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Dis moi ce que tu lis.

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Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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5526
41GN9F7WHXL.jpg

Paris de nos jours.
Sébastien Ponchelet doit avoir entre 35 et 45 ans.
Issu de la classe ouvrière, des gens de peu. Son histoire commence avec cette phrase:

"Je suis un homme d'en bas. J'ai toujours levé la tête pour parler aux autres."

Le déterminisme social le pousse irrémédiablement à des emplois qu'occupait son père: manutention et magasinage. Puis il s'acoquine avec des malfrats, prends part à un hold-up qui tourne mal. Il n'a pas de sang sur les mains mais écope de 5 ans de prison.
Au début du livre il est en liberté conditionnelle et travaille dans une grande maison d'édition parisienne. Son boulot? Ranger et trier les livres; réceptionner et expédier les manuscrits; faire des photocopies; remplacer une ampoule ici ou réparer une serrure par là.

Un soir alors qu'il est dans le métro le ramenant chez lui, par un enchaînement de faits dont je ne peux pas vous révéler les détails, il trouve dans son sac un manuscrit qui aurait dû être ré-expédié à son auteur. C'est un manuscrit assez différent de ceux qu'il a l'habitude voir. En effet celui-ci est tapé à la machine, grossièrement relié et bourré de ratures et d'annotations. Il a du mal à trouver la première page mais la repère finalement. La phrase ouvrant le livre est la suivante:

"Longtemps, je me suis couché de bonne heure."*

Cette phrase éveille quelque chose en lui. Mais quoi? Et pourquoi?


*Pour les deux du fond, c'est la première phrase de "À la recherche du temps perdu" de Marcel Proust.



Bien prenant ce livre, et très riche. On se retrouve dans des univers inattendus mais c'est la différence de classes sociales qui sert de trame au récit et donne corps aux personnages, à leurs psychologies respectives, à leurs recours et ressorts dans certaines situations banales ou plus inattendues.
L'auteur se garde pourtant bien de servir des clichés et rends les choses plus crédibles et nuancées avec une approche très réaliste dans le sens où malgré ce qu'on peut croire au premier abord, les personnages sont bien différents de l'images qu'ils donnent.

Outre l'aspect social il y a aussi toute une réflexion sur la peinture (les oeuvres d'art ont-elles vraiment leur place dans des musées?) et la lecture (à qui s'adressent les livres?). Certains codes culturels ou générationnels de notre société contemporaine sont également effleurés, juste assez pour illustrer un certain cynisme et compléter ainsi le tableau dans lequel évolue le personnage. On ne se perd donc pas dans les détails mais on en souligne quelques-uns afin que le lecteur affine mentalement sa vision du contexte.
Puisque je parle de contexte, les ambiances sont particulièrement bien rendues avec quelque chose de très cinématographique. Je pense qu'il y a moyen de faire un bon film avec ça.

Seul petit bémol: à un moment apparaît un personnage clef, mais je n'ai finalement pas saisi qui il était et pourquoi il était là. Il est là et puis il n'y est plus mais on n'en sait pas plus.

Si je n'ai pas su repérer un style, le tout est très maîtrisé et bien écrit avec de très belles fulgurances jamais pédantes car jamais trop verbeuses, ce qui produirait une rupture peut-être trop grande avec le reste du livre.
J'ai pris plaisir à lire ce bouquin et suivre les personnages très attachants, ce qui fait que pendant quelques jours je ne me suis pas couché de bonne heure :oops2:


5527
Merci. :bravo:
Je le note.

Pour ma part, je viens de terminer "Le rouge et le noir" que je n'avais pas réussi à lire dans le passé : il m'était deux fois tombé des mains.
Là, j'ai accroché. Le début me semble toujours aussi laborieux, mais on s'y prend de plus en plus.
La peinture de l'époque est vraiment terrible. De quoi relativiser un peu notre époque de merde. :-D

Ensuite, j'ai été fainéant ces derniers jours et j'ai pratiquement pris le premier bouquin qui venait dans la bibliothèque et ai donc relu "en nos vertes années" de Robert Merle (deuxième tome de la série "fortune de France"). Bon, ben le bouquin n'a fait que quelques jours. :-D
J'en reparle pas puisqu'on en a déjà pas mal parlé dans ce sujet.

