Après la réverbe, après le delay, Universal Audio nous livre sa version des effets à modulation sous la forme d'une pédale pour guitaristes avec l'Astra. Un nouveau standard à mettre sous vos semelles ?
Après les tests de la Golden Reverberator ainsi que de la Starlight Echostation, réverbe et delay de la série UAFX développée par la marque américaine Universal Audio, UA pour les intimes, terminons le test de cette collection de trois pédales par l’Astra Modulation Machine. Une pédale regroupant différents types d’effets allant du chorus, au flanger en passant par le trémolo.
Séduisante, comme toute la collection
Si vous avez déjà consulté les tests des deux autres pédales de la collection UAFX, alors vous pouvez probablement passer directement à la suite de cet article. En effet, aucune surprise au déballage de l’Astra Modulation Machine.
Pour les autres, sachez que cette pédale arrive dans un emballage tape-à-l’œil, avec une boite digne de certains produits high-tech plutôt haut de gamme. C’est bien entendu agréable plus qu’utile, mais on ne peut qu’apprécier la présentation quand on sait que la pédale est vendue presque 400 euros en boutique et sur internet.
Cette Astra est assez compacte avec ses 92 mm x 141 mm x 65 mm, ce qui est un peu plus grand qu’une pédale de type Boss, mais tout à fait raisonnable pour une pédale numérique proposant pas mal de fonctionnalités. Le boitier semble être en aluminium avec une texture brossée qui inspire confiance. Les six potentiomètres (SPEED, DEPTH, INTENSITY, SHADE, SHAPE, MODE), les trois petits switchs et les deux footswitchs (silencieux) donnent eux aussi une impression de qualité et de solidité.
On retrouve sur le côté supérieur de la pédale toute la connectique. Celle-ci se compose d’une prise d’alimentation en 9 VDC pour au minimum 400 mA, de deux entrées et sorties jacks permettant de travailler aussi bien en mono qu’en stéréo, d’un bouton d’appairage pour la technologie Bluetooth et d’une connectique USB-C.
On peut d’ores et déjà regretter l’absence de fourniture d’une alimentation, ainsi que d’un câble USB-C (et d’un éventuel adaptateur USB-A), dans cette gamme de prix, cela reste peu commun quand on compare avec ce que peuvent proposer certains concurrents. Aussi, et c’était déjà regrettable sur les deux autres pédales, ça l’est probablement encore plus sur celle-ci au vu de ses fonctionnalités : pas de MIDI !
Enfin, la pédale est de conception américaine et de fabrication malaisienne.
La plus complexe de la famille
Autant la Golden Reverberator et la Starlight Echostation étaient très simples d’utilisation avec une prise en main pratiquement immédiate, autant malgré une conception strictement identique, cette Astra Modulation Machine est beaucoup plus délicate à manipuler. Cette complexité s’explique par le fait que chaque potentiomètre aura selon l’effet choisi une action différente, voire aucune action du tout, et rien sur la pédale ne vient nous guider et nous aider. Il est indispensable d’avoir le petit manuel de présentation au format A4 sous la main pour s’y retrouver. Il faudra probablement quelques heures de prise en main pour mémoriser l’essentiel. De fait, il aurait été judicieux de la part d’Universal Audio, de proposer une conception quelque peu différente pour cette pédale avec par exemple un système de leds supplémentaires pour y voir plus clair.
Ainsi, d’usine, la pédale propose trois principaux effets. Le premier nommé « Chorus Brigade » inspiré de la CE-1 de Boss, une pédale qui permet d’obtenir au choix un effet de chorus ou de vibrato. Le passage d’un effet à l’autre se fait à l’aide du switch de droite en sélectionnant le mode A (Chorus) ou le mode B (Vibrato). Comme expliqué précédemment, selon l’effet et le mode choisis, tous les potentiomètres n’ont pas le même impact et pour certains n’en ont d’ailleurs aucun, cela est surtout vrai pour les potards notés INTENSITY, SHADE et SHAPE. Il s’agira principalement de se rapprocher des contrôles réels disponibles sur les machines simulées.
