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Test du multieffet Mooer Prime P2 - Le plus petit multi-effets du monde ?

7/10

Avec le « Prime P2 », la marque Mooer met à jour son multieffet au format de poche avec des nouveautés loin d'être anecdotiques. Si l’appareil est minuscule, ses fonctionnalités, comme nous allons le découvrir dans ce test, sont nombreuses.

Test du multieffet Mooer Prime P2 : Le plus petit multi-effets du monde ?

Le tour du petit proprié­taire


face1Le « Prime P2 » de Mooer est le succes­seur du modèle P1 sorti il y a un peu plus d’un an. Au débal­lage, on retrouve un appa­reil aux dimen­sions de 120 mm x 64 mm x 19 mm pour envi­ron 150 grammes. Autre­ment dit, il rentre dans la poche plus faci­le­ment que certains smart­phones. Le châs­sis est inté­gra­le­ment en plas­tique noir (il existe aussi en blanc) avec, malheu­reu­se­ment, une fini­tion de type « glossy ». Cette fini­tion est très mal choi­sie étant donné qu’en quelques minutes l’ap­pa­reil se retrouve recou­vert de traces de doigts. Un plas­tique mat ou un châs­sis en alumi­nium auraient été plus adap­tés pour un objet destiné à être régu­liè­re­ment mani­pulé.

La connec­tique est sommaire avec un bouton ON/OFF, une prise USB-C, une autre de type TRS desti­née au proto­cole MIDI et trois entrées Jack 6,35 mm (IN/OUT) et 3,5 mm (TRRS – casque/micro). Par ailleurs, l’ap­pa­reil est capable de sortir un signal stéréo avec l’uti­li­sa­tion d’un Jack TRS, ce qui est une évolu­tion loin d’être anec­do­tique par rapport à la géné­ra­tion précé­dente. Le Prime P2 est équipé d’une batte­rie de 3000 mA qui demande envi­ron 3 heures pour une charge complète avec une auto­no­mie mesu­rée pendant le test d’en­vi­ron 5 à 6 heures. La bonne nouvelle c’est qu’il est possible d’uti­li­ser le multief­fet en le lais­sant bran­ché. Heureu­se­ment, car fata­le­ment la batte­rie perdra de sa capa­cité après quelques années de service.

L’une des prin­ci­pales nouveau­tés par rapport à la première géné­ra­tion concerne la présence d’un écran tactile de 1,3 pouce. Celui-ci connectique2permet de noti­fier du niveau de la batte­rie ainsi que du fonc­tion­ne­ment du Blue­tooth. On pourra égale­ment régler le volume de sortie et acti­ver l’ac­cor­deur. D’ailleurs, ce dernier s’est montré excellent lors du test : précis et ultra réac­tif malgré un accor­dage bas et une septième corde. L’écran affiche égale­ment la réfé­rence du préset utilisé. À noter que l’on dispose de 4 présets par banque et qu’il y a 20 banques au total. S’il est possible de navi­guer à travers les banques en glis­sant sur les côtés, il est impos­sible de modi­fier quoique ce soit au niveau des présets et leurs effets. Il est même impos­sible de connaitre les éléments qui composent la chaîne du son. En réalité, l’écran tactile, s’il est le bien­venu et évite d’avoir une machine « aveugle », reste très limité dans ses fonc­tions. De plus, si l’éclai­rage et les couleurs sont corrects, la flui­dité est surpre­nam­ment mauvaise pour un appa­reil produit en 2023. Les dépla­ce­ments sont sacca­dés, un peu à la manière des premiers lecteurs mp3 tactiles. C’est pourquoi, pour réel­le­ment pouvoir contrô­ler l’en­gin, il faudra utili­ser l’ap­pli­ca­tion « Prime » pour smart­phones et tablettes. On notera égale­ment la présence d’une LED en forme de ligne sous l’écran. Cette dernière permet d’in­diquer le niveau d’en­trée, réglable dans l’ap­pli­ca­tion (ceci peut être perti­nent pour des micros à très haut niveau de sortie).

