Les conneries on stage
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En même temps pour l'instant j'ai pas trop mon mot à dire, j'attendrai d'être un peu plus sûr de mon poste avant de contrarier leurs décisions...
Déjà que je tente des rébellions discrètes sur tel ou tel son, ou le choix des chaussures...
Bon, je suis rentré de tournée de Chine hier. Quelques COS à raconter, mais rien de bien monstrueux, grâce notamment aux deux ingés son français qui ont grave assuré. Plutôt des trucs liés à l'ambiance "àlarrache.com" de la Chine...
Premier concert dans un bar à musique. On arrive, il y a une belle petite scène (qui accueillera quand même sans problèmes nos comparses de Touldrouz qui sont 6). Il y a une gros ampli Marshall visiblement récent, un Orange avec son gros cab, un bon ampli basse dont je ne sais plus la marque, mais c'est du bon, une batterie Tama... prometteur. Sauf que nous, on utilise rien de tout ça.
- Il y a des retours ?
- Oui oui.
- OK, mais on n'entend rien dedans.
- Ah, mais je suis à fond sur la console. Ils sont peut-être trop anémiques.
Donc, les soufflants (biniou et bombarde, instruments puissants s'il en est) qui doivent jouer sur les machines sans entendre celles-ci... je vous laisse imaginer la qualité de la mise en place. Je crois que je n'ai jamais autant utilisé le bouton "restart" de Maschine pour recaler les boucles.
Sauf que pendant une partie du concert, on a bien eu des retours suffisants et du bon son sur scène qui nous a permis de bien jouer. Ensuite, c'est reparti on ne sait où... Analyse ensuite de l'ingé son "je crois que ses câblages [du bar] ont quelques problèmes". Tu m'étonnes, John...
A la fin de la soirée, on avait décidé de faire un boeuf avec les gars de Touldrouz, l'autre groupe qui tournait avec nous. Se joint à nous le guitariste-chanteur du groupe chinois qui avait partagé la scène avec nous.
Sauf que des retours qu'on entend pas lorsqu'il y a une bombarde et un biniou sur la scène, on ne les entends pas plus lorsqu'il y a 2 bombardes, 2 binious, une cornemuse, un tambour et un guitariste branché dans un gros Orange.
Heureusement qu'il y avait de l'ambiance. On s'est bien marrés, mais musicalement...
Premier samedi sur place : ZE grosse presta de la tournée, le Fest-Noz de Pékin. A lieu tous les ans dans la cour de l'école française. L'année dernière, 1800 personnes.
Sauf que cette année, c'est le rendez-vous de Murphy.
Déjà, l'école française a déménagé à dache, loin du centre (Pékin est une ville de 25 millions d'habitants. A côté, Paris, c'est un petit village de pécheurs). Donc, crainte des organisateurs que personne ne se déplace à dache et journée programmée dans l'école britannique, nettement plus petite, mais centrale.
Et heureusement pourvue d'une salle de spectacle. Heureusement parce que dans cette ville où il ne pleut jamais, il y a des grosses pluies prévues pour ce jour-là (qui a dit "les breton emportent tout ce qu'il faut pour l'ambiance" ?).
Les organisateurs craignent d'ailleurs un gros bouillon vu que tout est chamboulé à Pékin quand il pleut et que personne ne se déplace.
Notre premier passage est prévu à 14:00. L'ouverture théorique des portes est à 12:30. On arrive sur place à 11:00 pour faire les balances. Et là, le régisseur me dit "on n'a pas de retours
- QUOI ?
Mais ils arrivent quand ?
- euh... en fait, le prestataire qu'on cherche à joindre depuis vendredi nous a enfin rappelé tout à l'heure. Il a dit qu'il serait là dans 3 heures. On l'a envoyé chier.
- ouais, c'est abusé. Vous avez eu raison. Mais vous avez une solution de secours ?
- Euh... c'est à dire...
- et les stands pour les machines et claviers ?
- ... ben c'est le prestataire qui devait les apporter. Mais on s'est dit que tu pourrais poser tout ça là-dessus"
Et de me montrer des espèces de machins en bois colorés de 50 cm de côté et de haut et de... 3 m de long.
