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Sujet Dis moi ce que tu lis.

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1 Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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bave

Après un échange d'idées, chacun peut repartir avec la sienne.

 

 

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Je viens de terminer un roman pas piqué des vers:

Catch 22 de Joseph Heller, publie en 1961.

Le capitaine Yossarian est membre d'un équipage de bombardier américain pendant la seconde guerre mondiale, basé sur une petite île en Italie. Il doit affronter la peur a chaque nouvelle mission, sachant qu'à chaque fois qu'il atteint le quota de 20, 25, 30 missions requises pour avoir son billet retour, l'infâme colonel de son escadron augmente de 5 missions de quota.

Il cherche donc a sauver sa vie en simulant la folie dans un microcosme absurde. Mais l'article 22 du règlement intérieur de la base prévoit que « Quiconque veut se faire dispenser d'aller au feu n'est pas réellement fou. »

Partant de ce postulat, le récit ne respecte pas tellement de chronologie et est chapitré selon une structure assez complexe ou l'on s'attarde a chacun des nombreux personnages, avec des enchaînements assez déroutants. Le style composé de phrases longues qui présentent 3 ou 4 anecdotes différentes et un perpétuel non sens reflète une énorme critique de l'absurdité militaire. Situations croustillantes, dialogues sans queue ni tête, personnages truculents, hauts gradés complètement égoïstes et débiles, et Yossarian, Au milieu de tout ça qui cherche a comprendre l'intérêt de cette guerre.

650 pages, des retours en arrière, des protagonistes nombreux, des points de vue différents et un gros basculement, vers les deux tiers: la première partie est descriptive, burlesque, drôle, caustique, et la dernière devient d'un seul mouvement très critique, dure et tragique.


J'ai mis un peu de temps a le lire, mais sous son aspect comique, dont je ne serais pas surpris qu'il ait inspiré Paasilinna ou Sharpe, c'est un roman très riche, très complexe et fascinant. Recommandé chaudement
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:8O: Comment c'est mort ici!

Bon.

Je viens de terminer "Il est de retour", de Timur Vermes

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Pitch de Belfond: Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L'Allemagne ne rayonne plus sur l'Europe ? Depuis quand tous ces Turcs ont-ils pignon sur rue ? Et, surtout, c'est une FEMME qui dirige le pays ?
Il est temps d'agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour cela, il lui faut une tribune. Ça tombe bien, une équipe de télé, par l'odeur du bon client alléchée, est toute prête à lui en fournir une.
La machine médiatique s'emballe, et bientôt le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise...
Hitler est ravi, qui n'en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste à porter l'estocade qui lui permettra d'achever enfin ce qu'il avait commencé...


Premier point, déjà, on ne cherche pas à savoir ni pourquoi, ni comment Hitler peut se réveiller en 2011 en plein milieu de Berlin. On passe tout de suite dans l'action, c'est à dire, Hitler (tout le récit est à la première personne) qui cherche à reprendre pied dans cette Allemagne qui s'ouvre à ses yeux. L'homme se dépeint comme très intelligent, avec une capacité d'analyse et d'adaptation hors pair qui lui permet très rapidement de passer d'un statut inexistant à celui de star de la télé, avec une forte influence.

le quiproquo fil rouge du livre repose sur le fait que pas un seul moment ses interlocuteurs n'imagine être en face du vrai Adolf, et que lui-même n'imagine pas un seul moment que son combat se soit interrompu, ni même de l'abjection qu'il ait inspiré au monde. Partant de cela, beaucoup de situations cocasses, drôles, absurdes, mais parfois gênantes se produisent au fil du récit, qui malgré tout finit par s'épuiser. La fin est un peu décevante à mon goût, entre deux eaux. Presque dommage.

En somme c'est pas mal, mais avec l'idée de départ, il y avait moyen de faire mieux.

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L'idée de départ, et le résumé, semblent en effet bien marrant et bien caustiques !
C'est une traduction ? On dirait une caricature de Zemmour.

