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Test d'Izotope RX 6 Advanced - L’amour du RX

9/10
Award Valeur sûre 2017
2017
Valeur sûre
Award

Produit phare d'Izotope avec Ozone, la suite de restauration audio RX propose pour sa sixième version plusieurs nouveaux outils orientés vers la production musicale. De quoi en faire un indispensable en studio ?

Test d'Izotope RX 6 Advanced : L’amour du RX

Les états d’armes d’RX

Lors de l’in­ter­view qu’il nous a accor­dée, l’in­gé­nieur du son Michael Brauer (qui a produit John Mayer et Cold­play, entre autres) confiait qu’Izo­tope RX est si précieux en studio que son éditeur méri­te­rait un prix Nobel de la Paix. Loin de n’être utili­sée que dans la post-prod ou pour la restau­ra­tion d’an­ciens enre­gis­tre­ments qui étaient initia­le­ment ses domaines de prédi­lec­tion, la suite logi­cielle mise au point par Izotope est en effet deve­nue un outil incon­tour­nable dans de nombreux studios, parce qu’elle répond à des problé­ma­tiques et des besoins qui n’exis­taient sans doute pas il y a 40 ans encore. Si autre­fois, l’en­re­gis­tre­ment d’un album se dérou­lait dans le cadre idéal d’un unique studio d’en­re­gis­tre­ment sous la houlette de tech­ni­ciens chevron­nés, ce qui garan­tis­sait la qualité et l’ho­mo­gé­néité des prises, l’avè­ne­ment du Home Studio comme d’In­ter­net ont révo­lu­tionné les usages et il n’est pas rare sur un projet de devoir compo­ser avec des sources hété­ro­gènes, prove­nant de studios diffé­rents comme de home studios diffé­rents et réali­sées par des gens dont les méthodes comme les compé­tences diffèrent. De fait, il arrive que l’in­gé­nieur en charge du mixage se retrouve avec des problèmes à résoudre en amont de son travail, en sachant que les budgets serrés qui sont ceux de quan­tité d’al­bums ne permettent pas qu’on demande à refaire telle ou telle prise. Il y a une ronflette sur la piste guitare ? Il faudra faire avec. De la repisse du casque sur la prise de voix ? Pareil. Des problèmes de phase ou de satu­ra­tion sur certains micros de batte­rie ? Idem. Le problème se pose plus encore pour la produc­tion d’en­re­gis­tre­ment Live : ce n’est pas parce qu’on a un pain lors de l’en­re­gis­tre­ment qu’on peut faire reve­nir 30 000 personnes dans un stade pour une seconde prise.

C’est sur ces points que RX a su se rendre indis­pen­sable car au fil des versions, il s’est doté d’un arse­nal toujours plus complet d’ou­tils. Et ce n’est pas avec cette sixième version que les choses vont chan­ger, comme nous allons le voir.

Erik­sis

izotoperx

Dispo­nible dans trois décli­nai­sons vendues respec­ti­ve­ment à 130 (RX Elements), 400 (RX Stan­dard) et 1200$ (RX Advan­ced), le logi­ciel entend s’adres­ser à tous les publics et toutes les bourses. Toutes les versions se basent ainsi sur le même éditeur audio, sur lequel viennent se gref­fer plus ou moins de fonc­tions et de trai­te­ment. Histoire d’avoir une vue d’en­semble, c’est évidem­ment la version Advan­ced que nous testons ici, qui est aussi la seule à propo­ser certains modules sous la forme de plug-ins aux format VST/AU/AAX, ce qui peut s’avé­rer pratique pour bosser depuis sa STAN et éviter les aller-retours entre deux logi­ciels pour de menues correc­tions.