Le Prime P2 propose par défaut 52 réfé­rences d’am­pli­fi­ca­teurs, 25 simu­la­tions d’en­ceintes et 57 pédales. Ce cata­logue permet de couvrir sans problème les usages les plus courants. Cepen­dant, il sera tout à fait possible d’im­por­ter des réfé­rences supplé­men­taires grâce au cloud de Mooer. En effet, l’ap­pli­ca­tion met à dispo­si­tion deux bases de données : offi­cielle et commu­nau­taire. Le P2 dispose de 10 empla­ce­ments supplé­men­taires pour les ampli­fi­ca­teurs et 10 autres pour les enceintes (dont les IRs externes). On peut égale­ment s’at­tendre à ce que Mooer mette à dispo­si­tion des mises à jour avec des réfé­rences supplé­men­taires.

Parmi les fonc­tion­na­li­tés annexes, on notera la présence d’une batte­rie virtuelle propo­sant une bonne cinquan­taine de patterns couvrant de nombreux styles et quatre types de métro­nome. On a égale­ment accès à un looper (80 minutes répar­ties sur 10 empla­ce­ments), simple à utili­ser, et synchro­ni­sable avec la batte­rie virtuelle : le P2 lance un décompte avant l’en­re­gis­tre­ment de la première boucle. On béné­fi­cie aussi de la possi­bi­lité d’uti­li­ser son smart­phone par le réseau Blue­tooth pour lancer de la musique et jouer par-dessus. Bref, tout le néces­saire pour une pratique nomade est présent.

gwf4Nous avons noté précé­dem­ment qu’il était possible de joindre au Prime P2 un péda­lier sans fil Mooer (GWF4). Celui-ci sera en réalité indis­pen­sable si vous comp­tez utili­ser régu­liè­re­ment le looper. Par ailleurs, il servira à navi­guer entre les banques et les présets. La mise en route est très facile et le péda­lier est par défaut confi­guré pour fonc­tion­ner avec le Prime P2 sans que l’on ait besoin de modi­fier quoique ce soit. Cepen­dant, ce nouveau multief­fet permet d’al­ler un peu plus loin grâce à sa prise MIDI (pour laquelle le câble est fourni). J’ai ainsi pu connec­ter mon contrô­leur Blacks­tar Live Logic sans rencon­trer le moindre problème. L’ap­pli­ca­tion du Prime P2 permet par la suite d’as­si­gner les diffé­rents switches aux diverses fonc­tions. Mooer a eu la bonne idée d’in­té­grer une fonc­tion « learn » afin d’évi­ter de s’em­bê­ter à recher­cher le bon canal/para­mètre MIDI. C’est d’au­tant plus perti­nent si votre contrô­leur est déjà programmé et sert à pilo­ter d’autres équi­pe­ments. En revanche, s’il est possible de navi­guer entre les présets grâce au contrô­leur MIDI, il est impos­sible d’ac­ti­ver ou de désac­ti­ver un ou des effets au sein même d’un préset et c’est vrai­ment dommage.

Le Prime P2 peut égale­ment fonc­tion­ner comme une inter­face audio. Néan­moins, en le connec­tant à un PC (Windows) il faudra y joindre des pilotes ASIO du type ASIO4ALL, car Mooer ne semble pas propo­ser de pilotes ASIO dédiés. Cette dernière consi­dé­ra­tion est à prendre avec beau­coup de réserve, car au moment du test de l’ap­pa­reil et de la rédac­tion de ces lignes, le Prime P2 n’est pas encore réfé­rencé sur le site de la marque. En revanche, en connec­tant le multief­fet en USB-C à son smart­phone, il est possible d’en­re­gis­trer dans une appli­ca­tion dédiée. C’est excellent pour noter rapi­de­ment une idée lors d’un dépla­ce­ment ou pour enre­gis­trer du contenu destiné aux réseaux sociaux unique­ment avec son télé­phone.

Enfin, notons que le Prime P2 est fabriqué en Chine et est proposé à envi­ron 300 euros au moment de la rédac­tion de ce test. La qualité de fabri­ca­tion est moyenne. L’ap­pa­reil ne va pas se casser sous nos doigts, mais le plas­tique brillant est un mauvais choix et la réac­ti­vité perfec­tible de l’écran tactile parti­cipent à donner l’im­pres­sion d’avoir entre les mains un appa­reil loin des stan­dards premium. Cepen­dant, on pourra consi­dé­rer que ces défauts sont accep­tables pour un appa­reil destiné à être posé sur un bureau ou scot­ché à côté d’un contrô­leur MIDI sans que l’on ait besoin d’ap­puyer dessus avec des Doc Martens. Il faudra dans tous les cas en prendre soin.

