Le C 414 d’AKG fait, depuis maintenant plus de 60 ans, figure de référence dans la catégorie des micros statiques à large membrane. Alors quand la marque autrichienne se permet de sortir une version uniquement cardioïde à prix plancher, on est très impatient de voir ce que ça donne...
Pourquoi le C 414 est-il devenu un classique équipant la majorité des studios d’enregistrement, des plus grands aux plus petits ? Peut-être à cause de son look si spécifique, qui fait qu’on le reconnaît de loin, et sûrement grâce à ses propriétés acoustiques, qui ont contribué au son de pas mal d’enregistrements de ces soixante dernières années… Mais finalement, peut-on réellement généraliser en parlant du son du C 414 ? Non, car en réalité, énormément de modèles et de déclinaisons sont apparus et ont disparu pendant ces nombreuses années. En effet, qui ne s’est jamais perdu dans les multiples appellations : B-TL II, B-ULS, LTD, ou les actuels B-XLS et B-XL II ?
Pour rappel, le B-XLS, avec sa bosse à partir de 10 kHz, se destine en autre à l’enregistrement d’instruments acoustiques et d’ensembles d’instruments (cuivres, cordes) tandis que le B-XL II avec sa jolie bosse vers 6 kHz (reconnaissable à sa grille dorée) est plus utilisé pour les solistes et les voix. Ils ont en commun un léger trou vers 1,5 kHz et une courbe très plate en dessous. Enfin, chacun dispose de cinq directivités grâce aux deux capsules de gradient de pression présentes dans le micro. On peut donc les utiliser en omnidirectionnel, en cardioïde large, cardioïde, hypercardioïde et figure 8.
Et le C 214 alors ?
Dans la mallette
La principale caractéristique du C 214 est de ne proposer qu’une seule directivité, la cardioïde. Cette dernière est souvent choisie lors de session d’enregistrement ou sur scène et il est donc naturel qu’elle ait été sélectionnée par AKG. Techniquement, cette différence s’explique par la présence d’une seule capsule à l’intérieur du micro, contrairement aux deux présentes dans le C 414. Évidemment, ce choix permet à AKG de vendre son micro quasiment deux fois moins cher que le 414 B-XLS, c’est à dire un peu moins de 400€ dans toutes les bonnes crémeries. Intéressant d’autant plus que le but de la marque est de se rapprocher le plus possible du son du fameux B-XLS lorsqu’il est utilisé en cardioïde.
Le C 214 nous est arrivé dans une jolie mallette frappée du logo AKG en couple appairé. Mais qu’est-ce qu’un couple appairé me direz-vous ? C’est dans l’usine que ça se passe : les courbes de réponse d’une centaine de micros issus de la chaîne de production sont analysées par ordinateur et on associe ensuite ceux qui se ressemblent le plus. L’intérêt ? Avoir deux micros très proches afin d’avoir une image stéréo la plus fidèle possible lors de la prise de son.
C’est bien tout ça, mais voyons voir ce qu’il y a dans cette jolie mallette…
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On retrouve donc nos deux C 214, qui reprennent grosso modo le look du C 414 avec cependant des bords plus arrondis pour un look plus doux. La grille de devant est grise et celle de derrière noire, ce qui peut-être pratique pour ne pas mettre le micro dans le mauvais sens (ça arrive même aux meilleurs, croyez-nous). Niveau accessoires nous avons deux bonnettes qui pourront être utilisées lors de prises extérieures ventées, en studio préférez le filtre antipop qui protégera vos précieux des plosives et autres postillons de votre chanteur/euse. Il y a aussi deux suspensions et deux pinces qui vous permettront de coller votre C 214 au bout de votre pied de micro, primordial ! Seul petit bémol, AKG ne fournit pas la barre stéréo H 50 permettant de fixer deux micros sur un seul et même pied afin de les positionner en couple stéréo. Dommage, car cela peut s’avérer très utile !
