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Sujet Dis moi ce que tu lis.

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Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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Merci kumo
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Y pas d 'quoi :bravo:
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Gratitude, de Charles Juliet.
Je crois que ça va tourner à une sorte de moralisme pas terrible...
Eau de boudin, quoi...
Le problème du "spiritualisme" en roue libre, sur-mesure, sans cadre, ni méthode, c'est-à-dire sans enseignement... -> bien difficile d'éviter la morale.
En plus il se fait pas jeune: Circonstance généralement aggravante en l'espèce, on le sait...:|

Crotte, je crois que ça va me tomber des mains.:facepalm:

Je vous recommande très chaudement son "Rencontres avec Bram Van Velde", paru à la fin des années 80.
Un petit bouquin bleu pas facile à trouver aujourd'hui.
Une perle.

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

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Extrait du quatrième de couverture:

Citation :
Nagori, littéralement « reste des vagues », qui signifie en japonais la nostalgie de la séparation et surtout la saison qui vient de nous quitter.
Le goût de nagori annonce déjà le départ imminent du fruit, jusqu’aux retrouvailles l’année suivante si on est encore en vie.
On accompagne ce départ, on sent que le fruit, son goût, se sont dispersés dans notre propre corps.
On reste un instant immobile, comme pour vérifier qu’en se quittant, on s’est aussi unis.


Un soir, alors que l’auteure est attablée dans un restaurant au Japon, elle est surprise que le chef lui serve un plat de légumes qui n’est plus de saison. Le chef lui répond alors :
« Mademoiselle, je suis beaucoup plus âgé que vous, et je ne sais pas si je pourrai encore goûter ce légume l’année prochaine. »

C’est alors que commence la réflexion de l’auteure. Quand est-ce qu’un fruit ou un légume est-il ou n’est-il plus de saison ? Mais au fait, quand commence exactement une saison ? Selon les régions et les climats le nombre de saisons est variable : quatre ici, deux là-bas (saison chaude et saison froide) et vingt-quatre voire soixante-douze saisons au Japon ! https://www.nippon.com/fr/features/h00124/


S’en suit alors une série de réflexions basées sur un constat simple : les saisons ont une temporalité cycliques et les humains une temporalité linéaire. Comment ces cycles et leurs produits affectent non seulement nos assiettes mais également notre perception du monde et ce que cela dévoile éventuellement de nous-même en tant qu’individu?
Attention ça n’est ni un livre « engagé éco-responsable », ni vegan/végétarien, ni recettes bien-être etc etc…c’est une réflexion philosophico-gastronomico-poétique, même si un chapitre est consacré à la politique avec cette temporalité spécifique qu’a produit Fukushima. Cette catastrophe a également été le sujet d’un chapitre de son livre « Manger fantôme » dont j’ai parlé ici.

J’ai trouvé deux réflexions particulièrement intéressantes.
L’une concerne les fruits et légumes « locaux » que nous pouvons consommer toute l’année, même hors-saison. Or il nous paraît « normal » de trouver, ananas, bananes, kiwi et autres fruits exotiques. Mais quelles sont les saisons pour ces fruits ? Les mangeons-nous en saison ou hors-saison ? Par rapport à où ?

L’autre est relative à la façon dont le savoir-faire humain permet de « manipuler » les saisons, comme par exemple l’invention de la conserve qui « fige » littéralement un produit/une saison ou encore la fermentation qui fait passer le produit d’une temporalité cyclique à une temporalité linéaire avec le bonus de déboucher sur un goût singulier voire inédit dans certains cas. Extrait:

Citation :
« Le chef Hiroaki Takuyama, parlant de la viande d’ours consommée traditionnellement dans la région de son auberge-restaurant, m’a dit : Dans cette région, la viande d’ours a toujours été associée à l’hiver. On en consommait en période de chasse, en marmite, pour supporter le froid rigoureux de la région. On ne le connaissait que dans les plats d’hiver.
Maintenant, j’essaie de le conserver selon des méthodes de la charcuterie occidentale. La travailler en pâté, ou à la façon du lard de Colonnata, met en valeur le goût de sa graisse, proche du porc ibérique. Cela permet non seulement de faire ressortir un goût inconnu jusqu’àlors, mais aussi de l’associer aux légumes d’Été, ce qui n’était pas possible auparavant. »

Bien qu’écrit par une japonaise et souvent relatif aux habitudes alimentaires japonaises, l’auteure évoque toutefois ça et là des aspects culinaires d’ailleurs dans le monde lorsque cela sert son propos.

La nourriture industrielle est vraiment à part selon l’auteure puisque selon cette dernière « ne connaît pas nagori, ni la nostalgie. Elle nous offre une possibilité de refuge, un terrier confortable qui serait toujours identique à lui-même [...]cette immobilité de la nourriture affecte notre vie des caractères du terne et du neutre.[...]Ce n’est qu’avec les êtres vraiment vivants, les êtres périssables de la saison que sont légumes, viandes et poissons du marché que l’on peut partir à l’aventure. ».

C’est un résumé très grossier mais le livre regorge de propositions originales avec quelques traits poétiques qui ne gâchent rien. C'est une vraie petite curiosité, assez originale, qui vous fait quelques fois prendre conscience de certaines choses que vous ressentiez sans pouvoir les cerner ou dont vous n'aviez pas conscience du tout et que Ryoko Sekiguchi vous dévoile.

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en train d'écumer les jours de Boris Vian.
style intéressant, intelligent et plein de tendresse, non sans rappeler Beckett ou Kundera ( pour leur Godot et Fête de l'insignifiance, mes seules lectures de ces hommes à ce jour )
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Oui, faudra le lire, L'Écume des jours. Ah, il y en a trop à lire.
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J’ai adoré.
C’est dur : parents qui se séparent, enfance pauvre, pensionnat glauque, fin tragique.
Ça se lit très bien, ça reste humain et ça s’étale pas trop sur les à côté, le sujet du livre reste Stéphane Sirkis.
J’ai trouvé des similitudes avec des histoires familiales que je connais, du coup le récit prends de l’intérêt et on se prend d’affection pour cette famille dysfonctionnelle et bien chargée.
Les schémas, les non-dits, le manque de lâcher prise et de recul.

Gros pavé mais bonne lecture.

 Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/

 

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Le Triomphe de la Nuit
Edith Wharton
1937

C'est avant tout la très belle peinture illustrant couverture qui m'a attiré (détail de Femme accoudée à la table de Eugène Carrière). Du coup je prends le livre et lis les premières lignes de la préface de l'auteure:

Citation :
"Croyez-vous aux fantômes?" C'est la question absurde que posent souvent les gens incapables de ressentir les influences du surnaturel - celui je ne dirais pas qui a vu un fantôme, car il reste un oiseau rare, mais - qui a perçu sa présence, qui est sensible au souffle immatériel des esprits en certains lieux et à certaines heures.


Bon OK ! Vu vs perçu = j'embarque direct ! et je n'ai pas été déçu par les cinq nouvelles composant ce recueil. Car il ne s'agit pas là uniquement de fantômes, mais également de gens vivant dans les sociétés d'une certaine époque. On peut donc ôter les fantômes de ces histoires, il restera des personnages qui ne perdront pas de leur intérêt ainsi que les cadres dans lesquels ils et elles évoluent, à savoir les bourgeoisies américaines, anglaises ou françaises entre fin XIXème et début XXème, qu'elles soient urbaines ou rurales.

Dès le première nouvelle j'ai été surpris par la façon dont l'ambiance et le rythme sont posés. En effet, le fantôme fait son apparition d'une façon tellement banale qu'on ne se rend pas tout de suite compte qu'il en est un, enfin c'est l'impression que ça m'a fait.
Je continue la lecture et je me dis: "Attends ! mais il y avait un truc là non?" et de relire les quelques lignes qui précèdent. Ah mais oui !