Et le son ?


Nous l’avons vu, le Prime P2 est un multief­fet qui embarque énor­mé­ment de réfé­rences. Parmi ces dernières on retrouve les grands clas­siques dispo­nibles sur pratique­ment toutes les machines numé­riques (Fender, Marshall, Mesa/Boogie etc.). Avant tout, je vous propose d’écou­ter quelques enre­gis­tre­ments :

1 – Flex Boost + Fender Blues Deluxe + Blues 112 + Rev Hall
00:0000:50
  • 1 – Flex Boost + Fender Blues Deluxe + Blues 112 + Rev Hall00:50
  • 2 – Fender Blues Deluxe + Blues 112 + Rev hall00:45
  • 3 – Fender 65 Deluxe Reverb + DLX112 + Rev Mod01:08
  • 4 – Gold Clon + Fender 65 Deluxe Reverb + DLX112 + Rev Mod00:46
  • 5 – Vox AC30 + UK21200:30
  • 6 – Vox AC30 + UK212 + Dly Analog + Rev Plate00:35
  • 7 – Marshall JCM 800 + 1960 41200:22
  • 8 – Marshall JCM 800 + 1960 412 + Dly Ping­Pong00:52
  • 9 – Mesa_Boogie Mark V + UK 212 + Rev Shim­mer00:52
  • 10 – Gold Clon + Mesa_Boogie Mark V + 1960 412 + Auto Wah00:24
  • 11 – 808 + Orange Rock­verb + Mark 112 + Rev Hall00:22
  • 12 – Mesa_Boogie Triple Recti­fier + Rec 412 + Rev Hall00:21
  • 13 – 808 + ENGL E645 + Eagle P41200:39
  • 14 – EVH 5150 + EV 5050 41200:17
  • 15 – 808 +EVH 5150 + EV 5050 41200:23
  • 16 – Bogner XTC + HT 412 + Pitch Shift00:20
  • 17 – Barber Direct Drive + Diezel Hagen + HT 412 + Tri Chorus + Dly Digi­tal + Rev Hall00:41
  • 18 – Yellow Comp + Fender 59 Bass­man + US Bass 41000:19
  • 19 – Batte­rie virtuelle00:45

Lors de ces enre­gis­tre­ments, j’ai utilisé des combi­nai­sons ampli­fi­ca­teur/enceinte assez communes. Surpre­nam­ment, le Prime P2, malgré sa taille ridi­cu­le­ment petite est capable, dans certaines situa­tions, de four­nir des sono­ri­tés tout à fait correctes. Bien entendu, il ne s’agit pas de le compa­rer à un Axe FX ou un Kemper, car non, il ne fait pas le poids. Les sono­ri­tés claires sont les mieux maitri­sées. En y joignant quelques effets de spatia­li­sa­tion, on obtient un rendu agréable à jouer et tout à fait exploi­table sur une sono. J’ai par ailleurs appré­cié l’éven­tail de pédales d’over­drive/boost dispo­nibles. La réac­tion d’une 808 est par exemple tout à fait fidèle à ce que l’on pour­rait obte­nir avec une vraie pédale. De manière géné­rale, les sensa­tions de jeu sont convain­cantes et le Prime P2 respecte bien la dyna­mique de l’ins­tru­ment bran­ché. Là où il pourra se montrer moins bon, c’est sur certaines satu­ra­tions géné­reuses. Typique­ment, la simu­la­tion du Triple Recti­fier de Mesa/Boogie est plus que moyenne. On pour­rait, comme souvent, amélio­rer les choses en testant des IRs externes, mais en l’état, c’est plutôt cari­ca­tu­ral. J’ai en revanche obtenu des résul­tats plus concluants sur des têtes ENGL et EVH avec un son un peu plus « ouvert » (exemples 13, 14 et 15). J’ai égale­ment noté que certains ampli­fi­ca­teurs soufflent énor­mé­ment… pour pas grand-chose. Par exemple, j’ai dû coupler la simu­la­tion du Marshall JCM 800 avec une pédale de noise gate malgré un gain tout à fait raison­nable et une guitare « silen­cieuse ».