Ceci dit, quand il y a du gros oeuvre, on a tout inté­rêt à bosser dans le logi­ciel direc­te­ment, sachant que la chose est a priori faci­li­tée par un système de passe­relle logi­cielle établie grâce aux plug-ins RX Connect et RX Moni­tor. Le seul problème, c’est que ces derniers ne fonc­tionnent qu’avec Avid Pro Tools / Media Compo­ser, Adobe Audi­tion, Magix Sequoia / Sampli­tude, Merging Pyra­mix, Stein­berg Cubase / Nuendo / Wave­lab et Sony Sound Forge. Dans les autres, il faudra se conten­ter de la possi­bi­lité de décla­rer RX comme éditeur audio externe, sachant qu’hé­las toutes les STAN ne le proposent pas. C’est possible dans Able­ton Live, Adobe Premiere Pro, Apple Final Cut Pro X / Logic Pro X, Cake­walk SONAR, DaVinci Resolve 12, Image Line FL Studio, MOTU Digi­tal Perfor­mer, Cockos Reaper et Sony Vegas Pro mais à ma connais­sance, ce n’est ni possible dans Bitwig ou Studio One. Les utili­sa­teurs de ces derniers devront donc passer par des exports et des bounces bien labo­rieux pour éditer leurs pistes et c’est bien dommage. D’ailleurs, même pour ceux qui offrent la possi­bi­lité de dési­gner RX comme éditeur externe, on aurait souhaité une meilleure inté­gra­tion, comme on la voit désor­mais avec Melo­dyne via la plate­forme ARA dans diverses STAN. On espère fran­che­ment qu’Izo­tope aura à coeur de bosser avec les diffé­rents éditeurs pour amélio­rer tout cela et nous faire gagner du temps.

Ceci étant dit, souli­gnons que le travail dans RX est toujours un régal grâce à une inter­face claire et très bien pensée en termes d’or­ga­ni­sa­tion comme de design. Outre l’aperçu spec­tro­gra­phique qui offre une vue parfai­te­ment complé­men­taire de la bonne vieille forme d’onde pour comprendre où se situent les problèmes et d’agir dessus avec une préci­sion chirur­gi­cale, on appré­cie surtout le concept de base du logi­ciel qui consiste à propo­ser autant de module qu’ont peut rencon­trer de problème dans la restau­ra­tion d’un signal. De fait, on ne se retrouve jamais face à un panneau propo­sant 20 réglages abscons aux inter­ac­tions complexes pour tout gérer, mais on recourt à une multi­tude de petits modules qui, en trois ou quatre faders pour la plupart, permettent d’in­ter­ve­nir sur un problème précis : De-breath, De-plosive, De-noise, De-reverb, De-hum, De-clip, De-click, etc.

L’heure est d’ailleurs venue de faire l’ap­pel pour voir quels sont les petits nouveaux. Comme d’ha­bi­tude avec Izotope, les noms de ces derniers sont rela­ti­ve­ment expli­cites : De-rustle, De-wind, Dialogue Isolate, De-bleed, De-ess, Mouth De-click et Breath Control.

Gone with the De-Wind

Parmi les nouveau­tés, on notera en premier lieu l’ap­pa­ri­tion de deux modules réso­lu­ment tour­nés vers les problèmes de micro­phones et qui inté­res­se­ront donc ceux qui font de la post-prod en géné­ral, et de l’édi­tion de repor­tages en parti­cu­lier : De-Rustle et De-Wind.

Ce dernier a été conçu pour atté­nuer voire suppri­mer les bruits produits par un souffle violent sur un capteur. C’est typique­ment le genre de problème qui se pose lorsqu’on fait une prise dans un endroit venteux, ou lorsqu’on le micro est en mouve­ment (cas typique dans l’usage des camé­ras spor­tives par exemple). Certes, il existe des bonnettes et des écrans pour éviter cela, mais quand on n’en dispose pas sur l’ins­tant, qu’on ne peut pas en équi­per le micro (dur de trou­ver une bonnette à smart­phone) ou que le vent est trop violent, on se retrouve avec une prise gâchée par les turbu­len­ces… à moins de sortir son De-Wind pour sauver la mise après coup.

Il faut en effet avouer que le bougre se sort plutôt bien de cet épineux problème, même si son usage n’est pas sans effet sur le spectre comme sur les tran­si­toires du signal d’ori­gine si on l’uti­lise en mode bour­rin en l’ap­pliquant à tout le fichier.

De wind origi­nal
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  • De wind origi­nal 00:11
  • De wind proces­sed 00:11
 

On obtient toute­fois des choses beau­coup plus respec­tueuses en travaillant préci­sé­ment sur les zones problé­ma­tiques grâce à l’édi­teur spec­tro­gra­phique :

00:0000:00

Comme souvent en restau­ra­tion, il s’agit enfin de trou­ver un compro­mis accep­table entre l’at­té­nua­tion d’un défaut et l’in­té­grité du reste du signal, en sachant qu’il n’y a pas de chemin parfait.

iZotope RX 6 Advanced : derustle

On s’en rend égale­ment compte avec De-Rustle qui entend quant à lui régler les problèmes de frot­te­ments qu’on rencontre lors de l’usage d’un Laval­lier (micro-cravate) : en fonc­tion du soin avec lequel on a posé le micro, de l’en­droit où on l’a posé et des mouve­ments du prota­go­niste, il n’est pas rare d’avoir un bout de textile (col, pli de veste, etc.) qui effleure le capteur, causant ainsi des grat­te­ments qui para­sitent la prise.

Là encore, le trai­te­ment proposé par RX s’avère très effi­cace même s’il faudra prendre garde à ce qu’il n’abîme pas trop la voix, du point de vue de son spectre comme de ses tran­si­toires. Voyez ce qu’il en est sur un trai­te­ment bour­rin de l’in­té­gra­lité d’un fichier :

De Rustle origi­nal
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  • De Rustle origi­nal 00:05
  • De rustle proces­sed 00:05
iZotope RX 6 Standard : dialogueisolate

Disons que ça marche dans la mesure où le bruit est forte­ment réduit grâce au trai­te­ment et que la phrase demeure intel­li­gible. Pour autant, on sent la voix vaciller comme une flamme aux endroits où se trou­vaient les frot­te­ments. Comme pour De-Wind, il faudra donc souvent travailler sur chaque bruit un à un et savoir trou­ver un compro­mis.

En ces heures où la pollu­tion sonore fait rage, on saluera aussi l’ar­ri­vée de Dialogue Isolate qui permet en trois faders seule­ment de « sépa­rer »un dialogue d’un fond sonore complexe, ce qui inté­res­sera plus d’un chef op son, que ce soit pour amélio­rer l’in­tel­li­gi­bi­lité d’une inter­view ou d’une scène de cinéma.

Voyez ce que ça donne sur cet inter­view réali­sée à la porte d’une boîte. L’ou­til permet aisé­ment de faire ressor­tir le dialogue sur la musique de fond.

dialogue isolate origi­nal
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  • dialogue isolate origi­nal 00:08
  • dialogue isolate proces­sed 00:08

Pour autant, lorsqu’on pousse les réglages, la dispa­ri­tion totale de la musique n’est pas sans effet sur la voix qui nous inté­resse :

00:0000:00

Tapettes à bouche

iZotope RX 6 Standard : mouthdeclick

Les trois outils suivants s’in­té­ressent de près aux problèmes de voix et sont suscep­tibles d’être utili­sés autant dans un contexte musi­cal qu’en post-prod : De-ess, Mouth De-click et Breath Control.

Pourquoi diable a-t-on droit à un Mouth De-click alors que RX compre­nait déjà un de-clicker ? Tout simple­ment par ce que les claque­ments de langues et bruits de muqueuses qu’on trouve sur les pistes voix se situent dans un zone du spectre bien parti­cu­lière que le De-click de base avait du mal à trai­ter.

Désor­mais, on peut donc se défaire de ces arte­facts. Pour vous montrer cela, j’ai récu­péré une phrase d’une vidéo ASMR où ces bruits sont nombreux. Pas loin de 50 claque­ments de bouche ont ainsi été reti­rés, avec la possi­bi­lité de n’en­tendre et d’ex­por­ter que ces derniers :

ASMR origi­nal
00:0000:14
  • ASMR origi­nal 00:14
  • ASMR clicks only 00:14
  • ASMR mouth de click proces­sed 00:14

De-breath s’at­taque quant à lui aux souffles trop pronon­cés, avec un belle effi­ca­cité et de manière plus intel­li­gente qu’un noise gate. Voyez cette piste voix de Billy Corgan :

cheru­brock origi­nal
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  • cheru­brock origi­nal 00:11
  • cheru­brock proces­sed 00:11

Et des sibi­lances qui sont courantes sur les S, le F, les CH et les T lorsqu’on utilise des micros élec­tro­sta­tiques : 

De ess origi­nal
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  • De ess origi­nal 00:05
  • De ess proces­sed 00:05

Rien à dire de pari­cu­lier sur ces trois petits nouveaux : c’est simple à utili­ser et ça marche.

Repas­ser la repisse

iZotope RX 6 Standard : debleed

Finis­sons avec le plus origi­nal de la bande : De-bleed qui a été pensé pour adres­ser les problèmes de diapho­nie plus couram­ment appelé ‘repis­se’ et qui surviennent lorsqu’un micro capte des choses que l’on ne voudrait pas qu’il capte. C’est par exemple le clic d’un métro­nome qu’on envoie dans le casque d’un guita­riste acous­tique et qui se retrouve sur la piste guitare parce que le casque n’était pas assez étanche, le clic trop fort ou le micro trop sensible. Mais ça peut être encore le son d’une batte­rie qu’on entend sur le micro chant lors d’un enre­gis­tre­ment live… Ces problèmes sont d’au­tant plus gênant qu’à la moindre compres­sion ou égali­sa­tion de la piste qui en souffre, la repisse va remon­ter, avec tout ce que cela peut géné­rer ensuite comme effet indé­si­rable (clic qui n’a rien à faire là, problèmes de phase, etc.) et je ne parle même pas de ce qu’il advient de cette repisse lorsqu’on édite une voix solo avec Melo­dyne ou Auto­tune par exem­ple… Pour régler cela, Izotope nous propose donc un outil simplis­sime : il suffit de four­nir la piste posant problème ainsi que la piste à l’ori­gine de la repisse pour que le logi­ciel fasse son job.

Ca ne vous éton­nera pas : tout est encore affaire de compro­mis si l’on ne veut pas char­cu­ter notre piste mais l’ou­til est extrê­me­ment inté­res­sant et permet vrai­ment d’amé­lio­rer les choses. Voyez cet exemple avec une batte­rie audible, quasi­ment effa­cée par le trai­te­ment.

de bleed origi­nal
00:0000:08
  • de bleed origi­nal 00:08
  • de bleed play­back 00:08
  • de bleed proces­sed 00:08

Plutôt convainquant, non ? En revanche, si l’on veut vrai­ment suppri­mer la batte­rie, on commence à produire des fluc­tua­tions dans la voix, le mieux étant vrai­ment l’en­nemi du bien :

00:0000:00

Plus plus mieux mieux

Rien que pour ces sept nouveaux modules, cette sixième version vaut le détour, mais Izotope en a aussi profité pour amélio­rer 7 anciens modules (le De-click de base, Find Simi­lar, Voice De-noise, De-plosive, Ambience Match, Center Extract et Decons­truct) et propo­ser quelques fonc­tions et aména­ge­ments ergo­no­miques desti­nés à nous simpli­fier la vie comme à nous faire gagner du temps.

Outre l’ex­port MP3 toujours pratique pour vali­der des choses avec un client par e-mail, on dispose désor­mais de la possi­bi­lité de trai­ter plusieurs pistes en même temps, ce qui simpli­fiera gran­de­ment l’édi­tion d’en­re­gis­tre­ments à plusieurs micros (prise batte­rie par exemple). Au lieu de devoir se taper une à une chaque piste pour y reti­rer un événe­ment gênant, on pourra trai­ter jusqu’à 16 pistes d’un coup : que de temps de gagné !

iZotope RX 6 Standard : presets

Par ailleurs, pour retrou­ver ses petits dans une caisse à outils qui commence à être bien pleine (20 trai­te­ments de restau­ra­tion et 20 utili­taires tout de même), l’édi­teur nous propose la possi­bi­lité de faire des listes de modules person­na­li­sées. En marge des listes déjà four­nies qui classent les modules par genre, on peut ainsi s’or­ga­ni­ser par type de projet (musique, inter­view, vinyle, etc.) avec l’as­su­rance de n’avoir sous les yeux que les outils dont on a besoin. C’est très bien vu.

Et évidem­ment, il est toujours possible de faire des chaînes de trai­te­ments comme du trai­te­ment par lot, en utili­sant les modules de RX comme des plug-ins externes et de gagner ainsi énor­mé­ment de temps.

