On reprend la même et on recommence ! Audient sort la nouvelle version de son interface milieu de gamme, l’iD14, déjà testée dans nos pages il y a maintenant six ans. La première question que l’on se pose, c’est logiquement : la mkII saura-t-elle ajouter des options manquantes ? Quant au rendu sonore (déjà bien apprécié à l’époque par notre cher Red Led) a-t-il évolué ?
Toutes questions importantes, puisque la marque britannique assure avoir amélioré son choix de convertisseurs, pour offrir une qualité plus proche de sa grande sœur, l’iD44. (attention, cela ne signifie que ce sont les mêmes convertisseurs). Ça tombe bien : nous l’avions testée également ! On va donc pouvoir conduire un test comparatif avec des fondements solides.
Une chose s’est clairement améliorée, en tout cas : l’iD14 est désormais entièrement autoalimentée, même pour délivrer +48V, et cela grâce au passage à l’USB 3, sur port USB Type-C. L’auto-alimentation complète étant de plus en plus souvent offerte par la concurrence, il est bienvenu de la part d’Audient d’avoir sauté le pas.
Déballage
En ouvrant le carton, nous découvrons une petite interface desktop au style élégant, qui reprend les grandes lignes de la version MkI en simplifiant quelques traits : potentiomètres gris mat, logo plus sobre, boutons rétroéclairés en blanc chaud. Les goûts et les couleurs… certes, mais ça nous a paru généralement plus raffiné.
Du côté des accessoires, l’offre est aussi minimale que le look de l’interface : un câble USB C vers USB C et un guide de démarrage rapide. Comme nous le signalons souvent par rapport à ce genre d’interface au format nomade (même si d’un poids pas si léger, à un peu de plus de 1kg), il serait intéressant de fournir également un sac de protection.
Des faces et des boutons…
Pour ce qui est des contrôles, on part sur une disposition exactement similaire à celle de la MkI : pour chaque voie, un potentiomètre de gain, un commutateur +48 volts (dont on apprécie la rigidité, difficile de l’enclencher involontairement). À droite l’encodeur cliquable, qui contrôle l’atténuation des sorties moniteurs et casque et leurs fonctions mute ainsi que, grâce au mode « iD », le mode mono, mono+inversion de polarité, dim (-15 dB), le talkback et le ScrollControl (encodeur utilisé comme une molette de souris pour les potentiomètres virtuels), toutes options déjà présentes dans la version précédente.
Au centre, le même VU-mètre à LED (2X8) et une LED de signalisation de connexion USB. Le VU-mètre possède une double fonction : il permet à la fois de visualiser la modulation du mix sélectionné et d’indiquer le réglage de l’atténuation de sortie (casque ou moniteurs). Lorsque l’on règle ce niveau, les VU-mètres indiquent temporairement le réglage effectué, puis recommence à moduler avec le signal. Cela nous inspire une critique : il aurait été intéressant d’installer un LED bicolore (blanc-rouge) au niveau 0 dB. En effet, si, durant l’écoute, on monte le niveau de sortie au maximum, les dernières LED s’éclairent momentanément en rouge (pour indiquer qu’on a atteint le minimum d’atténuation). Problème : cela donne l’impression que l’on cause un pic de saturation, puisqu’il serait indiqué… exactement pareil ! Bien sûr, on s’y habitue, mais l’affichage devrait toujours se faire selon des normes, qui permettent à tous les utilisateurs une reconnaissance rapide. C’est un peu dommage…
Passons en revue les entrées et sorties. Face avant : on trouve une entrée instrument dédiée, à gauche, et deux sorties casque montées en parallèle – une au format 6,35, l’autre au format 3,50. En face arrière, Audient a ajouté des options bienvenues : on trouve toujours les deux entrées micro/ligne sur combo Jack TRS/XLR, mais le constructeur a multiplié les options de sortie, avec une seconde paire de jack TRS (3 et 4) qui permettent soit le branchement d’une seconde paire d’enceintes, soit le monitoring d’un second mix, contrôlable depuis l’application iD. À côté, les entrées numériques et le port USB-C. Une remarque : pas de changement depuis la mkI, les sorties ne sont pas fixées sur le châssis, ce qui apporterait une meilleure solidité d’ensemble.
Et la partie logiciel ?
L’interface est petite mais très bien complétée par un logiciel assez remarquable. En effet, la console iD Mixer a pour fonction de gérer le monitoring du signal, en sortie de STAN, et permet également le contrôle de certaines options de l’interface (en particulier l’assignation du bouton iD). Ses contrôles n’ont donc aucun effet sur les réglages effectués dans votre STAN.
