Introduite lors du NAMM 2020, la nouvelle gamme Evo d’Audient représente l’entrée du constructeur anglais dans le domaine des interfaces entrée de gamme, intuitives et axées sur le marché des créateurs de contenu digital.
Voici l’arrivée sur notre banc d’essai de la petite Evo-4, le premier modèle de la gamme, qu’Audient propose au prix très attractif de 117€ (prix moyen pour le produit neuf). Il s’agit clairement d’une interface visant les musiciens solistes, les « primo-utilisateurs » (en bon français, les débutants), mais aussi les podcasteurs, YouTubeurs, streameurs, etc. Toutefois, et comme on le verra au cours de cette présentation, la EVO-4 réserve de nombreuses fonctionnalités très plaisantes à utiliser, et des bonnes surprises sonores.
Déballage et prise en main
La première chose qui frappe à propos de cette interface, c’est sa présentation d’inspiration « smartphone ». C’est un choix assez intelligent de la part d’Audient, qui brise un peu les codes qui entourent souvent l’emballage de l’interface : ici, on a moins l’impression de déballer un petit joyau en aluminium brossé (avec son chiffon microfibre) qu’une objet d’usage quotidien, qui tient presque dans la poche, avec un ressenti très plug-and-play.
On remarque d’ailleurs que l’Evo-4 est accompagnée d’un petit livret assez succinct, qui présente rapidement les entrées et les boutons, et offre une explication rapide de l’utilisation de la fonction Smartgain. L’interface étant Class Compliant, il est alors très facile, avec ces quelques explications, de la connecter à son ordinateur (câble USB-C – USB-A fourni avec l’interface) et de commencer immédiatement une prise en main superficielle.
L’interface est très légère, autoalimentée, et réalisée dans une matière plastique assez solide (connectique robuste) et mate (peu de risque de griffure lors des transports. On sent donc qu’elle a vraiment été conçue comme une solution nomade qui pourrait convenir à des utilisateurs plus chevronnés, en plus d’être un produit d’appel.
Que découvre-t-on lorsqu’on explore les différents côtés de l’objet ? À l’arrière, deux entrées ligne/micro au format combo XLR/Jack 6,35 mm, deux sorties monitoring au format Jack 6,35 mm (TRS) et la prise USB 2.0 (format USB-C) qui porte à la fois les données et l’alimentation. Sur le devant, deux Jack 6,35 mm : une entrée instrument DI et une sortie casque. À noter : l’entrée instrument n’est pas une troisième voie puisque, lorsqu’on l’utilise, elle désactive l’entrée ligne/micro 1. De plus, l’utilisation de la sortie casque commute les sorties de monitoring. L’Evo-4 offre donc un nombre de voies très limité, mais en permet des exploitations diverses.
Sur le dessus de l’interface, là aussi c’est assez spartiate, mais également clair et intuitif. Sur la gauche, deux boutons permettent de sélectionner l’entrée que l’on souhaite régler, en plus d’un bouton pour activer l’alimentation fantôme, et du bouton Smartgain. Sur la droite, deux autres boutons contrôle le niveau de sortie monitoring, et le « Monitor Mix » qui permet de régler la balance entre les entrées et l’audio provenant de la STAN. Au centre, un gros potentiomètre rotatif, assignable aux divers boutons que l’on vient de décrire.
Un driver doit d’abord être installé pour vérifier les updates du produit. C’est également lui qui permet de mettre en place la fonction de routing Loopback, fonction intéressante pour les gameurs et les podcasteurs, puisqu’elle permet de sommer l’audio généré par un programme sur l’ordinateur (jeu vidéo, conversation Skype…) avec les entrées de l’interface.
Le bouton Smartgain analyse le niveau du son que vous voulez enregistrer et règle automatiquement le gain d’entrée du canal que vous avez sélectionné. C’est la seule fonction pleinement expliquée dans le petit livret qui accompagne l’Evo-4, permettant ainsi aux plus débutants de se lancer et d’expérimenter immédiatement avec l’interface.
Les boutons présents sur l’interface ont presque tous plusieurs fonctions : possibilité de lier les deux entrées en une seule entrée stéréo, de muter les entrées, ou les sorties, d’agir sur le panoramique des sorties.