Caractéristiques
Niveau réglages, c’est très simple, mais complet : un pad d’atténuation –20 dB et un coupe-bas avec une pente de 6 dB/octave et une fréquence de coupure à 160 Hz. Cerise sur le pompon: un mode d’emploi en français et bien fourni. Il est en effet expliqué comment utiliser son C 214 en toute situation : pour un chanteur, des choristes, un violon, une contrebasse/violoncelle, une guitare acoustique, une flûte traversière, une clarinette, un saxophone, une trompette, un piano à queue ou droit, une guitare électrique et une batterie. On retrouve aussi les caractéristiques suivantes :
- Sensibilité (tension de circuit ouvert) : 20 mV/Pa (-24 dBV ± 0,5 dB)
- Impédance électrique : ≤ 200 ohms
- Impédance de charge recommandée : ≥ 1000 ohms
- Niveau de bruit : 13 dB(A)
- Rapport signal/bruit pour 1 Pa (valeur pondérée A) : 81 dB
- Niveau de pression acoustique maxi pour 0,5% de distorsion par harmonique : 136 / 156 dB SPL (0 / –20 dB)
- Dynamique(valeur pondérée A): 123 / 143 dB (0 / –20 dB)
- Conditions climatiques tolérées : Température : –10°C à +60°C Humidité relative : 95% (+20°C), 85% (+60°C)
- Tension d’alimentation : Alimentation fantôme, 12 – 52 V,
- Consommation : < 2 mA
- Dimensions extérieures : 54 × 43 × 160 mm
- Poids net : 290 g
Et la fameuse courbe de réponse :
On peut s’apercevoir que le C 214 possède le petit creux caractéristique des C 414 à 1,5 kHz et une grosse bosse dans le haut du spectre autour de 12/13 kHz, comme le B-XLS. Son niveau de pression acoustique maximum de 156 dB SPL avec le pad enclenché nous permettra d’utiliser le 214 avec des sources puissantes sans problème.
Mais trêve de bla-bla et passons au coeur du sujet : les prises de son !
Prises de son
Pour réaliser ce test, nous avons utilisé une batterie acoustique, une guitare folk grand concert Takamine LTD-2005, un préamplificateur Lafont LP-21 et une carte son RME Multiface II. La première surprise fut le niveau de sortie du C 214 qui est très élevé et qui m’a obligé à utiliser le pad – 20 dB du préampli Lafont lors des prises batterie. La paire de micros a été placée via une barre stéréo au dessus de la batterie avec un micro dirigé vers la caisse claire et le charley et l’autre vers la ride et le tom basse. N’ayant pas de véritable batteur sous la main, j’ai dû effectuer les prises moi-même. Je demande donc au lecteur un peu d’indulgence.
On remarque que la paire de C 214 retranscrit bien le son de la caisse claire et la brillance des cymbales sans pour autant être agressif. Sur les toms, le bas médium est puissant et les attaques franches.
Pour la guitare, la bosse vers 12 kHz assez prononcée des C 214 a tendance à rendre la guitare acoustique plus brillante qu’elle n’est réellement, ce qui a à la première écoute est très plaisant et pourra aider l’instrument à respirer et transpercer le mix. On aura certes une moins grande fidélité qu’avec un micro ayant une courbe de réponse plus plate, mais on remarquera que le C 214 n’est jamais agressif dans le haut du spectre.
Les prises de voix parlées sont assez convaincantes et on retrouve bien les caractéristiques du 414. Les sifflantes et sibilantes ne sont pas trop présentes et la voix n’est pas trop agressive, sans doute à cause du léger creux à 1,5 kHz. Finalement, on se retrouve avec une prise de son assez fidèle, et le C 214 s’en sortira très bien avec certaines voix leads, suivant le timbre du chanteur ou de la chanteuse.
Pour résumer ces trois situations de prises, le C 214 se débrouille aussi bien en couple overhead sur la batterie qu’en micro de proximité sur une voix parlée ou sur une guitare acoustique. Il pourra être utilisé pour ajouter un peu d’air et de brillance à un instrument ou une voix.
Conlusion
Que dire de ce C 214 si ce n’est qu’il remplit très bien son rôle de C 414 à bas prix. En effet, la paire est trouvable à moins de 800€TTC et le micro seul à moins de 400€TTC. Si vous n’êtes pas un adepte de la figure 8 ou de la prise omnidirectionnelle, ce C 214 est fait pour vous ! À l’aise dans pas mal de situations, il saura trouver sa place dans le parc micro de pas mal de home studio et pourquoi pas de studios professionnels. La seule petite mesquinerie à déplorer est l’absence de barre stéréo (on peut en trouver à moins de 40€) dans la mallette du couple… Le C 214 est donc une bonne nouvelle pour les home studistes désireux d’acquérir un micro statique large membrane cardioïde au bon rapport qualité-prix !