’un. On ne retrouve pas vraiment la sonorité de la J-200 mais on retrouve son ampleur et sa forte présence dans le bas du spectre. Cette présence s’évanouit un peu dès lors qu’on branche la guitare, le système LR Baggs retranscrivant surtout les attaques et la vibration des cordes. Comme celui de la G-Writer, le pan coupé de la G-200 a été légèrement aminci afin de garantir un bon confort de jeu et un meilleur accès aux aigus qu’avec un pan coupé traditionnel.
Le mot de la fin
La série Generation de chez Gibson est une très chouette porte d’entrée dans l’univers de la marque. On a accès à tout le savoir-faire des ouvriers de Bozeman à un tarif moindre (selon les modèles) ce qui est assez sympa. Le concept de rhabiller quatre modèles iconiques du catalogue Gibson avec des caractéristique plus modernes n’est pas dénué de sens. J’ai particulièrement apprécié la G-45 qui livre un son pur et délicat, très équilibré en fréquences et avec une belle personnalité. Les autres modèles de la collection sont également très bien construits, très bien finis, mais ont un peu moins de charme à mon goût. Les tarifs de ces instruments sont les suivants : G-00 : 999 €, G-45 : 1 199 €, G-Writer : 1 599 € et G-200 : 1 999 €. Si les G-00 et G-45 présentent un rapport qualité/prix proche de l’excellence, les G-Writer et G-200 sont, selon moi, un peu onéreuses. Ces quatre nouvelles guitares sont fournies en housse souple bien rembourrée ce qui est bienvenu. En tout cas, Gibson a bien fait de fouiller dans ses archives et de retrouver le dessin original du Player Port. C’est un aspect très intéressant de ces guitares et la raison principale pour laquelle vous devez les essayer. Bien joué Gibson !