Bon, on reste calme... Je vais voir le président et organisateur de la tournée et je lui explique qu'on fait de la musique et pas de la magie ou du cirque, que des stands de clavier, ça coûte 20 € en France alors que c'était pas sorcier d'en trouver deux en Chine pour la tournée et que sans retours, on ne joue pas vu que ça donnera le même genre de bouillie qu'on a sorti la veille. Et que bon, tout à l'arrache, c'est bien joli, mais qu'à un moment, on va peut-être essayer de faire les choses sérieusement et de faire une tournée propre.
Une heure plus tard, il y a 6 retours. Coooool ! Et les stands ? - ils arrivent.
Effectivement, deux heures plus tard, ils sont là. Il est 16:00 et on a enfin la technique pour faire notre premier set.
Mais quand ça veut pas, ça veut pas. Avant qu'on ne joue, les deux sonneurs du groupe proposent de faire un petit coup de trad en déambulation. Dehors, il y a plein de tentes, de stands etc et une foule qui se balade parmi tout ça. L'idée est qu'ils aillent sonner en couple dans la foule. Pourquoi pas ? ça attirera dehors les gens qui sont dans la salle le temps d'installer l'accordéon et les machines et de faire une balance sur ces deux trucs avant d'intégrer les sonneurs. ça évitera de faire toute une balance devant une salle comble (j'adoooore
), parce que quand même, le public s'est finalement déplacé...
Sauf que ces couillons, après avoir chauffés leurs clous, au lieu d'aller jouer dehors, ils s'installent tranquillement sur la scène.
Moralité : on prend encore du retard et on fait quand même les balances devant une salle pleine.
La suite demain.
Votre groupe s'appelle Hollande Président ?
...dana12
17910
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 16 ans
Incrédule sur tout, sceptique sur le reste
Pechouland
1535
AFicionado·a
Membre depuis 20 ans
Citation de Nick :
Bah oui, cette fois tu arrêteras tes âneries d'esprit Rock'n'Roll,
En même temps pour l'instant j'ai pas trop mon mot à dire, j'attendrai d'être un peu plus sûr de mon poste avant de contrarier leurs décisions...
Déjà que je tente des rébellions discrètes sur tel ou tel son, ou le choix des chaussures...
Anonyme
180
Oui, vas-y progressivement en cas. A la limite commence par les chaussettes avant les chaussures.
Will Zégal
77855
Will Zégal
Membre depuis 23 ans
Bon, je suis rentré de tournée de Chine hier. Quelques COS à raconter, mais rien de bien monstrueux, grâce notamment aux deux ingés son français qui ont grave assuré. Plutôt des trucs liés à l'ambiance "àlarrache.com" de la Chine...
Premier concert dans un bar à musique. On arrive, il y a une belle petite scène (qui accueillera quand même sans problèmes nos comparses de Touldrouz qui sont 6). Il y a une gros ampli Marshall visiblement récent, un Orange avec son gros cab, un bon ampli basse dont je ne sais plus la marque, mais c'est du bon, une batterie Tama... prometteur. Sauf que nous, on utilise rien de tout ça.
- Il y a des retours ?
- Oui oui.
- OK, mais on n'entend rien dedans.
- Ah, mais je suis à fond sur la console. Ils sont peut-être trop anémiques.
Donc, les soufflants (biniou et bombarde, instruments puissants s'il en est) qui doivent jouer sur les machines sans entendre celles-ci... je vous laisse imaginer la qualité de la mise en place.
Je crois que je n'ai jamais autant utilisé le bouton "restart" de Maschine pour recaler les boucles. Sauf que pendant une partie du concert, on a bien eu des retours suffisants et du bon son sur scène qui nous a permis de bien jouer. Ensuite, c'est reparti on ne sait où... Analyse ensuite de l'ingé son "je crois que ses câblages [du bar] ont quelques problèmes". Tu m'étonnes, John...
A la fin de la soirée, on avait décidé de faire un boeuf avec les gars de Touldrouz, l'autre groupe qui tournait avec nous. Se joint à nous le guitariste-chanteur du groupe chinois qui avait partagé la scène avec nous.
Sauf que des retours qu'on entend pas lorsqu'il y a une bombarde et un biniou sur la scène, on ne les entends pas plus lorsqu'il y a 2 bombardes, 2 binious, une cornemuse, un tambour et un guitariste branché dans un gros Orange.
Heureusement qu'il y avait de l'ambiance. On s'est bien marrés, mais musicalement...
Premier samedi sur place : ZE grosse presta de la tournée, le Fest-Noz de Pékin. A lieu tous les ans dans la cour de l'école française. L'année dernière, 1800 personnes.
