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Test du Plugiator de Use Audio - Plugiator et à travers

5/10

Montée par d'anciens membres de la célèbre société Creamware, la jeune société Use Audio a développé un hôte matériel pour plug-ins. Le Plugiator est un synthétiseur hardware table top qui peut contenir jusqu'à huit instruments différents. Enfin une possibilité économique d'utiliser des plug-ins sans ordinateur ? C’est ce que nous allons voir...

Montée par d’an­ciens membres de la célèbre société Cream­ware, la jeune société Use Audio a déve­loppé un hôte maté­riel pour plug-ins. Le Plugia­tor est un synthé­ti­seur hard­ware table top qui peut conte­nir jusqu’à huit instru­ments diffé­rents. Enfin une possi­bi­lité écono­mique d’uti­li­ser des plug-ins sans ordi­na­teur ? C’est ce que nous allons voir…

 

Plug-in or not plug-in ?

Plugiator


Le Plugia­tor repose sur une archi­tec­ture simi­laire à d’autres synthé­ti­seurs numé­riques : ce n’est pas un micro-ordi­na­teur person­nel repa­ckagé et adapté, mais un ensemble de circuits élec­tro­niques avec un DSP (Digi­tal Signal Proces­sor : proces­seur dédié trai­te­ment du signal) qui accueille un logi­ciel (firm­ware) permet­tant de produire des sons, de les éditer, les stocker, etc. Là où le Plugia­tor se diffé­ren­cie d’un synthé clas­sique, c’est qu’il peut faire tour­ner diffé­rents logi­ciels. À la livrai­son, il est ainsi équipé de 3 synthés divers (un voco­deur étant fourni gratui­te­ment à l’en­re­gis­tre­ment du produit auprès du construc­teur) et pourra accueillir jusqu’à 8 plug-ins maxi­mum en tout, en sachant que Use Audio propose un bundle de 4 instru­ments supplé­men­taires pour le tarif très raison­nable de 60 €. Notez qu’il ne s’agit pas de plug-ins VST, DX ou AU mais bien de logi­ciel proprié­taires. Plus qu’un hôte pour plug-ins, le Plugia­tor doit donc plutôt être consi­déré comme un ensemble de synthés diffé­rents dans un seul et même appa­reil. Le concept est très inté­res­sant, donc. Passons au débal­lage.

Tour rapide de la bête

Arrière

Le Plugia­tor est un boîtier d’as­sez petite taille de type « table top ». La face est munie de 11 potards rota­tifs sans fin dont 3 disposent d’une fonc­tion « push », de 10 boutons et d’un affi­cheur à LEDs. La façade est en débord par rapport au reste du boîtier, ce qui permet­tra éven­tuel­le­ment d’in­crus­ter le Plugia­tor dans une surface plane.

En face arrière, on trouve la prise d’ali­men­ta­tion (par trans­for­ma­teur externe), le bouton d’al­lu­mage (ça devient rare), une entrée et une sortie MIDI, une prise USB, des sorties ligne gauche et droite au format jack 6,35 mm, une sortie casque et une entrée micro (jack). La prise USB permet de connec­ter le Plugia­tor à un ordi­na­teur, ce que nous verrons plus loin.

Bonne surprise compte tenu de son prix et de sa fabri­ca­tion chinoise, le Plugia­tor respire plutôt la qualité : carcasse en métal, assem­blages propres, potards cran­tés (même si on aurait préféré que ce ne soit pas le cas pour régler un synthé) et boutons dont le plas­tique un peu d’en­trée de gamme ne les empêche pas d’être corrects au toucher et faciles à la prise en main. Notons qu’un système de push sur trois des boutons permet d’ac­cé­der à une autre fonc­tion. En dépit d’un look un peu tris­tou­net, l’as­pect maté­riel du Plugia­tor est donc une bonne surprise pour un produit proposé à ce prix.

