Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
Captain Niglo
Avant j'étais prétentieux, maintenant je suis parfait.
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Anonyme
Trin Xuan Thuan est le type qui m'a permis de me familiariser avec quelques concepts scientifiques.
Il y a plus de 10 ans j'avais lu son imposant "Le chaos et l'harmonie" dans lequel l'auteur proposait un petit état des lieux sur les connaissances scientifiques, de l'astrophysique à la physique quantique.
Passionnant.
"Le cosmos et le lotus" est largement autobiographique mais la vulgarisation scientifique n'est pas en reste, tout comme la spiritualité.
Dans le chapitre intitulé "Ce que je suis. A la confluence de trois cultures." l'auteur raconte le parcours qui l'a mené de son Viet-nâm natale en guerre (la petite histoire dans la grande histoire), vers les Etas-Unis en passant par la France avec les études scientifiques comme fil rouge et les différents déclencheurs de sa vocation, notamment les rencontres avec de grands professeurs prestigieux de Caltech (Feynman) dont il appréciait la disponibilité et la porte ouverte à n'importe quel étudiant.
Le second chapitre, "Ce que je cherche. La science dans tous ses états." , est consacré à son travail de recherche. Il y vulgarise certains aspects/enjeux de la physique, de l'astrophysique et de la physique quantique avec des rappels historiques jamais superflus.
Il détaille aussi l'évolution du travail de l'astrophysicien qui est passé de l'utilisation physique de l'observatoire (beaucoup de demandes, triées par pertinence des recherches sur fond de politiques) à l'ordinateur de bureau ou à domicile, connecté par réseau avec accès instantané aux données.
Le dernier chapitre "Ce que je crois. Le quantum et le lotus." est le plus excitant en terme d'idée puisque l'auteur jette des ponts entre la science et certains aspects du bouddhisme dans lequel il a baigné depuis son enfance.
Si les deux convergent souvent, il y aussi des divergences. L'idée de l'auteur est de soutenir que (pour faire court)partant du théorème de Gödel qui veut qu'il y des limites à notre connaissance d'un système donné car nous faisons nous-même partie de ce système, il restera de fait, toujours des aspects de la recherche contre laquelle la seule logique buttera, ce qui s'appelle des propositions indécidables.
Ce qui n'est pas sans rappeler les limites du langage dont parle Wittgenstein.
Trin Xuan Thuan pense donc que c'est une certaine éthique et une certaine spiritualité qui, à l'instar de l'art ou la poésie, pourrait compléter le discours logique et ouvrir d'autres portes pour envisager certains problèmes scientifiques. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à cet aphorisme taoïste qui dit:
"Ce qui n'avance pas, fait avancer", mais aussi à Wittgenstein qui disait quelque chose comme: "Toutes les données de la science ne suffisent pas à comprendre le sens du monde."
Ce qui est peut-être plus polémique c'est lorsque l'auteur laisse entendre que l'Univers tel qu'il est, avec la précisions des conditions initiales et des constantes physiques, est selon lui,probablement du à une précision de réglage, laissant entendre une main derrière cela.
Il ne parle pas d'un Dieu (contraire aux conceptions bouddhistes) mais d'un "principe panthéiste" dont on peut regretter qu'il n'en détaille pas la nature.
Bref un livre clair, stimulant, instructif, prompt à la réflexion, et qui amène surtout à réfléchir sur certains ponts possibles/souhaitables entre science et spiritualité sans tomber dans des syncrétismes simplistes tendance new-age.
Dans le même ordre d'idée mais en bien bien plus ardu il y a "De l'intérieur du monde. Pour une philosophie et une science des relations" de Michel Bitbol.
[ Dernière édition du message le 07/06/2013 à 11:51:13 ]
anton.
Est ce que tu as déjà utilisé le Kindle Kumo? Pour ma part je viens de le commander et quand je vois le catalogue immense proposé je suis en train de regarder ma bibliothèque en pensant à tous les livres que je vais pouvoir virer. J'ai toujours gardé à l'esprit que la virtualité ne devait pas s’immiscer partout mais je dois dire que c'est quand même bien pratique. Toute la littérature française et classique en générale - à peu de choses près - est à portée de main et gratuite, également l'Histoire de l'Art de Elie Faure, (une grande référence), L'Art de la guerre de Sun Tzu, les oeuvres de De Maistre, l'Histoire de France par Bainville citée un peu plus haut, elle à 1,99€. La vraie limitation c'est la mémoire limitée à 1400 livres ^^
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Anonyme
Sûr que ça a l'air pratique et j'y pense quelques fois mais bon je ne suis pas certain de retrouver toutes mes références. Et puis bon j'aime bien les livres.
