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Sujet Dis moi ce que tu lis.

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Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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New-York dans les années 40. Claude Rawlings, 6 ans, vit seul avec sa mère, chauffeuse de taxi qui ne rechigne pas sur la bière et le whisky après une journée de travail. Claude ne va pas trop à l'école et passe pas mal de temps seul dans l'appartement miteux en sous-sol ou à traîner dans la rue, récupérant quelques cents ici et là.
Un jour il décide de regarder d'un peu plus près le petit piano blanc qui traîne au fond de l'appart.


Aussi épais que le livre de Millet mais tout de même bien plus facile à lire.
Comme c'est traduit je ne me prononcerai pas sur le style mais c'est très agréable à lire.

Du point de vue de l'histoire et du rythme ça ressemble à un bon film américain bien bouclé dans lequel il y a ce qui faut où il faut, y compris le truc un peu gros à la fin que l'auteur choisi de contourner assez subtilement
pour que ça ne soit pas énorme.
Si Hollywood s'emparait de ce livre (je suis d'ailleurs surpris que ce ne soit pas déjà fait) à coup sûr la fin seraient changée.

Hormis celle de Claude Rawlings, la psychologie des personnages n'est pas trop approfondie mais l'auteur donne assez d'indices pour que le lecteur en fasse des déductions et puisse les cerner. Ils sont d'ailleurs très bien présentés.

Je n'ai pas connu New-York entre 1940 et 1960 mais c'est rudement bien décrit et avec ce dont on peut se souvenir de photos ou de quelques films dont l'action se déroulaient à l'époque on visualise aisément les rues et les ambiances.

Il y a aussi une dimension historique avec les commerçants juifs du quartier, ayant fuit l'Europe et le nazisme.
L'auteur ne creuse pas trop mais l'évocation est émouvante.

Mais le fond de cette histoire est cet éternel rêve américain rendu possible ici par la musique.
L'auteur étant lui-même musicien on a droit pas mal de détails sur le travail de l'instrument, comment un musicien perçoit les choses et pour peu qu'on ressemble un peu à Claude Rawlings on s'y identifie.
Si on prends des notes, on peut se faire une super playlist allant de Mozart à Copland en passant par Liszt, Chopin, Stravinsky, Bartok, Ives, Debussy, Schoenberg, Charlie Parker et Art Tatum.

Lorsqu'on est soi-même musicien il y a non seulement un petit bonus de plaisir de lecture mais c'est terriblement stimulant d'un point de vue créatif. On réalise une fois de plus que faire de la musique est une forme de privilège, un privilège qu'on oublie quelques fois en traînant sur AF en lisant/écrivant des chroniques pareilles :oops2:

[ Dernière édition du message le 16/10/2013 à 09:17:34 ]

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Je viens de terminer "Le grand sommeil", de Raymond Chandler (la traduction de Boris Vian)

Du noundediou de bon polar Ricain avec un puzzle qui se regroupe tout pile à la dernière page et un perso principal aux petits oignons. 
Du tout bon!

 

Dans un tout autre registre du coup je viens de sortir ma prochaine victime de son étagère:

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Fin de la première guerre mondiale, l'empire austro-hongrois est en déclin.
Henri, 73 ans, général à la retraite et grand bourgeois vit retiré dans le château familiale au milieu des bois. Un jour arrive une lettre.
Son meilleur ami Conrad, subitement disparu sans aucune explication il y a de cela 41 ans vient lui rendre visite. Il a attendu cela longtemps.



J'ai acheté ce livre au pif, à l'intuition et je n'ai pas été déçu.
La tension va crescendo dans ce huis-clos qui a l'amitié pour propos.
Très bien écrit (le personnage de Henri est brillamment approfondi), pas une minute d'ennui dans ce roman du hongrois Sándor Márai, que l'on compare souvent à Zweig à ce que j'ai pu lire ici ou là.
Pour ce qui me concerne je ne connais pas assez Zweig mais j'ai pensé à Hermann Hess.
Belle découverte.
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Que dire sur les près de 60 chroniques réunies ici?
Dur dur. Pour ceux qui connaissent ils ne seront bien évidemment pas déçus.
La poésie, le surréalisme, l'absurde, l'humour, la philosophie, l'histoire
et les auvergnats se voient une fois encore transformés en perles de couleurs afin de nous
proposer des figures toujours nouvelles dans un kaléidoscope vertigineux dont l'homme,
quel qu'il soit, constitue les petits miroirs.
Magistral.

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C'est paraît-il un des grands auteurs français trop méconnu de la seconde partie du XXème
siècle. Le livre est très court (58 pages) et se lit en 20 minutes.
Ça sens la sueur, la merde, le sperme, la solitude, l'enfermement, la folie,
les petites vies insignifiantes dans des rues obscures et des appartements minuscules.
Le style est affirmé et original mais je n'ai pas été totalement convaincu, cela dit j'essayerai
tout de même de lire un livre plus conséquent.
Quelques extraits:


Citation :
Ah, comme vos rues sont froides, messieurs, et comme on y meurt lentement, à petit feu, à petits pas, de chagrin et d'ennui ! Comme le coeur est lourd à porter en vos déserts ! On y chemine en exil toute sa vie. Etrange voyage d'hiver.



Citation :
Dans cette rue, on avait toujours la sensation d'un froid glacial, même au mois d'août. Les passants avaient des allures de chrysanthèmes tardifs, et novembre s'éternisait.