Faudrait que Bedos en fasse un palimpseste !
Je suggère que tu le lui suggères ; ainsi qu'une meilleure fin. Merci de poster ici le lien vers ton projet Ulule. :oops2:

[ Dernière édition du message le 05/02/2015 à 21:30:31 ]

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Après un échange d'idées, chacun peut repartir avec la sienne.

 

 

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Zen et Bouddhisme Zen ces dernières semaines.
Pour ce qui me concerne, une lecture est toujours une forme engagement,
et dans le cas d'ouvrages tels que ceux-ci la lecture est encore moins anodine
et nécessite beaucoup de de disponibilité à la lecture et de réflexions entre les périodes de lecture.
Si j'ai déjà lu pas mal d'ouvrages sur ces disciplines, une piqûre de rappel
n'est jamais perdue.

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Le premier "Zen Buddhism" de Christmas Humprheys paru en 1947 est en anglais.
Un anglais plutôt accessible et surtout très bien écrit avec un équilibre réussi entre des chapitres
assez approfondis mais jamais ennuyeux grâce à diverses illustrations du propos et exemples
qui tiennent quelques fois en une ou deux lignes, voire quelques mots.
Y sont développés l'histoire du bouddhisme zen, les diverses écoles et les "concepts" clefs.

Exposer cette thématique complexe, avec simplicité (mais sans simplisme) avec autant de précision tout en ayant la faculté de faire des synthèses, Christmas Humphreys sait faire, aussi bien qu'Alan Watts et son "Esprit du Zen" paru dix ans plus tôt.

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Moins approfondi mais tout de même assez pertinent et bien écrit.
Constitué de courts chapitres Robert Linssen n'échappe pas à la perspective historique
et à la description des différents courants.
Outre qu'il se penche uniquement sur le zen, la différence tient aussi dans le fait que l'auteur
tends un fil entre Orient et Occident, essayant de mettre les questions du second dans la perspective
du premier. Le sous-titre le laisse d'ailleurs entendre.
On se retrouve avec des questions sur zen, bouddhisme et religion, la notion de la mort dans les deux disciplines, comment elles trouvent leurs places au XXème siècle et dans les sociétés violentes (l'ouvrage est paru en 1969), ses rapports réels ou supposés avec la psychologie etc etc...
Mais les principes ne sont pas en reste et le tout n'est pas encore englué de new-age, ni bradé sous forme de clichés.

Une partie consacrée à la place du Zen dans les arts japonais (thé, peinture, jardins, poésie) clos brillamment l'ouvrage.


Pour faire court ces deux ouvrages se complètent à merveille et peut-être que l'idéal est d'inverser l'ordre de lecture: commencer par le livre de Linssen pour une idée globale et approfondir avec celui d'Humphreys.
Si vous connaissez déjà un peu la question, ces ouvrages vous rafraîchirons la "mémoire".
Si vous n'y connaissez rien ils vous initierons intelligemment, vous débarrassant probablement au passage d'un paquet d'idées reçues.

Ce sont de vieux ouvrages que j'ai trouvé dans une solderie et ils ne sont pas faciles à trouver.
Cependant, si la question vous intéresse lisez "L'esprit du Zen" et "Le bouddhisme Zen", tous deux d'Alan Watts et toujours disponibles.
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Alice est une très très belle jeune femme italienne, magnifiquement
sculptée.
Lorsqu'elle se promène dans les rues de Rome, les hommes et les garçons la regardent, la siffle, lui font des compliments, des avances.
Mais dans son for intérieur elle a décidé qu'elle ne se donnerait pas à n'importe quel homme.
Elle se réserve pour son Prince Charmant.

Lors d'une discussion avec son père, récemment revenu d'un long séjour à l'étranger
celui-ci lui fait comprendre qu'elle n'est pas très jolie et que pour palier à cela il lui faudra être
très gentille avec les hommes, très très gentille.