[ Dernière édition du message le 27/03/2017 à 14:54:57 ]

5528

Kumo -> j'ai acheté et lu le bouquin "l'étourdissement" samedi matin, ça m'a bien plu.

Merci

Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier

5529
Ah cool ! Ça fait plaisir :bravo:
5530
Fortune de France, j'avais lu jusqu'à La volte des vertugadins.
J'avais vraiment beaucoup aimé, mais pour lire la suite, il faudrait que je relise tout les premiers.

Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

5531
Lu le mois dernier l'Inclinaison (trad. "The Gradual") de Christopher Priest.
Dernier opus publié.
Celui de l'an passé, un recueil de nouvelles plus ou moins recyclées ou réécrites (mais avec un certain nombre d'inédits) m'avait... déconcerté.
Celui-ci est un roman, qui se place dans le cycle de l'Archipel du Rêve.
Moins aride que "L'archipel du Rêve" ou "les Insulaires", il a la saveur narrative de l'Adjacent (par lequel, il y a 3 ans, j'avais découvert ce cycle magistral, et à partir duquel j'avais remonté le fil, jusqu'à La Fontaine Pétrifiante, déjà ancien).

C'est l'histoire d'un musicien, né dans une dictature militaire du Nord en guerre, qui part à la recherche de deux "doubles": Son frère, disparu dans les méandres temporels de ce monde auquel seuls quelques étranges "adeptes" comprennent quelque chose, et un autre musicien habitant une île équatoriale distante, et qui, selon lui, le plagie.
Musique, temps déréglé, jeunesse éternelle et solitude.

Je vous le conseille, ainsi que tous les autres de la série.

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

[ Dernière édition du message le 28/03/2017 à 09:32:08 ]

5532
saint-quelqu-un-49660-264-432.jpg

La France sous l'Occupation.
Louis Jousselin travaille pour une entreprise de bétonnage qui l'éloigne de sa petite famille pendant deux mois,
au bout desquels il revient pour huit jours.
Le jour suivant son retour, sa femme découvre dans une des poches de la veste de son mari,
une lettre froissée, en boule. Une lettre d'une autre femme.
"Tu me dégoûtes !" lui lance-t-elle.


Il ne faut pas se fier à ma petite présentation qui ne laisse présager qu'une banale rupture
de couple comme il en abonde dans la littérature.
La rupture est là bien plus profonde, ou plutôt, bien plus "élevée" si je puis dire.

Pour ne rien gâcher c'est merveilleusement écrit avec une poésie sobre mais très évocatrice. Le style est très particulier avec des phrases plutôt brèves dont le rythme est quelques fois déconcertant puisque l'auteur joue avec la syntaxe et met des accents là où ne s'y attends pas forcément.
Cela dit ça reste très lisible mais on est quelques fois un peu surpris, peut-être autant que Louis Jousselin lorsqu'il perçoit les petits décalages qui vont finir par modifier sa manière d'être au monde.
Il y a selon moi bien des choses à dire sur ce livre qui n'a l'air de rien mais il propose une histoire loin d'être banale dans un style vraiment original. Super moment de lecture.

Je pourrais mettre des dizaines d'extraits mais non seulement je n'ai pas le temps,
mais en plus certains n'auraient aucun sens en-dehors du récit.
En voilà tout de même quelques-uns:

Citation :
La nuit est tiède et commence à quitter le sol. Il fait presque jour dans l'eau d'une bassine.


Description du réveil de Mme Jousselin, le lendemain de la découverte de la lettre:

Citation :
Elle s'appuie sur un coude et retrouve intacte la douleur de la veille.[...]
Elle se débat. De force, elle introduit les objets dans le monde de la souffrance et de la dureté pour n'être point isolée dans son mal.[...] Les mots font des trous où la souffrance se précipite, comme la mer quand on creuse le sable.