Quoiqu’il en soit, voici quelques exemples sonores du « Chorus Brigade » en mode chorus et vibrato. Le potard MODE permet de travailler sur le rendu stéréo, et ceci de manière générale sur tous les effets disponibles sur cette pédale.
Le son est de qualité, l’expertise d’Universal Audio dans ce domaine ne fait de toute manière aucun doute. Les différents réglages répondent bien et permettent une amplitude de réglages assez généreuse. Ainsi, il est possible d’obtenir des effets plutôt discrets pour habiller gentiment une suite d’arpèges, tout comme un effet bien plus prononcé et assumé. On retrouve une certaine chaleur nous rappelant l’aspect vintage du matériel simulé. C’est crédible.
- 1-Chorus Brigade – tout … midi – Position A – Mode Classic00:19
- 2-Chorus Brigade – tout … midi – Position A – Mode Dual00:21
- 3-Chorus Brigade – tout … midi – Position B – Mode Classic00:27
- 4-Chorus Brigade – tout … midi – Position B – Mode Dual00:25
- 5-Chorus Brigade – Speed 8 – Depth 8 – Intensity 10 – Shade 10 – Position A – Mode Classic00:20
Tout comme sur les autres pédales de la série, la navigation à travers les différents effets se fait à l’aide du switch de gauche. L’effet en action est indiqué par de petites leds rouges ou vertes (nous y reviendrons). Le deuxième effet est noté « Flanger Dblr », un flanger/doubler inspiré du MXR 126, un appareil au format rack dont Universal Audio a tâché de retrouver à la fois le son mais aussi les contrôles. Par exemple, le potentiomètre SHADE est l’équivalent du MIX (DRY/WET) présent sur la machine d’origine ou encore le potard SHAPE qui lui, reprend la partie SWEEP. On peut saluer cette volonté d’authenticité dans les contrôles de la part de la marque américaine. Cependant, une fois de plus, sans le manuel sous les yeux, impossible de le deviner (évidemment nos oreilles restent nos meilleures références).
Le rendu est encore une fois superbe et le mode Doubler (switch sur la position B) permet quelques excès sans trop de peine en tournant les potards de DEPTH et/ou INTENSITY comme vous pouvez l’entendre sur ces quelques exemples.
- 1-Flanger Dblr – Tout … midi – Position A – Mode Normal00:21
- 2-Flanger Dblr – Tout … midi – Position A – Mode Invert00:27
- 3-Flanger Dblr – Depth 0 … 10 – Position B – Mode Normal00:54
- 4-Flanger Dblr – Intensity 0 … 10 – Position B – Mode Invert00:47
- 5-Flanger Dblr – Speed 8 – Depth 8 – Intensity 8 – Shade 10 – Shape 7 – Position A – Mode Invert00:18
Enfin, le troisième effet « officiel » de la pédale est noté « TREM 65 », inspiré d’amplis Fender des années 60. Ici encore, les réglages possèdent des fonctions et actions propres à l’effet. Le potard INTENSITY et le switch A/B permettent de travailler sur la courbe du LFO, le potentiomètre SHAPE sur le niveau d’entrée et SHADE sur… rien du tout. Bon, on s’en rend quand même compte en tournant les potards dans tous les sens. Nous avons quand même une petite préférence pour le mode « 180° stéréo offset » qui donne beaucoup de profondeur au traitement stéréo.
- 1-Trem 65 – Tout … midi – Depth 6 – Position A – Mode Mono00:35
- 2-Trem 65 – Tout … midi – Depth 6 – Position A – Mode St‚reo00:32
- 3-Trem 65 – Tout … midi – Position B – Mode Mono00:27
- 4-Trem 65 – Tout … midi – Position B – Mode St‚r‚o00:27
- 5-Trem 65 – Depth 10 – Intensity 10 – Shade 10 – Position A – Mode St‚r‚o00:32
Une pédale 2.0
Une fois n’est pas coutume, cette Astra Modulation Machine se branche en USB-C à votre ordinateur et permet à l’aide du logiciel « UAFX Control » de mettre à jour le firmware et de récupérer deux effets supplémentaires après être passé par la case « enregistrement de produit ».