Et puis il y a tout de même eu des "petits" soucis avec le Kindle:
Quand Amazon joue à 1984 avec son Kindle
Par Tristan le lundi 27 juillet 2009, 18:46 - Technologie - Lien permanent
Alors que j'étais en vacances, une histoire intéressante s'est déroulée à propos d'Amazon (le leader américain de la vente en ligne) à propos de son e-Book Kindle (en photo ci-dessous). L'affaire date un peu, mais elle mérite que je revienne dessus, même avec du retard...
Les utilisateurs du Kindle ayant acheté 1984 ou La Ferme des animaux de George Orwell pour le lire sur leur Kindle ont eu la très désagréable surprise de voir ces romans disparaître de leurs Kindle un beau matin. En effet, les Kindle sont reliés au QG d'Amazon par technologie sans-fil et la firme a ordonné la suppression de ces titres lorsqu'elle a réalisé que la personne ayant autorisé Amazon a distribuer des versions électroniques des livres ne représentait en fait pas les ayant-droits. Les clients ont été remboursés, mais ceux qui avaient pris des notes virtuelles sur les livres ont vu leur travail effacé définitivement.
L'affaire a fait les choux-gras de la presse en ligne, à juste titre : qu'on puisse supprimer à distance des livres électroniques est particulièrement préoccupant en terme de liberté de parole et de pensée.
On notera le travail très efficace de la Free Software Foundation, qui a demandé aux personnes participant à la lutte contre les DRM de mettre une mauvaise note au Kindle sur le site Amazon.com. Du coup, Jeff Bezos (PDG et fondateur d'Amazon) finira par présenter ses excuses (ce qui ne change rien au problème de fond des DRM).
Je pense qu'il est essentiel qu'on ait ce genre de débats alors qu'on est en train d'inventer le monde de demain. Veut-on laisser une société (éventuellement sur décision de justice ou intervention de l'état) supprimer à distance une oeuvre qu'on a acheté ? Imaginez-vous Hachette qui irait faire disparaître des livres des rayons de nos bibliothèques ? Ce genre de débat est essentiel aujourd'hui, y compris en France, alors qu'on met en place des lois du genre d'Hadopi 2..
Source originale:
https://standblog.org/blog/post/2009/07/27/Quand-Amazon-joue-%C3%A0-1984-avec-son-Kindle
Autres anecdotes:
http://www.igeneration.fr/0-apple/amazon-censure-certains-livres-erotiques-26212
Extrait:
Une des lectrices a contacté le service clientèle d'Amazon pour se faire rembourser le livre désormais disparu, pour se voir reprocher par son interlocuteur la "gravité" de ses lectures, qu'elle avait osé acheter auprès d'Amazon…
https://www.numerama.com/magazine/24076-amazon-elle-perd-tous-ses-livres-kindle-achetes-sans-explication.html
Il y avait un autre article intéressant sur le sujet mais je ne le trouve plus.
Je le posterai lorsque j'aurais remis la souris dessus.
Après il ne faut pas généraliser c'est vrai, mais ça fait réfléchir.
[ Dernière édition du message le 11/06/2013 à 08:47:16 ]
Djardin
C'est assez rigolo que la suppression à distance de livre soit fait avec "1984".
Référence en matière de bon gout capillaire et vestimentaire.
homme à tête de zizi.
anton.
Je me souviens de l'affaire 1984 à l'époque et ça m'avait refroidi, j'avais lu le livre peu de temps avant en plus de ça, mais il faut avouer que ce genre de mauvais scénario c'est l'équivalent du loto pour que ça t'arrive. Mais je trouve ça déprimant bien sûr. Mon seul soucis c'est que j'ai l'impression de lire un livre qui ne m'appartient pas, comme l'équivalent d'un emprunt à longue durée. D'autant qu'un kindle, aussi robuste soit-il, n'est pas éternel. Mais je crois que les livres sont associés à un compte sur amazon.
Mais il faut voir le Kindle comme une alternative je pense, beaucoup de mes livres ne sont pas sur Kindle et certains ne sont pas près de bouger. Comme mes oeuvres complètes reliées de Baudelaire de 1880 ^^ (mode je me la pète)
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Anonyme
L’auteur retrace la vie d’Abraham Lincoln (1809-1865), seizième président des États-Unis, qui fut assassiné un an après le début de son second mandat. C’est une biographie linéaire et concise, divisée en brefs chapitres, qui suit le personnage tout au long de sa vie, sans jouer sur des artifices de composition. Cela permet de mettre en lumière l’extraordinaire ascension de Lincoln : né dans une famille humble de paysans, après avoir travaillé aux champs puis exercé toutes sortes de petits métiers, il entrera en politique et étudiera le droit pour devenir avocat.