Voilà typiquement une super idée, mal exploitée car gâchée par un style manquant cruellement de chaire et une forme trop légère à force de vouloir faire "moderne" selon moi.
Les personnages sont pourtant tous très intéressants.
Entre les mains d'un Vian ou d'un auteur surréaliste on aurait peut-être eu un chef d'oeuvre,
mais là on se traîne jusqu'à la fin qui n'est cependant pas tout à fait ratée.
Heureusement le livre est court et vite lu. On ne perd donc pas trop de temps.
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Il avait, ce Marcovaldo, un oeil peu fait pour la vie citadine: les panneaux publicitaires, les feux de signalisation, les enseignes lumineuses, les affiches, pour aussi étudiés qu'ils fussent afin de retenir l'attention, n'arrêtaient jamais son regard qui semblait glisser sur les sables du désert.
Par contre, qu'une feuille jaunît sur une branche, qu'une plume s'accrocha à une tuile, il les remarquait aussitôt.



C'est ainsi que l'auteur décrit son personnage à la première page.
Cinq ans durant, à raison d'une nouvelle par saison, on suit les aventures et mésaventures de Marcovaldo, manoeuvre de profession et père d'une famille nombreuse dans l'Italie des années 60.
Si je m'étais bien ennuyé à la lecture de "Le Vicomte Pourfendu" j'ai par contre vraiment accroché
celui-ci.
Tout d'abord les ressorts comiques sont très brillants et sacrément maîtrisés.
Ce n'est pas du comique qui tâche, mais plutôt ce truc léger, apparemment simple,
mais qu'il n'est pas toujours facile de faire fonctionner. Et là, à l'écrit, ça fonctionne vraiment bien.
Je voyais très bien certaines scènes tellement tout est là et pensait à Tati ou Chaplin.
C'est pas rien de pouvoir évoquer ces types-là.
Il faut dire que le style et la forme narrative (le tout probablement bien traduit) y sont pour quelque chose.
On se demande avec jubilation qu'est-ce qu'il va se passer dans la prochaine histoire.

On trouve aussi de la poésie, des touches surréalistes, de belles évocations de la nature, d'un Paradis perdu.
Marcovaldo est un aliéné qui ne sait pas toujours pourquoi ni comment il en est arrivé là.
Il y a aussi sous-jacent à tout cela une certaine vision de la société de consommation, des différences de classes, l'architecture des villes.
L'auteur, via son personnage, se garde cependant bien de nous faire la morale mais pointe des faits pour mieux nous faire mesurer
certaines distances ou certains écarts.

Ces écarts lui permettent justement de prendre certaines libertés, seul ou avec ses enfants.
Il s'amuse quelques fois avec ces derniers et m'a un peu fait penser à Hal dans "Malcolm", le même genre
d'irresponsabilité douce ou d'enthousiasme soudain pour un petit quelque chose ayant une résonance personnelle
et voulant entraîner tout le monde.
On est d'ailleurs à peu de choses près, dans la même classe sociale que la famille de Malcolm, où chaque sou compte, où il faut se débrouiller quand les ressources manquent.

Marcovaldo c'est une sorte d'Adam qui voudrait refaire le mur pour retourner dans les Jardins d'Eden et y rêvasser
à loisir et pas forcément en compagnie d'une Eve qui ne le fait plus rêver après des années de vie commune.
Comme l'écrivait Cesare Pavese dans son recueil de poèmes "Travailler fatigue" :

Le rêve de mes pères,
le plus beau, fut toujours de vivre sans rien faire.
Nous sommes nés pour errer au hasard des collines,
sans femmes, et garder nos mains derrière le dos.


Une excellente lecture donc avec matière à réflexion mais sans aucune pédanterie. Si vous avez un(e) ado à la maison je pense que la lecture l’amusera et le stimulera car c’est loin d’être démodé.
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Oui sympa ce Calvino.
"Le baron perché" était chouette aussi.
"Le journal d'un scrutateur" aussi..
Bref j'aime bien cet auteur.

Le "il est de retour" a l'air bien barré...mais je crois que je me contenterai du résumé de XB
"Catch 22" en revanche me titille

Elles sont bieng vos notices :bravo2:
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Catch 22 n'est pas facile a lire, et encore moins a dénicher. Pour te dire c'est un libraire de haute marne qui me l'a trouvé