Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
4124
Rédacteur·trice
Membre depuis 22 ans
Sujet de la discussion Posté le 24/01/2003 à 18:34:57Dis moi ce que tu lis.
Anonyme
17065
5772 Posté le 06/11/2017 à 16:04:38
Edmond Ganglion & fils
Joël Egloff
Citation :
Saint-Jean, c'est un petit village à la dérive, quelque part. On ne part pas de Saint-Jean, et jamais on n'y vient. On y est , on y reste.
Là-bas, rue Principale, les pompes funèbres "Edmond Ganglion & Fils" agonisent lentement et ne comptent plus que deux employés : Georges, un vieux de la vieille, fossoyeur de la première heure, et Molo, un jeune gars serviable mais sans expérience. Ganglion s'angoisse, se ronge, et prie pour que l'été caniculaire finisse par refroidir quelqu'un. Georges patiente et Molo rêvasse. Quelqu'un meurt, finalement, in extremis. Et tout commence...
Découvert avec L'étourdissement https://fr.audiofanzine.com/le-pub-des-gentlemen/forums/t.8152,dis-moi-ce-que-tu-lis,post.9183492.html je m'étais dis que je relirai des livres de Joël Egloff, genre de cousin de Julien Blanc-Gras en un peu plus "littéraire". C'est une drôle d'histoire dans un drôle d'endroit avec de drôles de gens dont je ne dirai rien de plus car il faut découvrir cet univers qui n'est pas sans rappeler "L'étourdissement" par certains aspects. Je n'ai pas vu le film dont l'affiche illustre la couverture.
Quelques extraits en spoiler mais qui ne dévoilent rien de l'histoire:
Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite
Citation :
Saint-Jean était un de ces villages où les chiens s'appelaient Rex et les chats Minou, où l'église se
trouvait « Place de l'Église » et la mairie, « Place de la Mairie ».
Citation :
Il y a deux personnes absolument indispensables en ce bas monde. La sage-femme et le fossoyeur. L'une accueille, l'autre accompagne. Entre les deux, les gens se débrouillent.
Citation :
Lorsqu'on demandait à Molo ce qu'il faisait dans la vie, il répondait: [...]"Je ne fais rien dans la vie, je fais dans la mort."
Citation :
"Chez Ganglion & fils on n'enterre pas, monsieur, on encielle. Et pour les couronnes, on est bien moins chers que les dentistes, croyez-moi."
Citation :
Ils roulaient depuis vingt minutes à peine, et déjà la campagne leur semblait différente. Jamais ils n'étaient venus jusqu'ici, pour la bonne raison qu'ils n'avaient jamais rien eu à y faire. Il aurait pu y passer par hasard, à l'occasion, en allant ailleurs, mais ça n'était pas la bonne direction pour y aller. D'ailleurs quoi foutre ailleurs?
Libellules
Joël Egloff
Recueil de vingt-cinq nouvelles dont certaines sont liées entre elles. Deux seulement m'ont vraiment emballé (Conte de Noël et Disparu). Il n'y a rien à dire, c'est bien écrit mais les idées ne m'ont pas parlé plus que çà. À éviter si vous voulez découvrir l'auteur, car ça ne donnera pas selon moi une image représentative de son talent.
[ Dernière édition du message le 06/11/2017 à 16:08:03 ]
Anonyme
1755
5773 Posté le 06/11/2017 à 21:26:48
Merci pour "grand froid." edmond ganglion et fils
cadeau de noel que je pourrais proposer aux gens qui m'aiment?
J'adore la couverture. bad bad boys.
Ce soir,prix goncourt.
Eric Vuillard.
Sur une histoire du nazisme revisitée.
Je suis impatient de le lire. ( j'attends un travail à l'égal des bienveillantes.)
.: Odon Quelconque :.
11117
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 22 ans
5774 Posté le 07/11/2017 à 00:43:50
Je note Julien Blanc-Gras, qui semble recommander de saines lectures dans un style assez proche du sien.
Justement commencé La Serpe de Philippe Jaenada, après l'avoir entendu sur FC dernièrement :
https://www.franceculture.fr/emissions/jai-deja-connu-le-bonheur/philippe-jaenada
Ou le réel sordide le dispute à l'absurde par des digressions incessantes plus capillotractées les unes que les autres, le tout passant comme une lettre à la poste comme lecture de divertissement.
Nettement mieux que Pierre Bellemare.
Justement commencé La Serpe de Philippe Jaenada, après l'avoir entendu sur FC dernièrement :
https://www.franceculture.fr/emissions/jai-deja-connu-le-bonheur/philippe-jaenada
Ou le réel sordide le dispute à l'absurde par des digressions incessantes plus capillotractées les unes que les autres, le tout passant comme une lettre à la poste comme lecture de divertissement.
Nettement mieux que Pierre Bellemare.
« What is full of redundancy or formula is predictably boring. What is free of all structure or discipline is randomly boring. In between lies art. » (Wendy Carlos)
Anonyme
17065
5775 Posté le 07/11/2017 à 08:06:37
Citation de jaune :
cadeau de noel que je pourrais proposer aux gens qui m'aiment?