Utili­sa­tion avec un ordi­na­teur

Plugiator page

Utili­sée pour faire tran­si­ter des données MIDI, et des données MIDI seule­ment (dommage pour l’au­dio) la prise USB permet la connexion à un ordi­na­teur, Mac ou PC. Sous XP, le Plugia­tor est reconnu comme « péri­phé­rique audio USB », ce qui s’avère pénible car si vous avez plusieurs appa­reils qui fonc­tionnent avec le driver géné­rique de Windows, vous allez vous amuser : iden­ti­fi­ca­tion diffi­cile des noms de péri­phé­riques, réaf­fec­ta­tion à chaque boot… À moins d’al­lu­mer les appa­reils l’un après l’autre dans le même ordre à chaque fois, mais on sait à quel point il est pratique d’avoir tout son maté­riel commandé par un même inter­rup­teur. Sous Vista, le driver du  Plugia­tor affiche son nom. D’après le constru­teur, c’est aussi le cas sur Mac (non testé). Par contre, le logi­ciel ne fonc­tionne pas sous Vista 64 : les inter­faces des instru­ments n’ap­pa­raîssent pas. Un bug corri­geable ?

Ce logi­ciel, un programmé nommé « Plug-in Mana­ger » permet de gérer le Plugia­tor, d’y instal­ler les instru­ments supplé­men­taires et les mises à jour et gérer ses banques de presets avec une inno­va­tion bien trou­vée : l’ac­cès direct à des banques en ligne. Une excel­lente idée d’avoir permis aussi faci­le­ment aux utili­sa­teurs de parta­ger leurs créa­tions. Espé­rons que cette idée sera reprise par d’autres éditeurs. Certes, le système comporte quelques imper­fec­tions et quelques petits bugs, mais il est encore jeune et on peut espé­rer de grandes amélio­ra­tions. On dispose égale­ment dans la même inter­face d’un petit clavier virtuel, d’un indi­ca­teur d’ac­ti­vité et d’un moni­teur MIDI. Surtout, on a l’in­ter­face utili­sa­teur des instru­ments conte­nus dans le Plugia­tor. On touche là un des points critiques du produit.

Not plug-in

Presets

En effet, les inter­faces de contrôle des instru­ments char­gés dans le hard­ware sont des éléments du Plug-in Mana­ger, lequel est une appli­ca­tion indé­pen­dante. Ici, pas de plug-in VST, DX ou AU qui permette d’uti­li­ser direc­te­ment le Plugia­tor dans son séquen­ceur favori, et en l’ab­sence d’un driver multi­port, il faudra passer par un logi­ciel tiers pour créer des ports MIDI virtuel et permettre à Plug-in Mana­ger et votre séquen­ceur de commu­niquer. C’est très peu pratique et pose même parfois des problèmes. Impos­sible de faire fonc­tion­ner le Plug-in Mana­ger avec MIDI Yoke (un des plus célèbres câbles MIDI virtuel free­ware pour PC). Quant à l’autre driver free­ware indiqué par Use Audio dans la docu­men­ta­tion, il cause des dysfonc­tion­ne­ments : dès qu’on enchaîne un peu vite les notes ou un accord, il semble oublier une instruc­tion NOTE OFF en route ce qui fait qu’on se retrouve avec une note conti­nue. La solu­tion la plus stable semble donc de réali­ser une boucle clavier >MIDI> Plugia­tor > USB > ordi­na­teur > inter­face MIDI > clavier maître. À condi­tion d’avoir un clavier muni d’une entrée MIDI et de filtrer les échos de notes (mais pas les CC) en sortie de séquen­ceur. Pas simple ! Heureu­se­ment que le Plugia­tor dispose d’un « Panic » immé­dia­te­ment acces­sible. Bref, il est vrai­ment dommage que Use Audio n’ait pas déve­loppé son logi­ciel pour une meilleure inté­gra­tion avec un séquen­ceur, ce qui aurait ravi plus d’un home studiste à ce prix.