Représentant, puis sénateur, il accède ensuite à la magistrature suprême. Il met fin à la guerre de Sécession et abolit l’esclavage. Au-delà de l’image d’Épinal, l’auteur montre un personnage complexe : à la fois dépressif et volontaire dans son action politique, emblématique du self made man américain mais à distance de certains stéréotypes de la société de l’époque.
Très bonne biographie, pas de superflu, et un grand sens du détail qui permet de comprendre le personnage. En attente le temps des révisions, il me tarde de le reprendre. je le conseil
[ Dernière édition du message le 11/06/2013 à 21:54:13 ]
Anonyme
Presque 250 pages pour 50 ou 60 nouvelles très courtes (2 pages 1/2) voire très très courtes (1 page 1/2).
Je pensais lire ça pour faire une pause avant de relire des trucs plus étoffés mais je me suis trompé.
Ça a beau être court c'est très très dense avec beaucoup de poésie, d'imaginaire, de surréalisme, mais aussi
de simplicité.
Kawabata a écrits ces courts récits tout au long de sa carrière, ce livre en est donc une sélection.
Certaines histoires n'ont pas nécessairement de sens, ce sont juste des vignettes à prendre ou pas.
Certaines sont réellement belles alors que pour d'autres on se pose la question de l'intérêt de les lire.
Le seul intérêt semble être pour l'auteur de les avoir écrites.
Le style est assez différent de celui de ses romans, plus noir, plus incarné même si on retrouve
les touches d'un certain lyrisme lu ailleurs dans ses oeuvres.
Dans tous les cas j'ai été impressionné que l'on puisse mettre autant de force dans des écrits aussi courts.
Certaines histoires valent un presque un roman.
Au final une ambiance générale étrange avec des hauts et des bas pour ce petit OVNI littéraire,
ce tour de force sur la forme fait sortir un fond que j'ai trouvé assez inattendu de la part de Kawabata.
Anonyme
Présentation de l'éditeur:
Avril, mois de la poussière et des mensonges. Une péniche amarrée à une berge du Nil, au Caire. Chaque soir, s'y réunit la «famille», composée de sept personnes : une traductrice, un écrivain, un critique, un comédien, un avocat, un homme d'affaires, enfin, Anis Zaki, modeste fonctionnaire, mais homme de grande culture, leur hôte à tous, et leur obligé.
C'est lui, assisté du vieil Abdu, qui prépare le narguilé. Un jour, une jeune journaliste, Samara Bahjat, se mêle à cette assemblée d'intellectuels désabusés dont elle ne partage ni le goût pour le haschisch, ni le nihilisme, ni l'humour cocasse, ni l'art de la conversation absurde.
Et le drame éclate qui les met devant la nécessité soit de renoncer à leur carrière, puisqu'ils la prétendaient futile, dérisoire, soit d'être infidèles à eux-mêmes.
J'avais été réellement émerveillé par "La trilogie du Caire" du même auteur.
Je n'ai pas été déçu par ce roman non plus.
Dès la première phrase (Avril, mois de la poussière et des mensonges) j'ai été captivé.
La trame est très réussie et l'inattendu est au rendez-vous, mettant soudainement chacun face à ses positions
intellectuelles lorsque la réalité vient bousculer les idées.
J'ai particulièrement aimé les réflexions et visions philosiphico-mystiques d'Anis Zaki qui émaillent le récit, réflexions et visions soufflées par le hashich, réflexions et visions de l'intérieur de son monde où nous sommes des invités privilégiés, car en réalité il parle peu et seul le lecteur sait ce qu'il pense alors qu'il est plutôt silencieux avec ses amis.
Un "grand petit livre" pour qui y est sensible.
Anonyme
Kumo, tu parles et/ou lis le japonais ?
Y a un truc qui me fait toujours hésiter avec les bouquins japonais et/ou chinois, c'est la traduction, qui pourrait faire perdre pas mal de choses : j'imagine sans peine des jeux de mots qui seraient en fait des jeux de dessin avec les idéogrammes, ou des allitérations qui seraient dans cette langue des proximités graphiques : je vois pas comment traduire ça.
Sans même parler de concepts et de "tournures de phrase" qui pourraient ne trouver aucune équivalence dans notre langue, à l'inverse d'une traduction d'une langue occidentale vers une autre, mais même de l'arabe vers une langue latine ou nordique (ou l'inverse).
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