Sauf que cette année, c'est le rendez-vous de Murphy.
Déjà, l'école française a déménagé à dache, loin du centre (Pékin est une ville de 25 millions d'habitants. A côté, Paris, c'est un petit village de pécheurs). Donc, crainte des organisateurs que personne ne se déplace à dache et journée programmée dans l'école britannique, nettement plus petite, mais centrale.
Et heureusement pourvue d'une salle de spectacle. Heureusement parce que dans cette ville où il ne pleut jamais, il y a des grosses pluies prévues pour ce jour-là (qui a dit "les breton emportent tout ce qu'il faut pour l'ambiance" ?).
Les organisateurs craignent d'ailleurs un gros bouillon vu que tout est chamboulé à Pékin quand il pleut et que personne ne se déplace.
Notre premier passage est prévu à 14:00. L'ouverture théorique des portes est à 12:30. On arrive sur place à 11:00 pour faire les balances. Et là, le régisseur me dit "on n'a pas de retours
- QUOI ?
Mais ils arrivent quand ?- euh... en fait, le prestataire qu'on cherche à joindre depuis vendredi nous a enfin rappelé tout à l'heure. Il a dit qu'il serait là dans 3 heures. On l'a envoyé chier.
- ouais, c'est abusé. Vous avez eu raison. Mais vous avez une solution de secours ?
- Euh... c'est à dire...
- et les stands pour les machines et claviers ?
- ... ben c'est le prestataire qui devait les apporter. Mais on s'est dit que tu pourrais poser tout ça là-dessus"
Et de me montrer des espèces de machins en bois colorés de 50 cm de côté et de haut et de... 3 m de long.
Bon, on reste calme... Je vais voir le président et organisateur de la tournée et je lui explique qu'on fait de la musique et pas de la magie ou du cirque, que des stands de clavier, ça coûte 20 € en France alors que c'était pas sorcier d'en trouver deux en Chine pour la tournée et que sans retours, on ne joue pas vu que ça donnera le même genre de bouillie qu'on a sorti la veille. Et que bon, tout à l'arrache, c'est bien joli, mais qu'à un moment, on va peut-être essayer de faire les choses sérieusement et de faire une tournée propre.
Une heure plus tard, il y a 6 retours. Coooool ! Et les stands ? - ils arrivent.
Effectivement, deux heures plus tard, ils sont là. Il est 16:00 et on a enfin la technique pour faire notre premier set.
Mais quand ça veut pas, ça veut pas. Avant qu'on ne joue, les deux sonneurs du groupe proposent de faire un petit coup de trad en déambulation. Dehors, il y a plein de tentes, de stands etc et une foule qui se balade parmi tout ça. L'idée est qu'ils aillent sonner en couple dans la foule. Pourquoi pas ? ça attirera dehors les gens qui sont dans la salle le temps d'installer l'accordéon et les machines et de faire une balance sur ces deux trucs avant d'intégrer les sonneurs. ça évitera de faire toute une balance devant une salle comble (j'adoooore
), parce que quand même, le public s'est finalement déplacé...Sauf que ces couillons, après avoir chauffés leurs clous, au lieu d'aller jouer dehors, ils s'installent tranquillement sur la scène.
Moralité : on prend encore du retard et on fait quand même les balances devant une salle pleine.
La suite demain.
[ Dernière édition du message le 23/05/2016 à 23:19:41 ]
Storky
5198
Je poste, donc je suis
Membre depuis 13 ans
Will Zégal
77855
Will Zégal
Membre depuis 23 ans
ytse vinz
1151
AFicionado·a
Membre depuis 19 ans
Discuter avec un Pékin de Shanghai...?
Je comprends plus rien, là...
Je comprends plus rien, là...
"Et puis quoi, qu'importe la culture ? Quand il a écrit Hamlet, Molière avait-il lu Rostand ? Non."
TC Hotrod
8234
Je poste, donc je suis
Membre depuis 13 ans
@ Will :
Moralité concernant l'épisode des stands et des retours : c'est bien la preuve qu'il est utile de ne pas se laisser marcher sur les pieds quand ça devient nécessaire.
Qui plus est, si tu rates ton set, dans l'esprit du spectateur lambda (c'est celui qui remplace le pékin moyen…), ce n'est pas de la faute de l'organisateur mais c'est le groupe qui était mauvais.
