Le Pub de l'Amérique Latine
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Anonyme

Si comme moi vous adorez ce continent, êtes fascinés par ses cultures, sa géographie. Son football, sa musique, sa littérature, sa politique actuelle ou passée. Que vous la connaissiez ou non, que vous l'aimiez ou la détestiez.
N'hésitez pas à poster, même si c'est pour en dire pis que pendre...
Venez nous faire partager vos expériences de voyage, du Rio Grande au Cap Horn, en passant par le Sertao brésilien ou les cordillères.
Des sierras mexicaines au canal de Panama. Le sujet est aussi vaste que ce continent, et peut être aussi passionnant.
Si ça vous chante d'y aller, il se trouvera bien un Afien pour vous filer quelques tuyaux...
Bienvenue.

sonicsnap

Ta première photo est alléchante. On en veut d'autres!
(Au fait, la seule fois où j'ai vu un ciel comme-ça, c'était en Norvège.)

Anonyme


Pour éviter d'y revenir après, quelques indications sur le Chili:
La Moneda, palais présidentiel.
PC, PS, idem qu'en France.
MIR, Movimiento de la Izquierda Revolutionaria. L'extrême gauche du temps d'Allende mais pas des opposants.
UP, Union Popular, nom de la coalition d'Allende.
CoDelCo, entreprise d'état crée en 1976, le cuivre...
CoNaF, gère les parcs nationaux.
Mapuche, indigènes du centre-sud du Chili, en résistance depuis toujours contre tout envahisseur, déjà contre les Incas. Googlez Lautaro et ce qui s'ensuit pour comprendre.
Aymaras, indigènes de l'extrême nord du Chili, leur culture s'étend aussi aux hauts-plateaux boliviens et argentins, culture et langue pré-incaïques. A ne pas confondre avec les Quechuas de culture Incaïque.
Certaines photos, surtout au début de ces posts sont sans intérêt, j'en conviens. Attendez au moins que nous ayons quitté Santiago pour que ça s'arrange.

Donc, le Chili. La 4ème fois pour moi, la 1ère pour la Moujikette.
Le Chili c'est quoi ? Pour la gauche française impossible de ne pas penser à Allende, le 11 septembre 1973... La prise d'assaut de la Moneda, son bombardement aérien par les sbires de Pinochet, la répression. La Moujikette et moi quelque part ça fait aussi partie de notre histoire. Dans nos familles ça a été vécu pire qu' un coup de boule à travers la gueule. La Moujikette se rappelle en colo, en France vers 74-75, de la présence de mômes chiliens réfugiés avec une instit...
En dehors de ça, le Chili pour moi, question rêve, c'était Cap Horn, Détroit de Magellan, Cordillère des Andes et l'autobiographie de Neruda lue quand j'avais 12 ou 13 ans. J'avoue que j'ai vécu.
La Moujikette je lui avais promis l'hôtel Paris Londres... à l'intersection des rues... Paris et Londres. Quartier et rues atypiques, chaque rue fait pas plus de 200 mètres de long, de traviole, immeubles un peu Art-Déco des années 30. Hôtel idem. C'est pas loin de la station Universidad de Chile, sur la Bernardo O'Higgins à un 1/4 d'heure à pied de la Plaza de Armas. Un coin peinard un peu à l'écart des 2x5 voies de l'Alameda, surnom de l'Avenida del Libertador Bernardo O'Higgins. A quelques stations de là, l'Estacion Central de Ferrocarril, les principales gares routières et un peu plus loin à droite les barrios Italia et Brazil et le Parque Quinta Normal. A pied La Moneda, les rues piétonnes popus-shopping, les passages marchands entre tous les immeubles. Pour les cerros Santa Lucia et San Cristobal, vers le barrio Bella Vista faut marcher un peu, se diriger vers la cordillère... Qu'on distingue vaguement à travers un nuage de pollution, jaune orangé quand il fait beau, c'est très joli comme couleur.
Vous distinguez peut être la Cordillère, au fond, vaguement. C'est à pas plus de 40 bornes, des sommets entre 4 et 6000 mètres. A nos pieds le Rio Mapocho, enfin ce qu'il en reste, descend direct de ladite Cordillère. C'est à cause de ce rio aujourd'hui anémique et pollué que Pedro de Valdivia a fondé Santiago. Là c'est le Mapocho "propre" et un peu piétonnier, celui des quartiers chics de Las Condes et Providencia. Et quand on va vers l'aéroport ça devient une décharge entourée de bidonvilles (n'oubliez pas que le Chili est le pays le plus riche d'Amérique Latine, laboratoire de l'ultralibéralisme mondial sous Pinochet, tout le monde y a sa chance).
J'y reviendrai.