Ça dépend de leur goût. Peut-être que tu pourrais le lire avant afin de t'en faire une idée plus précise
et savoir alors si ça correspond aux goûts des personnes à qui tu comptes les offrir?
Citation de .: :
Je note Julien Blanc-Gras, qui semble recommander de saines lectures dans un style assez proche du sien.
Oui il parle aussi de "Le Cosmonaute" de Jaenneda dans In Utero.
Anonyme
1755
5776 Posté le 07/11/2017 à 14:57:37
Citation de kb
cadeau de noel que je pourrais proposer aux gens qui m'aiment?
nan je veux me le faire offrir.. Je déteste être mal aimé.
Anonyme
17065
5777 Posté le 07/11/2017 à 15:13:34
Ah oui pardon j'avais mal lu
Oui dans ce cas-là pourquoi pas. Et puis c'est toujours rassurant pour les autres:
"Le cadeau de jaune ouaine? un poche à moins de dix euros. Ça va pas nous ruiner. Allez roule !"
Oui dans ce cas-là pourquoi pas. Et puis c'est toujours rassurant pour les autres:
"Le cadeau de jaune ouaine? un poche à moins de dix euros. Ça va pas nous ruiner. Allez roule !"
Anonyme
17065
5779 Posté le 13/11/2017 à 09:30:24
La dernière nuit
Emmanuel Bove
1939
Paris dans l'entre-deux-guerres. Arnold, qui doit avoir entre 20 et 25 ans
est seul dans sa chambre d'un petit hôtel de Montmartre. La pluie tombe,
tout comme la nuit en cette fin d'après-midi de Novembre. En proie à
des tourments, Arnold décide d'ouvrir le gaz et se suicider.
Pourquoi donc?
Arnold est par biens des aspects un avatar de Victor Bâton, personnage principale de "Mes amis" du même auteur.
Mêmes tendances psychotiques, introspectives, mêmes sensibilités et approches du monde pour ces êtres qui se croient meilleurs que tous et qui ne comprennent pas qu'on ne soit pas plus admiratifs de leur personne pourtant si noble.
Arnold ressemble aussi un peu à Bridet, héros de "Le piège" du même auteur également, précisément dans sa façon de faire face aux autorités, passant de l'arrogance de celui qui se croit dans son bon droit à la plus inoffensive servilité une fois sa personnalité caressée dans le sens du poil.
Il ne m'est pas facile de décrire le style de Bove, qui semble à la fois d'une simplicité banale et est pourtant très singulier. Minimaliste et direct pour la mise en scène mais psychologiquement très fin et direct pour ce qui est des errements intérieurs, des attitudes, des conversations sans être verbeux. Mettre des extraits n'aurait selon moi pas de sens, c'est un tout.
Captivant et bien construit, je ne me suis pas ennuyé à la lecture et avais hâte de m'y replonger le moment venu.
Je recommande.
[ Dernière édition du message le 13/11/2017 à 09:32:47 ]
Anonyme
17065
5780 Posté le 19/11/2017 à 12:27:07
Un homme qui savait
Emmanuel Bove
1942
Paris 1929. À 57 ans Maurice Lesca a définitivement raté sa carrière de médecin et le reste de sa vie. Asocial et se négligeant depuis des années il vit dans un petit appartement qu'il partage avec sa soeur Émily âgée de 54 ans et divorcée depuis longtemps. Atteint d'un profond trouble psychique il entretient avec elle des rapports conflictuels qui se révèlent au cours de conversations sans cesses recommencées, sur des thèmes toujours identiques qui tournent en boucles et à propos desquels il change d'avis plusieurs fois. Il a aussi une amie libraire, Mme Maze, avec qui il ne sait quels rapports entretenir car changeant continuellement d'avis sur elle et sur son rapport à elle. En quoi est-il pourtant un homme qui savait?
C'est vraiment un drôle de livre. Le personnage est chiant et il faut, comme sa soeur, endurer ses propos décousus remplis de paranoïa, de schizophrénie, bref les psychoses que l'on trouve dans d'autres personnages d'Emmanuel Bove. Pourtant on y retourne, accroc au style brillant de l'auteur, seul capable de nous aider à supporter les errements psychotiques de Maurice Lesca. Je ne connais pas vraiment de livres relatant les errements d'une personne profondément troublée, mais je pense que celui-ci est particulièrement réussi tant la finesse des attitudes et de la psychologie sont restituées.
L'ensemble n'est donc pas du tout à l'image multicolore de la couverture. Ici on serait plus dans du noir et blanc, rehaussé quelques fois par des nuances de brun et des jaunes délavés....des chambres obscures que viennent éclairer de temps à autres les phares de voiture passant dehors, dans la nuit...une humble cuisine à la lumière crue dans laquelle le personnage, encore coiffé de son chapeau et vêtu de son pardessus, fume cigarette sur cigarette en regardant dans le vide...le fauteuil en cuir du salon qu'il occupe également pour divaguer intérieurement ou à haute-voix, pour lui-même ou pour sa soeur qui ne fait plus attention à lui depuis des années, consciente du trouble de son frère.
Pas une lecture facile, mais tout de même on en tire quelque chose de l'ordre du plaisir littéraire, ce qui n'est pas rien.
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