Description d'une vieille dame faisant face à Jousselin dans un train:

Citation :
Depuis longtemps la veuve s'est rassise, a fini son dernier sandwich, pensé au prix des choses et sorti plusieurs fois le permis de conduire de son mari pour se rappeler la bonne vie.


Lors d'un autre voyage en train, alors que Jousselin regarde par la fenêtre:

Citation :
Le paysage recule, s'en va derrière le train recomposer sa vraie figure.[...] Le train rejette les banlieues vers Paris.
5533
Que d'images condensées! Ca a l'air excellent!

--------------------------------------------------------------------------------

L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

5534
Oui, bien poétique
5535
Citation de -Livingroom- :
J'ai terminé "un Noël de Maigret". Qu'est-ce que j'aime Simenon, j'adore voyager dans ces époques où tout parait sombre, ou ça boit trop et ou la fumée de la pipe brouille la vue... Y a pas à tordre, c'est mieux que les séries télé :bravo:

Et aussi ces galeries de personnages avec leur personnalité et leur histoire, ainsi que le lieu de l'action qui est souvent inhabituel pour un polar.

Ce sont vraiment de beaux romans, et pas du tout de la littérature de genre. J'adore aussi :bravo:
5536
quelques lectures récentes que je vous livre...

un peu de poésie avec Hardellet que j'ai redécouvert avec "Les Chasseurs".. il y a un rythme chez lui, et des images simples qui font mouche chez moi...c'est pas racoleur, ni affecté, ni virtuose. Ce sont majoritairement de toute petites histoires de deux pages...c'est bien.
RO90078265.jpg



Découvert un poète suédois, Harry Martinson (visiblement Nobel dans les années 70 partagé avec d'autres, et encore très connu en Suède).
Le livre des cent poèmes (piochés dans ses recueils). C'est plus classique, ça se lit très bien. Il a vécu en marin, puis en vagabond et est mort dans une misère sordide.
Des poèmes très courts, qui racontent très bien la vie de marin, les tempêtes, mais aussi la nature. Me semblent bien traduits.
martinson.jpg



sinon, en roman, un Rezvani "Le vol du Feu"
On suit de façon un peu décousue, dans les 50's, des histoires qui se rejoignent de plusieurs personnages dans le massif des maures..la vie misérable et assez violente, de fausses communautés réunies un peu par la force des choses, au milieu de bûcherons et journaliers italiens et espagnols...c'est poisseux, dense et au final assez chiant, il faut dire..
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5537
Les temps sont pas tres joyeux et si vous cliquez sur le lien de ma signature, vous aurez pour mes dernieres histoires quelques moments un peu sombres...

Je viens de lire les contes de Diderot,
c'est moins brillant que Le neveu de Rameau ou Jacques le fataliste et son maitre, que je trouve geniaux,
mais quand meme c'est pas mal, et le Supplement au voyage de Bougainville m'a plu. :bravo:

[ Dernière édition du message le 04/04/2017 à 18:52:42 ]

5538
Jacques le fataliste, excellent ! On dirait que ça a inspiré les créateurs d'une célèbre bd, pour l'esprit.




5539

Essentiel Jacques le Fataliste, si je ne devais en retenir qu'un seul ce serait celui ci de loin !

Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier

5540
Je suis en train de lire "Mémoires d'un paysan bas-breton" de Jean-Marie Déguignet.

Difficile de mieux résumer que ce qu'écrit la page Wikipedia qui lui est consacrée. C'est l'autobiographie d'un type né en 1834 dans une famille (très) pauvre de la région de Quimper. Après une jeunesse rurale où il se montre plutôt brillant, il s'engage dans l'armée
Citation :
Il y restera 14 ans, participant à la guerre de Crimée, à la campagne d'Italie, à la soumission de la Kabylie en Algérie, ainsi qu'à l'expédition du Mexique. Lors de ces campagnes il eut le loisir d'apprendre l'italien et l'espagnol. Il y perfectionna aussi son français, lisant tout ce qu'il pouvait et recherchant le contact de toute personne cultivée. C'est à cette époque que se mirent en place ses idées républicaines et violemment anticléricales.