Alors tu imagines le prix au départ de Chine, une fois retirés les coûts de transport et la marge des vingt-trois intermédiaires…
Moralité concernant l'épisode des stands et des retours : c'est bien la preuve qu'il est utile de ne pas se laisser marcher sur les pieds quand ça devient nécessaire.
Qui plus est, si tu rates ton set, dans l'esprit du spectateur lambda (c'est celui qui remplace le pékin moyen…), ce n'est pas de la faute de l'organisateur mais c'est le groupe qui était mauvais.
Citation :
Je vais voir le président et organisateur de la tournée et je lui explique qu'on fait de la musique et pas de la magie ou du cirque, que des stands de clavier, ça coûte 20 € en France alors que c'était pas sorcier d'en trouver deux en Chine
Alors tu imagines le prix au départ de Chine, une fois retirés les coûts de transport et la marge des vingt-trois intermédiaires…
[ Dernière édition du message le 24/05/2016 à 07:59:40 ]
Chris Kazvon
17165
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 14 ans
-Livingroom-
6738
Je poste, donc je suis
Membre depuis 15 ans
Pas avoir de retours ou de stands alors que c'est tout fabriqué là-bas, ils abusent ces chinois
samy dread
17443
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 19 ans
Monsieur le Comte
1422
AFicionado·a
Membre depuis 17 ans
-Livingroom-
6738
Je poste, donc je suis
Membre depuis 15 ans
Will Zégal
77855
Will Zégal
Membre depuis 23 ans
Bon, la suite alors... Même si on n'est pas vraiment dans la COS à proprement parler. Mais ce fut quand même assez épique.
On se lance dans un premier set bien bancal. Sans doute cumul de la fatigue du voyage + décalage horaire + remplaçant (du leader coincé à la maison par un genou en vrac) pas encore tout à fait au point + cuite de la veille (mes collègues, en bons musiciens trad bretons, pratiquent toutes les acceptions du mot "tournée") + des heures d'attente avec pas grand chose d'autre à faire que d'être accoudé à la buvette...
Last but not least : un des musiciens qui a les chevilles qui ont doublé de volume. Pas qu'il ait pris le melon (c'est pas le genre), mais une conséquence probable des heures d'avions sans chaussettes de contention. C'est impressionnant : il a les pieds qui ressemblent à des gants Mappa qu'on aurait gonflé.
Il a moins mal que les jours précédents, mais ça n'aide surement pas à sa forme ni à sa concentration.
D'ailleurs, à la fin du set, il se plaint des retours alors qu'il a eu tout le loisir de demander ce qu'il voulait à l'ingé son qui gérait carrément bien.
Bref, je sors de scène complètement dégoutté et déprimé. Sans doute la fatigue me fait-elle prendre les choses plus au tragique que je ne le devrais, mais je me dis qu'on est partis pour faire une tournée de merde avec une organisation qui fait n'imp et des musiciens crevés qui enchaînent les cuites plutôt que de récupérer.
Alors que je rumine, un mec vient me voir et me dit "c'est sympa ce que vous faites" ! Argh ! Ça m'achève. Et comme un con, j'explique au pauvre gars plein de bonne volonté que quand quelqu'un trouve ça "sympa", c'est qu'on a fait de la merde.
C'est d'ailleurs ce que je pense : personne ne dit "c'est sympa" quand un truc est bien. On dit ça quand un concept est prometteur, mais mal maîtrisé. La honte, quoi.
C'est pas pour me monter le col, mais je sais qu'avec ce groupe, on est capable de faire des concerts qui défoncent. Alors quand c'est juste "sympa", ça m’écœure grave de grave.
Bon, comme on a 2-3 heures à tuer avant le prochain set, je me barre du lieu pour aller marcher dans le quartier, puis trouver un bar avec des banquettes profondes où je pourrai me poser un peu pour lire et récupérer devant un café. J'ai même pas réussit à lire une page, passant mon temps dodeliner de la tête et à faire des micro-siestes.
Lesquelles m'ont fait énormément de bien.
Retour sur le lieu du concert en fin d'après-midi. Les potes "t'étais passé où ?". A leur tête, je devine que eux, c'est pas devant un café qu'ils ont passé leur temps. Bon, au moins, on est à l'heure ce coup-ci.