Joli nuage, non ?

Ça fait chic, hein ? 15 bornes en aval et c'est les bidonvilles... Là on est au pied d'un bildinge de 300 mètres de haut, verre et acier. Le plus haut du continent.


dana12

En dehors de ça, le Chili pour moi, question rêve, c'était Cap Horn, Détroit de Magellan, Cordillère des Andes et l'autobiographie de Neruda lue quand j'avais 12 ou 13 ans. J'avoue que j'ai vécu.
Torres del Paine, Cerro Torre, Fitz Roy (Cerro Chaltén)...



Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

sonicsnap


Anonyme


Anonyme


Heureusement il y a le métro. C'est un vrai gag le métro. Confortable, efficace, juste un seul défaut, nulle part on ne trouve les stations desservies. On monte à Santa Lucia, il est indiqué direction San Pablo ou Santa Immatriculacion mais pas d'indication des stations entre les deux... Quant aux correspondances c'est juste "connexion avec la 2 et la 4". A Santa Lucia, en allant vers San Pablo ou à l'autre bout ?
La Moneda, un dimanche matin vers 10h... Relève de la garde. Il n'y a pas de photos. Désolé mais photographier des militaires devant La Moneda, à 10 mètres de la statue d'Allende, c'est pas dans mes cordes. On se casse vite fait. Les touristes chiliens ou non applaudissent, font des selfies, trouvent ça joli ces costumes kakis et ces armes bien huilées et brillantes, et pis les galons ça fait chic. La fenêtre juste au dessus du porche c'est là qu'Allende s'est suicidé quand l'aviation chilienne a bombardé le palais. Rassurez vous, les traces de la prise d'assaut et du bombardement ont été effacées dés le lendemain 12 Septembre 1973, tous les trous rebouchés, les toits réparés. En fait les chiliens s'en cognent royalement du coup d'état (il y a des exceptions, j'en parlerai plus loin). Ils sont bien aidés en ça par une presse très à droite et des tévés qui feraient passer BFM pour une chaine progressiste consacrée à la philo et à la sociologie...
Le chilien moyen d'aujourd'hui ne rêve plus de l'Union Popular mais des possibilités de crédit offertes par Banco Falabella et Banco Ripley... traduction, les banques Darty et Galeries Lafayette. Quand le magasin fait aussi banque tout est plus facile. Tout à crédit, les pubs TV regorgent d'offres pour tout et n'importe quoi à crédit. Entre 2 pubs y'a des infos terribles à la tévé, des trucs dont même BFM ne voudrait pas pour boucher les trous de sa grille nocturne.
A Osorno, dans le Sud, suite à une coupure d'eau y'a Illuminacion de Navidad, 87 piges, qu'a été privée d'eau pendant 12 heures. Secourue par un Bombero Heroico* venu lui apporter la bouteille de flotte tant attendue. Images d'Illuminacion repassée en boucle pendant 10 minutes avec commentaires larmoyants. Véridique.
Programmes matinaux, en bas de l'écran un n° de téléphone avec écrit devant "dénuncias"... Je vous laisse deviner le sens du mot. D'ailleurs un quartier de Santiago venait de balancer une infirmière accusée d'avoir utilisé la même seringue pour vacciner toute une école. Et encore, le Chili est soft, respectueux des droits de la défense, au Pérou elle aurait eu droit à sa gueule, son nom, son adresse en gros à l'écran. Je déconne pas, vu au Pérou il y a 3 ans...
On se balade vendredi dans Santiago, au resto les infos TV en permanence. On mate. Toujours les mêmes conneries. Un peu partout en ville des tags et graffitis en faveur de l'avortement. Comme ça. Arrivé à Paris quelques heures plus tard je trouve un article dans Le Monde. Beaucoup de manifs de femmes chiliennes le jeudi en faveur de l'IVG, ce qui expliquait les tags un peu partout. A la TV un reportage sur les cures d'amaigrissement des flics indonésiens. L'avortement est légal depuis une dizaine sous conditions thérapeutiques ou de viol et inceste.
*L'expression Bombero Heroico vue chez les pompiers d'Esteli au Nicaragua, depuis tout pompier latino est un Bombero Heroico. S'comme ça.

