Voici qu’arrive sur notre banc d’essai la nouvelle desktop d’Antelope, la Zen Tour Synergy Core. C’est parti pour l’examen !
Cette nouvelle édition fait partie de la mise à niveau des interfaces, initiée par la marque depuis l’introduction de leur système « Synergy Core ». On en avait déjà parlé lors du test de la Discrete 4 : Antelope, après avoir longtemps utilisé des processeurs FPGA (intéressants pour leur capacité de traitements en parallèle), leur ajoute désormais deux processeurs DSP. Le but affiché est de proposer un plus grand catalogue de plug-ins, avec une meilleure latence de l’interface. Depuis l’annonce du passage au format « Synergy Core », la marque a en effet ajouté progressivement des plug-ins à son catalogue, en particulier des effets de modulation du son qui étaient jusque là absents.
On va donc sortir la nouvelle Zen Tour de sa boîte, et voir ce qui a changé.
Présentation
On avait déjà proposé un test de la Zen Tour. C’est une bonne nouvelle, cela va nous permettre de voir ce qui a évolué. Au déballage, on est comme souvent plutôt séduit par le caractère très élégant de l’objet, et une impression de robustesse malgré des lignes raffinées. Bref, c’est un beau produit. Tiendra-t-il ses promesses ?
Peu de choses ont changé en réalité. On note, comme avant, le grand nombre d’entrées et de sorties, impressionnant pour une unité desktop : à l’avant, deux sorties casques et deux sorties reamping, plus quatre entrées haute impédance ; à l’arrière, on retrouve les quatre entrées micro/ligne sur connectique combo XLR/Jack 6,35 mm TRS, les E/S S/PDIF (au format RCA) et les huit sorties analogiques au format D-SUB 25. En revanche, il n’y a plus qu’une seule paire de sorties pour moniteurs. La seconde à disparu pour céder la place aux E/S ADAT au format TOSLINK, qui se trouvaient sur le côté de l’appareil dans l’édition précédente. On perd en variété d’écoutes ce qu’on gagne en praticité de raccordement. Un changement bienvenu à notre avis, qui évitera de transformer votre interface en pieuvre. Pour relier la Zen Tour à son ordinateur, Antelope continue d’offrir le choix entre l’USB et le Thunderbolt, ce que nous saluons !
L’écran tactile est toujours à sa place également : je ne reviendrai pas dans cet article sur sa prise en main, je vous renvoie plutôt à la vidéo faite par Red Led. Je noterai cependant, comme lui, que les sorties casques réglables via le gros bouton principal ne sont pas une très bonne idée, car impossible d’agir vite en cas de volume trop agressif.
Quelques petits points intéressants : comme sur tous les produits Antelope, l’alimentation se raccorde avec une protection à vis. Pratique pour éviter les débranchements intempestifs, où les torsions au niveau de la connectique. Mais attention à ne pas se prendre les pieds dans le câble : dans ce cas-là, c’est toute l’interface qu’on envoie balader.
Le bouton Antelope a maintenant une fonction, ou plutôt trois fonctions de monitoring que vous pouvez lui attribuer depuis la section Menu dans l’écran tactile : ainsi le bouton peut devenir un sommateur mono, ou un atténuateur « dim » fonctionnant en mode on/off (latch), ou actif tant que l’on appuie sur le bouton (hold).
Nous remarquons que l’interface chauffe ! Après une heure de tests, elle était tiède. Ce qui est agréable pour un petit pain l’est moins sur un appareil électronique, espérons que cela n’affecte pas sa longévité. Cela reste assez commun sur une interface sans ventilateur, et donc silencieuse, comme celle-ci.
Pour conclure, et avant de passer aux tests, je note qu’il n’y a pas eu de changement majeur au point de vue du software Antelope. Personnellement, je ne suis pas très amateur de leur système de routage, tout basé sur le drag-and-drop, avec son tableau multicolore et ses rectangles trop petits pour afficher leurs noms (si on les renomme). Dès qu’une ligne contient beaucoup de rectangles (et comme il y a beaucoup d’entrées et de sorties, c’est souvent le cas), on a vite fait de se tromper de ligne, et de faire des routages fantaisistes et involontaires. Cela m’est arrivé plusieurs fois durant les tests. Bien entendu, je suis conscient de l’aspect très subjectif de ce jugement, et tout software demande un temps d’adaptation à l’utilisateur. Il est aussi à noter qu’il est possible de gérer le routing via une matrice plus classique !
Passons maintenant aux tests.
Benchmarks
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision (lien). Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible. Dans les cas où la comparaison est éclairante, je teste avec des gains plus faibles.
La mémoire tampon réglée à 32 échantillons, on obtient (à 44,1 kHz) une latence d’entrée de 2,22 ms et de 2,49 ms en sortie.