On va attaquer le second set. Les sonneurs ont chauffé leurs clous, moi, l’accordéoniste et le biniouer sommes sur scène, le public attend, tout comme nous, le musicien aux pieds XXL qui est encore dans la loge juste sur le côté de la scène et s'apprête à monter sur icelle lorsqu'une personne vient nous dire que "le médecin qui pratique la médecine chinoise vient d'arriver" pour s'occuper de notre pote et qu'il y en a pour 5 mn.
On annonce donc ça au public. Et là, comme des idiots, au lieu de descendre de scène, on y reste. Finalement, c'était pas 5 mn. Ça a bien dû durer 20 mn et 20 mn quand t'es planté sur une scène devant un public qui attend patiemment, putain que c'est long !
Finalement, le pote monte sur scène et on peut attaquer. Je ne suis pas fier. On est tous lessivés en plus de commencer à être passablement inquiets pour notre pote dont le médecin a dit qu'il ne pouvait rien faire et qu'il fallait l'hospitaliser.
Et là, ça joue super bien et on fait un super set qui met le feu. Va comprendre.
Surtout qu'à la fin, les deux sonneurs sont unanimes pour dire que "le son, ça n'avait rien à voir". Ils demandent à l'ingé son ce qu'il a changé
- pratiquement rien : j'ai fait un recall de la session de tout à l'heure."
Va comprendre Charles !
Bon, il est temps de tout ramasser parce que le soir, on joue encore, dans un bar cette fois. Le lieu n'est pas très loin, on ira à pieds, mais le matos est embarqué dans un camion avec la sono.
Enfin, il y a peu de chances pour qu'on rejoue ce soir vu que le pote part se faire examiner à l'hôpital. On se dit qu'il n'y a pratiquement aucune chance pour qu'il soit sorti à temps pour jouer. On est même passablement inquiets pour la suite de la tournée et même carrément inquiets pour le pote lui-même : tout le monde (se) dit que ça peut être une phlébite. Dangereux : s'il se forme un caillot et qu'il remonte dans le cœur, c'est crise cardiaque. S'il remonte au cerveau, c'est AVC. On est pas bien fiers.
Une ou deux heures plus tard, alors qu'on papote tandis que les bénévoles terminent de ranger le site, une femme qui est médecin dans le fameux hôpital vient nous demander ce qu'il en est de notre pote. On n'a aucune information. On n'est même pas certains du nom de l'hôpital. La nana, qui y est gynéco, décide d'appeler pour se renseigner. Elle passe un bout de temps au téléphone, mais il semble qu'on ne trouve pas trace de notre pote.
Finalement, je me dit qu'il est temps de partir vers le lieu du second concert. Et à la sortie du site, qui je vois ? Le pote tout sourire en grande conversation avec les danseuses.
Finalement, c'est pas à l'hôpital qu'il a été emmené, mais à une sorte de clinique qui n'était pas loin (vive le quartier des ambassades) et dont il est ressorti au bout d'une heure seulement. Diagnostique rassurant : ça n'est pas une phlébite parce que le gonflement reste en bas. Ouf !
Il faut juste qu'il se repose et dorme avec les pieds surélevés. En fait de repos, il décide de venir avec nous à pieds au lieu du prochain concert au lieu de prendre un taxi.
Bon, même si le moral était nettement remonté, je n'imagine même pas comment on va pouvoir jouer dans l'état d'épuisement dans lequel on est. Encore moins comment on pourrait bien jouer.
Et pourtant, tout s'est très bien passé et ça a peut-être même été le meilleur concert depuis le début de la tournée, avec des impros et de l'audace à sortir des sentiers balisés qui ont donné des moments magiques.
Va comprendre !
On se lance dans un premier set bien bancal. Sans doute cumul de la fatigue du voyage + décalage horaire + remplaçant (du leader coincé à la maison par un genou en vrac) pas encore tout à fait au point + cuite de la veille (mes collègues, en bons musiciens trad bretons, pratiquent toutes les acceptions du mot "tournée") + des heures d'attente avec pas grand chose d'autre à faire que d'être accoudé à la buvette...
Last but not least : un des musiciens qui a les chevilles qui ont doublé de volume. Pas qu'il ait pris le melon (c'est pas le genre), mais une conséquence probable des heures d'avions sans chaussettes de contention. C'est impressionnant : il a les pieds qui ressemblent à des gants Mappa qu'on aurait gonflé.
Il a moins mal que les jours précédents, mais ça n'aide surement pas à sa forme ni à sa concentration.