sonicsnap


Anonyme

J'avais déjà l'impression que les chiliens s'en tamponnaient pas mal des déboires de Perrochet, c'était le passé, pourquoi remuer le couteau dans la plaie, favorisons plutôt la concorde nationale, le progrès économique libéral... les victimes, ouais... on peut très bien casser des oeufs en faisant une omelette, s'pareil. Et pourtant dans toute cette merde j'ai trouvé du positif. Déjà tous pensions que Perrochet ne resterait que 2 semaines à Londres, il est resté 500 jours. Il a bien fallu que télés et journaux se mettent à parler du coup d'état, les victimes et leurs familles ont pu raconter. Quelque part c'en était fini de Tonton Pinochet, de Grand père Augusto.
Rentrant 3 mois plus tard alors que le vioque se languissait toujours dans sa "Clinic" tout le monde me disait en France. "Il s'en fout, il est bien au chaud dans sa Clinic 5 étoiles..." Et ben non.
Ce vieux kroumir réac se voyait passer à la postérité comme une sorte père de la nation, oubliés les morts, torturés et disparus, il pensait être un De Gaulle Chilien, celui qui avait bouté les Rouges dehors, évité la prise de Santiago par Castro et voilà qu'on ressortait les vieilles photos, lunettes noires et breloques sur le poitrail. Ils s'en foutaient un peu les chiliens mais au moins ça changeait des photos de Papy Augusto entouré de ses petits enfants.
C'est pas grand chose 500 jours de "Clinic" pour 3200 morts, des dizaines de milliers de torturés et des centaines de milliers d'exilés... et pourtant c'est déjà beaucoup. La veille de son inculpation nous ne pensions pas qu'il soit ne serait-ce qu'une fois inquiété. Pour ses admirateurs ce fût une humiliation, j'en parle même pas pour lui...
The Clinic est un journal satirique crée au moment où Perrochet était en clinique à Londres. Il existe toujours 20 ans après, The Clinic...

Depuis a été ouvert à Santiago un imposant Mémorial consacré aux victimes et à la dictature, tout endroit où eurent lieu des tortures et exécutions est lui aussi consacré aux victimes. Le cimetière général de Santiago est un imposant lieu de mémoire. Les familles des victimes des exécutions qui eurent lieu au 38 Calle Londres ont récupéré l'immeuble pour en faire aussi un mémorial. A Pisagua, petit port en plein désert d'Atacama, un mémorial aussi.*
Ils sont peu nombreux à vouloir ne pas oublier mais ils permettront que l'histoire de la dictature ne finisse pas en histoire de l'entrée du Chili dans l'ère joyeuse du libéralisme initié par tonton Augusto.
* Dans un prochain épisode je parlerai de nos rencontres avec des familles de victimes et des visites des mémoriaux.
38 Calle Londres

Edit.
Le chiffre de 3200 morts et disparus est celui donné unanimement par toutes les associations des victimes de la dictature, soit du 11 Septembre 1973 au 11 Mars 1990. Et pourtant comme toutes les associations de gauche elles ne sont pas d'accord sur grand chose.
[ Dernière édition du message le 30/07/2019 à 17:37:39 ]

dana12


Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

Vickibaum


Un guitariste et sa guitare c'est parfois la rencontre de deux manches.
Quand on a rien a dire on peut toujours le dire en chantant !