Je vous met quelques autres citations de la page WP pour vous mettre en bouche
Citation :
Déguignet doit être reconnu comme un véritable écrivain : certes, comme Casanova, autre auteur d'une Histoire de ma vie, son français est parfois hasardeux (plein de bretonnismes), mais il écrivait avec passion et talent, dans un style truculent et ironique: au terme d'une destinée aventureuse et parfois difficile, il avait beaucoup à raconter, ce qu'il a fait avec un humour teinté d'indignation, de provocation, mais aussi de curiosité, un amour désintéressé de l'universel et une inimitable sincérité.

Le portrait que Déguignet trace de lui-même nous montre un homme très intelligent voire surdoué, aux fortes convictions républicaines et anticléricales, polyglotte, sans doute habile agriculteur, capable d'entraîner ses égaux ; mais aussi animé par une vision anticonformiste et libertaire qui le mettait en décalage avec la société répressive de son siècle.


Citation :
Accueil critique
« Un livre extraordinaire » (Michel Polac à propos des mémoires de Jean Marie Déguignet)
« Déguignet est aussi bruyant vivant que mort. Sa voix d'imprécateur n'est pas près de s'éteindre » (Étienne de Montety - Figaro Magazine)
« D'aucuns s'étonneront de la violence des propos de Déguignet envers ses propres compatriotes bretons. (...) Pourfendeur du conservatisme, de la routine, sensible aux thèses anarchistes et révolutionnaires, il s'est trouvé en porte à faux par rapport à la société de son temps » (Bernez Rouz, extrait de la préface, éd.pocket, mai 2001, p. 19)


J'en suis à une bonne moitié et je doute que le bouquin finisse la semaine. :bave:

[ Dernière édition du message le 05/04/2017 à 01:29:16 ]

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sonietchka.jpg

Russie des années 30. Sonietchka a 27 ans.
Depuis l'âge de sept ans, soit vingt ans, elle ne fait qu'une chose: lire.
Une fois arrivée à l'adolescence il faut dire que son physique disgrâcieux ne lui a pas permis de suivre
des chemins plus classiques pour la vie d'adulte qui doit suivre.
Mais tout de même, l'année de ses 27 ans va se voir bouleversée par un événement inattendu.


Ça n'est pas un roman exceptionnel mais il a bien fait le travail de distraction que j'en attendais.
Dans tous les cas il est assez bien construit et rythmé pour que j'ai eu envie d'y retourner avec l'envie de lire
la suite de l'histoire de Sonietchka sans craindre l'ennui, un côté téléphoné ou autre écueil.
On trouve ici et là quelques belles phrases et idées, mais ça n'est pas ce qui caractérise l'ouvrage.
Ici le but est bien de raconter une histoire (ce qui est déjà pas mal)
et elle est bien racontée selon moi.

Si vous le trouvez et que souhaitez le lire, ne lisez surtout pas le quatrième de couverture car toute l'histoire y est résumée,
fin comprise. Comme j'avais le livre depuis un certain temps, je ne me rappelais plus
du quatrième de couverture et l'ai commencé direct.
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Alpes suisses début du XXème siècle.
Sasseneire est un pâturage inexploité par les habitants du village. Les villageois rencontrant des difficultés financières décident de monter à l’alpage pour y faire paître le bétail. L’idée est donc proposée à l’assemblée du conseil.
Mais les vieux membres y sont opposés, étant persuadés qu’il règne une malédiction à Sasseneire ayant eu des répercussions traumatisantes 20 ans plus tôt.
Les jeunes restent sceptiques quant à cette malédiction.
Les membres du conseil décident donc de voter et, à l’unanimité, les jeunes l’emportent : la transhumance à Sasseneire aura lieu.
Une demi-douzaine de personnes montent donc dans le pâturage.



Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre mais j'ai pris une bonne petite claque.
Le style d'abord avec une sorte de candeur enfantine très poétique mélangée à une syntaxe d'un parlé rural qui donne une saveur très particulière au texte.
Ce parlé participe bien évidemment à l'ambiance très palpable tout au long du livre, avec tous les sons et les nuances de lumières offerts par les paysages locaux, mais aussi les nuances des personnages et leurs psychismes. Ils ne sont pas forcément très détaillés et il y a peu de dialogues. Pourtant, comme pour un bon croquis on en voit l'essentiel et là, un mot, un regard, un mouvement de la tête et l'on a devant soi un personnage que l'on croit connaître ou deviner les intentions.

En plus du titre, par certains aspects l'histoire peut faire penser à un cousin éloigné de Lovecraft avec ces hommes isolés dans un milieu "hostile", la nature ne faisant pas dans la morale, qui vont affronter une peur dont on ne sait pas si sa nature est réelle ou irrationnelle, du moins tant qu'on a pas lu le livre dont je vous conseille vivement la lecture.

Quelques extraits, question de vous donner un aperçu de l'écriture:



Citation :
Le ciel faisait ses petits arrangements à lui sans s'occuper de nous [...] Il y avait que le ciel allait de son côté, - nous, on est trop petits pour qu'il puisse s'occuper de nous, pour qu'il puisse seulement se douter qu'on est là, quand il regarde du haut de ses montagnes.


Citation :
Après le grand silence qu'il y avait eu entre eux, et le silence à présent commençait à être partout, sauf l'eau qui coule, les feuilles qui bougent ou le bruit de la clochette qu'on laisse au cou des chèvres et qu'elle secoue toute la nuit; mais les hommes se taisent et le bruit des hommes se tait; les hommes sont rentrés chez eux, ils mangent de la soupe.


Citation :
On a passé devant une petite réunion de fenils qui vous ont regardés venir; après quoi, ils ont été se serrer les uns contre les autres, comme pour se dire des choses [...] en même temps qu'on a vu s'avancer à votre rencontre une espèce de nouvelle nuit plus noire, mise dans le bas de l'autre, comme pour vous empêcher de passer.
[...]alors tout le noir vous croulait dessus. On était pris dedans, on l'avait qui vous pesait sur les épaules, on l'avait sur la tête, on l'avait sur les cuisses, autour des mains, le long des bras, empêchant vos mouvements, vous entrant dans la bouche; et on le mâchait et on le crachait, on le mâchait encore, on le recrachait, comme la terre de la forêt.


Citation :
La porte s'est ouverte, s'est fermée. La porte s'ouvre, se ferme: il semble que toute cette mauvaise nuit cherche à entrer également.



Citation :
C'était comme au commencement du monde avant les hommes ou bien comme à la fin du monde, après que les hommes auront été retirés de dessus la terre, - plus rien ne bouge nulle part, il n'y a plus personne, rien que l'air, la pierre et l'eau, les choses qui ne sentent pas, les choses qui ne pensent pas, les choses qui ne parlent pas.


Citation :
Le fond de la lumière a été diminué jusqu'à n'être plus du tout, tandis que les ombres sont rentrées dans les objets qui les avaient portées dehors; il n'y a plus eu que l'ombre, et c'est dans l'ombre.


Citation :
Et deux étoiles, trois, puis quatre [...] les étoiles continuaient à venir dans le ciel, dessinant des carrés, des triangles, des barres; finalement il y eu toutes les étoiles; on aurait vu qu'il n'en manquait pas une seule, si on avait pu les compter.






[ Dernière édition du message le 14/04/2017 à 11:10:46 ]

5543
Toujours plaisant et gratifiant à lire kumo boy : tu devrais participer à Sens Critique !
5544
Merci :bravo:
Écrire ici ça me va.
5545
Nous aussi. :bravo:
5546
+1 pour Kumo. :aime:

Perso, après avoir en avoir lu la critique, j'ai attaqué Latium de Romain Lucazeau.