On retrouve ainsi l’effet « Phase X90 » dont on devine aisément des origines provenant de la MXR90 et un trémolo supplémentaire appelé « Dharma Trem 61 ». Les effets sont une fois de plus très convaincants, il n’y a rien à reprocher sur le plan sonore, au même titre que pour les prestations sonores précédentes. Le côté analogique, profond et chaud est bien là. L’activation de ces deux effets est notifiée par deux petites leds vertes cette fois-ci.
- 1-Phaser X90 – Tout … midi – Position A – Mode Dual mono00:26
- 2-Phaser X90 – Tout … midi – Position A – Mode 180ų stereo offset00:25
- 3-Phaser X90 – Tout … midi – Position B – Mode Dual mono00:30
- 4-Phaser X90 – Tout … midi – Position B – Mode 180ų stereo offset00:29
- 5-Dharma Trem 61 – Depth 7 – Intensity 7 – Position A – Mode Dual mono00:32
- 6-Dharma Trem 61 – Depth 7 – Intensity 7 – Position A – Mode LFO stereo phase00:22
- 7-Dharma Trem 61 – Depth 6 – Intensity 6 – Position B – Mode Dual mono00:26
- 8-Dharma Trem 61 – Depth 6 – Intensity 6 – Position B – Mode LFO stereo phase00:26
- 9-Dharma Trem 61 – Speed 3 – Shape 10 – Position B – Mode LFO stereo phase00:27
Comme nous l’avons vu dans la première partie de ce test, l’Astra Modulation Machine est équipée d’une connexion Bluetooth permettant d’appairer la pédale avec un smartphone. L’application prévue pour le printemps 2021, vient tout juste d’apparaître sur les plateformes d’applications Android/Apple. On pourra légitimement tirer les oreilles d’Universal Audio pour avoir sorti un produit dont toutes les fonctionnalités ne sont pas opérationnelles au moment de la commercialisation. Quoiqu’il en soit, l’application « UAFX Control » sur smartphone permet de faire plus que la version pour ordinateur. La partie la plus intéressante concerne la possibilité de choisir entre un bypass de type « buffer » ou « true ». Aussi, cette application permet d’activer le Tap Tempo de la pédale avec un fonctionnement identique à celui de la Starligh Echostation, à savoir que le footswitch de droite permet à la fois d’activer l’unique preset sauvegardé en maintenant son pied un peu moins de deux secondes ou alors utiliser ce même footswitch comme un tap tempo tout à fait classique. Tout comme pour le delay de la collection, on aurait préféré un troisième footswitch afin d’avoir une indépendance entre ces différentes fonctions. À l’usage un appui long pour passer d’un preset à l’autre n’est pas confortable en situation de live.
Conclusion
La conclusion sera dans la lignée des tests précédents. Cette Astra Modulation Machine est robuste, bien construite et plutôt jolie. Le son est plus que convaincant, l’expertise d’Universal Audio dans la matière se fait sentir. Mais une fois de plus on ne peut qu’être déçu par l’absence d’interface MIDI, une absence d’autant plus frustrante que cette pédale regorge d’effets et de réglages divers et variés. Avoir sous le pied uniquement deux configurations de son accessibles en temps réel est un non-sens. L’aspect 2.0 de la pédale avec une connexion Bluetooth ne nous a pas réellement convaincus, bien que l’application soit enfin disponible, plusieurs mois après la commercialisation des trois pédales, ses fonctionnalités restent assez sommaires. Il est probable qu’une grande majorité de personnes choisissent un type de bypass et l’accessibilité au tap tempo une bonne fois pour toutes et n’aient plus besoin de lancer l’application avant un moment. Clairement, une partie logicielle dédiée au MIDI aurait eu beaucoup plus d’intérêt.