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Citation : Cela faisait dix ans (avec Secrets et mensonges, de Mike Leigh) que la Grande-Bretagne avait eu sa dernière Palme d’or. Depuis, la presse londonienne se lamentait chaque année de l’absence de cinéastes britanniques dans la compétition cannoise. Cette fois, ils étaient deux, l’Anglais Ken Loach et l’Ecossaise Andrea Arnold. Aussi, lorsque le président du jury, Wong Kar-wai, a annoncé que le Prix du jury était accordé à la première et la Palme au second, on imaginait une certaine fierté dans le pays. Eh bien non, rien de ça. En fait, rien du tout. Au lendemain du palmarès, le Mirror, le Daily Mail, le Sun passent l’événement sous silence. Pas la moindre ligne. Le critique Peter Bradshaw, du Guardian, fait la moue tandis que le Times publie une photo d’Andrea Arnold, snobant royalement celui qu’un de ses journalistes estime être un « stalinien de la pire espèce, un sans-talent, un nobody ». Il faut attendre le surlendemain pour que l’Independent publie un portrait de Ken Loach, histoire de présenter à ses lecteurs cet inconnu fêté à l’étranger. Quant à Tony Blair, qui avait déjà ignoré Harold Pinter, Prix Nobel de littérature en octobre dernier, il a réservé le même sort à Loach. Tout le monde ne s’appelle pas Beckham ◆ A.-C.P.