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Citation de l'éditeur :
Dans un futur lointain, l’espèce humaine a succombé à l’Hécatombe. Reste, après l’extinction, un peuple d’automates intelligents, métamorphosés en immenses nefs stellaires. Orphelins de leurs créateurs et dieux, esseulés et névrosés, ces princes et princesses de l'espace attendent, repliés dans l’Urbs, une inéluctable invasion extraterrestre, à laquelle leur programmation les empêche de s’opposer.
Plautine est l’une d’eux. Dernière à adhérer à l’espoir mystique du retour de l’Homme, elle dérive depuis des siècles aux confins du Latium, lorsqu’un mystérieux signal l’amène à reprendre sa quête. Elle ignore alors à quel point son destin est lié à la guerre que s’apprête à mener son ancien allié, le proconsul Othon.
Pétri de la philosophie de Leibniz et du théâtre de Corneille, Latium est un space opera aux batailles spatiales flamboyantes et aux intrigues tortueuses. Un spectacle de science-fiction vertigineux, dans la veine d’un Dan Simmons ou d’un Iain M. Banks.


Le début à un petit côté « Rendez-vous avec (Télé)Rama » actualisé et mâtiné de littérature classique, qui n'est pas déplaisant et se lit sans difficulté malgré l'extrême richesse du contenu. :bave:

Citation :
(près de mille pages en deux volumes)


Je vous ferai un retour d'ici une ou deux années-lumière. :oops2:

« What is full of redundancy or formula is predictably boring. What is free of all structure or discipline is randomly boring. In between lies art. » (Wendy Carlos)

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Richard est un ancien chevau-léger.
Or, la guerre se faisant désormais avec des tanks et autres armes augmentant la distance entre les combattants,
il doit se trouver un nouvel emploi. Mais il a un tempérament d'homme honnête, ce qui peut laisser croire que c'est un loser.
Il l'est un peu c'est vrai, même si sa femme Thérèse ne veut pas l'admettre.
Il voudrait tout de même s'en sortir, ne serait-ce que pour elle, lui offrir un peu de confort.

Un de ses anciens camarade de l'armée, Twinnings, a un carnet d'adresse bien rempli et réussi à lui obtenir un entretien d'embauche chez Zapparoni, un vieil inventeur génial ayant fait fortune dans la création de robots miniatures très élaborés pouvant effectuer des opérations de grande précision à très petite échelle. C'est aussi le propriétaire d'un grand studio de divertissement dont les enfants sont le coeur de cible. Tout le monde rêve de travailler pour Zapparoni, homme dont le mystère fait le régal de la presse et des médias.
N'ayant aucune qualification il se demande pourquoi le viel homme a retenu sa candidature.


Voici le quatrième de couverture:

Citation :
Roman de l'étrange, hors du temps, dans un monde que la technique colore de fantastique. Un homme cherche un emploi, n'importe lequel, et s'adresse à un certain Zapparoni, génie de son état et inventeur d'automates extraordinaires... Entre eux deux se noue une relation tortueuse de maître et d'esclave... Abeilles de verre, conte philosophique et récit épique, met en scène le tragique de l'existence confrontée aux exigences de la modernité.


Ce quatrième fait envie mais ce n'est pas tout à fait ce que j'ai lu. Si le livre ne manque pas de poser un certain nombre de questions ne manquant pas d'intérêt, je suis resté sur ma faim car je m'attendais à autre chose. On s'attend à une histoire à la Italo Calvino mais on se perd un peu dans d'interminables digressions et autres flashback. Du coup ça a comme effet pervers de faire "patiner" le récit et augmenter alors les attentes d'une histoire qui n'arrivera pas.
Il y a un peu erreur sur la marchandise selon moi.

Probablement bien traduit, je n'ai pas noté un style particulier mais j'ai trouvé un certain cynisme cousin de celui de B.Traven et un imaginaire qui rappelle Italo Calvino. En résumé: bof bof.

[ Dernière édition du message le 20/04/2017 à 10:28:46 ]

5548
Pourtant ce mix bizarre Traven/Calvino donnait envie ;)
5549
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite

[ Dernière édition du message le 20/04/2017 à 13:41:18 ]

5550
Tout ça c'est développer dans le tome2, c'est pour ça:oops2: