Je rêve d'une Duet avec toi, en haut de la falaise rebelle... Cette semaine, on teste la version 3 de la petite Duet, la desktop toute mini de chez Apogee. Une Duet qui reprend bien des qualités de la précédente, mais ajoute quelques améliorations bien réelles. De quoi donner la fièvre au soleil ?
La voici arrivée sur notre banc d’essai : la Duet 3 d’Apogee, que nous vous avions annoncée en juin dernier, est passée entre nos mains pour un test. Cette interface desktop constitue la toute nouvelle version de la déjà bien connue Duet 2 : sortie en 2011, concurrente directe de la fameuse Babyface de RME, elle avait déjà fait l’objet d’un test dans nos pages. Depuis, Apogee a fait évoluer ses produits, en particulier en s’ouvrant à la compatibilité Windows en 2017, et en intégrant des DSP. Aujourd’hui, la Duet 3 nous est promise comme une révision assez complète du modèle précédent : voyons ce qu’il en est !
Duet à la diète
Ça commence plutôt bien : on ouvre le carton et on découvre qu’Apogee a inclus une mallette de transport, ce qui est toujours plaisant pour une interface nomade. Dans la mallette on trouve l’interface elle-même, dans un petit logement adapté, ainsi que les deux câbles fournis par le constructeur : le câble USB Type C / Type A pour le raccordement à l’ordinateur, et le fameux câble épanoui qui, on ne va pas se le cacher, à ses détracteurs dans notre forum. On note rapidement que la petite pochette siglée pour transporter les câbles est une bonne idée. Le câble épanoui se termine par 6 fiches différentes. Changement donc : la Duet 2 en proposait seulement quatre (2 entrées combo XLR-Jack 6,35 mm, 2 sortie sur Jack 6,35 mm TRS). Alors que penser de ce retour à 6 ? Quatre fiches pour les entrées, c’est positif et négatif à la fois : un câble épanoui encore plus lourd, encore plus gros, moins maniable donc… mais aussi la possibilité de laisser brancher en même temps plus de sources, facilitant ainsi le travail de l’utilisateur. Un plus pour un moins…
Pour ceux qui n’apprécient pas l’utilisation de l’épanoui, notons qu’Apogee propose un dock spécialement conçu pour la Duet 3, mais achetable séparément. Une bonne occasion de répondre aux attentes des consommateurs, tout en leur proposant de consommer plus…
Question ergonomie et look, la nouvelle Duet ne varie pas profondément par rapport à la précédente. En ce qui concerne son design, on est toujours sur une coque rectangulaire, de la taille d’un gros smartphone, avec un gros bouton encodeur cliquable au centre. Celui-ci permet de contrôler différents paramètres – nous nous attarderons sur les paramètres contrôlables lorsque nous parlerons du logiciel de contrôle. L’ancien écran OLED fait place à un affichage à LED pour les VUmètres. Autre petit changement, les entrées et sortie sont notées en toutes lettres autour de l’encodeur, et chacune est signalé par une LED lorsqu’elle est sélectionnée. Bref, rien de révolutionnaire, mais rien de négatif à signaler pour l’instant.
On remarque que l’interface s’est amincie, ce qui n’est pas sans conséquences : cela ne pose pas de problème pour l inclusion de deux fiches USB Type C, en revanche cela amène le constructeur à choisir un port Jack 3,5 mm pour la sortie casque. Certes, de nombreux constructeurs de casques proposent aujourd’hui des produits avec les deux tailles de Jack (sélectionnable grâce à des adaptateurs vissables), cependant certains utilisateurs de la Duet 3 seront obligés d’avoir recours un adaptateur pour l’utiliser avec leur casque fétiche. Ce n’est pas très critique, mais cela doit être signalé. On se réjouit, par ailleurs, de trouver deux ports USB à l’arrière de l’appareil.
Jetons un oeil à la partie software…
Simplicité, j’écris ton nom
Ici, la Duet 3 s’inscrit dans la nouvelle lignée de la marque américaine : entièrement contrôlable depuis l’Apogee Control 2, qui permet en plus l’utilisation de l’ECS Channel Strip. Merci, petit DSP !
Le control center se présente sous la forme d’un mixeur (partie principale) avec en plus un menu repliable sur le côté gauche, présentant les paramètres systèmes. Le tout est très classique est, à notre avis, très facile à prendre en main, avec un beau look sobre (cohérent avec l’interface).
Toutefois, il est notable que le control center permet de sélectionner de nombreux paramètres qui ne sont pas contrôlables depuis l’interface elle-même. C’est la conséquence nécessaire du minimalisme : ainsi la sélection des sensibilités d’entrée (micro, ligne, instrument), la commutation des 48 volts pour les entrées micro, et bien sûr la commutation des traitements à la prise se font toutes depuis le logiciel. De même pour les sorties : différentes options (mute, dim…) ne sont selectionnable que depuis le contrôleur. L’encodeur de l’interface permet donc seulement de sélectionner l’entrée, la piste d’effet, où la sortie désirée, et de régler son niveau de gain ou d’atténuation. On aimerait pouvoir faire un peu plus, et on espère voir des développements de ce côté là dans de future émulation de la Duet.