Mon seul petit regret là-dedans tient au fait que la gestion des plug-ins externes demeure très perfec­tible. Ces derniers ne sont acces­sibles que par le module Plug-in dans lequel il faudra les char­ger un à un en fonc­tion des trai­te­ments à appliquer. C’est un peu labo­rieux à l’usage, et si le Module Chain permet d’uti­li­ser plusieurs fois le module Plug-in pour char­ger à chaque fois ce que bon vous semble, ce n’est pas le cas du proces­seur par lot où vous ne pour­rez utili­ser qu’un seul plug-in externe en tout et pour tout… C’est d’au­tant moins pratique que le nom du plug-in ne s’af­fiche pas dans le Module Chain comme dans le Batch Proces­sor : tout le monde s’ap­pelle « Plug-in ».

iZotope RX 6 Standard : chainer

On espère qu’Izo­tope aura à coeur d’amé­lio­rer cela et même de pous­ser plus loin l’in­té­gra­tion de logi­ciels de tierce partie. On adore­rait ainsi que certains plugs appa­raissent direc­te­ment dans la liste des modules, en leur choi­sis­sant une jolie icône qui rendrait leur usage encore plus fluide, tout comme on aime­rait pouvoir black­lis­ter certains plug-ins histoire de ne pas se fader une liste longue comme le bras d’ef­fets ou trai­te­ments inutiles : accé­der aux outils de Cele­mony, Zynap­tiq, Accu­so­nus ou Sound Radix depuis RX, c’est une excel­lente idée, accé­der à nos compres­seurs, EQ et de-esseurs voire nos réverbs préfé­rées, c’est aussi une très bonne chose, mais devoir cher­cher tout ce beau monde au milieu des Ampli­tube, des Sound­toys et autres plug-ins créa­tifs est beau­coup moins judi­cieux…

Bref, il y a des progrès à faire sur ce point, sachant qu’on pourra amélio­rer l’or­di­naire en passant par un hôte virtuel comme le Patch­work de Blue Cat Audio, même si ce ne sera pas encore vrai­ment ça.

Clea­ner than life ?

En dehors de l’in­té­gra­tion perfec­tible aux diffé­rentes STAN du marché, des limi­ta­tions dans la gestion des plug-ins tiers et du manque de fonc­tions propres au multi­ca­nal, il n’y a fran­che­ment pas grand chose à repro­cher à ce RX 6 qui s’avère épous­tou­flant dans bien des cas, tout en demeu­rant un outil simple et agréable à utili­ser, avec des trai­te­ments rapides et une belle stabi­lité. Certes, à regar­der ce qui se fait chez Cele­mony, Zynap­tiq, Accu­so­nus ou encore Sound Radix, on se prend à rêver d’autres modules qui pour­raient rendre l’ou­til encore plus puis­sant et complet et vu que le soft fait main­te­nant plus ouver­te­ment de l’oeil aux produc­teurs de musique, on se dit qu’il pour­rait bien inté­grer d’autres proces­seurs qu’on trouve pour l’heure dans d’autres produits Izotope (correc­teur de tona­lité par exemple), mais ce qui nous est proposé est déjà redou­ta­ble­ment effi­cace au point de chan­ger véri­ta­ble­ment la vie au jour le jour : c’est vrai pour le pro qui doit souvent se débrouiller avec des prises pas forcé­ment très catho­liques, mais c’est aussi vrai pour l’ama­teur qui pourra amélio­rer signi­fi­ca­ti­ve­ment la qualité de ce qu’il a enre­gis­tré dans des condi­tions domes­tiques qui n’ont souvent rien d’idéales.

Comme on dit dans les films de capes et de collants, un grand pouvoir implique toute­fois de grandes respon­sa­bi­li­tés et sans repro­cher à Izotope de nous four­nir un aussi bel outil, il faudra prendre garde à l’usage que l’on fait de cette arme de nettoyage massif car on aurait vite fait de reti­rer avec RX quan­tité de choses qui font partie de la prise et qui lui donne son carac­tère, son émotion, son huma­nité. Dispo­ser d’une voix sans aucun bruit de muqueuse, c’est ainsi inté­res­sant mais ça retire pas mal de l’in­ti­mité et de la sensua­lité qui peut s’en déga­ger, tout comme le retrait des inspi­ra­tions peut parfois sonner arti­fi­ciel. Voyez cette reprise du Dirty Man de Laura Lee par Joss Stone et portez votre atten­tion sur la voix :

Les inspi­ra­tions sont omni­pré­sentes (dès la deuxième seconde), autant que les bruits de bouches (00:15)… et c’est ce qui fait que la jolie blon­di­nette est là, à côté de nous, et qu’elle nous fait sa touchante scène de ména­gère.