Commençons donc avec les entrées niveaux lignes :
J’envoie un sweep de 1 Vrms dans les entrées 1 et 2, et je règle le gain à 17 dB à la sortie (sorties Monitor 1 et 2, non atténuées).
Du point de vue de la linéarité, la nouvelle Zen Tour s’en tire très bien, avec une déviation située entre ±0,056 dB. On est donc sur un résultat très bon, ce qui ne doit pas nous surprendre dans cette gamme de prix.
Les résultats en THD sont tout aussi bons, même s’ils sont moins linéaires. Inférieure à 0,0009 % jusqu’à 3 kHz (très grande transparence), la distorsion harmonique augmente ensuite et oscille entre 0,004 % et 0,01 % : un résultat peu moins bon que ce que l’on avait obtenu sur le modèle précédent (hyperlien test du 07/09/2016). On reste un peu surpris.
Quant au rapport signal/bruit, on ne trouvera rien à redire : 103 dB ! C’est un très bon résultat.
À noter que pour ce test j’avais routé l’entrée directement sur les sorties Monitoring. En routant la sortie du mixer (dans le software) aux sorties Monitoring, j’obtiens un résultat un tout petit peu moins bon : rapport signal/bruit de 99,9 dB. Cela reste malgré tout très satisfaisant.
Si l’on sélectionne la sortie casque, les résultats baissent légèrement (comme c’est souvent le cas) :
En revanche, on obtient de bons résultats sur les entrées micros :
Là aussi, rien à redire sur la linéarité. C’est vraiment très satisfaisant, avec des résultats presque calqués sur les entrées lignes : ±0,060 dB en moyenne (fréquence de référence 1 kHz).
En revanche, sur la THD, on retrouve cette petite montée dans le haut du spectre. Là aussi, on reste ne dessous de 0,01 %, pas de catastrophe, mais c’est un peu surprenant.
Le rapport signal/bruit de ces entrées oscille autour de 100 dB : résultat similaire à la version antérieure de la Zen Tour.
Pour parfaire le travail, j’ai voulu savoir comment réagissent les entrées hautes impédances. J’ai donc envoyé un sweep mono à 200 mVrms dans une des entrées Hi-Z.
Résultat, sur les sorties de monitoring, la réponse en fréquence est excellente, avec une déviation limitée à ±0,060 dB et une THD faible (moins de 0,001 % sous 2,7 kHz). En revanche, sur la sortie consacrée au re-amp, on obtient une déviation beaucoup plus forte :
Une courbe atténuée qui ne devrait pas poser de problème avec un signal de guitare, moins adaptée pour les reampings de basse.
Quel bundle ?
La Zen Tour Synergy Core est livrée avec un pack de 36 plugins. Très orienté sur le traitement de son d’instrument, la suite FX comprend onze émulations d’amplificateurs et onze émulations de baffles. À cela vient s’ajouter deux préamplis micro (BA-31 et Gyratec IX), quatre égaliseurs (le paramétrique Clear Q, VEQ-HLF, VE-1A, et VMEQ-5 spécialement pour traiter les médiums), sept traitements dynamiques (un noise gate, deux compresseurs, trois compresseurs/limiteurs et un expandeur), et un accordeur A-Tuner.
Pas de pédale de guitare dans cette suite d’effets gratuite, mais il est possible d’en débloquer par la suite : en effet, Antelope propose d’augmenter ce bundle de base par une suite de quarante neuf plugins compatibles avec la Zen Tour, achetables individuellement depuis leur site. On trouve alors de nombreuses émulations de grands classiques du studio (EQ Neve, préampli Telefunken, compresseurs UA, Fairchild ou Altec, etc.), ainsi que la version Synergy Core d’Auto-Tune, lancée il y a un an.
Conclusion
Il nous semble justifié de dire qu’Antelope souhaite se placer en concurrence directe avec Universal Audio dans le domaine des interfaces desktops, en proposant, dans une gamme de prix similaires, des produits beaucoup plus « généreux » (grand nombre d’entrées/sorties), et à l’ergonomie simple et bien pensée (excellente idée : l’écran tactile). De plus, cette nouvelle gamme élimine progressivement quelques défauts (entrées/sorties placées sur le côté) et conserve d’autres bons points (temps de latence excellent, connectique USB+Thunderbolt). De plus, le parc de plug-ins s’est également fortement étendu en un an, même s’il faut toujours débourser 195 euros pour espérer les exporter vers une autre STAN (et seulement sur Mac !). En revanche, et en gardant bien en tête que l’on compare ici des différences inaudibles, on sera légèrement déçu de constater un changement de profil sonore, avec une augmentation légère de la THD sur toutes les entrées, et des sorties reamp clairement améliorables, sur une deuxième version d’un produit déjà existant.