Dis moi ce que tu lis.

Ouais, chacun ses variantes...  / 

J'ai les pamphlets à la maison ( sont trouvables mais chers et disponible en bibliothèque ) et donc je les ai lus plusieurs fois... et je suis plié presque partout. Sauf quand je ris jaune. Je remets dans son contexte, son délire bizarre très parano, très furieux avec des gros morceaux de romantisme incongrus dedans. Il se tape tout le monde au jeu de massacre, lui compris.

Bagatelles est le plus cool, avec des souvenirs de voyage en URSS, des scénario de ballets, sa vie, ses commentaires de l'actualité-café du commerce,...

L'école des cadavre est moins bien, sauf pour le talent de l'insulte et observation clinique de l'hystérie littéraire ( c'est des fois un peu effrayant et drôle quand même mais bon )

Les beaux draps sont marrants parce que, toujours polémique, il s'embarque dans une refondation communiste et poétique celte de la France ( qui n'a pas du tout été par là ).

Voilà.

Si on veut vraiment avoir peur, faut lire sa thèse sur un toubib ( juif ): on dirait qu'il décrit SA propre vie AVANT de l'avoir vécue!!!

Pour ceusses et ceusses que ça intéresse, un docu sur Antonio Lobo Antunes dont il a déjà été question ici. Attention, dimanche prochain y aura plus rien !

http://videos.arte.tv/fr/videos/square--6917964.html

J'ai pas dit que c'était un livre peace and love non plus, hein!

Disons le plus plaisant à lire ( de ces trois-là ) car le moins monomaniaque et plus multilexicale.

Mais je pense qu'on peut lire ça aujourd'hui d'une autre oreille. On peut tout à fait avoir une opinion absolument différente ( l'Histoire a passé sous les ponts ) et bien se gondoler avec ce livre, au moins en partie. Et etre pris aussi par la poésie de certains passages.

On en fait tout un plat de ce bouquin mais :

-surtout ceux qui l'ont pas lu.

-c'est beaucoup moins un appel au meurtre que la bible. si si!

-c'est beaucoup plus rigolo.

-c'est bien mieux écrit.

Lu Méridien de sang, de Cormack Mac Carthy.

Impression générale : ce bouquin est génial, mais vraiment.

Bilan du récit : 2560 hectolitres de sang, 33 tonneaux de cervelle, 27 barriques de tripes, 3 tonnes de plomb et 900 l d'alcool frelaté fait avec du cactus pourri et de la sciure de bois. Le reste (purée faite d'hommes, de chevaux, de chiens et de putes) n'a pas été clairement identifié.

Des 2 autres bouquins de cet auteur que j'ai lus, et en comparant avec celui là, je dirais qu'Anton Chigurh est une petite fillette qui pleure en écoutant Celine Dion, et que La Route est un guide hôtelier du canton de Zurich.

Et pourtant, on se fend la pipe à chaque page : le tout est tellement bien raconté et de façon tellement grotesque que ça en devient génialement drôle.

Le coup du chef de bande qui prend possession d'un bac de traversée de fleuve, par ex, est à se pisser dessus : le type commence par doubler les prix, les quadrupler, pis finit par buter tous les ex-futurs clients, leur prendre leur pognon, les découper en morceaux, violer leurs femmes et foutre le feu. Bon, c'est mieux raconté.

Le truc, c'est que ça parait crédible : j'imagine sans peine que l'ouest ricain et le Mexique de 1850 devaient ressembler à ça, la nature humaine étant ce qu'elle est dès qu'elle est débarrassée de toute entrave et contingence.

Pour ceux qui ont joué à Red Dead Redemption, ça ressemble à une version (excellemment) écrite, pour peu que les joueurs aient fait comme moi et été dans chaque village pour buter tout le monde, femmes chiens et veaux y compris, avant de trainer une pute à cheval, pour finir par l'attacher sur la voie ferrée histoire de faire mentir l'adage comme quoi seul le train lui serait pas passé dessus.

On aura toutefois compris que c'est pas un bouquin à offrir à sa petite maman pour noël.

Tu me fais culpabiliser, je l'ai acheté à Londres, en V.O du coup, et je galère pour le lire du coup. Et là, il est dans ma bibliothèque, même pas lu à moitié, à me regarder avec ses petits yeux rouges.

J'ai honte.

il est fort cormack