Après une annonce en septembre dernier et un évènement organisé dans les fabuleux studios londoniens AIR, couvert en vidéo par votre serviteur, il est temps pour Audiofanzine de faire un test en bonne et due forme des dernières Apollo X. Si toi aussi tu aimes les hexacœurs et les mesures, c’est par ici que ça se passe.
À première vue, les nouvelles Apollo X restent très proches des anciennes, avec une finition légèrement différente, plus claire, mais les mêmes potards et boutons et les mêmes VU-mètres. C’est donc à l’intérieur que la différence se fait, avec sans surprise l’apparition d’une connectivité Thunderbolt 3 (rétrocompatible TB 1 et 2), la carte d’extension existant déjà sur les Apollo 8 « tout court », et surtout le passage à l’hexacœur de série en lieu et place des Quad Core de la génération précédente. Sur le papier, nous avons donc un gain de +50 % sur les DSP, ce qui n’est pas rien. Bien sûr, les plus grincheux d’entre nous diront qu’en 3 ans, c’est la moindre des choses, mais si on regarde du côté des ordinateurs, notamment les MacBook Pro, le passage à l’hexacœur est relativement récent, et entre un ordinateur portable et pommé de 2018 et un de 2012 (les deux dernières bécanes de votre serviteur), les différences ne sont pas énormes non plus et seule une panne subite et irréparable a pu justifier le remplacement.
Le passage à l’hexacœur est donc une bonne nouvelle, notamment parce que l’UAD-2 se fait de plus en plus déborder par certains plug-ins n’hésitant pas à occuper jusqu’à un cœur entier. À noter en passant que les versions Quad disparaissent du catalogue et que tous les nouveaux modèles intègrent ainsi 6 cœurs. On retrouve 4 configurations, avec 2, 4 ou 8 préamplis micro ou que des entrées lignes (de 2 000 à 3 500 €).
Le modèle en notre possession est la x8p, dotée de 16 entrées et 22 sorties, dont 8 entrées micro/ligne en XLR/TRS, 8 entrées/sorties ligne supplémentaires sur connecteur DB25, 2 entrées instruments en façade, de l’ADAT (8 canaux à 96 kHz TOSLINK), du Word Clock en BNC, 2 sorties casques indépendantes, deux sorties Monitor en jacks TRS et enfin deux connecteurs Thunderbolt 3. Si votre ordinateur ne dispose que de connecteurs Thunderbolt 1 ou 2, il faudra penser à acheter l’adaptateur adéquat (55 € chez Apple !).
7.1 fameux trois-mâts, fin comme un oiseau
Parce que les deux interfaces possèdent énormément de choses en commun, n’hésitez pas à lire ou relire le test de l’Apollo 8 de 2015 disponible ici, nous ne reviendrons pas dessus dans ce test.
Côté nouveautés, on voit débarquer la gestion du multicanal en monitoring (jusqu’au 7.1), une option Headroom +20/+24 dBu pour intégrer l’interface avec les consoles de mixage pro et surtout, à l’instar de l’Apollo Twin MKII, un micro Talkback situé sur le rack (c’est un petit trou au-dessus du logo rétroéclairé UA) avec sa tranche associée dans la console virtuelle. L’intégration est réussie, on peut régler les envois (Aux et Cue), mettre des inserts, envoyer le signal vers une sortie physique spécifique et activer le tout avec un simple bouton « Talk ». Il ne reste plus qu’à pouvoir mettre des traitements en insert sur le master, et la console virtuelle sera complète. En attendant, nous passons par les AUX et les CUE pour palier ce manque, ces premiers autorisant les plug-ins en insert.
On notera que l’Apollo x8 est directement compatible Mac et Windows, ce qui est une très bonne chose, car ce n’était pas le cas en 2015 lors de la sortie de l’Apollo 8. En revanche, il faudra toujours posséder un port Thunderbolt pour profiter de la bête, ce qui reste toujours un peu dommage quand certains concurrents proposent aussi de l’USB.
On passe maintenant aux performances audio, afin de vérifier qu’elles sont toujours aussi bonnes.
Benchmark
Nous avons réglé la mémoire tampon au minimum (32 échantillons) afin d’obtenir la meilleure latence : 1,63 ms en entrée et 0,54 ms en sortie (en 96 kHz). C’est équivalent au précédent modèle, ce qui est excellent et finalement guère surprenant.
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux lignes, à 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,097 dB, le résultat est curieusement légèrement moins bon que sur les précédents modèles (mais équivalent l’Apogee Ensemble qui a obtenu ±0,087 dB), mais il convient de remettre en perspective ces données. On parle ici de quelques centièmes de dB sur l’ensemble du spectre, sachant que l’oreille humaine n’arrive à déceler, au mieux, que des paliers de minimum 1 dB. C’est pourquoi choisir une interface plutôt qu’une autre juste en se basant sur quelques dixièmes de dB nous semble absurde. Il existe d’autres paramètres à prendre en compte, souvent plus importants (nombre d’E/S, latence, routing, partie logicielle, effets intégrés…), lors de l’achat. N’oublions pas non plus le blind test organisé par Audiofanzine il y a quelques années entre une interface audio à 150 € et une autre à plusieurs milliers d’euros. Seulement les deux tiers des participants avaient trouvé la bonne réponse, sans compter le fait que chaque personne avait une chance sur deux de gagner. Avec un véritable test ABX, le résultat aurait sûrement été tout autre… Nous avons la chance de disposer d’un outil dont la précision dépasse nos capacités auditives, il convient maintenant de l’utiliser à bon escient.
Concernant la distorsion, on reste en dessous de 0,002 % voire 0,001 % sous la barre de 10 kHz. Ce résultat est excellent.
Voici les résultats au niveau micro, avec le gain réglé numériquement à 34 dB (sur 65 dB disponibles).
On constate que les résultats restent équivalents au niveau ligne (déviation de ±0,092 dB et THD sous 0,002 %), ce qui est une très bonne chose et prouve que les préamplis sont complètement transparents (et ce, au dixième de dB près, lol). Côté bruit de fond et avec ce réglage de gain, on obtient un rapport signal/bruit de 108 dB, ce qui est excellent. Les préamplis restent très silencieux.
Petite nouveauté 2019 des bancs d’essai Audiofanzine, nous avons aussi testé la sortie casque et l’entrée instrument haute impédance. Pour la première, la déviation est presque identique (même un peu meilleure avec ±0,081 dB) et la distorsion toujours en-dessous de 0,002 %. Rien à redire. La puissance est aussi confortable même avec des casques à haute impédance (10,09 mVrms) et le rapport signal/bruit avec le potard à fond reste à 99 dB, ce qui est aussi très bon. L’entrée instrument reste dans la même veine que les autres entrées avec une déviation de ±0,096 dB et une distorsion sous la barre des 0,002 %. Solide.
Pour résumer les performances audio de l’Apollo x8, elles restent en accord avec ce que l’on est en droit d’attendre d’une interface de ce prix.
Conclusion
La dernière version des Apollo donne le change avec au premier plan le DSP qui passe à l’hexacœur sur toute la gamme pour un prix identique (2 500 € pour la x8), soit un gain de +50 % en ressources pour empiler plus de plug-ins. On pourra toujours regretter l’absence de véritable révolution chez UA comme on a pu connaitre lors du passage de l’UAD-1 à l’UAD-2 il y a… 10 ans maintenant. On devra se contenter d’une belle évolution accompagnée de quelques petites choses bien sympathiques comme la gestion du multicanal pour le monitoring, le micro Talkback intégré (avec sa gestion sans accroc dans la console virtuelle) et le passage au Thunderbolt 3 (rétrocompatible). Le reste, on le connait et c’est toujours un plaisir de retrouver de bonnes performances audio, une latence minimale, une construction exemplaire et bien sûr des plug-ins compatibles, certes pas donnés, mais qui en font baver plus d’un.