D'ailleurs, à la fin du set, il se plaint des retours alors qu'il a eu tout le loisir de demander ce qu'il voulait à l'ingé son qui gérait carrément bien.
Bref, je sors de scène complètement dégoutté et déprimé. Sans doute la fatigue me fait-elle prendre les choses plus au tragique que je ne le devrais, mais je me dis qu'on est partis pour faire une tournée de merde avec une organisation qui fait n'imp et des musiciens crevés qui enchaînent les cuites plutôt que de récupérer.
Alors que je rumine, un mec vient me voir et me dit "c'est sympa ce que vous faites" ! Argh ! Ça m'achève. Et comme un con, j'explique au pauvre gars plein de bonne volonté que quand quelqu'un trouve ça "sympa", c'est qu'on a fait de la merde.
C'est d'ailleurs ce que je pense : personne ne dit "c'est sympa" quand un truc est bien. On dit ça quand un concept est prometteur, mais mal maîtrisé. La honte, quoi.
C'est pas pour me monter le col, mais je sais qu'avec ce groupe, on est capable de faire des concerts qui défoncent. Alors quand c'est juste "sympa", ça m’écœure grave de grave.
Bon, comme on a 2-3 heures à tuer avant le prochain set, je me barre du lieu pour aller marcher dans le quartier, puis trouver un bar avec des banquettes profondes où je pourrai me poser un peu pour lire et récupérer devant un café. J'ai même pas réussit à lire une page, passant mon temps dodeliner de la tête et à faire des micro-siestes.
Lesquelles m'ont fait énormément de bien.
Retour sur le lieu du concert en fin d'après-midi. Les potes "t'étais passé où ?". A leur tête, je devine que eux, c'est pas devant un café qu'ils ont passé leur temps. Bon, au moins, on est à l'heure ce coup-ci.
On va attaquer le second set. Les sonneurs ont chauffé leurs clous, moi, l’accordéoniste et le biniouer sommes sur scène, le public attend, tout comme nous, le musicien aux pieds XXL qui est encore dans la loge juste sur le côté de la scène et s'apprête à monter sur icelle lorsqu'une personne vient nous dire que "le médecin qui pratique la médecine chinoise vient d'arriver" pour s'occuper de notre pote et qu'il y en a pour 5 mn.
On annonce donc ça au public. Et là, comme des idiots, au lieu de descendre de scène, on y reste. Finalement, c'était pas 5 mn. Ça a bien dû durer 20 mn et 20 mn quand t'es planté sur une scène devant un public qui attend patiemment, putain que c'est long !
Finalement, le pote monte sur scène et on peut attaquer. Je ne suis pas fier. On est tous lessivés en plus de commencer à être passablement inquiets pour notre pote dont le médecin a dit qu'il ne pouvait rien faire et qu'il fallait l'hospitaliser.
Et là, ça joue super bien et on fait un super set qui met le feu. Va comprendre.
Surtout qu'à la fin, les deux sonneurs sont unanimes pour dire que "le son, ça n'avait rien à voir". Ils demandent à l'ingé son ce qu'il a changé
- pratiquement rien : j'ai fait un recall de la session de tout à l'heure."
Va comprendre Charles !
Bon, il est temps de tout ramasser parce que le soir, on joue encore, dans un bar cette fois. Le lieu n'est pas très loin, on ira à pieds, mais le matos est embarqué dans un camion avec la sono.
Enfin, il y a peu de chances pour qu'on rejoue ce soir vu que le pote part se faire examiner à l'hôpital. On se dit qu'il n'y a pratiquement aucune chance pour qu'il soit sorti à temps pour jouer. On est même passablement inquiets pour la suite de la tournée et même carrément inquiets pour le pote lui-même : tout le monde (se) dit que ça peut être une phlébite. Dangereux : s'il se forme un caillot et qu'il remonte dans le cœur, c'est crise cardiaque. S'il remonte au cerveau, c'est AVC. On est pas bien fiers.
Une ou deux heures plus tard, alors qu'on papote tandis que les bénévoles terminent de ranger le site, une femme qui est médecin dans le fameux hôpital vient nous demander ce qu'il en est de notre pote. On n'a aucune information. On n'est même pas certains du nom de l'hôpital. La nana, qui y est gynéco, décide d'appeler pour se renseigner. Elle passe un bout de temps au téléphone, mais il semble qu'on ne trouve pas trace de notre pote.
Finalement, je me dit qu'il est temps de partir vers le lieu du second concert. Et à la sortie du site, qui je vois ? Le pote tout sourire en grande conversation avec les danseuses.
Finalement, c'est pas à l'hôpital qu'il a été emmené, mais à une sorte de clinique qui n'était pas loin (vive le quartier des ambassades) et dont il est ressorti au bout d'une heure seulement. Diagnostique rassurant : ça n'est pas une phlébite parce que le gonflement reste en bas. Ouf !
Il faut juste qu'il se repose et dorme avec les pieds surélevés. En fait de repos, il décide de venir avec nous à pieds au lieu du prochain concert au lieu de prendre un taxi.
Bon, même si le moral était nettement remonté, je n'imagine même pas comment on va pouvoir jouer dans l'état d'épuisement dans lequel on est. Encore moins comment on pourrait bien jouer.
Et pourtant, tout s'est très bien passé et ça a peut-être même été le meilleur concert depuis le début de la tournée, avec des impros et de l'audace à sortir des sentiers balisés qui ont donné des moments magiques.
Va comprendre !
[ Dernière édition du message le 24/05/2016 à 18:11:07 ]
kosmix
51786
AF, je suis ton père
Membre depuis 20 ans
Ah que je suis content de ne pas être une star internationale
Putain Walter mais qu'est-ce que le Vietnam vient foutre là-dedans ?
ParallaxX
77
Posteur·euse AFfranchi·e
Membre depuis 10 ans
C'est sympa ton histoire will 
Sinon le coup du zico fatigué qui joue mieux c'est dingue, j'ai déjà vu ça aussi. Un trio manouche, de sacrés musiciens, et c’était en studio toute la journée pour l'enregistrement de leur album. Eh ben pareil, le soir quand il étaient crevés, impros plus créatives, mise en place nickel !
Sinon le coup du zico fatigué qui joue mieux c'est dingue, j'ai déjà vu ça aussi. Un trio manouche, de sacrés musiciens, et c’était en studio toute la journée pour l'enregistrement de leur album. Eh ben pareil, le soir quand il étaient crevés, impros plus créatives, mise en place nickel !
Un grand sage a dit un jour: "Si tout semble fonctionner correctement, alors vous avez manifestement oublié quelque chose."
Pretextat
13258
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 21 ans
Merci Will pour ce récit .
Passionnant et jolie plume !
Edit : t'as pas des photos ? (des pieds etc ...)
Passionnant et jolie plume !
Edit : t'as pas des photos ? (des pieds etc ...)
[ Dernière édition du message le 24/05/2016 à 19:22:55 ]
Will Zégal
77855
Will Zégal
Membre depuis 23 ans
Anonyme
165
Un album live? "Made in China"?
Will Zégal
77855
Will Zégal
Membre depuis 23 ans
Ouh là, non. Enregistrer un album en tournée quand tu joues dans un lieu différent à chaque fois, lieux que tu ne connais pas à l'avance, demande une technique et une organisation qui n'ont pas grand chose à voir avec ce qu'on avait sur cette tournée.
Par ailleurs, il manquait notre leader, resté à la maison, le pauvre. Enregistrer un album avec un remplaçant...
Peut-être pour la prochaine ?
Par ailleurs, il manquait notre leader, resté à la maison, le pauvre. Enregistrer un album avec un remplaçant...
Peut-être pour la prochaine ?
[ Dernière édition du message le 25/05/2016 à 07:52:19 ]
patrick_g75
9407
Je poste, donc je suis
Membre depuis 17 ans
Will Zégal
77855
Will Zégal
Membre depuis 23 ans
Pechouland
1535
AFicionado·a
Membre depuis 20 ans
1er concert interrompu par la pluie, disais-je, 2ème menacé par la pluie (au final il n'est tombé que quelques gouttes mais les gens ne sont pas venus vu le temps) ; et aujourd'hui, on doit balancer à 14h et là: il flotte...
ex-pro
823
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 10 ans
Citation de Pechouland :
1er concert interrompu par la pluie, disais-je, 2ème menacé par la pluie (au final il n'est tombé que quelques gouttes mais les gens ne sont pas venus vu le temps) ; et aujourd'hui, on doit balancer à 14h et là: il flotte...
Votre groupe s'appelle Hollande Président ?
Ptipois
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Chevalier du fer à souder...
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