Pour conclure cette présentation, nous émettrons trois petites critiques. Premièrement, la fonction muting ne peut être effectuée qu’en pressant longtemps sur le bouton du niveau de sortie : impossible de protéger rapidement ses oreilles lors d’un pic de volume inattendu (on pense en particulier à une écoute au casque). Deuxièmement, l’interface est très légère et peut être parfois entraînée par le poids des câbles. Pour finir, puisque la sortie casque commute la sortie monitoring, difficile de passer rapidement d’une écoute casque à une écoute sur enceintes. Ces critiques restent mineurs en regard de l’ergonomie générale de l’appareil, qui reste excellente.
Benchmark
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision (lien). Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible. Dans les cas où la comparaison est éclairante, je teste avec des gains plus faibles.
Commençons donc avec les entrées lignes :
J’envoie un sweep de 1 Vrms dans les entrées 1 et je mesure le signal aux sorties moniteur 1 et 2, non atténuées. On mesure d’abord la déviation (fréquence de référence 1 kHz) : les résultats sont très corrects pour un produit d’entrée de gamme, avec une déviation de ±0,210 dB. À noter : la déviation à surtout lieu dans le haut du spectre, au-dessus de 10 kHz.
On n’est d’ailleurs pas surpris de trouver une THD plus élevée dans cette plage de fréquence : alors que l’Evo-4 propose une entrée ligne avec une distorsion harmonique inférieure en général à 0,002%, (très bon résultat) on observe une légère remontée après 5 kHz, avec une THD tournant autour de 0,005%
On est assez proche des résultats obtenus (dans une gamme de prix similaires) sur la M-Audio M-Track 2×2 (±0,174 dB, 0,002% en moyenne), et l’Evo-4 fait beaucoup mieux en THD que la Scarlett Solo de Focusrite ou l’AudioBox iOne de PreSonus.
Le rapport signal/bruit, mesuré à 1 kHz, est de 102,020 dB. On obtient des résultats un peu meilleurs sur les entrées micros :
Ici j’envoie un sweep de 100 mVrms et je mesure le signal au niveau des sorties moniteurs.
On observe une déviation plus faible (±0,091 dB), là aussi située dans le haut du spectre, mais qui présente plutôt de très légères fluctuations. Pour ce qui est du résultat en THD, on obtient un graphique relativement similaire à celui des entrées lignes, avec un résultat majoritairement en dessous de 0,002% jusqu’à 2 kHz.
Le rapport signal/bruit, mesuré à 1 kHz est de 100,770 dB. Pour continuer le test, j’ai voulu vérifier la réponse de la sortie casque :
On reste sur les entrées Mic, mêmes conditions de test. La déviation mesurée est plus forte – ce qui est souvent le cas sur les sorties casques – avec un résultat de ±0,0447 dB. Toutefois, la réponse en THD n’est pas plus importante, avec une courbe restant en dessous de 0,002% jusqu’à 2 kHz, puis avoisinant les 0,005%. Quant au rapport signal/bruit, mesuré à 1 kHz, il est de 91,185 dB. Bref, tout cela est assez classique pour une sortie casque.
Pour finir, voyons l’entrée instrument, sur sorties monitoring (signal de 200 mVrms en entrée) :
Pour ce qui est de la déviation, rien à redire, c’est excellent à ce niveau de gamme, avec un résultat avoisinant les ±0,080 dB. En revanche, la THD est plus élevée que sur les autres entrées, juste au-dessus de 0,03% jusqu’à 10 kHz. Le rapport signal/bruit est, quant à lui, mesuré à 77,864 dB.
Conclusion
Les tests d’interfaces doivent toujours se faire dans la perspective de leur gamme de prix (comparaison avec la concurrence), de leur placement au sein des séries proposées chez le constructeur et des utilisateurs visés. Sur ces trois tableaux, on peut dire qu’Audient fait assez fort. Si l’on note quelques critiques (au niveau de l’ergonomie ou de l’audio), elles ne sont pas suffisantes pour contrebalancer les nombreuses qualités de l’Evo-4. Premièrement, des résultats sonores excellents, égaux ou même supérieurs à ce que l’on trouve chez des concurrents dans cette gamme de prix. Deuxièmement, un design simple et ingénieux, qui saura probablement séduire un public élargi au-delà des limites des studios professionnels, et du monde de la production musicale. Pour finir, l’option Smartgain est clairement un appel, pour les créateurs de contenus audio pour internet qui recherchent un son de qualité, dans des set-up divers (interview, commentaire de gaming…), sans avoir à se concentrer sur le contrôle des niveaux d’entrées. Il n’empêche que cette fonctionnalité ouvre aussi grand les portes du home studio à de nombreux musiciens souhaitant commencer à s’enregistrer, et ça c’est un très bon élément pour une interface abordable.