sonicsnap



Anonyme


Petit plaisir, la Moujikette m'a demandé de lui retrouver "J'avoue que j'ai vécu" de Pablo Neruda. Retrouvé. A l'intérieur une dédicace de Pierre Kalfon. Octobre 1998, au moment ou Perrochet était "incarcéré" à Londres. Pierre Kalfon est aussi l'auteur d'un parait-il très beau "L'encre verte de Pablo Neruda". Mes parents l'ont lu et ont adoré. Honte à moi je ne l'ai pas lu.
Le wiki du monsieur, vous comprendrez pourquoi mes quelques rencontres avec ce monsieur m'ont très fortement marqué. Des grands moments. P'têt pas pour lui mais pour moi inoubliables.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Kalfon_(journaliste)
Un grand Monsieur.
[ Dernière édition du message le 31/07/2019 à 19:17:02 ]

dana12

Tu te laisses aller

Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

Anonyme


Anonyme

Dommage le commentaire très amateur du gus, ça gâche un peu l'ensemble du propos. Dire que j'ai apprécié les paysages de son film, s't'un euphémisme. Nous avons rencontré un couple de français qui était venu au Chili pour l'éclipse. J'en parlerai plus loin... z'avaient pas compris que l'un des plus anciens villages du pays, 1540 quand même, c'était pas un quartier chicos de Genève...

En décembre 2020, nouvelle éclipse totale visible en Patagonie. Nos 2 chasseurs d'éclipses sont partants, hésitant encore entre la partie chilienne ou argentine de la Patagonie... J'ai "oublié" de leur dire qu'en Patagonie un ciel bien dégagé pour mater le ciel c'était plutôt aléatoire.

Je mets une photo, pas envie d'un signalement de post, hein Dana12.

Putre. En allant sur la frontière bolivienne, petit village bien sympa.

[ Dernière édition du message le 03/08/2019 à 11:22:40 ]

Silverfish Imperatrix

z'avaient pas compris que l'un des plus anciens villages du pays, 1540 quand même, c'était pas un quartier chicos de Genève...![]()
Ils ont subi du racisme anti-suisse ???
Mon thread sur le jazz, principalement bop et post bop:

Anonyme


Vickibaum

Allez vu que ça cause chili en ce moment, je pense ne pas être trop hors sujet.

Un guitariste et sa guitare c'est parfois la rencontre de deux manches.
Quand on a rien a dire on peut toujours le dire en chantant !

Dr Pouet


dana12

Bref, pour ces 2 touristes le village n'était pas assez aseptisé, propre, bitumisé, pelousé...

Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

le reverend

Citation de Dr :La gueule du ciel pendant l’éclipse totale, c’est quand même quelque chose.
j'ai vécu ça en France en 1999, éclipse totale le 11/08. J'étais au bord de la mer en Normandie, sur les falaises : impressionnant.
Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)

chapolin



Pour ma part, comme je t'ai dis j'ai passé 4/5 ans il y a environ 15 ans à jouer du violon dans un groupe familial chilien. On a énormément joué partout en France et çà a été une période super festive. J'avais pris pas mal de kilos, je portais le bouc et j'ai fais plein de chouettes rencontres. Une famille de réfugiés, les enfants mais les parents jouaient aussi dans le groupe.
Du coup le groupe cristallisait aussi des péruviens et colombiens au grès des dates et suivant les besoins. Il y avait même un accordéoneuneux du coin

C'était un bon groupe et on avait un bon son, on a fait pas mal de festivals aussi.
Pour le passé chilien ils en parlaient peu, pas du tout pour les enfants qui n'étaient plus connectés ou gardaient les choses pour eux ayant passé leur vie en France. Quand au parents, pareil ils en parlaient très peu et nous laissaient plutôt entre nous. J'ai surtout échangé à ce propos avec un poète, lui aussi émigré dans le coin, adepte de salsa et de rhum. Il me racontait des histoires terribles en écoutant de la musique et des chanteurs qui s'étaient mouillés et avaient parfois mal terminé ... Mais le rhum avait souvent raison de nous à cette époque et à un moment j'ai perdu la trace de ce copain vraiment sympa. Les autres quand je les croise n'ont jamais voulu vraiment m'en parler, il a quitté la ville ...

Anonyme


Faut que j organise ma semaine de libre... Donc je lis avec attention les récits d AS

Lundi j ai picolé, ce qui est rare, un Pisco coca... Piscola.


le reverend

Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique ! :-( :-)

chapolin

Lundi j ai picolé, ce qui est rare : difficile à croire
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