Et le bundle ? Eh bien il n’y en a pas à proprement parler. La Duet 3 est accompagnée des traitements ECS Channel Strip, auxquels Bob Clearmountain appose sa signature : un EQ trois bandes, une compression et un préampli qui perme le contrôle d’une légère saturation de gain, avec de nombreux presets proposés. À noter : l’ECS n’est pas disponible en native avec la Duet 3, pour cela il faudra débourser (mais à un prix réduit).
Benchmark
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision (lien). Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible. Dans les cas où la comparaison est éclairante, je teste avec des gains plus faibles.
Entrées lignes
J’envoie un sweep de 1 Vrms dans l’entrée 1 et 2 et je mesure le signal aux sorties moniteur 1 et 2, non atténuées.
Linéarité : ±0,071 dB, un resultat très satisfaisant, un peu en dessous de la concurrence chez Arturia par exemple (pour une somme bien plus modique), mais comparable à ce que l’on trouve chez Apollo (pour un prix bien plus élevé). Comme quoi…
THD : là c’est très bien : en dessous de 0,001 % sur une bonne partie de la courbe, et avoisinnant les 0,002 % à 10 kHz. On lève un pouce.
Rapport signal/bruit : RAS, c’est plus que suffisant à 107,319 dB
Je signale que l’on remarque la grande similarité d’une voie à l’autre : c’est peut-être encore plus important que les chiffres ci-dessus, car cela indique un effort réel de sélection des composants, donc de cohérence de l’ensemble de l’appareil.
Entrées micro
Ici j’envoie un sweep de 100 mVrms dasn les entrées 1 et 2 et je mesure le signal aux niveau des sorties moniteurs, là encore sans atténuation.
Linéarité : les entrées micro, avec leur sensibilités plus élevées, sont parfois moins linéaires. Ici, c’est à peine différent de l’entrée ligne, à ±0,067 dB.
THD : Et pareil pour la THD : sous 0,002 % sur la majorité du spectre, et juste au dessus de 0,005 % à 10 kHz. C’est vraiment bien, à peine en dessous des entrées ligne, ce qui est très encourageant sur la qualité d’ingénierie.
Rapport signal/bruit : 98,273 dB – ça baisse un peu, mais ça reste très acceptable.
Sortie casque
On reste sur les entrées Micro, mêmes niveaux de gain, sauf que l’on sort par la sortie casque non atténuée.
Linéarité : comme d’habitude, quelques déviation dans le haut du spectre, avec un résultat global à ±0,469 dB. Rien d’alarmant, certaines interfaces font cela sur leurs entrées ligne… Sur une sortie casque, c’est beaucoup plus attendu.
THD : Là aussi, on s’attend à de tels résultats – majoritairement en dessous de 0,01 %, autour de 0,03 % à 10 kHz. On remarquera que le profil en THD de toute l’interface est très similaire d’une entrée/sortie à l’autre, d’où une impression générale assez homogène.
Rapport signal/bruit : 91,919 dB
Conclusion
En comparaison avec la Duet 2 (et même en prenant en compte le fait qu’elle était déjà devenue compatible Windows) il serait difficile de nier qu’avec la version 3 Apogee réussit le pari de faire mieux, sans pour autant changer radicalement son produit. Les points positifs notés par Red Led sur la version précédente (qualité de fabrication, de design, software simple d’utilisation…) sont toujours présents. Mais, à cela, on peut ajouter des traitements sonores à l’enregistrement grace à l’inclusion de DSP. Plus des préamplis et convertisseurs d’une grande qualité sonore. Et, chose rare aujourd’hui, on notera que le prix ne fait pas un bon énorme : la Duet 2 se trouvait en magasin autour de 500 € à sa sortie, la Duet 3 est accessible autour de 600 € (et même en dessous chez certains vendeurs). En revanche, les mêmes limitations sont toujours là : toujours pas d’entrée-sortie numériques, toujours pas d’entrée-sortie MIDI (en même temps, avec un tel format de boîtier, on se demande comment cela serait possible). Quant au câble épanouie, avec ses six gros connecteurs… disons qu’on a connu plus pratique. La possibilité d’ajouter un dock est une option intéressante, mais qui fait sensiblement monter le prix de l’interface, rendant le produit moins attractif. En bref : Duet 3 meilleure que Duet 2 ? Oui, mais loin d’être parfaite. Encore des améliorations possibles donc pour le constructeur américain mais, au final, force est de reconnaître les qualités indéniables de cette nouvelle interface.