Utili­sa­tion du hard­ware

Loopback

Passons sur l’usage dans le contexte d’un ordi­na­teur pour nous inté­res­ser main­te­nant à l’uti­li­sa­tion de la bête en live. On l’a vu, l’ap­pa­reil comporte 11 boutons rota­tifs, trois d’entre eux (ceux avec fonc­tion push) étant dévo­lus aux réglages géné­raux : sélec­tion du preset / enre­gis­tre­ment du preset, sélec­tion de l’ins­tru­ment / Panic et enfin volume (mal placé) / sélec­tion du canal MIDI. Trois autres potards ont égale­ment une tâche fixe : temps de délai, dry/wet du délai et chorus. De fait, il ne reste que 5 boutons pour bidouiller les dizaines de para­mètres de synthèse, en sachant que l’af­fec­ta­tion de ces boutons est fixe pour chaque instru­ment. Ainsi, pour le Mini­max (émula­tion de Mini­moog), le premier contrôle l’ou­ver­ture du filtre, le second sa réso­nance, le troi­sième l’at­taque, le quatrième le decay et le cinquième le release. Il n’y a pas d’autre choix possible, sur ce dernier comme sur les autres instru­ments. En l’ab­sence d’un système à la RM1-X où l’on choi­sit pour chaque preset les para­mètres contrô­lés par les potards, l’uti­li­sa­tion live du Plugia­tor passera donc par l’usage d’une surface de contrôle permet­tant l’ac­cès à d’autres para­mètres, en sachant que le Plug-in Mana­ger ne dispose pas de mode MIDI Learn, ce qui compliquera la tâche des débu­tants en MIDI.

Mic ou Line ?

On dispose d’une entrée « micro » à propos de laquelle la docu­men­ta­tion nous dit qu’elle peut rece­voir un micro dyna­mique. Or, je ne suis pas parvenu à l’uti­li­ser ni avec un SM57 ni un SM58. Après avoir véri­fié mon câble comme mes micros, j’ai pensé que ma machine de test avait un problème et on m’en a fourni une autre. Même résul­tat. Pratique­ment pas de signal, même en pous­sant le gain depuis le logi­ciel (il n’y a pas de contrôle de gain sur le hard­ware, ce qui s’avère contrai­gnant pour une utili­sa­tion sur scène). Je n’ai fina­le­ment pu exploi­ter cette entrée qu’en y bran­chant la sortie ligne d’un préam­pli micro. Et là, ça fonc­tionne très bien même si, du coup, pour utili­ser le voco­deur, il faudra embarquer un préam­pli en plus du Plugia­tor.

Toujours au rayon audio, préci­sons que l’en­trée micro permet aussi de mélan­ger le signal qu’on lui soumet avec le son de certains instru­ments du Plugia­tor. La chose est parti­cu­liè­re­ment inté­res­sante en utili­sant un synthé comme clavier maître pour pilo­ter le Plugia­tor, ce qui permet des cumuls sonores inté­res­sants. Sachez toute­fois que le son entrant est juste mixé avec celui des instru­ments et ne fait l’objet d’au­cun réel trai­te­ment. Seul le délai semble lui être appliqué et vous ne pour­rez  pas, par exemple, utili­ser les filtres du Moog. Bien dommage alors que les émula­tions logi­cielles de ce synthé de légende comportent géné­ra­le­ment cette fonc­tion.

Les instru­ments du Plugia­tor

fmagia

De base, le Plugia­tor est livré avec quatre instru­ments. Plus exac­te­ment, trois sont instal­lés et le quatrième est à char­ger gratui­te­ment après enre­gis­tre­ment. Ces quatre instru­ments sont pour l’es­sen­tiel des versions adap­tées, souvent allé­gées, d’ins­tru­ments virtuels anté­rieurs de Cream­ware. L’es­thé­tique des inter­faces va du correct au très moche. La chose étant une affaire de goût, je vous laisse juger des screen­chots.

Person­nel­le­ment, je ne pense pas que ce point est essen­tiel et je trouve plus impor­tantes la lisi­bi­lité et la consom­ma­tion de ressources. Cette dernière est très faible puisque la synthèse se fait dans le Plugia­tor et non dans l’or­di­na­teur (signa­lons au passage que les inter­faces des instru­ments sur l’or­di­na­teur sont déve­lop­pées en Flash). Point très inté­res­sant pour qui a un vieil ordi­na­teur anémique. Côté clarté et lisi­bi­lité, il n’y rien à redire non plus et il est plutôt facile de s’y retrou­ver.

drum'n bass

Je ne vais pas faire le tour des instru­ments puisqu’il suffit d’al­ler sur le site de l’im­por­ta­teur (Stein­berg France) pour avoir quelques expli­ca­tions en français et écou­ter des exemples audio. Le son juste­ment, est proba­ble­ment, compte tenu de son prix, le point fort prin­ci­pal du Plugia­tor. Bien sur, les « émula­tions » de synthés analo­giques restent clai­re­ment des avatars numé­riques. Toute­fois, si on ne s’at­tend pas à avoir une copie mais une évoca­tion, il n’y a pas de raison d’être déçu. Le tout sonne donc plutôt bien et permet d’avoir une très large palette de sons, d’au­tant que chaque instru­ment a vrai­ment sa propre person­na­lité.