Citation :
Que le monde est étrange à travers un viseur. Géométrique. Propre. Cristal de neige. Un cercle, une croix : le dépouillement absolu. Le vide. Parfois, je m'amusais à tirer des papillons, comme ça, pour le plaisir. Ils disparaissaient en poussière dans la lumière d'été.

[ Dernière édition du message le 01/11/2013 à 18:06:31 ]

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Le style très elliptique et ramassé me semble confiner à la poésie. Ca n'a pas l'air si mal...

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

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C_Allons-nous-liquider-la-science-_6686.jpeg

Il est bien question de science dans cet ouvrage, mais pas de théories ou de vulgarisations
de concepts mais du rapport entre l'homme et la nature par le biais de la science, de la place de la science dans la cité.
L'auteur explique que depuis Galilée les mathématiques nous ont aidé à mieux comprendre la nature mais nous en on paradoxalement séparé. Ce qui n'est pas du tout le cas des indiens d'Amazonie qu'il a rencontré, ces derniers qui, bien que n'ayant pas développée de sciences, ont cependant un rapport sensible avec la nature.

De là se pose la question de la vérité scientifique, les attentes et les craintes que les sciences suscitent dans nos sociétés, la désaffection que leur porte les étudiants qui désertent ces disciplines, l'obligation de rendement industriel (dont parlait déjà Guénon au début du siècle dernier)en totale opposition à l'esprit scientifique qui nécessitent du temps et une forme de désintéressement et enfin
l'absence de culture scientifique du politique.

Bref, encore un essai brillant dans lequel Etienne Klein synthétise les questions de la place des sciences
dans la cité, posant des questions que n'importe quel citoyen se pose et proposant des pistes de réflexion sans jamais tomber dans la spéculation abstraite ou le simplisme.

Je souhaiterais compléter mon avis avec une interview très représentative
de la teneur de l'essai.

http://www.sciencepresse.qc.ca/pluiedescience/0909/0909_05.html
3877
'tain le Roi de la Trompette vient de commettre un livre pour adultes
qu'a l'air pas mal du tout !!!

milliards-dollars-leon-robillard-correspondance-1420571-616x0.jpg

Citation :
Léon Robillard n'a rien contre l'idée de gagner quelques milliards de dollars. Aussi, lorsqu'il reçoit des spams lui annonçant qu'il est l'heureux bénéficiaire de donations improbables ou l'héritier miraculeux d'un parent très très lointain, il y répond avec enthousiasme.

Commence alors une série d'échanges surréalistes entre cet éleveur percheron de porcs et des cyberescrocs en Afrique. Léon teste, avec malice, la patience et la détermination de ses interlocuteurs...
Correspondance authentique, Les Milliards de dollars de Léon Robillard est un livre truculent, qui fera rire ceux qui découvriront ce genre d'arnaques... et qui vengera ceux qui, un jour, sont tombés dans le piège.


Direc' sur ma liste
:bave:
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Interview de l'auteur:

Citation :

3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
"J'adore la cluture"


très afien :-D
3879
C'est le Kumo Blog ici ! :-D


Après avoir lu plusieurs bouquins de Hunter S. Thompson :
Hell's Angels, Las Vegas Parano, Le Marathon d'Honolulu


J'ai aussi lu sa biographie, que j'ai adorée. C'est en français, collection "souple" chez "Éditions Tristram" :
"Hunter S. Thompson, Journaliste & hors-la-loi" par William McKeen.

Finalement il était un "héros réel", d'un roman qu'il n'a jamais écrit. Un moraliste révolté, kamikaze et hors-la-loi.
"Hunter ne s'est pas suicidé, Hunter a suivi la voie du samouraï" a dit un jour Iggy Pop à Philippe Manœuvre...

Sinon dans ses bouquins, mes préférés seraient Hell's Angels (même si j'ai trouvé beaucoup de répétition dans la première moitié) et Le Marathon d'Honolulu (excellent au début, un peu mou dans le milieu, et mortel à la fin, avec une blague monumentale particulièrement bien sentie).
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Un pianiste est hospitalisé pour une maladie étrange.

Un livre sur le malade, sa maladie, les soignants, la proximité de la mort mais aussi de la vie. Le tout est traversé par une mystique subtile.

Extraits:

Citation :
"Nombreux sont ceux qui nient l'existence de Dieu. Il en fut ainsi à toutes les époques. Si la nôtre est tellement malheureuse, c'est parce qu'elle ne perçoit plus la proximité de Dieu...De la religion, oui il y en a encore mais ce n'est pas la même chose...Il y a des hommes qui croient être religieux parce qu'ils ont peur et qu'ils prient et implorent les saints[...]Celui qui connaît Dieu n'est pas forcément religieux[...]On accède pas à Dieu à si bon marché. Il faut du sacrifice aussi."



Citation :
"Les hommes développent une surdité singulière et ne deviennent pas sourds seulement aux sons," continua-t-il vivement. " Ils s'assourdissent avec le vacarme indistinct de la vie, ils n'entendent pas l'essentiel, ils ne perçoivent pas les avertissements. Mais Dieu nous parle constamment, il nous prévient. Naturellement, il ne s'adresse pas à nous du haut des nuages, d'une voix tonnante. Parfois il parle tout doucement. Ses conseils, ses mises en garde sont laconiques. Qui a dit que, toute sa vie, il avait entendu une voix qui lui soufflait ce qu'il ne fallait pas faire, mais que jamais il n'avait distingué celle qui lui aurait dicté quoi faire ? Vous ne vous en souvenez-pas ? Moi non plus. Goethe peut-être. En fin de compte on attribue toujours ce genre de réflexion à Goethe."