Il s’agira donc de bien peser ce qu’on fait de ce formi­dable outil comme on a dû apprendre à se servir d’un Melo­dyne/Auto­tune ou de la quan­ti­sa­tion : avec parci­mo­nie. C’est à dire en inter­ve­nant sur les défauts qui nous semblent para­si­ter une oeuvre ou un contenu plutôt que l’en­ri­chir, et non en faisant un bon gros 'select all’ pour couper tout ce qui dépasse. Car c’est préci­sé­ment dans ce qui dépasse que réside aussi l’âme d’une oeuvre et son pouvoir émotion­nel.

Conclu­sion

Plus que les excel­lents Neutron et Ozone qui ont ça et là des concur­rents, RX est devenu un soft incon­tour­nable, un stan­dard que chaque profes­sion­nel se doit d’avoir d’ins­tallé sur sa machine, non pour être à la mode, mais parce que le temps que fera gagner le logi­ciel au jour le jour aura vite fait de rembour­ser l’in­ves­tis­se­ment que repré­sente son achat. C’est vrai pour ceux qui font de la restau­ra­tion audio comme de la post-prod, du son à l’image comme de la musique.

Et pour un musi­cien amateur, me direz-vous ? Tout dépend de vos besoins. Le gros avan­tage du home studiste sur l’in­gé­nieur du son pro, c’est qu’il peut refaire 100 fois une prise sans que ça ne lui coûte autre chose que du temps. Reste que si vous faites vos enre­gis­tre­ment dans une studette à l’acous­tique et l’iso­la­tion cala­mi­teuses avec le matos du bord et dans un contexte diffi­cile (bordure de route, voisins qui s’en­geu­lent… et se récon­ci­lient sur fond de frigo qui se déclenche toutes les 10 minutes), vous pour­riez tirer un vrai béné­fice de l’ou­til pour peu que vous ayez conscience de ses limites : RX n’a pas le pouvoir de trans­for­mer une studette en Studio A d’Ab­bey Road et dans bien des cas complexes, si l’on veut ne pas trop amocher le signal, il ne permet­tra que d’at­té­nuer un problème sans le résoudre tota­le­ment. Mais c’est déjà énorme dans le gain de qualité que cela peut appor­ter et simpli­fie ensuite toutes les étapes de la produc­tion, de l’edi­ting au maste­ring en passant bien évidem­ment par le mixage.

L’édi­teur a en outre eu la bonne idée de propo­ser trois versions plutôt bien pensées : à 130 euros, RX Elements propose déjà de quoi trai­ter la plupart des problèmes courants (n’ou­blions pas qu’en dehors des modules, on dispose de l’édi­teur spec­tral), tandis qu’à 400 euros, la version Stan­dard propose tous les modules néces­saires pour un usage musi­cal (et même au delà). Quant à la version Advan­ced à 1200 euros, les outils qu’elle ajoute sont clai­re­ment plus tour­nés vers la post-prod. Sachant que les prix que je vous donne sont publics et qu’on trouve tout cela à bien moins cher ça ou là, sachant qu’il existe des offres pour étudiant et sachant qu’Izo­tope propose fréquem­ment des promos, disons que je vous invite très chau­de­ment à télé­char­ger la version d’éva­lua­tion du logi­ciel pour vous faire votre idée.

La mienne est déjà faite : valeur sûre et note presque parfaite. Ce qui est large­ment mérité.

Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre 2017
2017
Valeur sûre
Award
  • Une mise à jour majeure d’un produit désormais incontournable
  • L’ouverture au monde de la production musicale
  • De-Bleed et Mouth De-Click, excellent et uniques en leur genre
  • Breath Control et De-Ess, simples et efficace
  • Possibilité d’éditer 16 pistes audio ensemble
  • Possibilité d’organiser les modules en autant de listes que nécessaire
  • De-Rustle, De-Wind et Dialogue Isolate qui vont sauver plus d’un tournage
  • Les améliorations des différents modules (De-Click, Voice De-Noise, De-Plosive, Ambiance Match, Center Extract, Deconstruct) et de la fonction Find Similar
  • Une gamme bien pensée en terme de public et de prix
  • Tout ce qu’on adorait déjà dans RX : simplicité, efficacité, stabilité, performance
  • Les beaux efforts faits par Izotope pour documenter son produit : aide, vidéos, interviews, etc.
  • Intégration minimaliste dans certaines STAN (comme éditeur audio externe) et inexistante dans d’autres (Studio One, Bitwig)
  • Gestion très perfectible des plug-ins de tierce partie
Intêret de la mise à jour :

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