Les quatre instru­ments four­nis sont donc tout à fait corrects, voire bons. Des quatre propo­sés en option, trois sont du même tonneau. Ils valent large­ment le coût, d’au­tant que le bundle des quatre instru­ments supplé­men­taires est proposé à seule­ment 60 € si on l’achète en même temps que le Plugia­tor. Par contre, le huitième instru­ment nommé Drum’n’­Bass m’a paru très au dessous du lot et ne pas présen­ter, à mes yeux, grand inté­rêt.

Voici quelques extraits sonores : B4000, Drum and bass, Light­wave lead, Light­wave modif son, Light­wave pad fx1, Light­wave pas fx2, Mini­max 2 basses, Mini­max Arpège, Mini­max modif son, Mini­max pads fx, Mini­max pads, Voco­di­zer 1, Voco­di­zer 2, Voco­di­zer 3, Voco­di­zer 4, Voco­di­zer 5, Voco­di­zer 6, Voco­di­zer 7, Arte­facts.

Conclu­sion

Le Plugia­tor repose au départ sur un excellent concept : allier les avan­tages du hard­ware (auto­no­mie, stabi­lité) et du logi­ciel. Hélas, des faiblesses et inco­hé­rences le mettent assez loin du graal. Par contre, si l’on consi­dère qu’avec son bundle supplé­men­taire, il permet d’ac­qué­rir 8 instru­ments sonnant rela­ti­ve­ment bien pour 460 €, il offre tout de même un bon rapport pres­ta­tion/prix tant qu’on connaît ses défauts et qu’on sait ce qu’il est ou n’est pas avant de l’ache­ter : contrai­re­ment à ce que laisse suppo­ser son nom, ce n’est pas un système DSP qui permet d’uti­li­ser direc­te­ment des plug-ins depuis son séquen­ceur. C’est plutôt un synthé hard­ware basé sur des tech­no­lo­gies infor­ma­tiques recy­clées, dont l’édi­tion se fait sur ordi­na­teur. Pour demeu­rer à un prix agres­sif, il fait l’éco­no­mie de certaines fonc­tion­na­li­tés (on aurait voulu pouvoir contrô­ler beau­coup plus de para­mètres sur la machine, ou un réglage de l’en­trée micro qui se fasse autre­ment que sur l’or­di­na­teur…). Il faudra donc lui adjoindre un clavier muni de contrôles pour en tirer plei­ne­ment partie. De ce point de vue, les posses­seurs d’un clavier maître CME série UF ou VX seront ravi d’ap­prendre l’exis­tence de la version Plugia­tor ASX, une carte à instal­ler dans son clavier et qui coûte autour de 250 €. Elle comporte les mêmes fonc­tions que la version table top, les contrôles étant assu­rés par ceux du clavier. Une bonne affaire pour trans­for­mer son clavier maître en synthé portable. Un tel clavier plus l’ASX coûte à peine plus cher qu’un Plugia­tor, mais il faudra de préfé­rence y ajou­ter une surface de contrôle MIDI supplé­men­taire. Ainsi, pour quelqu’un qui veut, à budget contenu, s’ini­tier à diverses synthèses, décou­vrir des simu­la­tions de synthés de légende et accé­der à des sons inté­res­sants, le Plugia­tor peut être un bon choix. Il peut aussi trou­ver sa place pour complé­ter un set de live déjà fourni.

 

Notre avis : 5/10

  • Du gros son dans une petite boîte
  • rapport variété prix
  • qualité du hardware très correcte
  • accès simple et immédiat aux presets en ligne
  • pas de consommation de ressources de l'ordinateur
  • pas de préampli sur l'entrée "micro"
  • pas de MIDI learn sur le logiciel
  • Nécessite un contrôleur pour en tirer vraiment partie
  • Des bugs dans le logiciel
  • Contrôles en façade très limités
  • look pas terrible

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