Bon après les fantômes sont plus ou moins subtils, mais dans l'ensemble ils n'arrivent pas comme des cheveux sur la soupe juste pour faire peur. Non ils sont invités à faire des incursions dans notre monde à qui veut bien les percevoir ou les voir. Certains fantômes ont une raison d'être là, d'autres le sont pour des raisons totalement inconnues.
Certaines fins peuvent donc "laisser sur la faim" sauf si on admet que quelques fois, des choses arrivent sans qu'on puisse les comprendre ou se les expliquer.

Plutôt dans une veine romantique, c'est très très bien écrit. Ça se lit donc tout seul car l'auteure sait trouver la manière de vous installer dans l'ambiance, vous accrocher et trouver ensuite un équilibre qui vous captivera avec juste ce qu'il faut, sans vous perdre au passage dans des digressions inutiles ou des longueurs qui casseraient le rythme de lecture et l'attention.
Le style est assez descriptif mais ne se perd jamais dans d'interminables détails qui masqueraient une faiblesse narrative. Avec quelques meubles, une lumière, un vêtement elle vous fait entrer dans un salon bourgeois new-yorkais ou une maison en pierre perdue dans la campagne bretonne.
De courts trait poétiques, lyriques lorsqu'ils sont relatifs à la nature et fins lorsqu'ils sont relatifs à la psychologie des personnages, viennent illuminer les récits.

La préface laisse entrevoir selon moi à quel point Edith Wharton était brillante et rien que ces quelques pages méritent qu'on jette un coup d'oeil au livre.

Je ne connaissais pas cette auteure, et du peu que j'ai lu à son sujet depuis, elle n'est pas réputée pour ce genre littéraire mais force est de reconnaître qu'elle maîtrise son sujet sans jamais céder à la facilité. Peut-être une qualité des grand(e)s? J'en relirai sans aucun doute puisque ses ghost stories sont parues en France dans deux volumes chez 10/18 et le second, faute d'être disponible chez les libraires et bouquinistes locaux, devrait bientôt atterrir dans ma boîte aux lettres :bave:
Mention spéciale pour la traduction de Florence Lévy-Paolini. J'ai eu l'occasion de lire quelques paragraphes en anglais sur internet et je m'y retrouvais.
Je vous conseille vivement ces histoires-de-fantômes-mais-pas-que.


[ Dernière édition du message le 18/03/2019 à 13:49:14 ]

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Hors sujet :
Y a-t-il un sujet sur le Japon, voire l’Asie ? Il me semble que non (à part « Gabou au Japon », mais qu’il serait dommage de détourner de son sujet initial, et un nouveau sujet serait justifié je trouve).

Et donc peut-être que Kumo devrait en créer un ! :bravo:
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J'ai enfin lu "le maitre du haut chateau" de Dick.
K, pas Rivers, hein.:oops2:

En fait j'avais déjà essayé, mais j'avais trouvé le truc mal écrit et assez nul. Jme suis demandé pourquoi en parcourant le livre, qui aux débuts m'a donné l'impression inverse : bien écrit et bien trouvé.

Par contre, la fin, si on peut appeler ça une fin, c'est de la merde.On voit bien que le gusse savait plus où il voulait aller et avait pris un acide de trop. ca m'a clairement fait penser à l'inégal (pour les mêmes raisons) Tous à Zanzibar de John Brunner, belle uchronie, mais là aussi l'écrivain s'est perdu en route.

Je sais pas trop quand le roman a été écrit, probablement dans les 70's, à ce moment y avait quand même un gros courant pour les fins elliptiques et dénuées de sens, genre la fin de la série du Prisonnier, et là encore niveau LSD, P.MC Goohan n'était pas un noob.