Le Prime P2 possède une collec­tion tout à fait satis­fai­sante de réverbes (room, hall, plate, spring, mod et shim­mer) et de delays (digi­tal, analog, tape, mod, ping pong…) en plus d’une variété de compres­seurs, de filtres et d’ef­fets de modu­la­tion (chorus, flan­ger, phaser etc.). Notons égale­ment que l’uti­li­sa­tion d’un péda­lier MIDI donne accès à la fonc­tion TAP Tempo, ce qui est une excel­lente chose. Globa­le­ment les effets sont corrects. Il ne s’agit pas forcé­ment d’en attendre quelque chose de renver­sant, mais ils répondent tout à fait à l’as­pect fonc­tion­nel du multief­fet. J’ai par ailleurs réussi à utili­ser 13 blocs d’ef­fets simul­ta­né­ment (ampli­fi­ca­teur et enceinte y compris) avant que le dernier bloc ne me propose des listes tota­le­ment grisées. C’est assez impres­sion­nant pour être souli­gné dans ce test.

L’ap­pli­ca­tion Prime

L’ap­pli­ca­tion qui sert à contrô­ler le Prime P2 s’est montrée agréable à utili­ser avec une inter­face claire. On notera la présence d’un options presetsonglet « Library » dans laquelle Mooer met à dispo­si­tion une série de présets clas­sés par style. C’est le dernier onglet « Mixer » qui se montre le plus inté­res­sant. En effet, on accède à une petite mixette permet­tant de doser les niveaux. On pourra ainsi y équi­li­brer le volume d’une piste d’ac­com­pa­gne­ment avec celui de la guitare. Enfin, j’ai eu quelques décon­nec­tions lors de l’uti­li­sa­tion (smart­phone Android récent), rien de rédhi­bi­toire pour autant.

Pour conclure

Le multief­fet Prime P2 de Mooer est une évolu­tion inté­res­sante du P1. L’écran tactile, malgré ses fonc­tion­na­li­tés et sa qualité limi­tées, offre un retour visuel pratique. La connec­tique MIDI est égale­ment un bon point même si l’on souhai­te­rait que Mooer propose une mise à jour permet­tant de pilo­ter les effets d’un préset. On appré­cie la sortie stéréo et les outils permet­tant de travailler son instru­ment (batte­rie virtuelle, looper, métro­nome, accor­deur et strea­ming Blue­tooth). On regret­tera cepen­dant une qualité de fabri­ca­tion un peu moyenne pour le prix. La qualité sonore est globa­le­ment satis­fai­sante, suffi­sam­ment pour travailler son réper­toire lorsqu’il est impos­sible d’em­por­ter son maté­riel.

  • face1
  • face2
  • face3
  • connectique1
  • connectique2
  • gwf4
  • accordeur
  • batterie
  • catalogue
  • cloud
  • looper
  • midi
  • mixette
  • options presets
  • presets

 

Notre avis : 7/10

  • Un outil polyvalent et complet (batterie, métronome, accordeur, looper…)
  • Un catalogue d’amplis et d’effets permettant de couvrir les besoins les plus courants
  • Une sortie stéréo
  • La possibilité d’y joindre un pédalier (sans-fil ou via une connectique MIDI)
  • Une autonomie satisfaisante
  • Une application pour mobile facile à utiliser
  • L’appareil est capable de supporter beaucoup d’effets dans un même preset
  • Un écran qui aurait mérité l’ajout de fonctionnalités supplémentaires (pouvoir visionner la chaîne du son d’un preset, les réglages d’un effet…)
  • L’interface saccadée de l’écran tactile
  • Le plastique brillant trop salissant et potentiellement fragile
  • La qualité des saturations généreuses parfois moyenne
  • Un souffle trop prononcé sur certains amplis
  • Pas de pilotes ASIO ?
  • Impossibilité de contrôler les effets via le protocole MIDI
Pays de fabrication : Chine

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