De gauche à droite : vos deux entrées micro/ligne, les entrées numériques, puis les retours de la STAN. Cette console permet bien sûr de contrôler le volume et le panoramique de chaque voie, mais aussi l’affectation d’un boost (+10dB), l’inversion de phase, le groupage stéréo, en plus des habituels “solo” et “mute”. Chaque voie peut également être renommée (très bonne idée).
Les masters de sortie sont au nombre de trois : principal, plus deux mix Cue (un de plus que dans la version précédente), tous renommables et écoutables en “solo”, pour effectuer des comparaisons rapides. Bref, c’est simple mais complet. Sauf que là aussi, au niveau des codes couleurs, c’est un peu confus… En audio, un visualiseur de modulation a généralement un code clair (une couleur froide – vert – jusqu’à 0, puis orange ou jaune dans une zone supportant des pics occasionnels, puis rouge dès le seuil de saturation). Ici, tous les indicateurs fonctionnent sur un système graduel allant du vert au rose, en passant par le jaune (avant 0dB) puis l’orange (après 0dB) pour arriver dans le rose avant la limite de saturation. Bien sûr, il y a un indicateur de satu, mais l’affichage nous a semblé, malgré cela, plus joli que pratique. MIXER 2 Pour finir un panneau de commande de routing permet d’assigner les sorties de vos mix, votre format d’entrée numérique (ADAT ou S/PDIF), votre niveau de Dim et le panoramique des signaux mono.
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision (lien). Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Latence : à 32 échantillons, nous obtenons une latence de 2,22 ms en entrée, et 2,49 ms en sortie. À 64 échantillons : 2,95 ms et 2,49 ms.
Résolution : 24 bits – de 44,1 à 96 kHz max
Commençons par les entrées ligne :
Déviation : tout va bien jusqu’à 5kHz, on remarque même une amélioration par rapport au modèle précédent dans le grave. En revanche, on note une baisse du signal dans l’aigu, baisse de moins de 1dB, donc rien de catastrophique. Déviation de ±0,443 dB, c’est un peu haut quand même (incomparable par exemple avec la Scarlett 2i2 G3). THD : Il y a clairement du mieux par rapport à la MkI, puisqu’on tourne en moyenne à 0,007%, sans retrouver le pic dans l’aigu de la version précédente. Incomparable cependant avec les préamplis de la iD44, mais on est vraiment dans une autre gamme. Rapport signal/bruit : bon résultat, à 105,66 dB.
Passons aux entrées micro :
Déviation : C’est bien meilleur, avec une faible déviation de ±0,089 dB.
THD : On reste sur une courbe très similaire à l’entrée ligne, située principalement autour de 0,007%. Encore une fois, ce n’est pas très bas (dans une gamme plus basse, l’EVO-4 du même constructeur fait mieux) mais ça reste très acceptable et la THD a le mérite d’être assez égale sur tout le spectre.
Rapport signal/bruit : 102,73 dB, encore une fois, c’est très bien !
Qu’en est-il de la sortie casque ?
En restant sur l’entrée micro, qui a donné de meilleurs résultats…
Déviation : ±0,325 dB, c’est-à-dire un résultat classique pour une sortie casque, avec une déviation située au dessus de 3 kHz.
THD : Là aussi, on trouve toujours des résultats similaires, autour de 0,007%… Audient a clairement le souci de la cohérence dans les choix de composants, et n’a pas lésiné sur le monitoring casque.
Rapport signal/bruit : à 100,21 dB, on ne se plaindra pas. En conclusion de ce benchmark, on a envie de reprendre ce que disait Red Led lors du test précédent : préamplis silencieux, plutôt droits, convertisseurs corrects… avec des résultats légèrement meilleurs en THD !
Conclusion
Disons le simplement : si vous aimiez la mkI, vous aimerez la mkII. Si vous n’utilisiez pas la iD14 jusqu’ici, vous pourriez vous laisser séduire… Nous savons qu’il s’agit d’une interface qui a su trouver ses aficionados, et le nouveau modèle ne viendra pas faire mentir sa popularité, d’autant plus qu’au même prix de lancement (229 euros), elle propose des options supplémentaires par rapport à l’ancien modèle, pour une taille toujours aussi compacte et en mode totalement autoalimentée (port USB 3 nécessaire, elle est gourmande). Cela en fait vraiment, à nos yeux, un outil intéressant et complet pour les home-studistes (surtout les un peu plus que débutants). Certes, la signature sonore n’a pas fortement évolué, ce qui pourra décevoir certains, mais qui peut aussi être vu comme un gage de cohérence dans la production d’Audient. Alors, oui, on retiendra quand même les critiques que nous soulevions sur le design du logiciel, qui en limitent les qualités et la praticité générale (et ne nous semblent pas être des défauts superficiels). Mais au final, tout cela pris en compte, on doit bien reconnaître de l’iD14 sait plutôt bien tirer son épingle du jeu.